Derniers sujets | » 26 novembre : Saint Léonard de Port-Maurice par ami de la Miséricorde Aujourd'hui à 08:23
» Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales par ami de la Miséricorde Aujourd'hui à 07:59
» )Livres en pdf de Fabienne Maria (Avertissement, ère de paix, Antéchrist) par fontaine Hier à 15:43
» La Russie marchera sur l'Europe. : la 3ème guerre mondiale par fontaine Hier à 14:49
» Vidéo : Saint Michel : Vous êtes proche du moment de l'Avertissement par fontaine Dim 24 Nov 2024, 13:11
» 24 novembre Le Christ Roi par ami de la Miséricorde Dim 24 Nov 2024, 08:51
» 23 novembre: Sainte Félicité de Rome par ami de la Miséricorde Sam 23 Nov 2024, 11:25
» 22 novembre Sainte Cécile de Rome par ami de la Miséricorde Ven 22 Nov 2024, 07:42
» 21 novembre Présentation de la Bse Vierge Marie par ami de la Miséricorde Jeu 21 Nov 2024, 00:25
» 20 novembre : Vénérable Agnelo de Souza par ami de la Miséricorde Mer 20 Nov 2024, 06:32
» 19 novembre : Saint Philarète de Moscou par ami de la Miséricorde Mar 19 Nov 2024, 08:47
» 18 novembre Dédicace des Basiliques St-Pierre et St-Paul par ami de la Miséricorde Lun 18 Nov 2024, 07:54
» Notre-Dame : La guerre au Moyen-Orient va s'étendre à l'Europe par fontaine Dim 17 Nov 2024, 13:47
» 17 novembre : Sainte Elisabeth de Hongrie par ami de la Miséricorde Dim 17 Nov 2024, 06:58
» 16 novembre : Saint Gertrude d'Helfta par ami de la Miséricorde Sam 16 Nov 2024, 08:35
» 15 novembre : Saint Albert le Grand par ami de la Miséricorde Jeu 14 Nov 2024, 23:31
» 14 novembre : Toussaint de l'Ordre du Carmel par ami de la Miséricorde Jeu 14 Nov 2024, 05:03
» 13 novembre : Saint Stanislas Kostka par ami de la Miséricorde Mer 13 Nov 2024, 08:16
» 12 novembre : Saint Didace (Diego) d'Alcala par ami de la Miséricorde Lun 11 Nov 2024, 23:26
» 11 novembre : Saint Théodore le Studite par ami de la Miséricorde Dim 10 Nov 2024, 22:49
» 10 novembre Saint Noé Le Patriarche par ami de la Miséricorde Sam 09 Nov 2024, 23:07
» 9 novembre : Saint Syméon le Métaphraste par ami de la Miséricorde Sam 09 Nov 2024, 00:27
» 8 novembre Sainte Elisabeth de la Trinité par ami de la Miséricorde Ven 08 Nov 2024, 00:41
» 7 novembre : Saint Pierre Wu Guosheng par ami de la Miséricorde Mer 06 Nov 2024, 23:34
» 6 novembre : Saint Léonard de Noblat par ami de la Miséricorde Mer 06 Nov 2024, 07:51
|
|
| Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
| | |
Auteur | Message |
---|
ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 02 Mar 2024, 23:13 | |
| Rappel du premier message :LIVRE PREMIER CONTENANT UNE PRÉPARATION A TOUT LE TRAITÉ
CHAPITRE PREMIER
Que pour la beauté de la nature humaine, Dieu a donné le gouvernement de toutes les facultés de l'âme à la volonté.L'union établie en la distinction fait l'ordre; l'ordre produit la convenance et la proportion; et la convenance, ès choses entières et accomplies, fait la beauté. Une armée est belle quand elle est composée de toutes ses parties tellement rangées en leur ordre, que leur distinction est réduite au rapport quelles doivent avoir ensemble pour ne faire qu'une seule armée. Afin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soient nettes, claires et bien distinguées ; mais qu'elles soient a!liées en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction, et la distinction qui est en lunion des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plutôt une discorde accordante. Or, comme dit excellemment l'angélique saint Thomas, après le grand saint Denis, la beauté et la bonté, bien qu'elles aient quelque convenance, ne sont pas néanmoins une même chose: car le bien est ce qui plait à l'appétit et volonté; le beau, ce qui plaît à l'entendement et à la connaissance; ou pour le dire autrement, le bon est ce dont la jouissance nous délecte; le beau, ce dont la connaissance nous agrée. Et c'est pourquoi jamais, à proprement parler, nous n'attribuons la beauté corporelle, sinon aux objets des deux sens qui sont les plus connaissants et qui servent le plus à l'entendement, qui sont la vue et l'ouïe; si que nous ne disons pas: Voilà des belles odeurs ou des belles saveurs, mais nous disons bien: Voilà des belles voix et des belles couleurs. Le beau donc étant appelé beau, parce que sa connaissance délecte, il faut que, outre l'union et distinction d'intégrité, l'ordre et la convenance de ses parties, il ait beaucoup de splendeur et clarté, afin qu'il soit connaissable et visible ; les voix, pour être belles, doivent être claires et nettes, les discours intelligibles, les couleurs éclatantes et resplendissantes. L'obscurité, l'ombre, les ténèbres sont laides, et enlaidissent toutes choses; parce qu'en elles rien n'est connaissable, ni l'ordre, ni la distinction, ni l'union, ni la convenance: qui a fait dire à saint Denis « que Dieu, comme souveraine beauté, est auteur de la belle convenance, du beau lustre et de la bonne grâce, qui est en toutes choses, » faisant éclater, en forme de lumière, les distributions et départements de son rayon, par lesquels toutes choses sont rendues belles, voulant que pour établir la beauté, il y eût la convenance, la clarté, et la bonne grâce. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | |
Auteur | Message |
---|
ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 02 Juin 2024, 21:43 | |
| CHAPITRE III
Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.Néanmoins, bien que moyennant la charité répandue dans nos coeurs nous puissions marcher en la présence de Dieu, et faire progrès en la voie du salut; si est-ce que la bonté divine assiste l'âme à laquelle il a donné son amour, la tenant continuellement de sa sainte main. Car ainsi, 1° il fait mieux paraître la douceur de son amour envers elle; 2° il la va toujours animant de plus en plus; 3° il la soulage contre les inclinations dépravées et les mauvaises habitudes contractées par les péchés passés; 4° et enfin, la maintient et défend contre les tentations. Ne voyons-nous pas, Théotime, que souvent les hommes sains et robustes ont besoin qu'en les provoque à bien employer leur force et leur pouvoir; et que, par manière de dire, on les conduise à l'oeuvre par la main? Ainsi, Dieu nous ayant donné sa charité et par icelle la force et le moyen de gagner: pays (avancer) au chemin de la perfection, son amour néanmoins ne lui permet pas de nous laisser aller ainsi seuls; ains il le fait mettre en chemin avec : nous, il le presse de nous presser, et sollicite son coeur de solliciter et pousser le nôtre à bien employer la sainte charité qu'il nous a donnée : répliquant souvent par ses inspirations les avertissements que saint Paul nous fait : Voyez de ne point recevoir la grâce céleste en vain. Tandis que vous ayez le temps, faites tout le bien que vous pourrez. Courez en sorte que vous en portiez le prix. Si que nous nous devons imaginer souvent qu'il répète aux oreilles de nos coeurs les paroles qu'il disait au bon père Abraham: Marche devant moi et sois parfait. Surtout lassistance spéciale de Dieu est requise à l'âme qui a le saint amour ès entreprises signalées et extraordinaires : car bien que la charité, pour, petite qu'elle soit, nous donne assez dinclination, et, comme je pense, une force suffisante peur faire les oeuvres nécessaires au salut. Si est-ce néanmoins que, pour aspirer et entreprendre des actions excellentes et extraordinaires, nos coeurs ont besoin d'être poussés et rehaussés par la main et le mouvement de ce grand amoureux céleste : comme la princesse de notre parabole, laquelle, quoique bien remise en santé, ne pouvait faire des montées, ni aller bien vite, que son cher époux ne la relevât et soutint fortement. Ainsi, saint Antoine et saint Siméon Stylite étaient en la grâce et charité de Dieu, quand ils firent dessein d'une vie si relevée; comme aussi la bienheureuse mère Térèse, quand elle fit le voeu d'obéissance spéciale ; saint François et saint Louis, quand ils entreprirent le voyage d'outre mer pour la gloire de Dieu; le bienheureux François Xavier, quand il consacra sa vie à la conversion des Indois; saint Charles, quand il s'exposa au service des pestiférés; saint Paulin, quand il se vendit pour racheter l'enfant de la pauvre veuve: jamais pourtant ils n'eussent fait des coups si hardis et généreux, si, à la charité qu'ils avaient en leurs coeurs, Dieu n'eût ajouté des inspirations, semonces, lumières et forces spéciales, par lesquelles il les animait et poussait à ces exploits extraordinaires de la vaillance spirituelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 04 Juin 2024, 00:29 | |
| CHAPITRE III Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.Ne voyez-vous pas le jeune homme de l'Évangile que notre Seigneur aimait, et qui par conséquent était en charité ? il n'avait certes nulle pensée de vendre tout ce qu'il avait pour le donner aux pauvres, et suivre notre Seigneur : ains quand Notre-Seigneur lui en eut donné linspiration, encore n'eut-il pas le courage de l'exécuter. Pour ces grandes oeuvres, Théotime, nous avons besoin, non seulement d'être inspirés, mais aussi d'être fortifiés, afin d'effectuer ce que l'inspiration requiert de nous. Comme encore ès grands assauts des tentations extraordinaires, une spéciale et particulière présence du secours céleste nous est tout à fait nécessaire. A cette cause, la sainte Église nous fait si souvent exclamer : Excitez nos coeurs, ô Seigneur ! ô Dieu, prévenez nos actions en aspirant sur noué, et en nous aidant, accompagnez-nous (Oraison de l'action de grâces après la messe); ô Seigneur, soyez prompt à nous secourir; et semblables; afin que par telles prières nous obtenions la grâce de pouvoir faire des oeuvres excellentes et extraordinaires, et de faire plus fréquemment et fervemment les ordinaires; comme aussi de résister plus ardemment aux menues tentations et combattre hardiment les plus grandes. Saint Antoine fut assailli d'une effroyable légion de démons, desquels ayant assez longuement soutenu les efforts, non sans une peine et des tourments incroyables, enfin, il vit le toit de sa cellule se fendre, et un rayon céleste fondre dans l'ouverture, qui dissipa en un moment la noire et ténébreuse troupe de ses ennemis, et lui ôta toute la douleur des coups reçus en cette bataille, dont il connut la présence spéciale de Dieu, et jetant un profond soupir du côté de la vision : « Où étiez-vous, ô bon Jésus ! dit-il, où étiez-vous? Pourquoi ne vous êtes-vous pas trouvé ici dès le commencement pour remédier à ma peine? Antoine, lui fut-il répondu d'en- haut, j'étais ici ; mais j'attendais l'issue de ton combat. Or, parce que tu as été brave et vaillant, je t'aiderai toujours.» Mais en quoi consistait la vaillance et le courage de ce grand soldat spirituel? Il le déclara lui-même une autre fois qu'étant attaqué par un diable, qui avoua être l'esprit d'impureté, ce glorieux saint, après plusieurs paroles dignes de son grand courage, commença à chanter le verset 7 du psaume CXII : L'Éternel est de mon parti, Par lui je serai garanti; Et des ennemis de ma vie Nullement je ne me soucie, Certes, notre Seigneur révéla à sainte Catherine de Sienne qu'il était au milieu de son coeur, en une cruelle tentation qu'elle eut, comme un capitaine au milieu d'une forteresse pour la défendre, et que sans son secours elle se fût perdue en cette bataille. Il en est de même de tous les grands assauts que nos ennemis nous livrent: nous pouvons bien dire, comme Jacob, que c'est range qui nous garantit de tout mal, et chanter avec le grand roi David : Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 04 Juin 2024, 22:25 | |
| CHAPITRE III
Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.Le pasteur dont je suis guidé, C'est Dieu qui gouverne le monde; Je ne puis, ainsi commandé, Que tout à souhait ne m'abonde Quand il voit mon âme en langueur, Et que quelque mal l'endommage, Il la remet en sa vigueur, Et me restaure le courage. Si que nous devons souvent répéter cette exclamation et prière: Ta bonté me suive en tout lieu, Ta faveur me garde à toute heure; Afin qu'en ton ciel, ô mon Dieu ! Pour jamais je fasse demeure. CHAPITRE IV
De la sainte persévérance en l'amour sacré.Tout ainsi donc qu'une douce mère menant son petit enfant avec elle, l'aide et suppose selon qu'elle voit la nécessité, lui laissant faire quelques pas de lui-même ès lieux moins dangereux et bien plains (plans, unis); tantôt le prenant par la main et l'affermissant, tantôt le mettant entre ses bras et le portant: de même notre Seigneur a un soin continuel de la conduite de ses enfants, c'est-à-dire de ceux qui ont la charité; les faisant marcher devant lui, leur tendant la main ès difficultés, et les portant lui-même ès peines quil voit leur être autrement insupportables. Ce qu'il a déclaré en Isaïe, disant : Je suis ton Dieu, prenant ta main et te disant: Ne crains point, je t'ai aidé. Si que nous devons d'un grand courage avoir une très ferme confiance en Dieu et en son secours. Car, si nous ne manquons à sa grâce, il parachèvera en nous le bon oeuvre de notre salut , ainsi qu'il la commencé, coopérant en nous le vouloir et le parfaire, comme le très saint concile de Trente nous admoneste. En cette conduite que la douceur de Dieu fait de nos âmes dès leur introduction à la charité jusquà la finale perfection d'icelle qui ne se fait qu'à l'heure de la mort, consiste le grand don de la persévérance, auquel notre Seigneur attache le très grand don de la gloire éternelle, selon qu'il a dit: Qui persévérera jusquà la fin, il sera sauvé . Car ce don n'est autre chose que l'assemblage et la suite de divers appuis, soulagements et secours par le moyen desquels nous continuons en l'amour de Dieu jusqu'à la fin; comme l'éducation, élèvement ou nourrissage d'un enfant n'est autre chose qu'une multitude de sollicitudes, aides, secours, et autres tels offices nécessaires à un enfant, exercés et continués envers icelui jusqu'à lâge auquel il n'en a plus besoin. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 05 Juin 2024, 23:31 | |
| CHAPITRE IV
