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| Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
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Auteur | Message |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 02 Mar 2024, 23:13 | |
| Rappel du premier message :LIVRE PREMIER CONTENANT UNE PRÉPARATION A TOUT LE TRAITÉ
CHAPITRE PREMIER
Que pour la beauté de la nature humaine, Dieu a donné le gouvernement de toutes les facultés de l'âme à la volonté.L'union établie en la distinction fait l'ordre; l'ordre produit la convenance et la proportion; et la convenance, ès choses entières et accomplies, fait la beauté. Une armée est belle quand elle est composée de toutes ses parties tellement rangées en leur ordre, que leur distinction est réduite au rapport quelles doivent avoir ensemble pour ne faire qu'une seule armée. Afin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soient nettes, claires et bien distinguées ; mais qu'elles soient a!liées en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction, et la distinction qui est en lunion des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plutôt une discorde accordante. Or, comme dit excellemment l'angélique saint Thomas, après le grand saint Denis, la beauté et la bonté, bien qu'elles aient quelque convenance, ne sont pas néanmoins une même chose: car le bien est ce qui plait à l'appétit et volonté; le beau, ce qui plaît à l'entendement et à la connaissance; ou pour le dire autrement, le bon est ce dont la jouissance nous délecte; le beau, ce dont la connaissance nous agrée. Et c'est pourquoi jamais, à proprement parler, nous n'attribuons la beauté corporelle, sinon aux objets des deux sens qui sont les plus connaissants et qui servent le plus à l'entendement, qui sont la vue et l'ouïe; si que nous ne disons pas: Voilà des belles odeurs ou des belles saveurs, mais nous disons bien: Voilà des belles voix et des belles couleurs. Le beau donc étant appelé beau, parce que sa connaissance délecte, il faut que, outre l'union et distinction d'intégrité, l'ordre et la convenance de ses parties, il ait beaucoup de splendeur et clarté, afin qu'il soit connaissable et visible ; les voix, pour être belles, doivent être claires et nettes, les discours intelligibles, les couleurs éclatantes et resplendissantes. L'obscurité, l'ombre, les ténèbres sont laides, et enlaidissent toutes choses; parce qu'en elles rien n'est connaissable, ni l'ordre, ni la distinction, ni l'union, ni la convenance: qui a fait dire à saint Denis « que Dieu, comme souveraine beauté, est auteur de la belle convenance, du beau lustre et de la bonne grâce, qui est en toutes choses, » faisant éclater, en forme de lumière, les distributions et départements de son rayon, par lesquels toutes choses sont rendues belles, voulant que pour établir la beauté, il y eût la convenance, la clarté, et la bonne grâce. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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Auteur | Message |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 04 Mai 2024, 06:41 | |
| CHAPITRE XI
Qu'il ne tient pas à la divine Bonté que nous n'ayons un très excellent amour.A quoi tient-il donc que nous ne sommes pas si avancés en lamour de Dieu comme saint Augustin, saint François, sainte Catherine de Gênes, ou sainte Françoise? Théotime, c'est parce que Dieu ne nous en a pas fait la grâce. Mais pourquoi est-ce que Dieu ne nous en a pas fait la grâce? Parce que nous n'avons pas correspondu comme nous devions à ses inspirations. Et pourquoi n'avons-nous pas correspondis? Parce qu'étant libres, nous avons abusé de notre liberté. Mais pourquoi avons-nous ainsi abusé de notre liberté? Théotime, il ne faut pas passer plus avant : car, comme dit saint Augustin, la dépravation de notre volonté ne provient d'aucune cause, ains de la défaillance de la cause qui commet le péché. Et ne faut pas penser quon puisse rendre raison de la faute que l'on fait au péché; car la faute ne serait pas péché, si elle n'était sans raison. Le dévot frère Rufin, sur quelque vision qu'il avait eue de la gloire à laquelle le grand saint François parviendrait par son humilité, lui fit cette demande : Mon cher père, je vous supplie de me dire en vérité quelle opinion vous avez de vous-même ; et le saint lui dit : Certes, je me tiens pour le plus grand pécheur du monde, et qui sers le moins notre Seigneur. Mais, répliqua frère Rufin, comment pouvez-vous dire cela en vérité et conscience, puisque plusieurs autres, comme l'on voit manifestement, commettent plusieurs grands péchés, desquels, grâces à Dieu, vous êtes exempt? A quoi saint François répondant: Si Dieu eût favorisé, dit-il, ces autres desquels vous parlez, avec autant de Miséricorde comme il m'a favorisé, je suis certain que, pour méchants qu'ils soient maintenant, ils eussent été beaucoup plus reconnaissants des dons de Dieu que je ne suis, et le serviraient beaucoup mieux que je ne fais; et si mon Dieu m'abandonnait, je commettrais plus de méchancetés qu'aucun autre. Vous voyez, Théotime, l'avis de cet homme, qui ne fut presque pas homme, ains un séraphin en terre. Je sais qu'il parlait ainsi de soi-même par humilité; mais il croyait pourtant être une vraie vérité, qu'une grâce égale, faite avec une pareille Miséricorde, puisse être plus utilement employée par l'un des pécheurs que par l'autre. Or, je tiens pour oracle le sentiment de ce grand docteur en la science des saints, qui, nourri en l'école du crucifix, ne respirait que les divines inspirations. Aussi cet apophtegme a été loué et répété par tous les plus dévots qui sont venus depuis; entre lesquels plusieurs ont estimé que le grand Apôtre saint Paul avait dit en même sens qu'il était le premier de tous les pécheurs (en premier lieu d'abord). Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 04 Mai 2024, 23:55 | |
| CHAPITRE XI Qu'il ne tient pas à la divine Bonté que nous n'ayons un très excellent amour.La bienheureuse mère Térèse de Jésus, vierge, certes aussi tout angélique, parlant de l'oraison de quiétude, dit ces paroles : Il y a plusieurs âmes lesquelles arrivent jusquà cet état, et celles qui passent outre sont en bien petit nombre, et ne sais qui en est la cause. Pour certain la faute n'est pas de la part de Dieu : car puisque sa divine majesté nous aide et fait cette grâce que nous arrivions jusquà ce point, je crois qu'il ne manquerait pas de nous en faire encore davantage si ce n'était notre faute, et l'empêchement que nous y mettons de notre part. Soyons donc attentifs, Théotime, à notre avancement en l'amour que nous devons à Dieu; car celui qu'il nous porte ne nous manquera jamais. CHAPITRE XII Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousser.Je ne parlerai point ici, mon cher Théotime, de ces grâces miraculeuses qui ont presque en un moment transformé les loups en bergers, les rochers en eau, et les persécuteurs en prédicateurs. Je laisse à part ces vocations toutes-puissantes, et ces attraits saintement violents, par lesquels Dieu, en un instant, a transféré quelques âmes délite de l'extrémité de la coulpe à l'extrémité de la grâce; faisant en elles, par manière de dire, une certaine transsubstantiation morale et spirituelle, comme il arriva au grand Apôtre, qui, de Saul, vaisseau de persécution, devint subitement Paul, vaisseau délection. Il faut donner un rang particulier à ces âmes privilégiées, èsquelles Dieu s'est plu d'exercer, non la seule affluence, mais l'inondation; et s'il faut ainsi dire, non la seule libéralité et effusion, mais la prodigalité et profusion de son amour. La justice divine nous châtie en ce monde par des punitions qui, pour être ordinaires, sont aussi presque toujours inconnues et imperceptibles. Quelquefois néanmoins il fait des déluges et abîmes de châtiments, pour faire reconnaître et craindre la sévérité de son indignation. Ainsi, sa Miséricorde convertit et gratifie ordinairement les âmes en une manière si douce, suave et délicate, qu'à peine aperçoit-on son mouvement; et néanmoins il arrive quelquefois que cette bonté souveraine surpassant ses rivages ordinaires, comme un fleuve enflé et pressé de l'affluence de ses eaux, qui se déborde emmi la plaine, elle fait une effusion de ses grâces si impétueuse, quoiqu'amoureuse, qu'en un moment elle, détrempe et cousine toute une âme de bénédictions, afin de faire paraître les richesses de son amour, et que comme sa justice procède communément par voie ordinaire, et quelquefois par voie extraordinaire, aussi sa Miséricorde passe l'exercice de sa libéralité par voie ordinaire sur le commun des hommes, et sur quelques-uns aussi par des moyens extraordinaires. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 06 Mai 2024, 07:30 | |
| CHAPITRE XII Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousser. Mais quels, sont donc les cordages ordinaires par lesquels la divine Providence a accoutumé de tirer nos coeurs à son amour? Tels certes (Ils sont tels, certes), qu'elle-même les marque, décrivant les moyens dont elle usa pour tirer le peuple d'Israël de l'Égypte et du désert en la terre de promission : Je les tirerai, dit-elle par Osée, avec des liens d'humanité, avec des liens de charité et d'amitié. Sans doute, Théotime, nous ne sommes pas tirés à Dieu par des liens de fer, comme les taureaux et les buffles; ains par manière d'allèchements, d'attraits délicieux, et de saintes inspirations, qui sont en somme les liens d'Adam et d'humanité, c'est-à-dire, proportionnés et convenables au coeur humain, auquel la liberté est naturelle. Le propre lien de la volonté humaine, c'est la volupté et le plaisir. On montre des noix. à un enfant, dit saint Augustin, et il est attiré en aimant; il est attiré par le lien, non du corps, mais du coeur. Voyez donc comme le Père Éternel nous tire : en nous enseignant, il nous délecte, non pas en nous imposant aucune nécessité ; il jette dedans nos coeurs des délectations et plaisirs spirituels, comme des sacrées amorces, par lesquelles il nous attire suavement à recevoir et goûter la douceur de sa doctrine. En cette sorte donc, très cher Théotime, notre franc arbitre n'est nullement forcé ni nécessité par la grâce : ains nonobstant la vigueur toute-puissante de la main Miséricordieuse de Dieu, qui touche, environne et lie l'âme de tant et tant dinspirations, de semonces et d'attraits, cette volonté humaine demeure parfaitement libre, franche, et exempte de toute sorte de contrainte et de nécessité. La grâce est si gracieuse, et saisit si gracieusement nos coeurs pour les attirer, qu'elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté; elle touche puissamment, mais pourtant si délicatement, les ressorts de notre esprit, que notre franc arbitre nen reçoit aucun forcément. La grâce a des forces, non pour forcer, ains pour allécher le coeur: elle a une sainte violence, non pour violer, mais pour rendre amoureuse notre liberté; elle agit fortement, mais si suavement, que notre volonté ne demeure point accablée sous une si puissante action; elle nous presse, mais elle n'oppresse pas notre franchise. Si que nous pouvons, emmi ses forces, consentir ou résister à ses mouvements, selon qu'il nous plait. Mais ce qui est autant admirable que véritable, c'est que quand notre volonté suit l'attrait et consent au mouvement divin, elle le suit aussi librement, comme librement elle résiste, quand elle résiste; bien que le consentement à la grâce dépende beaucoup plus de la grâce que de la volonté, et que la résistance à la grâce ne dépende que de la seule volonté. Tant la main de Dieu est amiable (aimable) au maniement de notre coeur, tant elle a de dextérité pour nous communiquer sa force, sans nous ôter notre liberté, Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 07 Mai 2024, 07:25 | |
| CHAPITRE XII
Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousserEt pour nous donner le mouvement de son pouvoir, sans empêcher celui de notre vouloir, ajustant sa puissance à sa suavité : en telle sorte que, comme en ce qui regarde le bien, sa puissance nous donne suavement le pouvoir, aussi sa suavité maintient puissamment la liberté de notre vouloir. Si tu savais le don de Dieu, dit le Sauveur à la Samaritaine, et qui est celui qui te dit: Donne moi à boire; toi-même peut-être lui eusses demande, et il teût donné de l'eau vive. Voyez de grâce, Théotime, le trait du Sauveur, quand il parle de ses attraits. Si tu savais, veut-il dire, le don de Dieu, sans doute tu serais émue et attirée à demander l'eau de la vie éternelle, et peut-être que tu la demanderais; comme s'il disait : tu aurais le pouvoir, et serais provoquée à demander, et néanmoins, tu ne serais pas forcée, ni nécessitée ; ains seulement peut-être tu la demanderais, car ta liberté te demeurerait pour la demander, ou ne la demander pas. Telles sont les paroles du Sauveur, selon l'édition ordinaire et selon la leçon de saint Augustin sur saint Jean. En somme, si quelqu'un disait que notre franc-arbitre ne coopère pas, consentant à la grâce dont Dieu le prévient, ou qu'il ne peut pas rejeter la grâce, et lui refuser son consentement, il contredirait à toute l'Écriture, à tous les anciens Pères, à l'expérience, et serait excommunié par le sacré concile de Trente. Mais quand il est dit quo nous pouvons rejeter l'inspiration céleste et les attraits divins, on n'entend pas certes qu'on puisse empêcher Dieu de nous inspirer, ni de jeter ses attraits en nos coeurs: car comme j'ai déjà dit, cela se fait en nous, et sans nous: ce sont des faveurs que Dieu nous fait, avant que nous y ayons pensé. Il nous éveille lorsque nous dormons, et par conséquent nous nous trouvons éveillés avant qu'y avoir pensé; mais il est en nous de nous lever, ou de ne nous lever pas; et bien qu'il nous ait éveillés sans nous, il ne nous veut pas lever sans nous. Or, c'est résister au réveil, que de ne point se lever et se rendormir, puisqu'on ne nous réveille que pour nous faire lever. Nous ne pouvons pas empêcher que l'inspiration ne nous pousse, et par conséquent ne nous ébranle; mais si, à mesure qu'eile nous pousse, nous la repoussons, pour ne point nous laisser aller à son mouvement, alors nous résistons. Ainsi, le vent ayant saisi et enlevé nos oiseaux apodes, ils ne les portera guère loin, s'ils n'étendent leurs ailes et ne coopèrent, se guindant (se portant en haut) et volant en l'air auquel ils ont été lancés. Que si au contraire, amorcés peut-être de quelque verdure qu'ils voient en bas, ou engourdis d'avoir croupi en terre, au lieu de seconder le vent, ils tiennent leurs ailes pliées, et se jettent derechef en bas, ils ont voirement (à la vérité) reçu en effet le mouvement du vent, mais en vain, puisqu'ils ne s'en sont pas prévalus. Théotime, les inspirations nous préviennent, et avant que nous y ayons pensé, elles se font sentir; mais après que nous les avons senties, c'est à nous d'y consentir, pour les seconder et suivre leurs attraits, on de dissentir, et les repousser. Elles se font sentir à nous sans nous, mais elle ne nous font point consentir sans nous. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 09 Mai 2024, 07:58 | |
| CHAPITRE XIII
Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.Le même vent qui relève les apodes, se prend premièrement à leurs plumes, comme parties plus légères et susceptibles de son agitation, par laquelle il donne d'abord du mouvement à leurs ailes, les étendant et dépliant, en sorte qu'elles lui servent de prise pour saisir l'oiseau et remporter en l'air. Que si l'apode ainsi enlevé, contribue (ajoute), le mouvement de ses ailes à celui du vent, le même vent qui la poussé, l'aidera de plus en plus à voler fort aisément. Ainsi, mon cher Théotime, quand l'inspiration, comme un vent sacré, vient pour nous pousser en l'air du saint amour, elle se prend notre volonté. Et par le sentiment de quelque céleste délectation, elle l'émeut, étendant et dépliant l'inclination naturelle quelle a au bien, en sorte que cette inclination même lui serve de prise pour saisir notre esprit : Et tout cela (comme j'ai dit) se fait en nous sans nous; car c'est la faveur divine qui nous prévient en cette sorte. Que si notre esprit ainsi saintement prévenu, sentant les ailes de son inclination émues, dépliées, étendues, poussées et agitées par ce vent céleste, contribue tant soit peu son consentement : ah ! quel bonheur, Théotime ! car la même inspiration et faveur qui nous a saisis, mêlant son action avec notre consentement, animant nos faibles mouvements de la force du sien, et vivifiant notre imbécile (faible) coopération par la puissance de son opération, elle nous aidera, conduira et accompagnera d'amour en amour, jusques à l'acte de la très sainte foi, requis pour notre conversion. Vrai Dieu! Théotime, queue consolation de considérer la sacrée méthode, avec laquelle le Saint-Esprit répand les premiers rayons et sentiments de sa lumière et chaleur vitale dedans nos coeurs! O Jésus! que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour! ô que cette aube est gaie, belle, amiable et agréable ! Mais pourtant, il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est un jour commençant, un jour naissant; c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme échauffée du soleil céleste, comme un arbre mystique, commence à jeter au printemps, qui sont plutôt présages de fruits, que fruits. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 09 Mai 2024, 08:01 | |
| CHAPITRE XIII
Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.Saint Pacôme, lors encore tout jeune soldat et sans connaissance de Dieu, enrôlé sous les enseignes de l'armée que Constance avait dressée contra le tyran Maxence, vint, avec la troupe de laquelle il était, loger auprès d'une petite ville, non guère éloignée de Thèbes, où non seulement lui, mais toute larmée se trouva en extrême disette de vivres; ce qu'ayant entendu les habitants de la petite ville, qui par bonne rencontre étaient fidèles de Jésus-Christ, et par conséquent amis et secourables au prochain, ils pourvurent soudain à la nécessité des soldats, mais avec tant de soin, de courtoisie et d'amour, que Pacôme en fut tout ravi d'admiration, et demandant quelle nation était celle-là, si bonteuse (bonne), amiable et gracieuse, on lui dit que cétaient des chrétiens. Et s'enquérant derechef quelle loi et manière de vivre était la leur, il apprit qu'ils croyaient en Jésus-Christ fils unique de Dieu, et faisaient bien à toutes sortes de personnes, avec ferme espérance d'en recevoir de Dieu même une ample récompense. Hélas! Théotime, le pauvre Pacôme, quoique de bon naturel, dormait pour lors dans la couche de son infidélité; et voilà que tout à coup Dieu se trouve à la porte de son coeur, et par le bon exemple de ces chrétiens, comme par une douce voix, il l'appelle, l'éveille, et lui donne le premier sentiment de la chaleur vitale de son amour. Car à peine eut-il ouï parler, comme je viens de dire, de l'aimable loi du Sauveur, que tout rempli d'une nouvelle lumière et consolation intérieure, se retirant à part, et ayant quelque temps pensé en soi-même, il haussa les mains au ciel, et avec un profond soupir, il se prit à dire: Seigneur Dieu, qui avez fait le ciel et la terre, si vous daignez jeter vos yeux sur ma bassesse et sur ma peine, et me donner connaissance de votre divinité, je vous promets de vous servir, et d'obéir toute ma vie à vos commandements. Depuis cette prière et promesse, l'amour du vrai bien et de la piété prit un tel accroissement en lui, qu'il ne cessait point de pratiquer mille et mille exercices de vertu. Il m'est avis certes que je vois en cet exemple un rossignol, qui se réveillant à la prime (première) aube, commence à se secouer, s'étendra, déployer ses plumes, voleter de branche en branche dans son buisson) et petit à petit gazouiller son délicieux ramage ; car n'avez-vous pas pris garde, comme le bon exemple de ces charitables chrétiens excita et réveilla en sursaut le bienheureux Pacôme? Certes, cet étonnement d'admiration qu'il en eut, ne fut autre chose que son réveil, auquel Dieu le toucha, comme le soleil touche la terre, avec un rayon de sa clarté qui le remplit d'un grand sentiment de plaisir spirituel. C'est pourquoi Pacôme se secoue des divertissements ( se sépare des divertissements, les chasse), pour avec plus d'attention et de facilité recueillir et savourer la grâce reçue, se retirant à part pour y penser; puis il étend son coeur et ses mains au ciel, où l'inspiration l'attire, et commençant à déployer les ailes de ses affections, voletant entre la défiance de soi-même et la confiance en Dieu, il entonne d'un air humblement amoureux le cantique de sa conversion, par lequel il témoigne d'abord que déjà il connaît un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre mais il connaît aussi qu'il ne le connaît pas encore assez pour le bien servir, et partant il supplie qu'une plus grande connaissance lui soit donnée, afin qu"il puisse par icelle parvenir au parfait service de sa divine majesté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 10 Mai 2024, 07:50 | |
| CHAPITRE XIII
Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.Cependant voyez, je vous prie, Théotime, comme Dieu va doucement, renfonçant peu à peu la grâce de son inspiration dedans les coeurs qui consentent, les tirant après soi comme de degré en degré sur cette échelle de Jacob. Mais quels sont ses attraits? Le premier, par lequel il nous prévient et réveille, se fait par lui en nous, et sans nous; tous les autres se font aussi par lui, et en nous, mais non pas sans nous. Tirez-moi, dit l'épouse sacrée, c'est-à-dire, commencez le premier, car je ne saurais m'éveiller de moi-même; je ne saurais m'émouvoir si vous ne mouvez . Mais quand vous m'aurez émue, alors, ô le cher époux de mon âme! nous courrons nous deux; vous courrez devant moi en me tirant toujours plus avant et moi, je vous suivrai à la course, consentant à vos attraits; mais que personne n'estime que vous m'alliez tirant après vous comme une esclave forcée, ou comme une charrette inanimée. Ah! non, vous me tirez à l'odeur de vos parfums. Si je vous vais suivant, ce n'est pas que vous me tramiez, c'est que vous m'alléchez: vos attraits sont puissants, mais non pas violents, puisque toute leur force consiste en leur douceur. Les parfums n'ont point d'autre pouvoir, pour attirer à leur suite, que leur suavité, et la suavité comment pourrait-elle tirer, sinon suavement et agréablement. CHAPITRE XIV
Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.Quand Dieu nous donne la foi, il entre en notre âme et parle à notre esprit, non point par manière de discours, mais par manière d'inspiration; proposant si agréablement ce quil faut croire à l'entendement, que la volonté en reçoit une grande complaisance, et telle qu'elle incite l'entendement à consentir et acquiescer à la vérité, sans doute ni défiance quelconque, et voici la merveille; car Dieu fait la proposition des mystères de la foi à notre âme parmi des obscurités et des ténèbres, en telle sorte que nous ne voyons pas les vérités, ains seulement nous les entrevoyons. Comme il arrive quelquefois que la terre étant couverte de brouillards, nous ne pouvons voir le soleil, ains nous voyons seulement un peu plus de clarté du côté où il est; de façon que, par manière de dire, nous le voyons sans le voir, parce que d'un côté nous ne le voyons pas tant que nous puissions bonnement dire que nous le voyons et d'autre part nous ne le voyons pas si peu que nous puissions dire que nous ne le voyons point, et c'est ce que nous appelons entrevoir. Et néanmoins cette obscure clarté de la foi étant entrée dans notre esprit, non par force de discours ni d'arguments, ains par la seule suavité de sa présence, elle se fait croire et obéir à l'entendement avec tant dautorité, que la certitude quelle nous donne de la vérité surmonte toutes les autres certitudes du monde, et assujettit tellement tout l'esprit et tous les discours d'icelui, qu'ils n'ont point de crédit en comparaison. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 11 Mai 2024, 08:51 | |
| CHAPITRE XIV
Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.Mon Dieu! Théotime, pourrais-je bien dire ceci? La foi est la grande amie de notre esprit, et peut bien parler aux sciences humaines qui se vantent dêtre plus évidentes et claires quelle, comme l'épouse sacrée parlait aux autres bergères : Je suis brune, mais belle. O discours humains ! ô sciences acquises ! Je suis brune, car je suis entre les obscurités des simples révélations qui sont sans aucune évidence apparente, et me font paraître noire, me rendant presque méconnaissable. Mais je suis pourtant belle en moi-même à cause de mon infinie certitude; et si les yeux des mortels me pouvaient voir telle que je suis par nature, ils me trouveraient toute belle. Mais ne faut-il pas qu'en effet je sois infiniment aimable, puisque les sombres ténèbres et les épais brouillards, entre lesquels je suis, non pas vue, mais seulement entrevue, ne me peuvent empêcher d'être si agréable, que l'esprit me chérissant surtout, fendant la presse de toutes autres connaissances, il me fait faire place et me reçoit comme sa reine sur le trône le plus élevé de son palais, d'où je donne la loi à toute science, et assujettis tout discours et tout sentiment humain? Oui vraiment, Théotime, tout ainsi que les chefs de l'armée d'Israël, se dépouillant de leurs vêtements, les mirent ensemble, et en firent comme un trône royal, sur lequel ils assirent Jéhu, criant: Jéhu est roi de même à l'arrivée de la foi, l'esprit se dépouille de tout discours et arguments, et les soumettant à la foi, il l'a fait asseoir sur iceux, la reconnaissant comme reine, et crie avec une grande joie : Vive la foi ! Les discours et arguments pieux, les miracles et autres avantages de la religion chrétienne la rendent certes extrêmement croyable et connaissable. Mais la seule foi la rend crue et reconnue, faisant aimer la beauté de sa vérité, et croire la vérité de sa beauté, par la suavité qu'elle répand en la volonté, et la certitude qu'elle donne à l'entendement. Les Juifs virent les miracles, et ouïrent les merveilles de notre Seigneur. Mais étant indisposés à recevoir la foi, c'est-à-dire leur volonté nétant pas susceptible de la douceur et suavité de la foi, à cause de l'aigreur et malice dont ils étaient remplis, ils demeurèrent en leur infidélité, ils voyaient la force de l'argument, mais ils ne savouraient pas la suavité de la conclusion. Et pour cela ils n'acquiesçaient pas à la vérité, et néanmoins l'acte de la foi consiste en cet acquiescement de notre esprit, lequel ayant reçu l'agréable lumière de la vérité, il y adhère par manière d'une douce, mais puissante et solide assurance et certitude qu'il prend eh lautorité de la révélation qui lui en est faite. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 12 Mai 2024, 02:01 | |
| CHAPITRE XIV Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.Vous avez ouï dire, Théotime, quès conciles généraux il se fait des grandes disputes et recherches de la vérité, par discours, raisons et arguments de théologie, mais la chose étant débattue, les Pères, c'est-à-dire, les évêques et spécialement le Pape qui est le chef des évêques, concluent, résolvent et déterminent, et la détermination étant prononcée, chacun s'y arrête et acquiesce pleinement, non point en considération des raisons alléguées en la dispute et recherche précédente, mais en vertu de l'autorité du Saint-Esprit, qui, présidant invisiblement ès conciles, a jugé, déterminé et conclu par la bouche de ses serviteurs qu'il a établis pasteurs du christianisme. L'enquête donc et la dispute se fait au parvis des prêtres, entre les docteurs ; mais la résolution et l'acquiescement se fait au sanctuaire, où le Saint-Esprit qui anime le corps de l'Église, parle par les bouches des chefs d'icelle, selon que notre Seigneur l'a promis. Ainsi l'autruche produit ses oeufs sur le sablon de Libye, mais le soleil seul en fait éclore le poussin; et les docteurs, par leurs recherches et discours., proposent la vérité, mais les seuls rayons du soleil de justice en donnent la certitude et acquiescement. Or, enfin, Théotime, cette assurance que l'esprit humain prend ès choses révélées et mystères de la foi, commence par un sentiment amoureux de complaisance, que la volonté reçoit de la beauté et suavité de la vérité proposée; de sorte que la foi comprend un commencement d'amour que notre coeur ressent envers les choses divines. CHAPITRE XV Du grand sentiment d'amour que nous recevons par la sainte espérance.Comme, étant exposés aux rayons du soleil de midi, nous ne voyons presque pas plus tôt la clarté que soudain nous sentons la chaleur. Ainsi la lumière de la foi n'a pas plus tôt jeté la splendeur de ses vérités en notre entendement, que tout incontinent notre volonté sent la sainte chaleur de l'amour céleste. La foi nous fait connaît, par une infaillible certitude, que Dieu est, qu'il est infini en bonté, qu'il se peut communiquer à nous, et que non seulement il le peut, ains il le veut; si que, par une ineffable douceur, il nous a préparé tous les moyens requis pour parvenir au bonheur de la gloire immortelle. Or, nous avons une inclination naturelle au souverain bien, ensuite de laquelle notre coeur a un certain intime empressement et une continuelle inquiétude, sans pouvoir en sorte quelconque s'accoiser (s'apaiser, se tenir tranquille), ni cesser de témoigner que sa parfaite satisfaction et son solide contentement lui manque. Mais quand la sainte foi a représenté à notre esprit ce bel objet de son inclination naturelle, ô vrai Dieu ! Théotime, quelle aise ! quel plaisir ! quel tressaillement universel de notre âme! laquelle alors, comme toute surprise à l'aspect d'une si excellente beauté, s'écrie d'amour : O que vous êtes beau, mon bien-aimé que vous êtes beau! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 12 Mai 2024, 22:30 | |
| CHAPITRE XV Du grand sentiment d'amour que nous recevons par la sainte espérance.Éliéser cherchait une épouse pour le fils de son Maître Abraham. Que savait-il s'il la trouverait belle et gracieuse comme il la désirait? Mais quand il l'eut trouvée à la fontaine, qu'il la vit si excellente en beauté et si parfaite en douceur, mais surtout quand on la lui eut accordée, il en adora Dieu, et le bénit avec des actions de grâces pleines de joie non pareille: le coeur humain tend à Dieu par son inclination naturelle, sans savoir bonnement quel il est. Mais quand il le trouve à la fontaine de la foi, et qu'il le voit si bon, si beau, si doux, si débonnaire envers tous, et si disposé à se donner comme souverain bien à tous ceux qui le veulent, ô Dieu, que de contentements et que de sacrés mouvements en l'esprit pour s'unir à jamais à cette bonté si souverainement aimable ! J'ai enfin trouvé, dit l'âme ainsi touchée, j'ai trouvé ce que je désirais, et je suis maintenant contente. Et comme Jacob ayant vu la belle Rachel fondait en larmes de douceur pour le bonheur qu'il ressentait d'une si désirable rencontre; de même notre pauvre coeur ayant trouvé Dieu, et reçu d'icelui le don précieux de la sainte foi, il se fond par après en suavité d'amour pour le bien infini qu'il voit d'abord en cette souveraine beauté. Nous sentons quelquefois de certains contentements qui viennent comme à l'impourvu (imprévu, à l'improviste), sans aucun sujet apparent, et ce sont souvent des présages de quelque grande joie, dont plusieurs estiment que nos bons anges, prévoyant les biens qui nous doivent avenir, nous en donnent ainsi des pressentiments, comme au contraire ils nous donnent des craintes et frayeurs emmi les périls inconnus, afin de nous faire invoquer Dieu, et demeurer sur nos gardes. Or, quand le bien présagé nous arrive, nos coeurs le reçoivent à bras ouverts, et se ramentevant (se rappelant) l'aise qu'ils avaient eue sans en savoir la cause, ils connaissent seulement alors que c'était comme un avant-coureur du bonheur avenu. Ainsi, mon cher Théotime, notre coeur ayant eu si longuement inclination à son souverain bien, il ne savait à quoi ce mouvement tendait; mais sitôt que la foi le lui a montré, alors il voit bien que c'était cela que son âme requérait, que son esprit cherchait, et que son inclination regardait. Certes, ou que nous voulions, ou que nous ne voulions pas, notre esprit tend au souverain bien. Mais qui est ce souverain bien? Nous ressemblons à ces bons Athéniens qui faisaient sacrifice au vrai Dieu, lequel néanmoins leur était inconnu, jusques à ce que le grand saint Paul leur en annonça la connaissance; car ainsi notre coeur, par un profond et secret instinct, tend en toutes ses actions, et prétend à la félicité, et la va cherchant çà et là, comme à tâtons; sans savoir toutefois ni où elle réside, ni en quoi elle consiste, jusques à ce que la foi la lui montre et lui en décrit les merveilles inutiles; et lors ayant trouvé le trésor qu'il cherchait, hélas! quel contentement à ce pauvre coeur humain, quelle joie, quelle complaisance d'amour! Hé ! je l'ai rencontré celui que mon âme cherchait sans le connaître ! ô que ne savais-je à quoi tendaient mes prétentions, quand rien de tout ce que je prétendais ne me contentait, parce que je ne savais pas ce qu'en effet je prétendais! Je prétendais d'aimer, et ne connaissais pas ce qu'il fallait aimer, et partant ma prétention ne trouvant pas son véritable amour, mon amour était toujours en une véritable, mais inconnue prétention; j'avais bien assez de pressentiment d'auteur pour me faire prétendre ; mais je n'avais pas assez de sentiment de la bonté qu'il fallait aimer pour exercer l'amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 14 Mai 2024, 08:11 | |
| CHAPITRE XVI Comme l'amour se pratique en l'espéranceL'entendement humain étant donc convenablement appliqué à considérer ce que la foi lui représente de son souverain bien, soudain la volonté conçoit une extrême complaisance en ce divin objet, lequel, pour lors absent, fait naître un désir très ardent de sa présence, dont l'âme s'écrie saintement: Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche. C'est à Dieu que je soupire, C'est Dieu que mon coeur désire. Et comme l'oiseau auquel le fauconnier ôte le chaperon, ayant la proie en vue, s'élance soudain au vol, et s'il est retenu par les longes, se débat sur le poing avec une ardeur extrême ; de même la foi nous ayant ôté le voile de l'ignorance, et fait voir notre souverain bien, lequel néanmoins nous ne pouvons encore posséder, retenus par la condition de cette vie mortelle, hélas ! Théotime, nous le désirons alors; de sorte que, Les cerfs longtemps pourchassés, Fuyant pantois (haletants, respirant avec peine) et lassés, Si fort les eaux ne désirent, Que nos coeurs d'ennuis presses Seigneur, après toi soupirent, Nos âmes en languissant D'un désir toujours croissant Crient: Hélas ! quand sera-ce, O Seigneur Dieu tout-puissant, Que nos yeux verront ta face? Ce désir est juste, Théotime, car qui ne désirerait un bien si désirable? Mais ce serait un désir inutile, ains qui ne servirait que d'un continuel martyre à notre coeur, si nous n'avions assurance de le pouvoir un jour assouvir. Celui qui pour le retardement de ce bonheur protestait que ses larmes lui étaient un pain ordinaire nuit et jour , tandis que son Dieu lui était absent, et que ses adversaires l'enquéraient (lui demandaient): où est ton Dieu? hélas! qu'eût-il fait, s'il neût eu quelque sorte d'espérance de pouvoir une fois jouir de ce bien, après lequel il soupirait? Et la divine épouse va tout éplorée et alangourie (défaillante) d'amour de quoi elle ne trouve pas sitôt le bien-aimé qu'elle cherche l'amour du bien-aimé avait créé en elle le désir le désir avait fait naître l'ardeur du pourchas (reherche passionnée), et cette ardeur lui causait la langueur, qui eût anéanti et consumé son pauvre coeur, si elle n'eût eu quelque espérance de rencontrer enfin ce qu'elle pourchassait. Ainsi donc ques afin que l'inquiétude et la douloureuse langueur, que les efforts de l'amour désirant causeraient en nos esprits, ne nous portât à quelque défaillance de courage, et ne nous réduisît au désespoir ; le même bien souverain qui nous incite à le désirer si fortement, nous assure aussi que nous le pourrons obtenir fort aisément, par mille et mille promesses qu'il nous a faites en sa parole, et par ses inspirations; pourvu que nous voulions employer les moyens qu'il nous a préparés et qu'il nous offre pour cela. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 15 Mai 2024, 13:25 | |
| CHAPITRE XVI