De la sainte persévérance en l'amour sacré.Mais la suite des secours et assistances n'est pas égale en tous ceux qui persévèrent : car ès uns elle est fort courte, comme en ceux qui se convertissent à Dieu peu avant leur mort, ainsi qu'il advint au bon larron; au sergent qui, voyant la constance de saint Jacques, fit sur-le-champ profession de foi, et fut rendu compagnon du martyre de ce grand apôtre; au portier bienheureux qui gardait les quarante martyrs en Sébaste, lequel voyant l'un d'iceux perdre courage et quitter la palme du martyre, se mit en sa place, et en un moment se rendit chrétien, martyr et glorieux tout ensemble. Au notaire duquel il est parlé en la vie de saint Antoine de Padoue, qui, ayant toute sa vie été un faux vilain (notaire libertin, du Puy en Velay, auquel saint Antoine de Padoue prédit qu'il mourrait martyr; ce qui lui arriva en Palestine, où il était allé accompagner un évêque et où il prêcha l'Évangile aux Sarrasins.), fut néanmoins martyr en sa mort; et à mille autres que nous avons vus et sus avoir été si heureux que de mourir bons, ayant vécu mauvais. Et quant à ceux-ci, ils n'ont pas besoin de grande variété de secours : ains si quelque grande tentation ne leur survient, ils peuvent faire une si courte persévérance avec la seule charité qui leur est donnée, et les assistances par lesquelles ils se sont convertis; car ils arrivent au port sans navigation, et font leur pèlerinage en un seul saut que la puissante Miséricorde de Dieu leur fait faire si à propos, que leurs ennemis les voient triompher avant que de les sentir combattre : de sorte que leur conversion et leur persévérance n'est presque qu'une même chose; et qui voudrait parler exactement selon la propriété des mots, la grâce qu'ils reçoivent de Dieu d'avoir aussitôt l'issue que le commencement de leur prétention, ne saurait être bonnement appelée persévérance : bien que toutefois, parce que, quant à l'effet, elle tient lieu de persévérance en ce quelle donne le salut, nous ne laissons pas aussi de la comprendre sous le nom de persévérance. En plusieurs, au contraire, la persévérance est plus longue, comme en sainte Anne la prophétesse, en saint Jean l'Évangéliste, saint Paul premier ermite, saint Hilarion, saint Romuald, saint François de Paule : et ceux-ci ont eu besoin de mille sortes de diverses assistances, selon la variété des aventures de leur pèlerinage et de la durée d'icelui. Toujours néanmoins la persévérance est le don le plus désirable que nous puissions espérer en cette vie, et lequel, comme parle le sacré concile, nous ne pouvons avoir d'ailleurs que de Dieu, qui seul peut affermir celui qui est debout, et relever celui qui tombe. C'est pourquoi il le faut continuellement demander, employant les moyens que Dieu nous a enseignés pour l'obtenir, l'oraison, le jeûne, l'aumône, l'usage des sacrements, la hantise (fréquentation) des bons, l'ouïe et la lecture des saintes paroles. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 06 Juin 2024, 23:35 | |
| CHAPITRE IV
De la sainte persévérance en l'amour sacré.Or, parce que le don de l'oraison et de la dévotion est libéralement accordé à tous ceux qui de bon coeur veulent consentir aux inspirations célestes, il est par conséquent eu notre pouvoir de persévérer. Non certes, que je veuille dire que la persévérance ait son origine de notre pouvoir; car, au contraire, je sais qu'elle procède de la Miséricorde Divine, de laquelle elle est un don très précieux. Mais je veux dire qu'encore qu'elle ne provient pas de notre pouvoir, elle vient néanmoins en notre pouvoir par le moyen de notre vouloir, que nous ne saurions nier être en notre pouvoir. Car bien que la grâce divine nous soit nécessaire pour vouloir persévérer; si est-ce que ce vouloir est en notre pouvoir, parce que la grâce céleste ne manque jamais à notre vouloir, tandis que notre vouloir ne défaut pas à notre pouvoir. Et de fait, selon l'opinion du grand saint Bernard, nous pouvons tous dire en vérité, après l'Apôtre, que ni la mort, ni la vie, ni tes forces, ni les Anges, ni la profondeur, ni la hauteur ne nous pourra jamais séparer de la charité de Dieu, qui est en Jésus-Christ. Oui, car nulle créature ne nous peut arracher de ce saint amour; mais nous pouvons nous-mêmes seuls le quitter et l'abandonner par notre propre volonté, hors laquelle il n'y a rien à craindre pour ce regard. Ainsi, très cher Théotime, nous devons, selon l'avis du saint concile, mettre toute notre espérance en Dieu, qui parachèvera notre salut qu'il a commencé en nous, pourvu que nous ne manquions pas à sa grâce. Car il ne faut pas penser que celui qui dit au paralytique : Va et ne veuille plus pécher, ne lui donnât aussi le pouvoir d'éviter le vouloir qui lui défendait. Et certes, il n'exhortait jamais les fidèles à persévérer s'il n'était prêt à leur en donner le pouvoir: Sois fidèle jusquà la mort, dit-il à l'évêque de Smyrne, et je te donnerai la couronne de vie. Veillez, demeurez en la foi, travaillez courageusement, et confortez-vous; faites toutes vos affaires en charité. Courez en sorte que vous obteniez le prix. Nous devons donc avec le grand roi maintes fois demander à Dieu le sacré don de persévérance, et espérer qu'il nous l'accordera. Seigneur Dieu mon unique espoir, Ne me veuille laisser déchoir Au temps de ma pauvre vieillesse. Quand le temps lassé me rendra, Et que ma vigueur défaudra, Que ta main point ne me délaisse. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 08 Juin 2024, 09:10 | |
| CHAPITRE V
Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.Enfin le roi céleste ayant mené l'âme qu'il aime jusquà la fin de cette vie, il l'assiste encore en son bienheureux trépas, par lequel il la tire au lit nuptial de la gloire éternelle, qui est le fruit délicieux de la sainte persévérance. Et alors, cher Théotime, cette âme toute ravie d'amour pour son bien-aimé, se représentant la multitude des faveurs et secours dont il l'a prévenue et assistée tandis qu'elle était en son pèlerinage, elle baise incessamment cette douce main secourable qui l'a conduite, tirée et portée en chemin, et confesse que c'est de ce divin Sauveur qu'elle tient tout son bonheur; puisqu'il a fait pour elle tout se que le grand patriarche Jacob souhaitait pour son voyage, lorsqu'il eut vu l'échelle du ciel. O Seigneur, dit-elle donc alors, vous avez été avec moi, et mavez gardée en la voie par laquelle je suis venue; vous m'avez donné le pain de vos sacrements pour ma nourriture; vous m'avez revêtue de la robe nuptiale de charité; vous m'avez heureusement amenée en ce séjour de gloire qui est votre maison, ô mon Père éternel. Eh! que reste-t-il, Seigneur, sinon que je proteste que vous êtes mon Dieu ès siècles des siècles ? Amen. O mon Dieu, mon Seigneur, Dieu pour jamais aimable. Tu m'as tenu la dextre; et ton très saint vouloir M'a sûrement guidé jusqu'à me faire avoir En ce divin séjour un rang tout honorable. Tel donc est l'ordre de notre acheminement à la vie éternelle pour l'exécution duquel la divine Providence établit dès l'éternité la multitude, distinction et entresuite (ordre, plan) des grâces nécessaires à cela, avec la dépendance qu'elles ont les unes des autres. Il voulut premièrement d'une vraie volonté qu'encore après le péché dAdam tous les hommes fussent sauvés, mais en une façon et par un moyen convenables à la condition de leur nature douée du franc arbitre. C'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparerait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation fût la première, et qu'elle fût tellement attrempée (trempée dans, mêlée à notre liberté) à notre liberté, que nous la pussions accepter ou rejeter à notre gré et; à ceux desquels il prévit quelle serait acceptée. Il voulut fournir les sacrés mouvements de la pénitence, et à ceux qui seconderaient ces mouvements, il disposa de donner la sainte charité. Et à ceux qui auraient la charité, il délibéra de donner les secours requis pour persévérer; et à ceux qu' emploieraient ces divins secours, il résolut de leur donner la finale persévérance, et glorieuse félicité de son amour éternel. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 09 Juin 2024, 20:33 | |
| CHAPITRE V
Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.Nous pouvons donc rendre raison de l'ordre des effets de la providence qui regarde notre salut, en descendant du premier jusques au dernier c'est-à-dire, depuis le fruit qui est la gloire, jusques à la racine de ce bel arbre qui est la rédemption du Sauveur; car la divine bonté donne la gloire ensuite (en conséquence, en raison des mérites) des mérites, les mérites ensuite de la charité, la charité ensuite de la pénitence, la pénitence ensuite de l'obéissance à la vocation, l'obéissance à la vocation ensuite de la vocation, et la vocation ensuite de la rédemption du Sauveur sur laquelle est appuyée cette échelle mystique du grand Jacob, tant du côté du ciel, puisqu'elle aboutit au sein amoureux de ce Père éternel, dans lequel il reçoit les élus en les glorifiant, comme aussi du côté de la terre, puisqu'elle est plantée sur le sein et le flanc percé du Sauveur, mort pour cette occasion sur le mont Calvaire. Et que cette suite des effets de la providence ait été ainsi ordonnée avec la même dépendance qu'ils ont les uns des autres en l'éternelle volonté de Dieu, la sainte Église le témoigne quand elle fait la préface d'une de ses solennelles prières (dernières oraisons des litanies des saints) en cette sorte : O Dieu éternel et tout-puissant, qui êtes le Seigneur des vivants et des morts, et qui usez de Miséricorde envers tous ceux que vous prévoyez devoir être à l'avenir vôtres par foi et par oeuvre ! comme si elle avouait que la gloire, qui est le comble et le fruit de la Miséricorde Divine envers les hommes, n'est destinée que pour ceux que la divine sapience a prévu qu'à l'avenir obéissants à la vocation, ils viendraient à la foi vive qui opère par la charité. En somme, tous ces effets dépendent absolument de la rédemption du Sauveur, qui les a mérités pour nous, à toute rigueur de justice, par l'amoureuse obéissance qu'il a pratiquée jusques à la mort, et la mort de la croix laquelle est la racine de toutes les grâces que nous recevons, nous qui sommes greffes spirituels (aujourd'hui on écrirait greffes spirituelles), entés sur sa tige. Que si, ayant été entés, nous demeurons en lui, nous porterons sans doute, par la vie de la grâce qu'il nous communiquera, le fruit de la gloire qui nous est préparée ; que si nous sommes comme jetons (jets, pousses) et greffes rompus sur cet arbre, c'est-à-dire, que par notre résistance nous rompions le progrès et l'entresuite des effets de sa débonnaireté, ce ne sera pas merveille si enfin on nous retranche du tout, et qu'on nous mette dans le feu éternel comme branches inutiles. Dieu sans doute n'a préparé le paradis que pour ceux desquels il a prévu, qu'ils seraient siens. Soyons donc siens par foi et par oeuvre, Théotime, et il sera nôtre par gloire. Or,il est en nous d'être siens; car bien que ce soit un don de Dieu d'être à Dieu, c'est toutefois un don que Dieu ne refuse jamais à personne, ains offre à tous pour le donner à ceux qui de bon coeur consentiront de le recevoir. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 09 Juin 2024, 22:59 | |
| CHAPITRE V Que le bonheur de mourir en la divine charité est un don spécial de Dieu.Mais voyez, je vous prie, Théotime, de quelle ardeur Dieu désire que nous soyons siens, puisque à cette intention il s'est rendu tout nôtre, nous donnant sa mort et sa vie: sa vie, afin que nous fussions exempts de l'éternelle mort; et sa mort, afin que nous pussions jouir de l'éternelle vie. Demeurons donc en paix, et servons Dieu pour être siens en cette vie mortelle, et encore plus en l'éternelle. CHAPITRE VI Que nous ne saurions parvenir à la parfaite union d'amour avec Dieu en cette vie mortelle.Les fleuves coulent incessamment; et comme dit le Sage, ils retournent au lieu duquel ils sont issus. La mer, qui est le lieu de leur naissance, est aussi le lieu de leur dernier repos: tout leur mouvement ne tend qu'à les unir avec leur origine. O Dieu, dit saint Augustin, vous avez créé mon coeur pour vous, et jamais il n'aura repos qu'il ne soit en vous : mais qu'ai-je au ciel sinon vous, ô mon Dieu ! et quelle autre chose veux-je sur la terre? Oui, Seigneur, car vous êtes le Dieu de mon coeur, mon lot, et mon partage éternellement.$Néanmoins cette union à laquelle notre coeur aspire, ne peut arriver à sa perfection en cette vie mortelle. Nous pouvons commencer à aimer Dieu dans ce monde: mais nous ne l'aimerons parfaitement que dans l'autre. La céleste amante l'exprime délicatement: Je l'ai enfin trouvé, dit-elle, celui que mon âme chérit, je le tiens, et ne le quitterai point jusqu'à ce que je l'introduise dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m'a donné la vie. Elle le trouve donc ce bien-aimé; car il lui fait sentir sa présence par mille consolations : elle le tient, car ce sentiment produit des fortes affections par lesquelles elle le serre et l'embrasse; elle proteste de ne le quitter jamais. Oh! non ; car ces affections passent en résolutions éternelles, et toutefois elle ne pense pas le baiser du baiser nuptial jusques à ce qu'elle soit avec lui en la maison de sa mère, qui est la Jérusalem céleste, comme dit saint Paul. Mais voyez, Théotime, qu'elle ne pense rien moins, cette épouse, que de tenir son bien-aimé à sa merci comme un esclave d'amour, dont elle s'imagine que c'est à elle de le mener à son gré, et l'introduire au bienheureux séjour de sa mère, où néanmoins elle sera elle-même introduite par lui, comme fut Rebecca en la chambre de Sara par son cher Isaac. L'esprit pressé de passion amoureuse se donne toujours un peu davantage sur ce qu'il aime; et l'époux même confesse que sa bien-aimée lui a ravi le coeur, l'ayant lié par un seul cheveu de sa tête, savouant son prisonnier d'amour. Cette parfaite conjonction de l'âme à Dieu ne se fera donc point qu'au ciel, où, comme dit l'Apocalypse, se fera le festin des noces de lAgneau. Ici en cette vie caduque, l'âme est voirement épouse et fiancée de l'Agneau immaculé, mais non pas encore mariée avec lui. La foi et les promesses se donnent, mais l'exécution du mariage est différée; c'est pourquoi il y a toujours lieu de nous en dédire, quoique jamais nous n'en ayons aucune raison, puisque notre époux ne nous abandonne jamais, que nous ne l'obligions à cela par notre déloyauté et perfidie. Mais étant au ciel, les noces de cette divine union étant célébrées, le lien de nos coeurs à leur souverain principe sera éternellement indissoluble. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 11 Juin 2024, 00:54 | |