Comme l'amour se pratique en l'espéranceOr, ces promesses et assurances divines, par une merveille particulière, accroissent la cause de notre inquiétude, et à mesure quelles augmentent la cause, elles ruinent et détruisent les effets. Oui certes, Théotime, l'assurance que Dieu nous donne que le paradis est pour nous, fortifie infiniment le désir que nous avions d'en jouir, et néanmoins affaiblit, ains anéantit tout à fait le trouble et l'inquiétude que ce désir nous apportait; de sorte que nos coeurs par les promesses sacrées que la divine bonté nous a faites, demeurent tout à fait accoisés, et cet accoisement est la racine de la très sainte vertu que nous appelons espérance. Car la volonté, assurée par la foi quelle pourra jouir de son souverain bien, usant des moyens à ce destinés, elle fait deux grands actes de vertu: par l'un, elle attend de Dieu la jouissance de sa souveraine bonté, et par l'autre elle aspire à cette sainte jouissance. Et de vrai, Théotime, entre espérer et aspirer, il y a seulement cette différence, que nous espérons les choses que nous attendons par le moyen d'autrui; et nous aspirons aux choses que nous prétendons par nos propres moyens, de nous-mêmes; et d'autant que nous parvenons à la jouissance de notre souverain bien, qui est Dieu, premièrement et principalement par sa faveur, grâce et Miséricorde. Et que néanmoins cette même Miséricorde veut que nous coopérions-à sa faveur, mesurant la faiblesse de notre consentement à la force de sa grâce; partant notre espérance est aucunement (à certains égards, quelquefois) mêlée d'aspirement (aspiration), si que nous nespérons pas tout à fait sans aspirer, et n'aspirons jamais sans tout à fait espérer, en quoi l'espérance tient toujours le rang principal, comme fondée sur la grâce divine, sans laquelle tout ainsi que nous ne pouvons pas seulement penser à notre souverain bien, selon qu'il convient pour y parvenir, aussi ne pouvons-nous jamais sans icelle y aspirer comme il faut pour l'obtenir. L'aspirement donc est un rejeton de l'espérance, comme notre coopération l'est de la grâce : et tout ainsi que ceux qui veulent espérer sans aspirer, seront rejetés comme couards (lâchés) et négligents, de même ceux qui veulent aspirer sans espérer, sont téméraires, insolents et présomptueux. Mais quand l'espérance est suivie de l'aspirement, et que espérant nous aspirons, et aspirant nous espérons, alors, cher Théotime, l'espérance se convertit en un courageux dessein par l'aspirement, et l'aspirement se convertit en une humble prétention par l'espérance, espérant et aspirant (Opposition des mots aspirer et espérer qui sent l'afféterie de langage du temps) selon que Dieu nous inspire. Mais cependant et l'un et l'autre se fait par cet amour désirant qui tend à notre souverain bien, lequel, à mesure qu'il est plus assurément espéré, est aussi toujours plus aimé. Ainsi l'espérance n'est autre chose que l'amoureuse complaisance que nous avons en l'attente et prétention de notre souverain bien : tout y est d'amour, Théotime. Soudain que la foi ma montré mon souverain bien, Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 15 Mai 2024, 19:29 | |
| CHAPITRE XVI
Comme l'amour se pratique en l'espéranceJe l'ai aimé, et parce qu'il m'était absent, je l'ai désiré, et d'autant que j'ai su qu'il se voulait donner à moi, je l'ai derechef plus ardemment aimé et désiré; car aussi sa bonté est d'autant plus aimable et désirable, quelle est disposée à se communiquer. Or, par ce progrès, l'amour a converti son désir en espérance, prétention et attente, si que l'espérance est un amour attendant et prétendant. Et parce que le bien souverain que l'espérance attend, c'est Dieu, et qu'elle ne l'attend aussi que de Dieu même auquel et par lequel elle espère et aspire, cette sainte vertu despérance, aboutissant de toutes parts à Dieu, est par conséquent une vertu divine ou théologique. CHAPITRE XVII
Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfaitL'amour que nous pratiquons en l'espérance, Théotime, va certes à Dieu, ruais il retourne, à nous; il a son regard (son but, son objet) en la divine bonté, mais il a de l'égard à notre utilité; il tend à cette suprême perfection, mais il prétend notre satisfaction, c'est-à-dire, il ne nous porte pas en Dieu, parce que Dieu est souverainement bon eu soi-même, mais parce qu'il est souverainement bon envers nous-mêmes, où, comme vous voyez, il y a du nôtre et de nous-mêmes. Et partant, cet amour est voirement (à la vérité) amour, mais amour de convoitise et intéressé. Je ne dis pas toutefois qu'il revienne tellement à nous, qu'il nous fasse aimer Dieu seulement pour l'amour de nous. O Dieu, nenni car l'âme qui n'aimerait Dieu que pour l'amour d'elle-même, établissant la fin de l'amour qu'elle porte à Dieu en sa propre commodité, hélas! elle commettrait un extrême sacrilège. Si une femme n'aimait son mari que pour l'amour de son valet, elle aimerait son mari en valet, et son valet en mari, L'âme aussi qui n'aime Dieu que pour l'amour delle-même, elle s'aime comme elle devrait aimer Dieu, et elle aime Dieu comme elle se devrait aimer elle-même. Mais il y a bien de la différence entre cette parole: J'aime Dieu pour le bien que j'en attends, et celle-ci : Je n'aime Dieu que pour le bien que j'en attends. Comme aussi c'est chose bien diverse de dire: J'aime Dieu pour moi, et dire: J'aime Dieu pour l'amour de moi; quand je dis: J'aime Dieu pour moi, c'est comme si je disais:J'aime avoir Dieu, j'aime que Dieu soit à moi, qu'il soit mon souverain bien, qui est une sainte affection de l'épouse céleste, laquelle cent fois proteste par excès de complaisance : Mon bien-aimé est tout mien, et moi je suis toute sienne, il est à moi, et je suis à lui. Mais dire : J'aime Dieu pour l'amour de moi-même, c'est comme qui dirait : L'amour que je me porte est la fin pour laquelle j'aime Dieu, en sorte que l'amour de Dieu soit dépendant, subalterne et inférieur à l'amour propre que nous avons envers nous-mêmes, qui est une impiété non pareille. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 17 Mai 2024, 00:50 | |
| CHAPITRE XVII
Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfaitCet amour donc que nous appelons espérance, est un amour de coavoitise, mais d'une sainte et bien ordonnée convoitise, par laquelle nous ne tirons pas Dieu à nous, ni à notre utilité, mais nous nous joignons à lui comme à notre finale félicité. Nous nous aimons ensemblement avec Dieu par cet amour, mais non pas nous préférant ou égalant à lui en cet amour: l'amour de sous-mêmes est mêlé avec celui de Dieu, mais celui de Dieu surnage ; notre amour-propre y entre voirement, mais comme simple motif, et non comme fin principale; notre intérêt y tient quelque lieu, mais Dieu tient le rang principal. Oui, sans doute, Théotime ; car quand nous aimons Dieu comme notre souverain bien, nous l'aimons pour une qualité par laquelle nous ne le rapportons pas à nous, mais nous à lui; nous ne sommes pas sa fin, sa prétention, ni sa perfection, ains il est la nôtre; il ne nous appartient pas, mais nous lui appartenons. Il ne dépend point de nous, mais nous de lui; et en somme, par la qualité de souverain bien, pour laquelle nous l'aimons, il ne reçoit rien de nous, ains nous recevons de lui, il exerce envers nous son affluence et bonté, et nous pratiquons notre indigence et disette; de sorte qu'aimer Dieu en titre de souverain bien, c'est l'aimer en titre honorable et respectueux, par lequel nous l'avouons être notre perfection, notre repos et notre fin, en la jouissance de laquelle consiste notre bonheur. Il y a des biens desquels nous nous servons en les employant, comme sont nos esclaves, nos serviteurs, nos chevaux, nos habits; et l'amour que nous leur portons, est un amour de pure convoitise; car nous ne les aimons que pour notre profit. Il y a des biens desquels nous jouissons, mais d'une réciproque et mutuellement égale jouissance, comme nous faisons de nos amis; car l'amour que nous leur portons en tant qu'ils nous rendent du contentement, est voirement amour de convoitise, mais convoitise honnête, par laquelle ils sont à nous, et nous également à eux; ils nous appartiennent, et nous pareillement leur appartenons. Mais il y a des biens dont nous jouissons d'une jouissance de dépendance, participation, et sujétion, comme nous faisons de la bienveillance de nos pasteurs, princes, pères, mères, ou de leur présence et faveur; car l'amour que nous leur portons est aussi certes amour de convoitise quand nous les aimons, en tant qu'ils sont nos princes, nos pasteurs, nos pères, nos mères; puisque ce n'est pas la qualité de pasteur, ni de prince, ni de père, ni de mère, qui nous les fait aimer, aine parce qu'ils sont tels en notre endroit et à notre regard. Mais cette convoitise est un amour de respect, de révérence, d'honneur: car nous aimons, par exemple, nos pères, non parce qu'ils sont nôtres, mais parce que nous sommes à eux: et c'est ainsi que nous aimons et convoitons Dieu par l'espérance: non afin qu'il soit notre bien, mais parce qu'il l'est; non afin qu'il soit nôtre, mais parce que nous sommes siens; non comme s'il était pour nous, mais d'autant que nous sommes pour lui. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 18 Mai 2024, 10:10 | |
| CHAPITRE XVII
Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfaitEt notez, Théotime, qu'en cet amour ici, la raison pour laquelle nous aimons, c'est-à-dire, pour laquelle nous appliquons notre coeur à l'amour du bien que nous convoitons, c'est parce que c'est notre bien; mais la raison de la mesure et quantité de cet amour dépend de l'excellence et dignité du bien que nous aimons. Nous aimons nos bienfaiteurs, parce qu'ils sont tels envers nous, mais nous les aimons plus ou moins, selon qu'ils sont ou plus grands, ou moindres bienfaiteurs. Pourquoi donc aimons-nous Dieu, Théotime, de cet amour de convoitise? Parce qu'il est notre bien. Mais pourquoi laimons-nous souverainement? Parce qu'il est notre bien souverain. Or, quand je dis que nous aimons souverainement Dieu, je ne dis pas que nous l'aimions pour cela du souverain amour; car le souverain amour n'est qu'en la charité. Mais en l'espérance l'amour est imparfait, parce qu'il ne tend pas à sa bonté infinie en tant quelle est telle en elle-même, aine seulement en tant qu'elle nous est telle; et néanmoins parce qu'en cette sorte damour il n'y a point de plus excellent motif que celui qui provient de la considération du souverain bien, nous disons que par icelui nous aimons souverainement, quoiqu'en vérité nul par ce seul amour ne puisse ni observer les commandements de Dieu, ni avoir la vie éternelle, parce que c'est un amour qui donne plus d'affection que d'effet quand il n'est pas accompagné de la charité. CHAPITRE XVIII.
Que l'amour se pratique en la pénitence, et premièrement qu'il y a diverses sortes de pénitences.La pénitence, à parler généralement, est une repentance par laquelle on rejette et déteste le péché qu'on a commis, avec résolution de réparer, autant qu'on le peut, l'offense et l'injure faite à celui contre lequel on a péché : et j'ai enclos en la pénitence le propos de réparer l'offense; parce que la repentance ne déteste pas assez le mal quand elle laisse volontairement subsister son principal effet, qui est l'offense et l'injure; or, elle le laisse subsister, tandis que le pouvant on quelque sorte réparer, elle ne le fait pas. Je laisse à part maintenant la pénitence de plusieurs païens, lesquels, comme Tertullien témoigne, en avaient entre eux quelque apparence, mais si vaine et inutile, que même, quelquefois, ils faisaient pénitence d'avoir bien fait. Car je ne parle que de la pénitence vertueuse, laquelle, selon les différents motifs desquels elle provient, est aussi de diverses espèces. Il y en a certes une qui est purement morale et humaine, comme fut celle dAlexandre le Grand, lequel ayant tué son cher Clitus, cuida (pensa) se laisser mourir de faim, tant la force de la pénitence fut grande, dit Cicéron.Et celle dAlcibiades, qui, convaincu par Socrate de n'être pas sage, se prit à pleurer amèrement, triste et affligé de n'être pas ce qu'il devait être, dit saint Augustin. Aussi Aristote reconnaissant cette sorte de pénitence, assure que l'intempérant, lequel de propos délibéré s'adonne aux voluptés, est tout à fait incorrigible, parce qu'il ne se saurait repentir; et celui qui est sans pénitence est incurable. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 18 Mai 2024, 23:43 | |
| CHAPITRE XVIII.
Que l'amour se pratique en la pénitence, et premièrement qu'il y a diverses sortes de pénitences.Certes, Sénèque, Plutarque, et les Pythagoriciens, qui recommandent tant l'examen de la conscience, et surtout le premier, qui parle si vivement du trouble que le remords intérieur excite en l'âme, ont entendu sans doute qu'il y avait une repentance; et quant au sage Épictète, il décrit si bien la répréhension que nous devons pratiquer envers nous-mêmes, qu'on ne saurait presque mieux dire. Il y a encore une autre pénitence qui est voirement morale, mais religieuse pourtant, et en certaine façon divine, d'autant qu'elle procède de la connaissance naturelle que l'on a davoir offensé Dieu en péchant. Car, en vérité, plusieurs philosophes ont su qu'on faisait chose agréable à la Divinité de vivre vertueusement, et que par conséquent on l'offensait en vivant vicieusement. Le bon homme Épictète fait un souhait de mourir en vrai chrétien (comme il est fort probable qu'aussi il fit), et entre autres choses il dit qu'il serait content s'il pouvait, en mourant, élever ses mains à Dieu et lui dire : Je ne vous ai point, quant à ma part, fait de déshonneur. Et de plus, il veut que son philosophe fasse un serment admirable à Dieu, de ne jamais désobéir à sa divine majesté, ni blâmer ou accuser chose quelconque qui arrive de sa part, ni de s'en plaindre en façon que ce soit : et ailleurs il enseigne que Dieu et notre bon ange sont présents à nos actions. Vous voyez donc bien, Théotime, que ce philosophe, lors encore païen, connaissait que le péché offensait Dieu, comme la vertu l'honorait; et que par conséquent il voulait qu'on s'en repentit, puisque même il ordonnait que l'on fît l'examen de conscience au soir, en faveur duquel, avec Pythagore, il fait cet avertissement : Si vous avez mal fait, tancez-vous aigrement Si vous avez bien fait, ayez contentement. Or, cette sorte de repentance attachée à la science et dilection de Dieu que la nature peut fournir, était une dépendance de la religion morale. Mais comme la raison naturelle a donné plus de connaissance que d'amour aux philosophes, qui ne l'ont pas glorifié à proportion de la notice qu'ils en avaient; aussi la nature a fourni plus de lumière pour faire entendre combien Dieu était offensé par le péché, que de chaleur pour exciter le repentir requis à la réparation de l'offense. Néanmoins bien que la pénitence religieuse ait, en quelque façon, été reconnue par quelques-uns des philosophes; si est-ce que ça été si rarement et faiblement, que ceux qui ont eu la réputation d'être les plus vertueux d'entre eux, c'est-à-dire les Stoïciens, ont assuré que l'homme sage ne s'attristait jamais; de quoi ils eut fait une maxime autant contraire à la raison, que la proposition sur laquelle ils la fondaient était contraire à l'expérience, à savoir que l'homme sage ne péchait point. Nous pouvons doue bien dire, mon cher Théotime, que la pénitence est une vertu toute chrétienne; puisque d'un côté elle a été si peu connue entre les païens, et de l'autre, elle est tellement reconnue parmi les vrais chrétiens, qu'en icelle consiste une grande partie de la philosophie évangélique, selon laquelle quiconque dit qu'il ne pèche point, est insensé; et quiconque croit de remédier à son péché sans pénitence, il est forcené; car c'est l'exhortation des exhortations de notre Seigneur : Faites pénitence. Or, voici une briève description du progrès de cette vertu. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 19 Mai 2024, 22:55 | |
| CHAPITRE XVIII. Que l'amour se pratique en la pénitence, et premièrement qu'il y a diverses sortes de pénitences. Nous entrons en une profonde appréhension, de quoi, en tant qu'en nous est, nous offensons Dieu par nos péchés, le méprisant et déshonorant, lui désobéissant et nous rebellant à lui; lequel aussi de son côté s'en tient pour offensé, irrité et méprisé, désagréant, réprouvant et abominant l'iniquité. De cette véritable appréhension naissent plusieurs motifs, qui, ou tous, ou plusieurs ensemble, ou chacun en particulier, nous peuvent porter à la repentance. Car nous considérons parfois que Dieu qui est offensé, a établi une punition rigoureuse en enfer pour les pécheurs, et qu'il les privera du paradis préparé aux gens de bien. Or, comme le désir du paradis est extrêmement honorable, aussi la crainte de le perdre est grandement prisable; et non seulement cela, mais le désir du paradis étant fort estimable, la crainte de son contraire qui est l'enfer, est bonne et louable. Hé! qui ne craindrait une si grande perte et une si grande peine? Et cette double crainte, dont l'une est servile, et l'autre mercenaire, nous porte grandement à nous. repentir des péchés par lesquels nous les avons- encourues. Et à cet effet, eu la sacrée parole, cette crainte nous est cent fois et cent fois intimée. D'autres fois nous considérons la laideur et la malice du péché, selon que la foi nous l'enseigne ; comme par exemple, que par icelui la ressemblance et image de Dieu que nous avons, est barbouillée et défigurée, la dignité de notre esprit déshonorée; que nous sommes rendus semblables aux bêtes insensées; que nous avons violé notre devoir envers le Créateur du monde, et perdu le bien de la société des anges, pour nous associer et assujettir au diable, nous rendant esclaves de nos passions, et renversant l'ordre de la raison, offensant nos bons anges à qui nous sommes tant obligés. Quelquefois encore nous sommes provoqués à la pénitence par la beauté de la vertu, qui donne autant de biens que le péché nous cause de maux; et de plus nous y sommes maintes fois excités par l'exemple des saints : car qui eût jamais pu voir les exercices de l'incomparable pénitence de Magdeleine, de Marie Egyptiaque, ou des pénitents du monastère surnommé Prison, dont saint Jean Climacus a fait la description, sans être ému à se repentir de ses péchés, puisque la seule lecture de l'histoire y provoque ceux qui ne sont pas du tout hébétés (entièrement blasés)? CHAPITRE XIX Que la pénitence sans l'amour est imparfaite Or, tous ces motifs nous sont enseignés par la foi et religion chrétienne; et partant la pénitence qui en provient est grandement louable, quoiqu'imparfaite. Elle est à la vérité louable; car ni la sainte Écriture, ni l'Église ne nous exciteraient pas par tels motifs, si la pénitence qui en provient n'était bonne: et ou voit manifestement que c'est chose grandement raisonnable de se repentir du péché pour ces considérations, ainsi qu'il est impossible de ne se repentir pas à qui les considère attentivement. Mais pourtant c'est une pénitence certes imparfaite, d'autant que l'amour divin n'y entre encore point. Hé ! ne voyez-vous pas, Théotime, que toutes ces repentances se font pour l'intérêt de notre âme, de sa félicité, de sa beauté intérieure, de son honneur, de sa dignité, et en un mot, pour l'amour de nous-mêmes, mais amour néanmoins légitime, juste et bien réglé ! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 21 Mai 2024, 07:35 | |
| CHAPITRE XIX
Que la pénitence sans l'amour est imparfaiteEt prenez garde que je ne dis pas que ces repentances rejettent l'amour de Dieu, mais je dis seulement qu'elles ne le comprennent pas : elles ne le repoussent pas, mais elles ne le contiennent pas: elles ne sont pas contre lui, mais elles sont encore sans lui. Il n'en est pas forclos (exclu), mais il n'y est pas non plus enclos. La volonté qui embrasse le bien simplement, est fort bonne mais si elle l'embrasse en rejetant le mieux, elle est certes déréglée, non pas en acceptant l'un, mais en repoussant l'autre. Ainsi le voeu de donner aujourdhui l'aumône est bon, mais le voeu de ne la donner qu'aujourdhui serait mauvais; parce qu'il forclorait le mieux, qui est de la donner aujourdhui et demain, et toujours quand on pourra. C'est bien fait certes, et cela ne se peut nier, de se repentir de ses péchés pour éviter la peine de l'enfer, et obtenir le paradis; mais qui prendrait résolution de ne se vouloir jamais repentir pour aucun autre sujet, il forclorait volontairement le mieux, qui est de se repentir pour l'amour de Dieu, et commettrait un grand péché. Et qui serait le père qui ne trouvât mauvais que son fils le roulât voirement servir, mais non jamais avec amour ou par amour? Le commencement des choses bonnes est bon le progrès est meilleur; et la fin est très bonne. Toutefois le commencement est bon en qualité de commencement, et le progrès en qualité de progrès; mais de vouloir finir l'oeuvre par le commencement, ou au progrès, c'est renverser l'ordre. L'enfance est bonne; mais si on ne voulait jamais être qu'enfant, cela serait mauvais : car l'enfant de cent ans est méprisé. De commencer d'apprendre, cela eut fort louable; mais qui commencerait en intention de ne jamais se perfectionner, il ferait contre toute raison. La crainte et les autres motifs de repentance dont nous avons parlé, sont bons, pour le commencement de la sagesse chrétienne, qui consiste en la pénitence; mais qui voudrait de propos délibéré ne point parvenir à l'amour, qui est la perfection de la pénitence, il offenserait grandement Celui qui a tout destiné à son amour, comme à la fin de toutes choses. Conclusion. La repentance qui forclôt l'amour de Dieu, est infernale, pareille à celle des damnés. La repentance qui ne rejette pas l'amour de Dieu, quoiqu'elle soit encore sans icelui, est une bonne et désirable repentance, mais imparfaite, et qui ne peut nous donner le salut, jusquà ce qu'elle ait atteint à l'amour, et qu'elle se soit mêlée avec icelui. Si que, comme le grand Apôtre a dit, que s'il donnait son corps à brûler et tous ses biens aux pauvres, sans avoir la charité, cela lui serait inutile; aussi pouvons-nous dire en vérité, que quand notre pénitence serait si grande, que sa douleur fit fondre nos yeux en larmes, et fondre nos coeurs de regret, si nous n'avons pas le saint amour de Dieu, tout cela ne nous servirait de rien pour la vie éternelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 22 Mai 2024, 06:47 | |
| CHAPITRE XX. Comme le mélange d'amour et de douleur se fait en la contrition.La nature, que je sache, ne convertit jamais le feu en eau, quoique plusieurs eaux se convertissent en feu. Mais Dieu le fit pourtant une fois par miracle. Car, ainsi qu'il est écrit au livre des Machabées, lorsque les enfants d'Israël furent conduits en Babylone, du temps de Sédécias, les prêtres, par l'avis de Jérémie, cachèrent le feu sacré en une vallée, dans un puits sec. Et an retour les enfants de ceux qui avaient ainsi caché le feu, l'allèrent chercher, selon ce que leurs pères leur avaient enseigné, et ils le trouvèrent converti en une eau fort épaisse, laquelle étant tirée par eux et répandue sur les sacrifices, selon que Néhémias l'ordonnait, soudain que les rayons du soleil l'eurent touchée, elle fut convertie en un grand feu. Théotime, parmi les tribulations et regrets d'une vive repentance, Dieu met bien souvent dans le fond de notre coeur le feu sacré de son amour: puis cet amour se convertit en l'eau de plusieurs larmes, lesquelles par un second changement se convertissent en un autre plus grand feu d'amour. Aussi, la célèbre amante repentie aima premièrement son Sauveur; et cet amour se convertit en pleurs, et ces pleurs en un amour excellent dont notre Seigneur dit que plusieurs péchés lui étaient remis, parce qu'elle avait beaucoup aimé. Et comme nous voyons que le feu convertit le vin en une eau que presque partout on appelle eau-de-vie, laquelle conçoit et nourrit si aisément le feu, que pour cela on la nomine aussi en plusieurs endroits ardente : de même la considération amoureuse de la bonté, laquelle étant souverainement aimable, a été offensée par le péché, produit l'eau de la sainte pénitence; puis de cette eau provient réciproquement le feu de l'amour divin, dont on la peut proprement appeler eau-de-vie et ardente. Elle est certes une eau en sa substance; car la pénitence n'est autre chose qu'un vrai déplaisir, une réelle douleur et repentance. Mais elle est néanmoins ardente, parce qu'elle contient la vertu et propriété de l'amour, comme provenue d'un motif amoureux, et par cette propriété elle donne la vie de la grâce. C'est pourquoi la parfaite pénitence a deux effets différents; car, en vertu de sa douleur et détestation, elle nous sépare du péché et de la créature, à laquelle la délectation nous avait attachés; mais en vertu du motif de l'amour d'où elle prend son origine, elle nous réconcilie et réunit à notre Dieu, duquel nous nous étions séparés par le mépris : si qu'à même temps (tellement que, qu'en même temps) qu'elle nous retire du péché en qualité de repentance, elle nous rejoint à Dieu en qualité d'amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 23 Mai 2024, 07:02 | |
| CHAPITRE XX.