| CHAPITRE VI Que nous ne saurions parvenir à la parfaite union d'amour avec Dieu en cette vie mortelle.Il est vrai, Théotime, qu'en attendant ce grand baiser d'indissoluble union que nous recevrons de l'époux là-haut en la gloire, il nous en donne quelques-uns par mille ressentiments de son agréable présence; car si l'âme n'était pas caressée, elle ne serait pas tirée, ni ne courrait pas et l'odeur des parfums du bien-aimé. Pour cela selon la naïveté du texte hébreu et selon la traduction des septante interprètes, elle souhaite plusieurs baisers: Qu'il me baise, dit-elle, des baisers de sa bouche! Mais d'autant que ces menus baisers de la vie présente se rapportent tout au baiser éternel de la vie future, comme essais, préparatifs et gages d'icelui, la sacrée vulgaire édition a saintement réduit les baisers de la grâce à celui de la gloire, exprimant le souhait de l'amante céleste en cette sorte: Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche, comme si elle disait : Entre tous les baisers, entre toutes les faveurs que l'ami de mon coeur ou le coeur de mon ami m'a préparées, eh! je ne soupire ni n'aspire qu'à ce grand et solennel baiser nuptial qui doit durer éternellement, et en comparaison duquel les autres caresses ne méritent pas le nom de caresses, puisqu'elles sont plutôt signes de l'union future entre mon bien-aimé et moi, quelles ne sont l'union même. CHAPITRE VII Que la charité des Saints en cette vie mortelle égale, voire surpasse quelquefois celle des bienheureux.Quand, après les travaux et hasards de cette vie mortelle, les bonnes âmes arrivent au port de l'éternelle, elles montent au plus haut degré d'amour auquel elles puissent parvenir; et cet accroissement final leur étant conféré pour récompense de leurs mérites, il leur est départi, non seulement à bonne mesure, mais encore à mesure pressée, entassée, et qui répand de toutes parts par-dessus, comme dit notre Seigneur; de sorte que l'amour qui est donné pour salaire, est toujours plus grand en un chacun que celui lequel lui avait été donné pour mériter. Or, non seulement chacun en particulier aura plus d'amour au ciel qu'il n'en eut jamais en terre, mais l'exercice de la moindre charité qui soit en la vie céleste, sera de beaucoup plus heureux et excellent, à parler généralement, que celui de la plus grande charité qui soit, ou qui ait été, ou qui sera en cette vie caduque. Car là-haut tous les Saints pratiquent leur amour incessamment, sans remise quelconque; tandis qu'ici-bas les plus grands serviteurs de Dieu, tirés et tyrannisés des nécessités de cette vie mourante, sont contraints de souffrir mille et mille distractions qui les ôtent souvent de l'exercice du saint amour. Au ciel, Théotime, l'attention amoureuse des bienheureux est ferme, constante, inviolable, qui ne peut ni périr, ni diminuer. Leur intention est toujours pure, exempte du mélange de toute autre intention inférieure. En somme, ce bonheur de voir Dieu clairement et de l'aimer invariablement est incomparable. Et qui pourrait jamais égaler le bien, s'il y en a quelqu'un, de vivre entre les périls, les tourmentes continuelles, agitations et vicissitudes perpétuelles qu'on souffre sur mer, au contentement qu'il y a d'être en un palais royal, où toutes choses sont à souhait, ains où les délices surpassent incomparablement tout souhait ? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 12 Juin 2024, 05:29 | |
| CHAPITRE VII
Que la charité des Saints en cette vie mortelle égale, voire surpasse quelquefois celle des bienheureux.Il y a donc plus de contentement, de suavité et de perfection en l'exercice de l'amour sacré parmi les habitants du ciel, qu'en celui des pèlerins de cette misérable terre. Mais il y a bien eu pourtant des gens si heureux en leur pèlerinage, que leur charité y a été plus grande que celle de plusieurs saints déjà jouissants de la patrie éternelle. Certes, il n'y a pas de l'apparence que la charité du grand saint Jean, des apôtres et hommes apostoliques, n'ait été plus grande, tandis même qu'ils vivaient ici-bas, que celle des petits enfants qui, mourant en la seule grâce baptismale, jouissent de la gloire immortelle. Ce n'est pas l'ordinaire que les bergers soient plus vaillants que les soldats; et toutefois David, petit berger, venant en l'armée d'Israël, trouva que tous étaient plus habiles aux exercices des armes que lui, qui néanmoins se trouva plus vaillant que tous. Ce n'est pas l'ordinaire non plus que les hommes mortels aient plus de charité que les immortels; et toutefois il y en a eu de mortels qui, étant inférieurs en l'exercice de l'amour aux immortels, les ont néanmoins devancés en la charité et habitude amoureuse. Et comme mettant en comparaison un fer ardent avec une lampe allumée, nous disons que le fer plus de feu et de chaleur, et la lampe plus de flamme et de clarté: aussi mettant un enfant glorieux en parangon (parallèle, comparaison) avec saint Jean encore prisonnier, ou saint Paul encore captif, nous dirons que l'enfant au ciel a plus de clarté et de lumière en l'entendement, plus de flamme et d'exercice d'amour en la volonté; mais que saint Jean ou saint Paul ont eu en terre plus de feu de charité et plus de chaleur de dilection. CHAPITRE VIII
De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.Mais en tout et partout, quand je fais des comparaisons, je n'entends point parler de la très sainte Vierge mère, Notre-Dame. O Dieu! nenni; car elle est la fille d'incomparable dilection, la toute unique colombe, la toute parfaite épouse. De cette reine céleste je prononce de tout mon coeur cette amoureuse, mais véritable pensée, qu'au moins sur la fin de ses jours mortels sa charité surpassa celle des Séraphins. Car si plusieurs filles ont assemblé des richesses, celle-ci les a toutes surpassées. Tous les Saints et les Anges ne sont comparés qu'aux étoiles, et le premier d'entre eux à la plus belle d'entre elles: mais celle-ci est belle comme la lune, aisée d'être choisie et discernée entre tous les Saints, comme le soleil entre les astres. Et passant plus outre, je pense encore que comme la charité de cette mère d'amour surpasse celle de tous les Saints du ciel en perfection, aussi l'a-t-elle exercée plus excellemment, je dis même en cette vie mortelle. Elle ne pécha jamais véniellement, ainsi que lEglise l'estime. Elle n'eut donc point de vicissitude, ni de retardement au progrès de son amour, ains monta d'amour en amour par un perpétuel avancement; elle ne sentit oncques aucune contradiction de l'appétit sensuel; et partant son amour, comme un vrai Salomon, régna paisiblement en son âme, et y fit tous ses exercices à souhait. La virginité de son coeur et de sou corps fut plus digne et plus honorable que celle des Anges. C'est pourquoi son esprit, non divisé ni partagé, comme saint Paul parle, était tout occupé à penser aux choses divines, comme elle plairait à son Dieu. Et enfin, l'amour maternel, le plus pressant, le plus actif, le plus ardent de tous, amour infatigable et insatiable, que ne devait-il pas faire dans le coeur d'une telle mère et pour le coeur d'un tel fils? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 14 Juin 2024, 09:27 | |
| CHAPITRE VIII
De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.Eh! n'alléguez pas, je vous prie, que cette sainte Vierge fut néanmoins sujette au dormir (au sommeil) : non, ne me dites pas cela, Théotime. Car ne voyez-vous pas que son sommeil est un sommeil d'amour? de sorte que son époux même veut qu'on la laisse dormir tant qu'il lui plaira. Ah! gardez bien, je vous en conjure, dit-il, d'éveiller ma bien-aimée jusquà ce qu'elle le veuille. Oui, Théotime, cette reine céleste ne s'endormait jamais que d'amour, puisqu'elle ne donnait aucun repos à son précieux corps que pour le revigorer, afin qu'il servit mieux son Dieu par après : acte certes très excellent de charité. Car, comme dit le grand saint Augustin, elle nous oblige d'aimer nos corps convenablement, en tant qu'ils sont requis aux bonnes oeuvres, qu'ils font une partie de notre personne, et qu'ils seront participants de la félicité éternelle. Certes, un chrétien doit aimer son corps comme une image vivante de celui du Sauveur incarné, comme issu, de même tige avec icelui, et par conséquent lui appartenant en partage et consanguinité, surtout après que nous avons renouvelé l'alliance par la réception réelle de ce divin corps du Rédempteur, au très adorable sacrement de l'Eucharistie, et que par le baptême, confirmation et autres sacrements, nous nous sommes dédiés et consacrés à la souveraine bonté. Mais quant à la très sainte Vierge, ô Dieu, avec quelle dévotion devait-elle aimer son corps virginal, non seulement parce que c'était un corps doux, humble, pur, obéissant au saint amour, et qui était tout embaumé de mille sacrées suavités; mais aussi parce qu'il était la source vivante de celui du Sauveur, et lui appartenait si étroitement d'une appartenance incomparable. C'est pourquoi quand elle mettait son corps angélique au repos du sommeil : Or sus, reposez, disait-elle, ô tabernacle de l'alliance, arche de la sainteté, trône de la Divinité ; allégez-vous un peu de votre lassitude, et réparez vos forces par cette douce tranquillité. Et puis, mon. cher Théotime, ne savez-vous pas que les songes mauvais, procurés volontairement par les pensées dépravées du jour, tiennent en quelque sorte lieu de péché, parce que ce sont comme des dépendances et exécutions de la malice précédente? Ainsi certes, les songes provenant des saintes affections de la veille sont estimés vertueux et sacrés. Mon Dieu, Théotime, quelle consolation d'ouïr saint Chrysostome racontant un jour à son peuple la véhémence de l'amour qu'il lui portait! « La nécessité du sommeil, dit-il, pressant nos paupières, la tyrannie de notre amour envers vous excite les yeux de notre esprit; et maintes fois emmi (dans) mon sommeil, il m'a été avis que je vous parlais: car l'âme a accoutumé de voir en songe par imagination ce qu'elle pense parmi la journée. Ainsi ne vous voyant pas des yeux de la chair, nous nous voyons des yeux de la charité. » Eh! doux Jésus, qu'est-ce que devait songer votre très sainte Mère lorsqu'elle dormait, et que son coeur veillait? Ne songeait-elle point de vous voir encore plié dans ses entrailles, comme vous fûtes neuf mois, ou bien pendant à ses mamelles, et pressant doucement son sein virginal ? Hélas! que de douceur en cette âme! Peut-être songea-t-elle maintefois que, comme notre Seigneur avait jadis souvent dormi sur sa poitrine, ainsi qu'un petit agnelet sur le flanc mollet de sa mère: de même aussi elle dormait dans son côté percé, comme une blanche colombe dans le trou d'un rocher assuré. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 14 Juin 2024, 22:58 | |
| CHAPITRE VIII
De l'incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame.Si que son dormir (en sorte que son sommeil) était tout pareil à l'extase quant à l'opération de l'esprit, bien que quant au corps ce fait un doux et gracieux allégement et repos. Mais si jamais elle songea, comme lancien Joseph, à sa grandeur future, quand au ciel elle serait revêtue du soleil, couronnée d'étoiles, et la lune à ses pieds, c'est-à-dire tout environnée de la gloire de son Fils, couronnée de celle des Saints et l'univers sous elle : ou que, comme Jacob, elle vit le progrès et les fruits de la rédemption faite par son Fils en faveur des Anges et des hommes : Théotime, qui pourrait jamais s'imaginer limmensité de si grandes délices? Que de colloques avec son cher enfant! que de suavité de toutes parts! Mais voyez, je vous prie, que ni je ne dis, ni je ne veux dire que cette âme tant privilégiée de la Mère de Dieu ait été privée de l'usage de raison en son sommeil. Plusieurs ont estimé que Salomon en ce beau songe, quoique vrai songe, auquel il demanda et reçut le don de son incomparable sagesse, eut un véritable exercice de son franc arbitre à cause de l'éloquence judicieuse du discours qu'il y fit, du choix plein de discernement auquel il se détermina, et de la prière très excellente dont il usa. Le tout sans aucun mélange d'impertinence, ou d'aucun détraquement d'esprit. Mais combien donc y a-t-il plus d'apparence que la mère du vrai Salomon ait eu l'usage de raison en son sommeil, comme Salomon même la fait parler, que son coeur ait veillé tandis quelle dormait ? Certes, que saint Jean eût l'exercice de son esprit dans le ventre même de sa mère, ce fut une bien plus grande merveille. Et pourquoi donc en refuserions-nous une moindre à celle pour laquelle et à laquelle Dieu a fait plus de faveurs, qu'il ne fit ni ne fera jamais pour tout le reste des créatures? En somme, comme labeston (substance minérale, filamenteuse, incombustible), pierre précieuse, conserve à jamais le feu qu'il a conçu par une propriété nonpareille; ainsi le coeur de la Vierge mère demeura perpétuellement enflammé du saint amour qu'elle reçut de son Fils, mais avec cette différence, que le feu de labeston, qui ne peut être éteint, ne peut non plus être agrandi, et les flammes sacrées de la Vierge ne pouvant ni périr, ni diminuer, ni demeurer en même état, ne cessèrent jamais de prendre des accroissements incroyables jusques au ciel, lieu de leur origine. Tant il est vrai que cette mère est la mère de belle dilection, c'est-à-dire la plus aimable comme la plus amante, et la plus amante comme la bien aimée Mère de cet unique Fils, qui est aussi le plus aimable, le plus amant et le plus aimé Fils de cette unique mère. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 16 Juin 2024, 10:10 | |
| CHAPITRE IX.