Comme le mélange d'amour et de douleur se fait en la contrition.Mais je ne veux pas dire néanmoins que l'amour parfait de Dieu, par lequel on l'aime sur toutes choses, précède toujours cette repentance, ni que cette repentance précède toujours cet amour. Car encore que cela se passe ainsi maintes fois, si est-ce que d'autres fois aussi, à même temps que l'amour divin naît dedans nos coeurs, la pénitence naît dedans l'amour, et plusieurs fois la pénitence venant en nos esprits, l'amour vient en la pénitence. Et comme, lorsqu'Esaü sortit du ventre de sa mère, Jacob son jumeau l'empoigna par le pied, afin que non seulement leurs naissances s'entre-suivissent, mais aussi s'entre-tinssent et fussent entre-liées l'une à l'autre ; de même le repentir rude et âpre à cause de sa douleur naît le premier, comme un autre Ésaü ; et l'amour doux et gracieux, comme Jacob, le tient par le pied, et s'attache tellement à lui, qui'ls n'ont qu'une seule origine; puisque la fin de la naissance du repentir est le commencement de celle du parfait amour. Or, comme Ésaü parut le premier, aussi le repentir se fait ordinairement voir avant l'amour; mais l'amour, comme tin autre Jacob, quoiqu'il soit le puîné, assujettit par après le repentir, le convertissant en consolation. Voyez, je vous prie, Théotime, la bien-aimée Magdeleine, comme elle pleure d'amour : on a enlevé mon Seigneur, dit-elle toute fondue en larmes, et ne sais où on l'a mis; mais l'ayant trouvé par les soupirs et les pleurs, elle le tient et possède par amour. Lamour imparfait le désire et le requiert; la pénitence le cherche et le trouve; l'amour parfait le tient et le serre, ainsi qu'on dit des rubis d'Éthiopie, qui ont naturellement leur feu fort blafâtre (Blafard, pâle); mais étant mis dans le vinaigre, il éclate et jette son brillement (éclat) fort clair. Car l'amour qui précède le repentir est pour l'ordinaire imparfait; mais étant détrempé dans l'aigreur de la pénitence, il se renforce et devient amour excellent. Il arrive même parfois que la repentance, quoique parfaite, ne contient pas en soi la propre action de l'amour, ains seulement la vertu et propriété d'icelui. Mais, ce me direz-vous, qu'elle vertu ou propriété de l'amour peut avoir la repentance, si elle na pas l'action? Théotime, le motif de la parfaite repentance, c'est la bonté de Dieu, laquelle il nous déplaît d'avoir offensée. Que ce motif n'est motif sinon parce qu'il émeut et donne le mouvement; mais le mouvement que la bonté divine donne au coeur qui la considère, ne peut être que le mouvement d'amour, c'est-à-dire dunion. C'est pourquoi la vraie repentance, bien qu'il ne soit pas avis, et qu'on ne voie pas la propre action de l'amour, reçoit néanmoins toujours le mouvement de l'amour, et ta qualité naissante d'icelui, par laquelle elle nous réunit et rejoint à la divine bonté. Dites-moi, de grâce : c'est la propriété de l'aimant de tirer à soi le fer, .et de se joindre à lui; mais ne voyons-nous pas que le fer touché de l'aimant, sans avoir ni l'aimant, ni sa nature, ains seulement sa vertu et qualité attrayante, ne laisse pas de tirer et s'unir à un autre fer? Ainsi la parfaite repentance, touchée du motif de l'amour, sans avoir la propre action de l'amour, ne laisse plus d'en avoir la vertu et la qualité, c'est-à-dire le mouvement d'union, pour rejoindre et réunir nos coeurs à la volonté divine. Mais qu'elle différence y a-t-il, me répliquerez vous, entre ce mouvement unissant de la pénitence et l'action propre de l'amour? Théotime, l'action de l'amour est un mouvement d'union voirement, mais il se fait par complaisance. Or, le mouvement d'union qui est en la pénitence, se fait non par voie de complaisance, ains de déplaisir, de repentance, de réparation, de réconciliation. En tant donc que ce mouvement unit, il a la qualité de l'amour; en tant qu'il est amer et douloureux, il a la qualité de la pénitence, et en somme, de sa naturelle condition, c'est un vrai mouvement de pénitence mais qui a la vertu et qualité unissante de l'amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 23 Mai 2024, 22:16 | |
| CHAPITRE XX.
Comme le mélange d'amour et de douleur se fait en la contrition.Ainsi le vin thériacal n'est pas appelé thériacal pour contenir la propre substance de la thériaque (composé pharmaceutique, en usage dès l'antiquité, calmant, cordial et antidote renommé); car il n'y en a point du tout: mais on le nomme ainsi parce que la plante de la vigne ayant été détrempée en thériaque, les raisins et le vin qui en sont provenus, ont tiré la vertu et l'opération de la thériaque contre toute sorte de venins. Si donc la pénitence, selon l'Ecriture, efface le péché, sauve l'âme, la rend agréable à dise, et la justifie, qui sont des effets appartenant à l'amour, et qui semblent ne devoir être attribués qu'à lui; il ne le faut pas trouver étrange : car bien que l'amour ne se trouve pas toujours lui-même en la pénitence parfaite, sa vertu néanmoins et sa propriété y est toujours, s'y étant écoulée par le motif amoureux duquel elle provient. Il ne faut pas non plus s'étonner que la force de l'amour naisse dedans la repentance avant que l'amour y soit formé, puisque nous voyons que par la réflexion des rayons du soleil battant sur la glace d'un miroir, la chaleur, qui est la vertu et propre qualité du feu, s'augmente petit à petit si fort, qu'elle commence à brûler avant qu'elle ait bonnement produit le feu, ou au moins avant que nous l'ayons aperçu. Car ainsi le Saint-Esprit se jetant dans notre entendement la considération de la grandeur de nos péchés, en tant que par iceux nous avons offensé une si souveraine bonté; et notre volonté recevant la réflexion de cette connaissance, le repentir croit petit à petit si fort, avec une certaine chaleur affective et désir de retourner en grâce avec Dieu, qu'enfin ce mouvement arrive à tel signe qu'il brûle et unit avant même que l'amour soit du tout formé; amour qui toutefois, comme un feu sacré, s'allume immédiatement en ce point-là; de sorte que la repentance ne parvient jamais à ce signe de brûler et réunir le coeur à Dieu, qui est son extrême perfection, qu'elle ne se trouve toute convertie en feu et flamme d'amour, la fin de l'un servant de commencement de l'autre; ains plutôt la fin de la pénitence est dans le commencement de l'amour, comme le pied d'Ésaü était dans la main de Jacob, de telle façon que lorsqu'Ésaü achevait sa naissance, Jacob commençait la sienne, la fin de la naissance de l'un étant jointe, liée, et qui plus est, environnée du commencement de la naissance de l'autre; car ainsi Le commencement de l'amour parfait ne suit pas seulement la fin de la pénitence. Mais il s'attache, il se lie, et, pour le dire en un mot, ce commencement d'amour se mêle avec la fin de la repentance; et en ce moment du mélange, la pénitence et contrition mérite la vie éternelle. Or, parce que cette repentance amoureuse se pratique ordinairement par des élans ou élèvements du coeur en Dieu, pareils à ceux des anciens pénitents : Je suis vôtre, ô mon Dieu, sauvez-moi; ayez Miséricorde de moi, ayez-en Miséricorde; car mon âme se confie en vous. Sauvez-moi, Seigneur, car les eaux submergent mon âme. Faites-moi comme un de vos mercenaires. Seigneur, soyez-moi propice, à moi pauvre pécheur. Ce n'est pas sans raison que quelques-uns ont dit que l'oraison justifiait; car l'oraison repentante, ou la repentance suppliante, élevant l'âme à Dieu et la réunissant à sa bonté, obtient sans doute le pardon en vertu du saint amour qui lui donne le mouvement sacré. Et partant nous devons tous avoir force (beaucoup de semblables oraisons) telles oraisons jaculatoires faites par manière de repentance amoureuse et de souhaits requérant notre réconciliation avec Dieu; afin que par icelles prononçant devant le Sauveur notre tribulation, nous répandions nos âmes devant et dedans son coeur pitoyable, qui les recevra à merci. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 25 Mai 2024, 09:25 | |
| CHAPITRE XXI.