Préparation au discours de l'union des bienheureux avec Dieu.L'amour triomphant que les bienheureux exercent au ciel, consiste en la finale, invariable et éternelle union de l'âme avec son Dieu. Mais qu'est-elle cette union? A mesure que nos sens rencontrent des objets agréables et excellents, ils s'appliquent plus ardemment et avidement à la jouissance d'iceux. Plus les choses sont belles, agréables à la vue, et dûment éclairées, plus l'oeil les garde avidement et vivement; et plus la voix ou musique est douce et suave, plus elle attire l'attention de l'oreille : si que chaque objet exerce une puissante, mais amiable violence sur le sens qui lui est destiné, violence qui prend plus ou moins de force, selon que l'excellence est moindre ou plus grande, pourvu qu'elle soit proportionnée à la capacité du sens qui en veut jouir; car l'oeil qui se plait tant en la lumière, n'en peut pourtant supporter l'extrémité, et ne saurait regarder fixement le soleil; et pour belle que soit une musique, si elle est forte et trop proche de nous, elle nous importune et offense nos oreilles. La vérité est l'objet de notre entendement, qui a par conséquent tout son contentement à découvrir et connaître la vérité des choses, et selon que les vérités sont plus excellentes, notre entendement s'applique plus délicieusement et plus attentivement à les considérer. Quel plaisir pensez-vous, Théotime, qu'eussent ces anciens philosophes, qui connurent si excellemment tant de belles vérités en la nature? Certes, toutes les voluptés ne leur étaient rien en comparaison de leur bien-aimée philosophie, pour laquelle quelques-uns d'entre eux quittèrent les honneurs, les antres des grandes richesses, d'autres leur pays, et s'en est trouvé tel qui de sens rassis s'est arraché les yeux, se privant pour jamais de la jouissance de la belle et agréable lumière corporelle, pour s'occuper plus librement à considérer la vérité des choses par la lumière spirituelle; car on lit cela de Démocrite(Démocrite, dAbdère philosophe grec, (49O av. J.-C.) expliquait le monde par les atomes tant la connaissance de la vérité est délicieuse ! dont Aristote a dit fort souvent, que la félicité et béatitude humaine consiste en la sapience (sagesse philosophie), qui est la connaissance des vérités éminentes. Mais lorsque notre esprit élevé au-dessus de la lumière naturelle commence à voir les vérités sacrées de la foi, ô Dieu! Théotime, quelle allégresse! L'âme se fond de plaisir oyant la parole de son céleste époux quelle trouve plus douce et suave que Le miel de toutes les sciences humaines. Dieu a empreint sa piste, ses allures et passées en toutes les choses créées; de sorte que la connaissance que nous avons de sa divine majesté par les créatures, ne semble être autre chose que la vue des pieds de Dieu, et qu'en comparaison de cela, la foi est une vue de la face même de sa divine majesté, laquelle nous ne voyons pas encore au plein jour de la gloire, mais nous la voyons pourtant comme en la prime aube du jour, ainsi qu'il advint à Jacob auprès du gué de Jabob; car bien qu'il n'eût vu l'ange avec lequel il lutta, sinon à la faible clarté du point du jour, si est-ce que, tout ravi de contentement, il ne laissa pas de s'écrier: J'ai vu le Seigneur face à face, et mon âme a été sauvée. O combien délicieuse est la sainte lumière de la foi, par laquelle nous savons avec une certitude nonpareille, non seulement l'histoire de l'origine des créatures et de leur vrai usage, mais aussi celle de la naissance éternelle du grand et souverain Verbe divin, auquel et par lequel tout a été fait, et lequel avec le Père et le Saint-Esprit est un seul Dieu, très unique, très adorable, et béni ès siècles des siècles. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 16 Juin 2024, 23:05 | |
| CHAPITRE IX.
Préparation au discours de l'union des bienheureux avec Dieu.O combien délicieuse est la sainte lumière de la foi, par laquelle nous savons avec une certitude nonpareille, non seulement l'histoire de l'origine des créatures et de leur vrai usage, mais aussi celle de la naissance éternelle du grand et souverain Verbe divin, auquel et par lequel tout a été fait, et lequel avec le Père et le Saint-Esprit est un seul Dieu, très unique, très adorable, et béni ès siècles des siècles. Amen. Ah! dit saint Jérôme à son Paulin ( ?), le docte Platon ne sut oncques ceci, l'éloquent Démosthènes l'a ignoré. O que vos paroles, dit le grand roi, sont douces, Seigneur, à mon palais, plus douces que le miel à ma bouche! Notre coeur n'était-il pas tout ardent, tandis qu'il nous parlait en chemin disent ces heureux pèlerins d'Emmaüs, parlant des flammes amoureuses dont ils étaient touchés par la parole de la foi. Que si les vérités divines sont de si grande suavité, étant proposées en la lumière obscure de la foi, ô Dieu, que sera-ce quand nous les contemplerons en la clarté du midi de la gloire ? La reine de Saba, qui, à la grandeur de la renommée de Salomon, avait tout quitté pour le venir voir, étant arrivée en sa présence, et ayant écouté les merveilles de la sagesse qu'il répandait en ses propos, tout éperdue et comme pâmée d'admiration, s'écria que ce qu'elle avait appris par oui-dire de cette céleste sagesse, n'était pas la moitié de la connaissance que la vue et l'expérience lui en donnaient. Ah ! que belles et amiables sont les vérités que la foi nous révèle par l'ouïe ! Mais quand, arrivés en la céleste Jérusalem, nous verrons le grand Salomon, roi de gloire, assis sur le trône de sa sapience, manifestant avec une clarté incompréhensible les merveilles et secrets éternels de sa vérité souveraine, avec tant de lumière que notre entendement verra en présence ce qu'il avait cru ici-bas: oh! alors, très cher Théotime, quels ravissements! quelles extases! quelles admirations! quels amours! quelles douceurs! Non jamais, dirons-nous en cet excès de suavité, non jamais nous n'eussions su penser de voir des vérités si délectables. Nous avons voirement cru tout ce qu'on nous avait annoncé de ta gloire, ô grande cité de Dieu; mais nous ne pouvions pas concevoir la grandeur infinie des abîmes de tes délices. CHAPITRE X.
Que le désir précédent accroîtra grandement l'union des bienheureux avec Dieu.Le désir qui précède la jouissance, aiguise et affine le ressentiment d'icelle, et pins le désir a été pressant et puissant, plus la possession de la chose désirée est agréable et délicieuse. O Jésus! mon cher Théotime, quelle joie pour le coeur humain de voir la face de la Divinité, face tant désirée, ains face lunique désir de nos âmes ! Nos coeurs ont une soif qui ne peut être étanchée par les contentements de la vie mortelle, contentements desquels les plus estimés et pourchassés, s'ils sont modérés, ils ne nous désaltèrent pas; et s'ils sont extrêmes, ils nous étouffent. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 17 Juin 2024, 23:19 | |
| CHAPITRE X.
Que le désir précédent accroîtra grandement l'union des bienheureux avec Dieu.On les désire néanmoins toujours extrêmes, et jamais ils ne le sont qu'ils ne soient excessifs, insupportableset dommageables; car on meurt de joie, comme on meurt de tristesse : ains la joie est plus active à nous ruiner que la tristesse. Alexandre ayant englouti (absorbé par sa domination) tout ce bas monde, tant en effet qu'en espérance, ouït dire à un chétif homme du monde qu'il y avait encore plusieurs autres mondes. Et comme un petit enfant qui veut pleurer pour une pomme qu'on lui refuse, cet Alexandre, que les mondains appellent le Grand, plus fou néanmoins qu'un petit enfant, se prend à pleurer à chaudes larmes de quoi il n'y avait pas apparence qu'il pût conquérir les autres-mondes, puisqu'il n'avait pas encore l'entière possession de celui-ci. Celui qui jouissant plus pleinement du monde que jamais nul ne fit, en est toutefois si peu content, qu'il pleure de tristesse, de quoi il n'en peut avoir d'autres que la folle persuasion d'un misérable cajoleur lui fait imaginer : dites-moi, je vous prie, Théotime, montre-t-il pas que la soif de son coeur ne peut être assouvie en cette vie, et que ce monde n'est pas suffisant pour le désaltérer ? O admirable, mais aimable inquiétude du coeur humain! Soyez à jamais sans repos ni tranquillité quelconque en cette terre, mon âme, jusquà ce que vous ayez rencontré les fraîches eaux de la vie immortelle et la très sainte divinité, qui seules peuvent éteindre votre altération et accoiser votre désir. Cependant, Théotime, imaginez-vous, avec le Psalmiste, ce cerf qui, mal mené par la meute, n'a plus ni haleine, ni jambes, comme il se fourre avidement dans leau qu'il va quêtant; avec quelle ardeur il se presse et serre dans cet élément : il semble qu'il se voudrait volontiers fondre et convertir en eau, pour jouir plus pleinement de cette fraîcheur. Hé! quelle union de notre coeur à Dieu là-haut au ciel, où, après ces désirs infinis du vrai bien, non jamais assouvis en ce monde, nous en trouverons la vivante et puissante source ! Alors certes, comme on voit un enfant affamé, si fort collé au flanc de sa mère et attaché à son sein, presser avidement cette douce fontaine de suave et désirée liqueur, de sorte qu'il est advis (on croirait) qu'il veuille ou se fourrer tout dans ce sein maternel, ou bien le tirer et sucer tout entier dans sa petite poitrine; ainsi notre âme toute haletante de la soif extrême du vrai bien, lorsqu'elle en rencontrera la source inépuisable en la Divinité: ô vrai Dieu, quelle sainte et suave ardeur à s'unir et joindre à ces mamelles fécondes de la toute bonté, ou pour être tout abîmés en elle, ou afin quelle vienne toute en nous ! CHAPITRE XI.
De l'union des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la Divinité.Quand nous regardons quelque chose, quoiqu'elle nous soit présente, elle ne s'unit pas à nos yeux elle-même, ains seulement leur envoie une certaine représentation ou image d'elle-même, que l'on appelle espèce sensible, par le moyeu de laquelle nous voyons. Et quand nous contemplons ou entendons quelque chose, ce que nous entendons ne s'unit pas non plus à notre entendement, sinon par le moyeu d'une autre représentation et image très délicate et spirituelle que l'on nomme espèce intelligible. Mais encore ces espèces par combien de détours et de changements viennent-elles à notre entendement! Elles abordent au sens extérieur, et de là passent à l'intérieur, puis à la fantaisie, de là à l'entendement actif, et viennent enfin au passif; à ce que passant par tant d'étamines et sous tant de limes, elles soient par ce moyen purifiées, subtilisées et affinées, et que de sensibles elles soient rendues intelligibles. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 19 Juin 2024, 00:10 | |
| CHAPITRE XI.
De l'union des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la Divinité.Nous voyons et entendons ainsi, Théotime, tout ce que nous voyons ou entendons en cette vie mortelle, oui même les choses de la foi. Car, comme le miroir ne contient pas la chose que l'on y voit, ains seulement la représentation et espèce (apparence) d'icelle, laquelle représentation, arrêtée par le miroir, en produit une autre en l'oeil qui regarde; de même la parole de la foi ne contient pas les choses quelle annonce, ains seulement elle les représente: et cette représentation des choses divines qui est en la parole de la foi, en produit une autre, laquelle notre entendement, moyennant la grâce de Dieu, accepte et reçoit comme représentation de la sainte vérité, et notre volonté s'y complaît et l'embrasse comme une vérité honorable, utile, aimable et très bonne: de sorte que les vérités signifiées en la parole de Dieu sont par icelles représentées à l'entendement, comme les choses exprimées au miroir sont par le miroir représentées à l'oeil : si que croire, c'est voir comme par un miroir, dit le grand Apôtre. Mais au ciel, Théotime, ah ! mon Dieu, quelles faveurs ! La Divinité s'unira elle-même à notre entendement, sans entremise d'espèce ni représentation quelconque ; ains elle s'appliquera et joindra elle-même à notre entendement, se rendant tellement présente à lui, que cette intime présence tiendra lieu de représentation et d'espèce. O vrai Dieu, quelle suavité à l'entendement humain d'être à jamais uni à son souverain objet, recevant non sa représentation, mais sa présence ; non aucune image ou espèce, mais la propre essence de sa divine vérité et majesté? Nous serons là comme des enfants très heureux de la divinité, ayant l'honneur d'être nourris de la propre substance divine, reçue en notre âme par la bouche de notre entendement; et, ce qui surpasse toute douceur, c'est que comme les mères ne se contentent pas de nourrir leurs poupons de leur lait, qui est leur propre substance, si elles-mêmes ne leur mettent le sein dans la bouche, afin qu'ils reçoivent leur substance, non on une cuiller ou autre instrument, ains en leur propre substance et par leur propre substance; en sorte que cette substance maternelle serve de tuyau, aussi bien que de nourriture, pour être reçue du bien-aimé petit enfançon (enfant, nourrisson). Ainsi Dieu notre père ne se contente pas de faire recevoir sa propre substance en notre entendement, c'est-à-dire de nous faire voir sa divinité; mais par un abîme de sa douceur, il appliquera lui-même sa substance à notre esprit, afin que nous l'entendions, non plus en espèce ou représentation, mais en elle-même et par elle-même; en sorte que sa substance paternelle et éternelle serve d'espèce aussi bien que d'objet à notre entendement. Et alors seront pratiquées en une façon excellente ces divines promesses : Je la mènerai en la solitude, et parlerai à son coeur et l'allaiterai. Esjouissez-vous (réjouissez-vous) avec Jérusalem en liesse, afin que vous vous allaitiez et soyez remplis de la mamelle de sa consolation, et que vous suciez, et que vous vous délectiez de la totale affluence de sa gloire. Vous serez portés à la mamelle; et on vous amadouera sur les genoux. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 20 Juin 2024, 08:22 | |
| CHAPITRE XI.
De l'union des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la Divinité. Bonheur infini, Théotime, et lequel ne nous a pas seulement été promis, mais nous en avons des arrhes au très saint sacrement de l'Eucharistie, festin perpétuel de la grâce divine; car en icelui nous recevons le sang du Sauveur en sa chair, et sa chair en son sang: son sang nous étant appliqué par sa chair, sa substance par sa substance à notre propre bouche corporelle, afin que nous sachions qu'ainsi nous appliquera-t-il son essence divine au festin éternel de la gloire il est vrai qu'ici cette faveur nous est faite réellement, mais à couvert sous les espèces et apparences sacramentelles; là où au ciel la Divinité se donnera à découvert, et nous la verrons face à face comme elle est. CHAPITRE XII
De l'union éternelle des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la naissance éternelle du Fils de Dieu.O saint et divin Esprit, amour éternel du Père et du Fils, soyez propice à mon enfance. Notre entendement verra donc Dieu, Théotime; mais je dis, il verra Dieu lui-même face à face, contemplant par une vue de vraie et réelle présence la propre essence divine, et en elle ses infinies beautés, la toute-puissance, la toute-bonté, toute sagesse, toute-justice, et le reste de cet abîme de perfections. Il verra donc clairement cet entendement, la connaissance infinie que, de toute éternité, le Père a eue de sa propre beauté, et pour laquelle exprimer en soi-même il prononça et dit éternellement le mot, le verbe, ou parole et diction très unique et très infinie; laquelle comprenant et représentant toute la perfection du Père, ne peut être qu'un même Dieu très unique avec lui, sans division ni séparation. Ainsi verrons-nous donc cette éternelle et admirable génération du Verbe et Fils divin, par laquelle il naquit éternellement à l'image et semblance (ressemblance) du Père, image et semblance vive et naturelle, qui ne représente aucuns accidents, ni aucun extérieur; puisqu'en Dieu tout est substance, et n'y peut avoir accident tout est intérieur, et n'y peut avoir aucun extérieur. Mais image qui représente la propre substance du Père, si vivement, si naturellement, tant essentiellement et substantiellement, que pour cela elle ne peut être que le même Dieu avec lui, sans distinction ni différence quelconque d'essence ou substance, ans avec la seule distinction des personnes; car comme se pourrait-il faire que ce divin Fils fût la vraie, vraiment vive et vraiment naturelle image, semblance et figure de l'infinie beauté et substance du Père, si elle ne représentait infiniment au vif et au naturel les infinies perfections du Père? et comme pourrait-elle représenter infiniment des perfections infinies, si elle-même nétait infiniment parfaite? et comme pourrait-elle être infiniment parfaite, si elle n'était Dieu? et comme pourrait-elle être Dieu, si elle n'était un même Dieu avec le Père? Ce Fils donc, infinie image et figure de son Père infini, est un seul Dieu très unique et très infini avec son Père, sans qu'il y ait aucune différence de substance entre eux, ains seulement la distinction de personnes : laquelle distinction de personnes, comme elle est totalement requise, aussi est-elle très suffisante pour faire que le Père prononce, et que le Fils soit la parole prononcée; que le Père die (dise, parle, forme usitée au XVII° siècle.), et que le Fils soit le Verbe ou la diction que le Père exprime; et que le Fils soit l'image, semblance et figure exprimée; et qu'en somme le Père soit Père, et le Fils soit Fils, deux personnes distinctes, mais une seule essence et divinité. Ainsi Dieu qui est seul, n'est pas pourtant solitaire: car il est seul en sa très unique et très simple divinité; mais il n'est pas solitaire, puisqu'il est Père et Fils en deux personnes. O Théotime, Théotime, quelle joie, quelle allégresse de célébrer cette éternelle naissance qui se fait en la splendeur des saints ; de la célébrer, dis-je, en la voyant, et de la voir en la célébrant! Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 21 Juin 2024, 19:56 | |
| CHAPITRE XII
De l'union éternelle des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la naissance éternelle du Fils de Dieu.Le très doux saint Bernard, étant encore jeune garçon à Châtillon-sur-Seine, la nuit de Noël, attendait en l'église que l'on commençât l'office sacré ; et. en cette attente, le pauvre enfant sendormit d'un sommeil fort léger, pendant lequel, Ô Dieu, quelle douceur! il vit en esprit, mais d'une vision fort distincte et fort claire, comme le Fils de Dieu ayant épousé la nature humaine, et s'étant rendu petit enfant dans les entrailles très pures de sa mère, naissait virginalement de son sein sacré avec une humble suavité mêlée d'une céleste majesté. Comme l'époux qui, en maintien royal, sort tout joyeux de son lit nuptial. Vision, Théotime, qui combla tellement le coeur amiable du petit Bernard d'aise, de jubilation et de délices spirituelles, qu'il en eut toute sa vie des ressentiments extrêmes, et partant, combien que (bien que, quoique.) depuis, comme une abeille sacrée, il recueillit toujours de tous. les divins mystères le miel de mille douces et divines consolations, si est-ce que la solennité de Noël lui apportait une particulière suavité, et parlait avec un goût nonpareil de cette nativité de son Maître. Hélas ! mais de grâce, Théotime, si une vision mystique et imaginaire de la naissance temporelle et humaine du Fils de Dieu, par laquelle il procédait homme de la femme, vierge dune vierge, ravit et contente si fort le coeur dun enfant; hé! que sera-ce, quand nos esprits glorieusement illuminés de la clarté bienheureuse, verront cette éternelle naissance par laquelle le Fils procède Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu dun vrai Dieu, divinement et éternellement? Alors donc notre esprit se joindra par une complaisance incompréhensible à cet objet si délicieux, et par une invariable attention lui demeurera éternellement uni. CHAPITRE XIII
De l'union des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la production du Saint-Esprit.Le Père éternel voyant l'infinie bonté et beauté de son essence si vivement, essentiellement et substantiellement exprimée en son Fils, et le Fils voyant réciproquement que sa même essence, bonté et beauté est originairement en son Père comme en sa source ou fontaine; hé! se pourrait-il faire que ce divin Père et son Fils ne s'entraimassent pas d'un amour infini, puisque leur volonté par laquelle ils s'aiment, et leur bonté pour laquelle ils s'aiment, sont infinies en l'un et en l'autre ? L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale; ne nous trouvant pas unis, il nous unit. Or, le Père et le Fils se trouvant non seulement égaux et unis, ains un même Dieu, une même essence et une même unité, quel amour doivent-ils avoir l'un à l'autre! Mais cet amour ne se passe pas comme l'amour que les créatures intellectuelles ont entre elles ou envers leur Créateur. Car l'amour créé se fait par plusieurs et divers élans, soupirs, unions et liaisons qui s'entre-suivent, et font la continuation de l'amour avec une douce vicissitude de mouvements spirituels. Mais l'amour divin du Père éternel envers son Fils est pratiqué en un seul soupir élancé réciproquement par le Père et le Fils, qui en cette sorte demeurent unis et liés ensemble. Oui, mon Théotime : car la bonté du Père et du Fils n'étant qu'une seule très uniquement unique bonté, commune à l'un et à l'autre, l'amour de cette bonté ne peut être qu'un seul amour; parce qu'encore qu'il y ait deux amants, à savoir le Père et le Fils, néanmoins il n'y a que leur seule très unique bonté qui leur est commune, laquelle est aimée, et leur très unique volonté qui aime; et partant il n'y a aussi qu'un seul amour exercé par un seul soupir amoureux. Le Père soupire cet amour, le Fils le soupire aussi ; mais parce que le Père ne soupire cet amour que par la même volonté et pour la même bonté qui est également et uniquement en lui et en son Fils, et le Fils mutuellement (à son tour) ne soupire ce soupir amoureux que pour cette même bonté et par cette même volonté ; partant ce soupir amoureux n'est qu'un seul soupir, ou un seul esprit élancé par deux soupirants. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricordieux | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 21 Juin 2024, 22:49 | |
| CHAPITRE XIII
De l'union des esprits bienheureux avec Dieu en la vision de la production du Saint-Esprit.Et d'autant que le Père et le Fils qui soupirent, ont une essence et volonté infinie par laquelle ils soupirent, et que la bonté pour laquelle ils soupirent est infinie, il est impossible que le soupir ne soit infini. Et d'autant qu'il ne peut être infini qu'il ne soit Dieu, partant cet esprit soupiré du Père et du Fils est vrai Dieu. Et parce qu'il n'y a, ni peut avoir qu'un seul Dieu, il est un seul vrai Dieu avec le Père et le Fils. Mais de plus, parce que cet amour est un acte qui procède réciproquement du Père et du Fils, il ne peut être ni le Père ni le Fils desquels il est procédé, quoiqu'il ait la même bonté et substance du Père et du Fils; ains faut que ce soit une troisième personne divine, laquelle avec le Père et le Fils ne soit qu'un seul Dieu. Et d'autant que cet amour est produit par manière de soupir ou d'inspiration, il est appelé Saint-Esprit. Or sus, Théotime, le roi David, décrivant la suavité de l'amitié des serviteurs de Dieu, s'écrie : O voici que c'est chose bonne Qui mille suavités donne, Quand les frères ensemblement Habitent unanimement: Car cette douceur amiable Au très saint onguent est semblable, Que dessus le chef on versa, D'Aaron, quand on le consacra: Onguent, dont ta tête sacrée D'Aaron était toute trempée, jusqu'à la robe s'écoulant, Et tout son collet parfumant. Mais, Ô Dieu ! si l'amitié humaine est tant agréablement aimable, et répand une odeur si délicieuse sur ceux qui la contemplent; que sera-ce, mon bien-aimé Théotime, de voir l'exercice sacré de l'amour réciproque du Père envers le Fils éternel ? Saint Grégoire Nazianzène raconte que l'amitié incomparable qui était entre lui et son grand saint Basile, était célébrée par toute la Grèce , et Tertullien témoigne que les païens admiraient cet amour plus que fraternel qui régnait entre les premiers chrétiens. O quelle fête ! quelle solennité! de quelles louanges et bénédictions doit être célébrée, de quelle admiration doit être honorée et aimée l'éternelle et souveraine amitié du Père et du Fils ! Qu'y a-t-il d'aimable et d'amiable, si l'amitié ne l'est pas? Et si l'amitié est aimable et amiable, quelle amitié le peut être en comparaison de cette infinie amitié qui est entre le Père et le Fils, et qui est un même Dieu très unique avec eux ? Notre coeur, Théotime, s'abîmera d'amour en l'admiration de la beauté et suavité de l'amour que ce Père éternel et ce Fils incompréhensible pratiquent divinement et éternellement. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 23 Juin 2024, 00:04 | |
| CHAPITRE XIV
Que la sainte lumière de la gloire servira à l'union des esprits bienheureux avec DieuL'entendement créé verra donc l'essence divine sans aucune entremise d'espèce ou représentation; mais il ne la verra pas néanmoins sans quelque excellente lumière qui le dispose, élève et renforce pour faire une vue si haute, et d'un objet si sublime et éclatant. Car, comme la chouette a bien la vue assez forte pour voir la sombre lumière de la nuit sereine, mais non pas toutefois pour voir la clarté du midi qui est trop brillante pour être reçue par des yeux si troubles et imbéciles ainsi notre entendement qui a bien assez de force pour considérer les vérités naturelles par son discours, et même les choses surnaturelles de la grâce par la lumière de la foi, ne saurait pas néanmoins, ni par la lumière de la nature, ni par la lumière de la foi, atteindre jusqu'à la vue de la substance divine en elle-même. C'est pourquoi la suavité de la sagesse éternelle a disposé de ne point appliquer son essence à notre entendement, qu'elle ne l'ait préparé, revigoré et habilité (disposé, instruit) pour recevoir une vue si éminente, et disproportionnée à sa condition naturelle, comme est la vue de la Divinité. Car ainsi le soleil, souverain objet de nos yeux corporels entre les choses naturelles, ne se présente point à notre vue que premier il n'envoie ses rayons par le moyen desquels nous le puissions voir, de sorte que nous ne le voyons que par sa lumière. Toutefois il y a de la différence entre les rayons que le soleil jette à nos yeux corporels, et la lumière que Dieu créera en nos entendements au ciel; car le rayon du soleil corporel ne fortifie point nos yeux quand ils sont faibles et impuissants à voir, ains plutôt il les aveugle, éblouissant et dissipant leur vue infirme : ou au contraire cette sacrée lumière de gloire trouvant nos entendements inhabiles et incapables de voir la Divinité, elle les élève, renforce et perfectionne si excellemment, que par une merveille incompréhensible ils regardent et contemplent l'abîme de la clarté divine fixement et droitement en elle-même, sans être éblouis ni rebouchés (renfermés par) : de la grandeur infinie de son éclat. Tout ainsi donc que Dieu nous a donné la lumière de la raison par laquelle nous le pouvons connaît comme auteur de la nature, et la lumière de la foi par laquelle nous le considérons comme source de la grâce: de même il nous donnera la lumière de gloire par laquelle nous le contemplerons comme fontaine de la béatitude et vie éternelle, mais fontaine, Théotime, que nous ne contemplerons pas de loin, comme nous faisons maintenant par la foi, ains que nous verrons par la lumière de gloire, plongés et abîmés en icelle. Les plongeons (plongeurs), dit Pline, qui pour pêcher les pierres précieuses s'enfoncent dans la mer, prennent de l'huile en leurs bouches, afin que la répandant ils aient plus de jour pour voir dedans les eaux entre lesquelles ils nagent. Théotime, l'âme bienheureuse étant enfoncée et plongée dans l'océan de la divine Essence, Dieu répandra dans son entendement la sacrée lumière de gloire, qui lui fera jour dans cet abîme de lumière inaccessible, afin que par la clarté de la gloire nous voyions la clarté de la Divinité. En Dieu gît la fontaine même De vie et de plaisir suprême La clarté noua apparaîtra Aux rais (rayons) de sa vive lumière. Et notre liesse plénière De son jour seulement naîtra. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 23 Juin 2024, 22:32 | |