Comme les attraits amoureux de notre Seigneur nous aident et accompagnent jusqu'à la foi et la charité.Entre le premier réveil du péché ou de l'incrédulité, et la résolution finale que l'on prend de croire parfaitement, il y a souventes fois (souvent) beaucoup de temps, pendant lequel on peut prier, comme fit saint Pacôme, ainsi que nous avons vu. Et comme le père du pauvre lunatique, lequel, au rapport de saint Marc, assurant qu'il croyait, c'est-à-dire qu'il commençait à croire, connut quant et quant (en même temps) quil ne croyait pas assez, donc il sécria : Eh! Seigneur, je crois, mais aidez mon incrédulité; comme s'il eût voulu dire : je ne suis plus dans l'obscurité de la nuit d'infidélité, déjà les rayons de votre foi éclairent sur l'horizon de mon âme; mais néanmoins je ne crois pas encore convenablement, c'est une connaissance encore toute faible et mêlée de ténèbres : hélas! Seigneur, secourez-moi. Aussi le grand saint Augustin prononce solennellement cette remarquable parole : Écoute une fois, ô homme! et entends. N'es-tu pas tiré? Prie, afin que tu sois tiré: en laquelle son intention n'est pas de parler du premier mouvement que Dieu fait en nous sans nous, lorsqu'il nous excite et éveille du sommeil de péché. Car, comme pourrions-nous demander le réveil, puisque personne ne peut prier avant qu'être éveillé? Mais il parle de la résolution que l'on prend dêtre fidèle : car il estime que croire c'est être tiré; et partant il admoneste ceux qui ont été excités à croire en Dieu, de demander le don de la foi; et personne certes ne pouvait mieux savoir les difficultés qui se passent ordinairement entre le premier mouvement que Dieu fait en nous, et la parfaite résolution de bien croire, que saint Augustin, qui ayant reçu une si grande variété d'attraits, par les paroles du glorieux saint Ambroise, par la conférence faite avec Potitian, et mille autres moyens, ne laissa pas néanmoins d'user de tant de remises, et d'avoir tant de peine à se résoudre; si qu'à lui de vrai(en vérité), plus qu'à nul autre, on eût pu bien dire ce qu'il dit par après aux autres : Hélas! Augustin, si tu nes pas tiré, si tu ne crois pas, prie que tu sois tiré, et que tu croies. Notre Seigneur tire les coeurs par les délectations qu'il leur donne, lesquelles font trouver la doctrine céleste douce et agréable: mais avant que cette douceur ait engagé et lié la volonté par ses amiables liens, pour la tirer à l'acquiescement et consentement parfait de la foi; comme Dieu ne manque pas d'exercer sa bonté sur nous par ses saintes inspirations, aussi notre ennemi ne cesse point de pratiquer sa malice par ses tentations. Et cependant nous demeurons en pleine liberté de consentir aux attraits célestes, ou de les rejeter : car comme le sacré concile de Trente a clairement résolu : « Si quelqu'un disait que le franc arbitre de l'homme étant rué et incité de Dieu, ne coopère en rien, consentant à Dieu, qui l'émeut et l'appelle, afin qu'il se dispose et prépare pour obtenir la grâce de la justification, et qu'il ne peut n'y consentir point s'il veut; certes un tel serait excommunié et réprouvé de l'Église. » Que si nous ne repoussons point la grâce du saint amour, elle va se dilatant par des continuels accroissements dedans nos âmes, jusquà ce qu'elles soient entièrement converties, comme les grands fleuves qui, trouvant tes plaines ouvertes, se répandent et prennent toujours plus de place. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 26 Mai 2024, 12:18 | |
| CHAPITRE XXI. Comme les attraits amoureux de notre Seigneur nous aident et accompagnent jusqu'à la foi et la charité.Que si l'inspiration nous ayant tirés à la fois ne rencontre point de résistance en nous, elle nous tire même jusques à la pénitence et charité. Saint Pierre, comme un apode relevé par l'inspiration que les yeux de son maître lui donnèrent, se lais (?) saut librement mouvoir et porter-à ce doux vent du Saint-Esprit, regarde les yeux salutaires qui l'avaient excité, il lit en iceux, comme au livre de vie, la douce semonce du pardon que la débonnaireté divine lui offre. Il en tire un juste motif d'espérance, il sort de la cour, il considère l'horreur de son péché et le déteste, il pleure, il gémit, il prosterne son misérable coeur devant celui de la Miséricorde de son Seigneur, il crie merci pour sa faute, il se résout à une inviolable fidélité; et par ce progrès de mouvements pratiqués à la faveur de la grâce qui le conduit, l'assiste et l'aide continuellement, il parvient enfin à la sainte rémission de ses péchés, passant ainsi de grâce en grâce, selon que saint Prosper assure, que sans la grâce on ne court point à la grâce. Ainsi donc, pour conclure ce point, l'âme prévenue de la grâce, sentant les premiers attraits, et consentant à leur douceur, comme revenant à soi, après une si longue pâmoison, elle commence à soupirer ces paroles: Hélas! ô mon cher époux! mon ami ! tirez-moi, je vous prie, et me prenez par-dessous les bras, car je ne puis autrement aller; mais si vous me tirez, nous courrons: vous en m'aidant par l'odeur des parfums, et moi correspondant par mon faible consentement, et odorant vos suavités qui me renforcent et revigorent (fortifient) toute jusqu'à ce que le baume de votre nom sacré, c'est-à-dire l'onction salutaire de ma justification, soit répandu en moi. Voyez-vous, Théotime, elle ne prierait pas, si elle n'était excitée; mais sitôt qu'elle l'est et quelle sent les attraits, elle prie qu'on la tire ; étant tirée, elle court : mais elle ne courrait pas, si les parfums qui l'attirent et par lesquels on la tire, ne lui avivaient le coeur par la force de leur odeur précieuse : et comme elle court plus fort, et qu'elle s'approche de plus près de son céleste époux, elle sent toujours plus délicieusement les suavités qu'il répand, jusqu'à ce qu'enfin lui-même s'écoule dedans son coeur par manière de baume répandu : si qu'elle s'écrie, comme surprise de ce contentement non sitôt attendu et inopiné : ô mon époux, vous êtes un baume versé dans mon sein : ce n'est pas merveille si les jeunes âmes vous chérissent. En cette façon, très cher Théotime, l'inspiration céleste vient à nous et nous prévient, excitant nos volontés à l'amour sacré. Que si nous ne la repoussons pas, elle vient avec nous et nous environne, pour nous inciter et pousser toujours plus avant; et si nous ne l'abandonnons, elle ne nous abandonne point qu'elle ne nous ait rendus au port de la très sainte charité, faisant pour nous les trois offices que le grand ange Raphaël fit pour son cher Tobie: car elle nous guide en tout notre voyage de la sainte pénitence; elle nous garantit des périls et des assauts du diable, et nous console, anime et fortifie en nos difficultés, Source : Livres-mystiques.com Sue Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 27 Mai 2024, 03:25 | |
| CHAPITRE XXII
Briève description de la charité.Voilà donc enfin, mon cher Théotime, comme Dieu, par un progrès plein de suavité ineffable, conduit l'âme qu'il fait sortir hors de l'Égypte du péché, d'amour en amour, comme de logement en logement, jusqu'à ce qu'il l'ait fait entrer en la terre de promission, je veux dire, en la très sainte charité, laquelle, pour le dire en un mot, est une amitié, et non pas un amour intéressé. Car, par la charité, nous aimons Dieu pour l'amour de lui-même, en considération de sa bonté très souverainement aimable : mais cette amitié est une vraie amitié car elle est réciproque, Dieu ayant aimé éternellement quiconque l'a aimé, l'aime, ou l'aimera temporellement. Elle est déclarée et reconnue mutuellement, attendu que Dieu ne peut ignorer l'amour que nous avons pour lui, puisque lui-même nous le donne : ni nous aussi ne pouvons ignorer celui qu'il a pour nous, puisqu'il l'a tant publié, et que nous reconnaissons tout ce que nous avons de bon, comme véritables effets de sa bienveillance; et enfin nous sommes en perpétuelle communication avec lui qui ne cesse de parler à nos coeurs par inspirations, attraits et mouvements sacrés. Il ne cesse de nous faire du bien et rendre toutes sortes de témoignages de sa très sainte affection, nous ayant ouvertement révélé tous ses secrets comme à ses amis confidents. Et pour comble de son saint amoureux commerce avec nous, il s'est rendu notre propre viande au très saint sacrement de l'Eucharistie. Et quant à nous, nous traitons avec lui à toutes heures quand il nous plait, par la très sainte oraison, ayant toute notre vie, notre mouvement et notre être non seulement avec, lui, mais en lui et par lui. Or, cette amitié n'est pas une simple amitié, mais amitié de dilection, par laquelle nous faisons élection de Dieu pour l'aimer d'amour particulier. Il est choisi, dit l'épouse sacrée, entre mille. Elle dit entre mille; mais elle veut dire entre tous. C'est pourquoi cette dilection n'est pas dilection de simple excellence, ains une dilection incomparable ; car la charité aime Dieu par une estime et préférence de sa bonté si haute et relevée au-dessus de toute autre estime, que les autres amours, ou ne sont pas vrais amours en comparaison de celai-ci, ou, s'ils sont vrais amours, celui-ci est infiniment plus qu'amour. Et partant, Théotime, ce n'est pas un amour que les forces de la nature, ni humaine, ni angélique, puissent produire, ains le Saint-Esprit le donne et le répand en nos coeurs: et comme nos âmes qui donnent la vie à nos corps, n'ont pas leur origine de nos corps, mais sont mises dans nos corps par la providence naturelle de Dieu; ainsi la charité qui donne la vie à nos coeurs, n'est pas extraite de nos coeurs, mais elle y est versée, comme une céleste liqueur, par la providence surnaturelle de sa divine majesté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 27 Mai 2024, 22:36 | |
| CHAPITRE XXII
Briève description de la charité.Nous l'appelons donc amitié surnaturelle pour cela; et de plus encore, parce qu'elle regarde Dieu et tend à lui, non selon la science naturelle que nous avons de sa bonté, mais selon la connaissance surnaturelle de la foi. C'ést pourquoi, avec la foi et l'espérance, elle fait sa résidence en la pointe et cime de l'esprit, et comme une reine de majesté elle est assise dans la volonté comme en son trône, d'où elle répand sur toute l'âme ses suavités et douceurs, la rendant par ce moyen toute belle, agréable et aimable à la divine bonté: de sorte que si l'âme est un royaume duquel le Saint-Esprit soit le roi, la charité est la reine séante à sa d'extre en robe dor recamée (brodée) de belles variétés. Si l''âme est une reine, épouse du grand roi céleste, la charité est sa couronne qui embellit royalement sa tête. Mais si l'âme avec son corps est un petit monde, la charité est le soleil qui orne tout, échauffe tout et vivifie tout. La charité donc est un amour d'amitié, une amitié de dilection, une dilection de préférence, mais de préférence incomparable, souveraine et surnaturelle, laquelle est comme un soleil en toute lâme pour l'embellir de ses rayons, en toutes les facultés spirituelles pour les perfectionner, en toutes les puissances pour les modérer, mais en la volonté comme en son siège, pour y résider et lui faire chérir et aimer son Dieu sur toutes choses. O que bienheureux est l'esprit dans lequel cette sainte dilection est répandue, puisque tous biens lui arrivent pareillement avec icelle ! LIVRE TROISIÈME
DU PROGRÈS ET PERFECTIONNEMENT DE L'AMOUR.
CHAPITRE PREMIER
Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous.Le sacré concile de Trente nous assure que les amis de Dieu, allant de vertu en vertu, sont renouvelés de jour en jour, c'est-à-dire croissent par bonnes oeuvres en la justice qu'ils ont reçue par la grâce divine, et sont de plus en plus justifiés, selon ces célestes avertissements : Qui est juste, qu'il soit derechef justifié, et qui est saint, qu'il soit encore plus sanctifié. Ne doute point d'être justifié jusques à la mort. Le sentier des justes s'avance et croit comme une lumière resplendissante jusques au jour parfait. Faisant la vérité avec charité, croissons en tout en celui qui est le chef, à savoir Jésus-Christ . Et enfin je vous prie, que votre charité croisse de plus en plus qui sont toutes paroles sacrées selon David, saint Jean, l'Ecclésiastique et saint Paul. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 28 Mai 2024, 21:44 | |
| LIVRE TROISIÈME
CHAPITRE PREMIER
Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous.