| CHAPITRE XV
Que l'union des bienheureux avec Dieu aura des différents degrés.Or ce sera cette lumière de gloire, Théotime, qui donnera la mesure à la vue et contemplation des bienheureux; et selon que nous aurons plus ou moins de cette sainte splendeur, nous verrons aussi plus ou moins clairement, et par conséquent plus ou moins heureusement la très sainte Divinité, qui regardée diversement nous rendra de même différemment glorieux. Certes en ce paradis céleste tous les Esprits voient toute l'essence divine; mais nul d'entre eux, ni tous ensemble ne la voient, ni peuvent voir totalement. Non, Théotime; car Dieu étant très uniquement un et très simplement indivisible, on ne le peut voir qu'on ne le voie tout, d'autant qu'il est infini, sans limite ni borne, ni mesure quelconque en sa perfection; il n'y a ni peut avoir aucune capacité hors de lui qui jamais puisse totalement comprendre ou pénétrer l'infinité de sa bonté infiniment essentielle et essentiellement infinie. Cette lumière créée du soleil visible qui est limitée et finie, est tellement vue toute de tous ceux qui la regardent, qu'elle n'est pourtant jamais vue totalement de pas un, ni même de tous ensemble. Il en est presque ainsi de tous nos sens, outre plusieurs qui oyent une excellente musique, quoique tous l'entendent toute, les uns pourtant ne l'oyent pas si bien, ni avec tant de plaisir que les autres, selon que les oreilles sont plus ou moins délicates. La manne était savourée toute de quiconque la mangeait, niais différemment néanmoins, selon la diversité des appétits de ceux qui la prenaient, et aie fut jamais savourée totalement; car elle avait plus de différentes saveurs, qu'il n'y avait de variétés de goût ès Israélites. Théotime, nous verrons et savourerons là-haut au ciel toute la Divinité; mais jamais nul des bienheureux, ni tous ensemble, ne la verront ou savoureront totalement. Cette infinité divine aura toujours infiniment plus d'excellences que nous ne saurions avoir de suffisance et de capacité : et nous aurons un contentement indicible de connaître qu'après avoir assouvi tout le désir de notre coeur, et rempli pleinement sa capacité en la jouissance du bien infini qui est Dieu, néanmoins il restera encore en cette infinité des infinies perfections à voir, à jouir et posséder, que sa divine majesté comprend et voit elle seule, elle seule se comprenant soi-même. Ainsi les poissons jouissent de la grandeur incroyable de l'Océan ; et jamais pourtant aucun poisson, ni même toute la multitude des poissons, ne vit toutes les plages, ni ne trempa ses écailles en toutes les eaux de la mer. Et les oiseaux s'égayent à leur gré dans la vasteté de l'air; mais jamais aucun oiseau, ni mémo toute la race des oiseaux ensemble, n'a battu des ailes toutes les contrées de l'air, et n'est jamais parvenu à la suprême région d'icelui. Ah ! Théotime, nos esprits, à leur gré et selon toute l'étendue de leurs souhaits, nageront en l'Océan, et voleront en l'air de la Divinité, et se réjouiront éternellement de voir que cet air est tant infini, cet Océan si vaste, qu'il aie peut être mesuré par leurs ailes; et que jouissant, sans réserve ni exception quelconque, de tout cet abîme infini de la Divinité, ils ne peuvent néanmoins jamais égaler leur jouissance à cette infinité, laquelle demeure toujours infiniment infinie au-dessus de leur capacité. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 25 Juin 2024, 11:00 | |
| CHAPITRE XV
Que l'union des bienheureux avec Dieu aura des différents degrés.Et sur ce sujet les esprits bienheureux sont ravis de deux admirations : l'une pour l'infinie beauté qu'ils contemplent, et l'autre pour l'abîme de l'infinité qui reste à voir en cette même beauté. O Dieu! que ce qu'ils voient est admirable! mais, Ô Dieu! que ce qu'ils ne voient pas l'est beaucoup plus! Et toutefois, Théotime, la très sainte beauté qu'ils voient étant infinie, elle les rend parfaitement satisfaits et assouvis; et se contenant d'en jouir, selon le rang qu'ils tiennent au ciel, à cause de la très aimable providence divine qui en a ainsi ordonné, ils convertissent la connaissance qu'ils ont de ne posséder pas, ni ne pouvoir posséder totalement leur objet, en une simple complaisance d'admiration, par laquelle ils ont une joie souveraine de voir que la beauté qu'ils aiment est tellement infinie, qu'elle ne peut être totalement connue que par elle-même. Car en cela consiste la divinité de cette beauté infinie, ou la beauté de cette infinie divinité. FIN DU TROISIÈME LIVRE. LIVRE QUATRIÈME DE LA DÉCADENCE ET RUINE DE LA CHARITÉ.
CHAPITRE PREMIER
Que nous pouvons perdre l'amour de Dieu, tandis que nous sommes en cette vie mortelle.Nous ne faisons pas ces discours pour ces grandes âmes d'élite que Dieu, par une très spéciale faveur, maintient et confirme tellement de son amour, qu'elles sont hors le hasard de jamais le perdre. Nous parlons pour le reste des mortels, auxquels le Saint-Esprit adresse ces avertissements : Qui est debout qu'il prenne garde à ne point tomber. Tiens ce que tu as. Ayez soin et travaillez, afin d'assurer par bonnes oeuvres votre vocation. Ensuite de quoi il leur fait sentir cette prière: Ne me rejetez point de devant votre face et ne m'ôtez point votre Saint-Esprit. Et ne nous induisez point en tentation ; afin qu'ils fassent leur salut avec un saint tremblement et une crainte sacrée ; sachant qu'ils ne sont plus invariables et fermes à conserver l'amour de Dieu, que le premier Ange avec ses sectateurs et Judas, qui l'ayant reçu le perdirent, et- en le perdant se perdirent éternellement eux-mêmes; ni que Salomon, qui l'ayant une fois quitté, tient tout le monde en doute de sa damnation; ni qu'Adam, Éve, David, saint Pierre, qui étant enfants de salut, ne laissèrent pas de déchoir pour un temps de l'amour sans lequel il n'y a point de salut. Hélas! ô Théotime, qui sera donc assuré de conserver l'amour sacré en cette navigation de la vie mortelle, puisqu'en la terre et au ciel tant de personnes d'incomparable dignité ont fait de si cruels naufrages? Mais, Ô Dieu éternel! comme est-il possible, direz-vous, qu'une âme qui nie l'amour de Dieu, le puisse jamais perdre? car où l'amour est, il résiste au péché. Et, comme se peut-il donc faire que le péché y entre? puisque l'amour est fort comme la mort, âpre au combat comme l'enfer, comme peuvent les forces de la mort ou de l'enfer, c'est-à-dire, les péchés, vaincre l'amour qui pour le moins les égale en force, et les surmonte en assistance et en droit? Mais comme peut-il être qu'une âme raisonnable, qui a une fois savouré une si grande douceur comme est celle de l'amour divin, puisse oncques volontairement avaler les eaux amères de l'offense ? Les enfants, tout enfants qu'ils sont, étant nourris au lait, au beurre et au miel, abhorrent l'amertume de l'absinthe et du chicotin (extrait fort amer de laloès ou de la coloquinte.), et pleurent jusques à pâmer, quand on leur en fait goûter. Hé! donc, Ô vrai Dieu, l'âme une fois jointe à la bonté du Créateur, comme le peut-elle quitter pour suivre la vanité de la créature ? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 26 Juin 2024, 00:30 | |
| LIVRE QUATRIÈME DE LA DÉCADENCE ET RUINE DE LA CHARITÉ.
CHAPITRE PREMIER Que nous pouvons perdre l'amour de Dieu, tandis que nous sommes en cette vie mortelle.Mon cher Théotime, les cieux mêmes s'ébahissent, leurs portes se froissent de frayeur, et les anges de paix demeurent éperdus d'étonnement sur cette prodigieuse misère du coeur humain, qui abandonne un bien tant aimable, pour s'attacher à des choses si déplorables. Mais avez-vous jamais vu cette petite merveille que chacun sait, et de laquelle chacun ne sait pas la raison? quand on perce un tonneau bien plein, il ne répandra point son vin, qu'on ne lui donne de l'air par-dessus; ce qui narrive pas aux tonneaux esquels il y a déjà du vide; car on ne les a pas plus tôt ouverts que le vin en sort. Certes, en cette vie mortelle, quoique nos âmes abondent en amour céleste, si est-ce que (toujours est-il) jamais elles ne'n sont si pleines, que par la tentation cet amour ne puisse sortir. Mais là-haut au ciel, quand les suavités de la beauté de Dieu occuperont tout notre entendement, et les délices de sa bonté assouviront toute notre volonté, en sorte qu'il n'y aura rien que la plénitude de son amour ne remplisse; nul objet, quoiqu'il pénètre jusqu'à nos coeurs, ne pourra jamais tirer, ni faire sortir une seule goutte de la précieuse liqueur de leur amour céleste. Et de penser donner du vent par-dessus, c'est-à-dire, décevoir ou surprendre l'entendement, il ne sera plus possible; car il sera immobile en l'appréhension de la vérité souveraine. Ainsi le vin qui est bien épuré et séparé de sa lie, peut aisément être garanti de tourner et pousser (fermenter) ; mais celui qui est sur la lie, y est presque toujours sujet. Et quant à nous, tandis que nous sommes en ce monde, nos esprits sont sur la lie et le tartre de mille humeurs et misères, et par conséquent aisés à changer et tourner en leur amour. Mais étant au ciel, où, comme en ce grand festin décrit par Isaïe, nous aurons le vin purifié de toute lie, nous ne serons plus sujets au change, ains demeurerons inséparablement unis par amour à notre souverain bien. Ici, parmi les crépuscules de l'aube du jour, nous craignons quen lieu de l'époux nous ne rencontrions quoiqu'autre objet qui nous amuse et déçoive; mais quand nous le trouverons là-haut où il repaît et repose au midi de sa gloire, il n'y aura plus moyen d'être trompé; car sa lumière sera trop claire, et sa douceur nous liera si serrés à sa bonté, que nous ne pourrons plus vouloir nous en déprendre. Nous sommes comme le corail qui, dans l'océan, lieu de son origine, est un arbrisseau (Le corail est un arbrisseau... le corail est un polypier qui a la forme d'un arbrisseau couvert d'une membrane vasculaire qui relie entre eux les polypes et leur permet de profiter de la même nourriture.) pâle vert, faible, fléchissant et pliable; mais étant tiré hors du fond de la mer comme du sein. De sa mère, il devient presque pierre, se rendant ferme et impliable, à mesure qu'il change son vert blafâtre en un vermeil fort vif; car ainsi étant encore emmi la mer de ce monde, lieu de notre naissance, nous sommes sujets à des vicissitudes extrêmes, et pliables à toutes les mains: à la droite de l'amour céleste par l'inspiration, à la gauche de l'amour terrestre par la tentation. Mais si une fois tirés hors de cette mortalité, nous avons changé le pâle vert de nos craintives espérances au vif vermeil de l'assurée jouissance, jamais plus nous ne serons muables (changeantes); ains demeurerons à toujours arrêtés en l'amour éternel. Il est impossible de voir la Divinité et ne l'aimer pas. Mais ici-bas, où, sans la voir, noirs l'entrevoyons seulement ais travers des ombres de la foi, comme en un miroir, notre connaissance n'est pas si grande, qu'elle ne laisse encore l'entrée à la surprise des autres objets et biens apparents, lesquels, entre les obscurités qui se mêlent en la certitude et vérité de la foi, se glissent insensiblement comme petits renardeaux, et démolissent notre vigne fleurie. En somme, Théotime, quand nous avons la charité, notre franc arbitre est paré de la robe nuptiale, de laquelle comme il peut toujours demeurer vêtu, sil veut, en bien faisant, aussi s'en peut-il dépouiller, s'il lui plaît, en péchant. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 27 Juin 2024, 01:20 | |
| LIVRE QUATRIÈME
DE LA DÉCADENCE ET RUINE DE LA CHARITÉ.
CHAPITRE II
Du refroidissement de l'âme en l'amour sacré.L'âme est maintes fois contristée et affligée dans le corps, jusque même à quitter plusieurs membres d'icelui, qui demeurent privés de mouvement et sentiment, encore qu'elle n'abandonne pas le coeur, où elle est toujours entière jusques à l'extrémité de la vie. Ainsi, la charité est quelquefois tellement allangourie et abattue dans le coeur, qu'elle ne parait presque plus en aucun exercice, et néanmoins elle ne laisse pas d'être entière en la suprême région de l'âme, et c'est lorsque, sous la multitude des péchés véniels, comme sous des cendres, le feu du saint amour demeure couvert et sa lueur étouffée, quoique non pas amorti ni éteint; car tout ainsi que la présence du diamant empêche l'exercice et l'action de la propriété que l'aimant a d'attirer le fer, sans toutefois lui ôter la propriété, laquelle opère soudain que cet empêchement est éloigné. De même la présence du péché véniel n'ôte pas voirement à la charité sa force et puissance d'opérer, mais elle l'engourdit en certaine façon, et la prive de l'usage de son activité, si qu'elle demeure sans action, stérile et inféconde. Certes, le péché véniel, ni même l'affection au péché véniel, n'est pas contraire à l'essentielle résolution de la charité qui est de préférer Dieu à toutes choses, d'autant que par ce péché nous aimons quelque chose hors de la raison, mais non pas contre la raison; nous déférons un peu trop, et plus qu'il n'est convenable à la créature, mais non pas en la préférant au Créateur; nous nous amusons plus qu'il ne faut aux choses terrestres, mais nous ne quittons pas pour cela les célestes. En somme, cette sorte de péché nous retarde au chemin de la charité, mais il ne nous en retire pas; et partant le péché véniel n'étant pas contraire à la charité, il ne la détruit jamais, ni en tout ni en partie. Dieu fit savoir à l'évêque d'Éphèse qu'il avait délaissé sa première charité. Où il ne dit pas qu'il était sans charité, mais seulement qu'elle n'était plus telle qu'au commencement, c'est-à-dire, qu'elle n'était plus prompte, fervente, fleurissante et fructueuse; ainsi que nous avons accoutumé de dire d'un homme qui, de brave, joyeux et gaillard, est devenu chagrin, paresseux et maussade : ce n'est pins celui d'autrefois, car nous ne voulons pas entendre que ce ne soit pas le même selon la substance, mais seulement selon les actions et exercices. Et de même Notre-Seigneur a dit quès derniers jours la charité de plusieurs se refroidira, c'est-à-dire, elle ne sera pas si active et courageuse, à cause de la crainte et de l'ennui qui oppressera les coeurs. Certes, la concupiscence ayant conçu, elle engendre le péché; mais ce péché, quoique péché, n'engendre pas toujours la mort de l'âme, ains seulement lorsqu'il est une malice entière, et qu'il est consommé et accompli, comme dit saint Jacques, qui en cela établit si clairement la différence entre le péché véniel et le péché mortel, que je ne sais comme il s'est trouvé des gens en notre siècle qui aient en la hardiesse de le nier (Luther et Calvin, Wicklef, et plus tard Baïus, ont nié la distinction entre les péchés sous le rapport de la gravité, les déclarant tous mortels.). Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 28 Juin 2024, 08:02 | |
| LIVRE QUATRIÈME DE LA DÉCADENCE ET RUINE DE LA CHARITÉ.
CHAPITRE II Du refroidissement de l'âme en l'amour sacré.Elle la rendait infructueuse. Aussi les affections au péché véniel n'abolissent pas la charité; mais elles la tiennent comme une esclave, liée pieds et mains, empêchant sa liberté et son action. Cette affection nous attachant par trop à la jouissance des créatures, nous prive de la privauté spirituelle entre Dieu et nous, à laquelle la charité, comme vraie amitié, nous incite. Et par conséquent, elle nous fait perdre les secours et assistances intérieurs, qui sont comme les esprits vitaux et animaux de l'âme, du défaut desquels provient une certaine paralysie spirituelle; laquelle enfin, si on n'y remédie, nous conduit à la mort. Car en somme la charité étant une qualité active, ne peut être longtemps sans agir ou périr. Elle est, disent nos anciens, de l'humeur de Rachel : Donne-moi des enfants, disait celle-ci à son mari, autrement je mourrai. Et la charité presse le coeur auquel elle est mariée, de la féconder en bonnes oeuvres; autrement elle périra. Nous ne sommes guère en cette vie mortelle sans beaucoup de tentations. Or, ces esprits vils, paresseux et adonnés aux plaisirs extérieurs, n'étant pas duicts (instruits) aux combats, ni exercés aux armes spirituelles, ils ne gardent jamais guère la charité, ains se laissent ordinairement surprendre à la coulpe mortelle : ce qui arrive d'autant plus aisément, que par le péché véniel l'âme se dispose au mortel. Car, comme cet ancien ayant continué à porter tous les jours un même veau, le porta enfin encore quil fût devenu un gros boeuf, la coutume ayant petit à petit rendu insensible à ses forces l'accroissement d'un si lourd fardeau: ainsi celui qui s'affectionne à jouer des testons (petite monnaie d'argent frappée à l'image de Louis XII, valant dix à douze sous.), jouerait enfin des écus, des pistoles, des chevaux, et, après ses chevaux, toute sa chevance (son bien, de chevir être maître de...). Qui lâche la bride aux menues colères, se trouve enfin furieux et insupportable; qui s'adonne à mentir par raillerie, est grandement en danger de mentir avec calomnie. Enfin, Théotime, nous disons de ceux qui ont la complexion fort faible, qu'ils n'ont point de vie, qu'ils n'en ont pas une once, où qu'ils n'en ont pas plein le poing; parce que ce qui doit bientôt finir, semble en effet n'être plus. Et ces âmes fainéantes, adonnées aux plaisirs et affectionnées aux choses transitoires, peuvent bien dire qu'elles n'ont plus de charité, puisque, si elles en ont, elles sont en voie de la perdre bientôt. CHAPITRE III Comme ou quitte le divin amour pour celui des créatures.Ce malheur de quitter Dieu pour la créature arrive ainsi. Nous n'aimons pas Dieu sans intermission (alternative, interruption.) ; d'autant qu'en cette vie mortelle la charité est en nous par manière de simple habitude, de laquelle, comme les philosophes ont remarqué, nous usons quand il nous plaît, et non jamais contre notre gré. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 29 Juin 2024, 01:01 | |
| CHAPITRE III
Comme ou quitte le divin amour pour celui des créatures.Quand donc nous n'usons pas de la charité qui est en nous, c'est-à-dire, quand nous n'employons pas notre esprit aux exercices de l'amour sacré, ains que le tenant diverti à quelque autre occupation, ou que, paresseux en soi-même, il se tient inutile et négligent, alors, Théotime, il peut dire touché de quelque objet mauvais, et surpris de quelque tentation. Et bien que lhabitude de la charité en même temps soit au fond de notre âme et quelle fasse son office, nous inclinant à rejeter la suggestion mauvaise, si est-ce qu'elle ne nous presse pas, ni nous porte à l'action de la résistance qu'à mesure que nous la secondons, comme les habitudes ont coutume de faire; et partant nous laissant en notre liberté, il advient maintes fois que le mauvais objet ayant jeté bien avant ses attraits dans notre coeur, nous nous attachons à lui par une complaisance excessive, laquelle venant à croître, il nous est malaisé de nous en défaire ; et comme des épines, selon que dit notre Seigneur, elle suffoque enfin la semence de la grâce et dilection céleste. Ainsi arriva-t-il à notre première mère Eve, de laquelle la perte commença par un certain amusement qu'elle prit à deviser avec le serpent; recevant de la complaisance d'ouïr parler de son agrandissement en science, et de voir la beauté du fruit défendu ; si que la complaisance grossissant en l'amusement, et l'amusement se nourrissant dans la complaisance, elle sy trouva enfin tellement engagée, que se laissant aller au consentement, elle commit le malheureux péché auquel par après elle attira son mari. On voit que les pigeons touchés de vanité se pavanent quelquefois en l'air, et font des esplanades (planent).çà et là, se mirant en la variété de leur pennage (plumage); et lors les tiercelets et les faucons qui les épient, viennent fondre sur eux et les attrapent ; ce qu'ils ne feraient jamais, si les pigeons volaient leur droit vol, d'autant qu'ils ont l'aile plus raide que les oiseaux de proie. Hélas ! Théotime, si nous ne nous amusions pas en la vanité des plaisirs caducs, et surtout en la complaisance de notre amour-propre, ains qu'ayant une fois la charité, nous fussions soigneux de voler droit là par où elle nous porte, jamais les suggestions et tentations ne nous attraperaient. Mais parce que, comme colombes séduites et déçues de notre propre estime, nous retournons sur nous-mêmes, et entretenons trop nos esprits parmi les créatures, nous nous trouvons souvent surpris entre les serres de nos ennemis, qui nous emportent et dévorent. Dieu ne veut pas empêcher que nous ne soyons attaqués de tentations, afin que résistant, notre charité soit plus exercée, et puisse par le combat emporter la victoire, et par la victoire obtenir le triomphe. Mais que nous ayons quelque sorte dinclination à nous délecter en ta tentation, cela vient de la condition de notre nature, qui aime tant le bien, que pour cela elle est sujette d'être attachée partout ce qui a apparence de bien; et ce que la tentation nous présente pour amorce, est toujours de cette sorte. Car, comme enseignent les saintes lettres, ou cest un bien honorable selon le monde, pour nous provoquer à l'orgueil de la vie mondaine, ou un bien délectable aux sens, pour nous porter à la convoitise charnelle, ou un bien utile à nous enrichir, pour nous inciter à la convoitise et avarice des yeux. Que si nous tenions notre foi, laquelle sait discerner entre les vrais biens qu'il faut pourchasser, et les faux qu'il faut rejeter, vivement attentive à son devoir, certes elle servirait de sentinelle assurée à la charité, et lui donnerait avis du mal qui s'approche du coeur sous prétexte du bien, et la charité le repousserait soudain. Mais parce que nous tenons ordinairement notre foi ou dormante, ou moins attentive qu'il ne serait requis pour la conservation de notre charité, nous sommes aussi souvent surpris de la tentation, laquelle séduisant nos sens, et nos sens incitant la partie inférieure de notre âme à la rébellion, il advient que maintes fois la partie supérieure de la raison cède à l'effort de cette révolte, et commettant le péché, elle perd la charité. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 29 Juin 2024, 20:59 | |
| CHAPITRE III Comme ou quitte le divin amour pour celui des créatures.Tel fut le progrès de la sédition que le déloyal Absalon excita contre son bon père David. Car il mit en avant des propositions bonnes en apparence, lesquelles étant une fois reçues par les pauvres Israélites, desquels la prudence était endormie et engourdie, il les sollicita tellement qu'il les réduisit à une entière rébellion, de sorte que David fut contraint de sortir tout éploré de Jérusalem avec tous ses plus fidèles amis, ne laissant en la ville de gens de marque, sinon Sadoc et Abiathar, prêtres de l'Éternel, avec leurs enfants; or Sadoc était voyant, c'est-à-dire, prophète. Car de même, très cher Théotime, l'amour propre trouvant notre foi hors d'attention et sommeillante, il nous présente des biens vains, mais apparents; séduit nos sens, notre imagination et les facultés de nos âmes, et presse tellement nos francs arbitres, qu'il les conduit à l'entière révolte contre le saint amour de Dieu; lequel alors, comme un autre David, sort de notre coeur avec tout son train, c'est-à-dire, avec les dons du Saint-Esprit et les autres vertus célestes, qui sont compagnes inséparables de la charité, si elles ne sont ses propriétés et habilités (facultés , dispositions): et ne reste plus en la Jérusalem de notre âme aucune vertu d'importance, sinon Sadoc le Voyant, c'est-à-dire, le don de la foi, qui nous peut faire voir les choses éternelles, avec son exercice, et encore Abiathar, c'est-à-dire, le don de l'espérance avec son action, qui tous d'eux demeurent bien affligés et tristes, maintenant toutefois en nous l'arche de l'alliance, c'est-à-dire, la qualité et le titre de chrétien qui nous est acquis par le baptême. Hélas !Théotime, quel pitoyable spectacle aux anges de paix de voir ainsi sortir le Saint-Esprit et son amour de nos âmes pécheresses! Eh ! je crois certes que, s'ils pouvaient alors pleurer, ils verseraient des larmes infinies, et d'une voix lugubre, lamentant notre malheur, ils chanteraient le triste cantique que Jérémie entonna, quand, assis sur le seuil du temple désolé, il contempla la ruine de Jérusalem au temps de Sédécie Ah ! combien vois-je désolée Cette cité jadis comblée De peuple, de bien et d'honneur, Maintenant siège de l'horreur CHAPITRE IV Que l'amour se perd en un moment.L'amour de Dieu qui nous porte jusqu'au mépris de nous-mêmes, nous rend citoyens de la Jérusalem céleste ; l'amour de nous-mêmes qui nous pousse jusquau mépris de Dieu, nous rend esclaves de la Babylone infernale. Or, nous allons certes petit à petit à ce mépris de Dieu ; mais nous n'y sommes pas plus tôt parvenus, que soudain, en un moment, la sainte charité, se sépare de nous, ou pour mieux dire, elle périt tout à fait. Oui, Théotime, car en ce mépris de Bien consiste le péché mortel, et un seul péché mortel bannit la charité de l'âme, d'autant qu'il rompt le lien et l'union d'icelle avec Dieu, qui est l'obéissance et soumission à sa volonté. Et comme le coeur humain ne peut être vivant et divisé, aussi la charité, qui est le coeur de l'âme et l'âme du coeur, ne peut jamais être blessée quelle ne soit tuée ; ainsi qu'on dit des perles, quiconque de la rosée céleste, périssent si une seule goutte de l'eau marine entre dedans leur écaille. Notre esprit certes ne sort pas petit à petit de son corps, ains en un moment, lorsque l'indisposition du corps est si grande qu'il ne peut plus y faire des actions de vie; de même, à l'instant que le coeur est tellement détraqué en ses passions, que la charité n'y peut plus régner, elle le quitte et abandonne ; car elle est si généreuse, qu'elle ne peut cesser de régner sans cesser d'être. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 01 Juil 2024, 00:18 | |
| CHAPITRE V
Que l'amour se perd en un moment.Les habitudes que nous acquérons par nos seules actions humaines, ne périssent pas par un seul acte contraire; car nul ne dira qu'un homme soit intempérant pour un seul acte d'intempérance, ni qu'un peintre ne soit pas bon maître pour avoir une fois manqué à l'art. Ains comme toutes telles habitudes nous arrivent par la suite et impression de plusieurs actes, ainsi nous les perdons par une longue cessation de leurs actes, ou par multitude d'actes contraires. Mais la charité, Théotime, que le Saint-Esprit répand en un moment dans nos coeurs, lorsque les conditions requises à cette infusion se rencontrent en nous, certes aussi en un instant elle nous est ôtée sitôt que détournant notre volonté de l'obéissance que nous devons à Dieu, nous avons achevé de consentir à la rébellion et déloyauté à laquelle la tentation nous incite. Il est vrai que la charité s'agrandit par accroissement de degré à degré, et de perfection à perfection, selon que par nos oeuvres ou la réception des sacrements nous lui faisons place; mais toutefois elle ne diminue pas par amoindrissement de sa perfection; car jamais ou n'en perd un seul bien qu'on ne la perde toute; en quoi elle ressemble au chef-doeuvre de Phidias, tant célébré par les anciens; car on dit que ce grand sculpteur fit en Athènes une statue de Minerve toute d'ivoire, hauts de vingt-six coudées Et au bouclier d'icelle, auquel il avait relevé les batailles des Amazones et des géants, il grava avec tant d'art son visage de lui-même, qu'on ne pouvait ôter un seul brin de son image, dit Aristote, que toute la statue ne tombât défaite. Si que cette besogne ayant été perfectionnée par assemblage de pièce à pièce, en un moment néanmoins elle périssait, si on eût ôté une seule petite partie de la semblance de l'ouvrier. Et de même, Théotime, encore que le Saint-Esprit, ayant mis la charité en une âme, lui donne sa croissance par addition de degré à degré, et de perfection à perfection d'amour, si est-ce toutefois que la résolution de préférer la volonté de Dieu à toutes choses étant le point essentiel de l'amour sacré, et auquel l'image de l'amour éternel, c'est-à-dire, du Saint-Esprit, est représentée on ne saurait en ôter une seule pièce, que soudain toute la charité ne périsse. Cette préférence de Dieu à toute chose est le cher enfant de la charité. Que si Agar, qui n'était qu'une Égyptienne, voyant son fils en danger de mourir, n'eut pas te courage de demeurer auprès de lui, aine le voulut quitter, disant : Ah! je ne saurais voir mourir cet enfant, quelle merveille y a-t-il que la charité, fille de douceur et suavité céleste, ne puisse voir mourir son enfant, qui est le propos de ne jamais offenser Dieu? Si qu'à mesure que notre franc arbitre se résout de consentir au péché, donnant par même moyen la mort à ce sacré propos ; la charité meurt avec icelui, et dit en son dernier soupir : Hé! non jamais je ne verrai mourir cet enfant. En somme, Théotime, comme la pierre précieuse nommée prassius (prasius,prase, variété de quartz, agate) perd sa lueur en la présence de quel venin que ce soit, ainsi l'âme perd en un instant sa splendeur, sa grâce et sa beauté qui consiste au saint amour, à l'entrée et présence de quel péché mortel que ce soit, dont il est écrit que l'âme qui péchera mourra. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 03 Juil 2024, 22:30 | |
| CHAPITRE V.