Je n'ai jamais su qu'il se trouvât aucun animal qui n'eût point de bornes et limites en sa croissance, sinon le crocodile, qui étant extrêmement petit en son commencement, ne cesse jamais de croître tandis qu'il est en vie ( Les crocodiles, en effet, vivent très longtemps et leur accroissement est très lent) en quoi il représente également et les bons et les mauvais; car loutrecuidance de ceux qui haïssent Dieu monte toujours, dit le grand roi David, et les bons croissent comme l'aube du jour de splendeur en splendeur, et de demeurer en un état de consistance longuement, il est impossible. Qui ne gagne perd en ce trafic; qui ne monte, descend en cette échelle; qui n'est vainqueur, est vaincu en ce combat. Nous vivons entre les hasards des batailles que nos ennemis nous livrent ; si nous ne résistons, nous périssons, et nous ne pouvons résister sans surmonter; ni surmonter sans victoire; car, comme dit le glorieux saint Bernard, il est écrit très spécialement de l'homme, que jamais il n'est en un même état; il faut ou qu'il avance, ou qu'il retourne en arrière. « Tous courent, mais un seul emporte. le prix; courez, en sorte que vous l'obteniez. Qui est le prix, sinon Jésus-Christ, et comme le pourrez-vous appréhender, si vous ne le suivez? Que si vous le suivez, vous irez et courrez toujours; car il ne s'arrêta jamais, ains continua la course de son amour et obéissance jusques à la mort, et la mort de la croix.» Allez donc, dit saint Bernard, allez, dis-je, avec lui; allez, mon cher Théotime, et n'ayez point d'autres bornes que celles de votre vie, et tandis qu'elle durera, courez après ce Sauveur, mais courez ardemment et vitement: car de quoi vous servira de le suivre, si vous n'êtes si heureux que de lacconsuivre (Acconsuivre, atteindre)? Ecoutons le Prophète : J'ai incliné mon coeur à taire vos justifications éternellement. Il ne dit pas qu'il les gardera pour un temps, mais pour jamais; et parce qu'il veut éternellement bien faire, il aura un éternel salaire. Bienheureux sont ceux qui sont purs en la voie, qui marchent en la loi du Seigneur. Malheureux sont ceux qui sont souillés, qui ne marchent point en la Loi du Seigneur: il n'appartient qu'à Satan de dire qu'il sera assis sur les flancs dAquilon. Détestable, tu seras assis. Hé ! ne connais-tu pas que tu es au chemin, et que le chemin n'est pas fait pour s'asseoir, mais pour marcher? Et il est tellement fait pour marcher, que marcher s'appelle cheminer. Et Dieu parlant à l'un de ses plus grands amis : Marche, lui dit-il, devant moi, et sois parfait. La vraie vertu n'a point de limites, elle va toujours outre ; mais surtout la sainte charité, qui est la vertu des vertus, et laquelle, ayant un objet infini, serait capable de devenir infinie, si elle rencontrait un coeur capable de l'infinité ; rien n'empêchant cet amour d'être infini, que la condition de la volonté qui le reçoit et qui doit agir par icelui, condition à raison de laquelle, comme jamais personne ne verra Dieu autant qu'il est visible, aussi onc nul ne le peut aimer autant qu'il est aimable. Le coeur qui pourrait aimer Dieu d'un amour égal à la divine bonté, aurait une volonté infiniment bonne, et cela ne peut être qu'en Dieu seul. La charité donc entre nous peut être perfectionnée jusques à linfini, mais exclusivement, c'est-à-dire la charité peut être rendue de plus en plus et toujours plus excellente, mais non pas que jamais elle puisse être infinie. L'esprit de Dieu peut élever le nôtre, et l'appliquer à toutes les actions surnaturelles qu'il lui plait, tandis qu'elles ne sont pas infinies, d'autant qu'entre les choses petites et les grandes, pour excessives qu'elles soient, il y a toujours quelque sorte de proportion, pourvu que l'excès des excessives ne soit pas infini ; mais entre le fini et l'infini il n'y a nulle proportion, et pour y en mettre, il faudrait ou relever le fini et le rendre infini, ou ravaler l'infini et le rendre fini; ce qui ne peut être. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 29 Mai 2024, 23:28 | |
| LIVRE TROISIÈME
CHAPITRE PREMIER
Que l'amour sacré peut être augmenté de plus eu plus en un chacun de nous. De sorte que la charité même qui est en notre Rédempteur en tant qu'il est homme, quoiqu'elle soit grande, au-dessus de tout ce que les anges et les hommes peuvent comprendre, si est-ce qu'elle n'est pas ( bien qu'elle ne soit pas) infinie en son être et d'elle-même, ains seulement en l'estime de sa dignité et de son mérite; parce qu'elle est la charité d'une personne d'infinie excellence, c'est-à-dire d'une personne divine, qui est le Fils éternel du Père tout-puissant. Cependant c'est une faveur extrême pour nos âmes qu'elles puissent croître sans fin de plus en plus en l'amour de: leur Dieu, tandis qu'elles sont en cette vie caduque, Montant à la vie éternelle, De vertu en vertu nouvelle CHAPITRE II
Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour. Voyez-vous, Théotime, ce verre d'eau ou ce petit morceau de pain qu'une sainte âme donne au pauvre pour Dieu, c'est peu de fait certes, et chose presque indigne de considération selon le jugement humain; Dieu néanmoins le récompense, et tout soudain donne pour cela quelque accroissement de charité. Les poils de chèvre présentés anciennement au tabernacle étaient bien reçus, et tenaient lieu entre les saintes offrandes; et les petites actions qui procèdent de la charité, sont agréables à Dieu, et ont leur place entre les mérites; car, comme en l'Arabie Heureuse, non seulement les plantes de nature aromatique, mais toutes les autres sont odorantes, participant au bonheur de ce solage (sol, terroir); ainsi en l'âme charitable non seulement les oeuvres excellentes de leur nature, mais aussi les petites besognes se ressentent de la vertu du saint amour, et sont en bonne odeur devant La majesté divine, qui à leur considération augmente la sainte charité. Or, je dis que Dieu fait cela, parce que la charité ne produit passes accroissements comme un arbre qui pousse ses rameaux, et les fait sortir par sa propre vertu les uns des autres; ains comme la foi, l'espérance et la charité sont des vertus qui ont leur origine dans la bonté divine, aussi en tirent-elles leur augmentation et perfection, à guise des avettes (abeilles), lesquelles, étant extraites du miel, prennent aussi leur nourriture d'icelui. Par quoi tout ainsi que les perles prennent non seulement leur naissance, mais aussi leur aliment de la rosée, les mères perles ouvrant pour cet effet leurs écailles du côté du ciel (Opinion populaire, qui n'est pas appuyée sur science), comme pour mendier les gouttes que la fraîcheur de l'air fait écouler à l'aube du jour; de même ayant reçu la foi, l'espérance et la charité de la bonté céleste, nous devons toujours retourner nos coeurs et les tenir tendus de ce côté-là, pour en impétrer la continuation et l'accroissement des mêmes vertus. O Seigneur, nous fait dire la sainte Eglise notre mère, donnez-nous l'augmentation de la foi, de l'espérance et de la charité, et c'est à l'imitation de ceux qui disaient au Sauveur : Seigneur, accroissez la foi en nous, et selon l'avis de saint Paul, qui assure que Dieu seul est puissant de faire abonder en nous toute grâce. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 31 Mai 2024, 09:10 | |
| CHAPITRE II Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour.C'est donc Dieu qui fait cet accroissement en considération de l'emploi que nous faisons de sa grâce, selon qu'il est écrit : A celui qui a, c'est-à-dire qui emploie bien les faveurs reçues, on lui en donnera davantage, et il abondera. Ainsi se pratique l'exhortation du Sauveur : Amassez des trésors au ciel, comme s'il disait: Ajoutez toujours de nouvelles bonnes oeuvres aux précédentes; car ce sont les pièces desquelles vos trésors doivent être composés, le jeûne, l'oraison, l'aumône. Or, comme au trésor du temple les deux petites pièces de la pauvre veuve furent estimées, et qu'en effet, par l'addition des petites pièces, les trésors s'agrandissent et leur valeur s'augmente d'autant; ainsi les moindres petites bonnes oeuvres, quoique faites un peu lâchement, et non selon toute l'étendue des forces de la charité que l'on a, ne laissent pas d'être agréables à Dieu, et d'avoir leur valeur auprès de lui; de sorte qu'encore que d'elles-mêmes elles ne puissent causer aucun accroissement à l'amour précédent, étant de moindre vigueur que lui; la Providence divine toutefois qui en tient compte, et par sa bonté en fait état, les récompense soudain de l'accroissement de la charité pour le présent, et de l'assignation d'une plus grande gloire au ciel pour l'avenir. Théotime, les abeilles font le miel délicieux qui est leur ouvrage de haut prix; mais la cire qu'elles font aussi ne laisse pas pour cela de valoir quelque chose, et de rendre leur travail recommandable. Le coeur amoureux doit tâcher de produire ses oeuvres avec grande ferveur et haute estime, afin d'augmenter puissamment sa charité; mais si toutefois il en produit de moindres, il n'en perdra point la récompense; car Dieu lui en saura gré, c'est-à-dire l'en aimera toujours un peu plus. Or, jamais Dieu n'aime davantage une âme qui a de la charité, qu'il ne lui en donne aussi davantage, notre amour envers lui étant le propre et particulier effet de son amour envers nous. A mesure que nous regardons plus vivement notre ressemblance qui parait en un miroir, elle nous regarde aussi plus attentivement; et à mesure que Dieu jette plus amoureusement ses doux yeux sur notre âme qui est faite à son image et semblance, notre âme réciproquement regarde sa divine bonté plus attentivement et ardemment, correspondant selon sa petitesse à tous les accroissements que cette souveraine douceur fait de son divin amour envers elle. Certes, le sacré concile de Trente parle ainsi: « Si quelqu'un dit que la justice reçue nest pas conservée, et que même elle n'est pas augmentée devant Dieu par bonnes oeuvres; mais que les oeuvres sont seulement fruits et signes de la justification acquise, et non pas cause de l'augmenter, anathème. » Voyez-vous, Théotime, la justification qui se fait par la charité est augmentée par les bonnes oeuvres; et ce qu'il faut remarquer, c'est par les bonnes oeuvres sans exception: car, comme dit excellemment saint Bernard sur un autre sujet, rien n'est excepte, ou rien n'est distingué. Le concile parle des bonnes oeuvres indistinctement et sans réserve, nous donnant à connaître que non seulement les grandes et ferventes, ains aussi les petites et;faibles font augmenter la sainte charité, mais les grandes grandement, et les petites beaucoup moins. Tel est l'amour que Dieu porte à nos âmes, tel le désir de nous faire croître en celui que nous lui devons porter. Sa divine, suavité nous rend toutes choses utiles; elle prend tant à notre avantage; elle fait valoir à notre profit toutes nos besognes, pour basses et débiles qu'elles soient. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 01 Juin 2024, 08:20 | |
| CHAPITRE II Combien notre Seigneur a rendu aisé l'accroissement de l'amour.Au commerce des vertus morales, les petites oeuvres ne donnent point d'accroissement à la vertu de laquelle elles procèdent, ains si elles sont bien petites, elles s'affaiblissent ; car une grande libéralité périt quand elle s'amuse à donner des choses de peu, et de libéralité elle devient chicheté (parcimonie, avarice). Mais au trafic des vertus qui-viennent de la Miséricorde Divine, et surtout de la charité, toutes oeuvres donnent accroissement. Or, ce nest pas merveille si l'amour sacré, comme roi des vertus, n'a rien, ou petit ou grand, qui ne soit aimable; puisque le baume, prince des arbres aromatiques, n'a ni écorce, ni feuille qui ne soit odorante. Et que pourrait produire l'amour qui ne fût digne d'amour et ne tendît à l'amour? CHAPITRE III Comme lâme, étant en charité, fait progrès en icelle.Employons une parabole, Théotime, puisque cette méthode a été si agréable au souverain Maître de l'amour que nous enseignons. Un grand et brave roi ayant épousé une très aimable jeune princesse, et l'ayant un jour menée en un cabinet fort retiré pour s'entretenir avec elle plus à souhait, après quelques discours, il la vit tomber pâmée devant lui, par un accident inopiné. Hélas ! cela létonna extrêmement, et le fit presque tomber lui-même à coeur failli (en défaillance) de l'autre côté; car il l'aimait plus que sa propre vie. Néanmoins, le même amour qui lui donna ce grand assaut de douleur, lui donna quant et quant (en même temps) la force de le soutenir, et il le mit en action pour, avec une promptitude nonpareille, remédier au mal de la chère compagne de sa vie, si qu'ouvrant de vitesse un buffet qui était là, il prend une eau cordiale infiniment précieuse, il ouvre de force les lèvres et les dents serrées de cette bien-aimée princesse, et faisant couler dans sa bouche cette précieuse liqueur, il la fait enfin revenir à soi et reprendre sentiment; puis il la relève doucement, et à force de remèdes, il la ravigore et ravive en telle sorte qu'elle commença à se lever sur pied et se promener tout bellement avec lui, suais non toutefois sans sou aide. il l'allait relevant et soutenant par-dessous le bras jusques à ce qu'enfin il lui mit un épithème (topique différent des onguents) de si grande vertu et si précieux sur le coeur, que lors se sentant tout à fait remise en sa première santé, elle marchait toute seule d'elle-même; son cher époux ne la soutenant plus si fort, ains seulement lui tenant doucement sa main droite entre les siennes, et son bras droit replié sur le sien et sur sa poitrine, il lallait ainsi entretenant et lui faisant en cela quatre offices fort agréables car 1° il lui témoignait son coeur amoureusement soigneux d'elle; 2° il l'allait toujours un peu soulageant; 3° si quelque ressentiment de la défaillance passée lui fût revenu, il l'eût soutenue; 4° si elle eût rencontré quelque pas ou quelque endroit raboteux et malaisé, il l'eût retenue et, appuyée; et ès montées, ou quand elle voulait aller un peu vite, il la soulevait et supportait puissamment. Il se tint donc avec ce soin cordial auprès d'elle jusques à la nuit, qu'il voulut encore l'assister quand on la mit dans son lit royal. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 02 Juin 2024, 06:48 | |
| CHAPITRE III Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.L'âme est épouse de notre Seigneur, quand elle est juste; et parce qu'elle n'est point juste qu'elle ne soit en charité, elle n'est point aussi épouse qu'elle ne soit menée dedans le cabinet de ces délicieux parfums desquels il est parlé ès Cantiques. Or, quand l'âme qui a cet honneur commet le péché, elle tombe pâmée d'