Que la seule cause du manquement et refroidissement de la charité est en la volonté des créatures.Comme ce serait une effronterie impie de vouloir attribuer aux forces de notre volonté les oeuvres de l'amour sacré que le Saint-Esprit fait en nous et avec nous, aussi serait-ce une impiété effrontée de vouloir rejeter le défaut d'amour qui est en l'homme ingrat sur le manquement de l'assistance et grâce céleste, car le Saint-Esprit crie partout, au contraire, que notre perte vient de nous; que le Sauveur a apporté le feu du saint amour, et ne désire rien plus sinon qu'il brûle nos coeurs; que le salut est préparé devant la face de toutes nations, lumière pour éclairer les Gentils et pour la gloire d'Israël ; que la divine bonté ne veut point qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la connaissance de la vérité; veut que tous hommes soient sauvés le Sauveur d'iceux étant venu au monde afin que tous reçussent l'adoption des enfants, et le Sage nous avertit clairement: Ne dis point: Il tient à Dieu. Ainsi le sacré concile de Trente inculque divinement à tous les enfants de l'Eglise sainte, que la grâce divine ne manque jamais à ceux qui font ce qu'ils peuvent, invoquant le secours céleste; que Dieu n'abandonne jamais ceux qu'il a une fois justifiée, sinon qu'eux-mêmes les premiers l'abandonnent; de sorte que s'ils ne manquent à la grâce, ils obtiendront, la gloire. En somme, Théotime, le Sauveur est une lumière qui éclaire tout homme qui vient en ce monde. Plusieurs voyageurs, environ l'heure de midi, un jour d'été, se mirent à dormir à l'ombre d'un arbre; mais tandis que leur lassitude et la fraîcheur de l'ombrage les tient en sommeil, le soleil s'avançant sur eux, leur porta droit aux yeux sa plus forte lumière, laquelle par l'éclat de sa clarté faisait des transparences, comme par des petits éclairs, autour de la prunelle des yeux de ces dormants, et par la chaleur qui perçait leurs paupières, les força d'une douce violence de s'éveiller; mais les uns éveillés se lèvent, et gagnant pays (gagnant du terrain, avançant), allèrent heureusement au gîte; les autres, nuit seulement ne se lovèrent pas, mais tournant le dos au soleil et enfonçant leurs chapeaux sur leurs yeux, passèrent là leur journée à dormir, jusquà ce que surpris de la nuit, et voulant néanmoins aller au louis, ils ségarent, qui çà qui là, dans une forêt à la merci des loups, sangliers et autres bêtes sauvages. Or dites, de grâce, Théotime, ceux qui sont arrivés ne devaient-ils pas savoir tout le gré de leur contentement au soleil, ou, pour parler plus chrétiennement, au créateur du soleil? Oui certes; car ils ne pensaient nullement à s'éveiller quand il en était temps; le soleil leur fit ce bon office, et par une agréable semonce de sa clarté et de sa chaleur, les vint amiablement réveiller. Il est vrai qu'ils ne firent pas résistance au soleil, mais il les aida aussi beaucoup à ne point résister; car il vint doucement répandre sa lumière sur eux, se faisant entrevoir au travers de leurs paupières, et par sa chaleur, comme par son amour, il alla dessiller leurs yeux et les pressa de voir son jour. Au contraire, ces pauvres errants n'avaient-ils pas tort de crier dans ce buis: Eh ! qu'avons-nous fait au soleil, pourquoi il ne nous a pas fait voir sa lumière comme à nos compagnons, alla que nous fussions arrivés au logis, sans demeurer en ces effroyables ténèbres? Car qui ne prendrait la cause du soleil, ou plutôt de Dieu en main, mon cher Théotime, pour dire à ces chétifs malencontreux : Qu'est-ce, misérables, que le soleil pouvait bonnement faire pour vous, quil ne l'ait fait? Ses faveurs étaient égales envers tous vous autres qui dormiez; il vous aborda tous avec une même lumière, il vous toucha des mêmes rayons, il répandit sur vous une chaleur pareille, et malheureux que vous êtes, quoique vous vissiez vos compagnons levés prendre le bourdon pour tirer chemin (cheminer), Vous tournâtes le dos au soleil, et ne voulûtes pas employer sa clarté ni vous laisser vaincre à sa chaleur. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 05 Juil 2024, 00:47 | |
| CHAPITRE V
Que la seule cause du manquement et refroidissement de la charité est en la volonté des créatures.Tenez, voilà maintenant, Théotime, ce que je veux dire. Tous les hommes sont voyageurs en cette vie mortelle: presque tous nous nous sommes volontairement endormis en l'iniquité; et Dieu, soleil de justice, darde sur tons très suffisamment, aine abondamment, les rayons de ses inspirations; il échauffe nos coeurs de ses bénédictions, touchant un chacun des attraits de son amour. Eh! que veut dire donc que ces attraits en attirent si peu, et en tirent encore moins? Ah t certes, ceux qui étant attirés, puis tirés, suivent l'inspiration, ont grande occasion de s'en réjouir, mais non pas de s'en glorifier. Qu'ils se réjouissent, parce qu'ils jouissent d'un grand bien; ruais qu'ils ne s'en glorifient pas, puisque c'est par la pure bonté de Dieu, qui, leur laissant l'utilité de son bienfait, s'en est réservé la gloire. Mais quant à ceux qui demeurent au sommeil de péché, ô Dieu, qu'ils ont une grande raison de lamenter, gémir, pleurer et regretter! car ils sont au malheur le plus lamentable de tous; ruais ils n'ont pas raison de se douloir et plaindre, sinon deux-mêmes, qui ont méprisé, ains ont été rebelles à la lumière, revêches aux attraits, et se sont obstinés contre l'inspiration; de sorte qu'à leur malice seule doit être à jamais malédiction et confusion, puisqu'ils sont seuls auteurs de leur perte, seuls ouvriers de leur damnation. Ainsi les Japonais se plaignant au B. François Xavier, leur apôtre, de quoi Dieu, qui avait eu tant de soin des autres nations, semblait avoir oublié leurs prédécesseurs, ne leur ayant point fait avoir sa connaissance par le manquement de laquelle ils auraient été perdus, l'homme de Dieu leur répondit que la divine loi naturelle était plantée en l'esprit de tous les mortels, laquelle si leurs devanciers pussent observée, la céleste lumière les eût sans doute éclairés; comme au contraire l'ayant violée, ils méritèrent d'être damnés. Réponse apostolique d'un homme, apostolique, et toute pareille à la raison que le grand Apôtre rend de la perte des anciens Gentils, qu'il dit être inexcusables d'autant qu'ayant connu le bien, ils suivirent le mal; car c'est en un mot ce qu'il inculque au premier chapitre aux Romains. Malheur sur malheur à ceux qui ne reconnaissent pas que leur malheur provient de leur malice! CHAPITRE VI
Que nous devons reconnaître de Dieu tout l'amour que nous lui portons.L'amour des hommes envers Dieu tient son origine, son progrès et sa perfection de l'amour éternel de Dieu envers les hommes. C'est le sentiment universel de l'Église notre mère, laquelle, avec une ardente jalousie, veut que nous reconnaissions notre salut et les moyens pour y parvenir de la seule Miséricorde du Sauveur, afin qu'en la terre comme au ciel à lui seul soit honneur et gloire. Qu'as-tu que tu n'aies reçu? dit le divin Apôtre parlant des dons de science, éloquence, et autres telles qualités des pasteurs ecclésiastiques, et si tu l'as reçu, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu ? Il est vrai, nous avons tout reçu de Dieu; mais par-dessus tout, nous avons reçu les biens surnaturels du saint amour. Que si nous les avons reçus, pourquoi en prendrons-nous de la gloire? Certes, si quelqu'un se voulait rehausser, pour avoir fait quelque progrès en l'amour de Dieu, hélas! chétif homme, lui dirions-nous, tu étais pâmé en ton iniquité, sans qu'il te fût resté ni de vie, ni de force pour te relever (comme il advint à la princesse de notre parabole, liv. III, chap. 3.), et Dieu, par son infinie bonté, accourut à ton aide, et criant à haute voix : Ouvre la bouche de ton attention, et je la remplirai ; il mit lui-même ses doigts entre tes lèvres et desserra tes dents, jetant dedans ton coeur sa sainte inspiration, et tu l'as reçue; puis, étant remis en sentiment, il continua par divers mouvements par différents moyens de revigorer ton esprit, jusques à ce qu'il répand en icelui sa charité, comme ta vitale et parfaite santé. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
Nombre de messages : 12835
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 05 Juil 2024, 23:19 | |
| CHAPITRE VI
Que nous devons reconnaître de Dieu tout l'amour que nous lui portons.Or, dis-moi donc maintenant, misérable, qu'as-tu fait en tout cela de quoi tu te puisses vanter? Tu as consenti, je le sais bien : le mouvement de ta volonté a librement suivi celui de la grâce céleste; mais tout cela qu'est-ce autre chose, sinon recevoir l'opération divine et n'y résister pas? et qu'y a-t-il en cela que tu n'aies reçu? Oui même, pauvre homme que tu es, tu as reçu la réception de laquelle tu te glorifies, et le consentement duquel tu te vantes; car, dis-moi, je te prie, ne m'avoueras-tu pas que si Dieu ne t'eût prévenu, tu n'eusses jamais senti sa bonté, ni par conséquent consenti à son amour? Non, ni même tu n'eusses pas fait une seule bonne pensée pour lui. Son mouvement a donné l'être et la vie au tien, et si sa libéralité n'eût animé, excité et provoqué ta liberté par les puissants attraits de sa suavité, ta liberté fût toujours demeurée inutile à ton salut. Je confesse que tu as coopéré à l'inspiration en consentant; mais si tu ne le sais pas, je t'apprends que ta coopération a pris naissance de l'opération de la grâce et de ta franche volonté tout ensemble, mais en telle sorte néanmoins que, si la grâce n'eût prévenu et rempli ton coeur de son opération, jamais il n'eût eu ni le pouvoir ni de vouloir de faire aucune coopération. Mais, dis-moi derechef, je te prie, homme vil et abject, es-tu pas ridicule, quand tu penses avoir part en la gloire de ta conversion parce que tu n'as pas repoussé l'inspiration? N'est-ce pas la fantaisie des voleurs et tyrans de penser donner la vie à ceux auxquels ils ne l'ôtent pas? et n'est-ce pas une forcenée impiété de penser que tu aies donné la sainte, efficace et vive activité à l'inspiration divine parce que tu ne la lui as pas ôtée par ta résistance? Nous pouvons empêcher les effets de l'inspiration, mais nous ne les lui pouvons pas donner : elle tire sa force et vertu de la bonté divine, qui cet le lieu de son origine, et non de la volonté humaine, qui est le lieu de son abord. S'indignerait-on pas de la princesse de notre parabole, si elle se vantait d'avoir donné la vertu et propriété aux eaux cordiales et autres médicaments, ou de s'être guérie elle-même; parce que, si elle n'eût reçu les remèdes que le roi lui donna et versa dans sa bouche, lorsqu'à moitié morte elle n'avait presque plus de sentiment, ils n'eussent point eu d'opération? Oui, lui dirait-on, ingrate que vous êtes, vous pouviez vous opiniâtrer à ne point recevoir les remèdes, et même, les ayant reçus en votre bouche, vous les pouviez rejeter; mais il n'est pas vrai pourtant que vous leur ayez donné la vigueur ou vertu, car ils l'avaient par leur propriété naturelle. Seulement vous avez consenti de les recevoir et qu'ils fissent leur action, et encore n'eussiez-vous jamais consenti, si le roi ne vous eût premièrement revigorée et puis sollicitée à les prendre : oncques vous ne les eussiez reçus, s'il ne vous eût aidée à les recevoir, ouvrant votre bouche avec ses doigts, et répandant la potion dedans icelle. N'êtes-vous pas donc un monstre d'ingratitude de vous vouloir attribuer un bien que vous devez en tant de façons à votre cher époux? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
| |
| | | | Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |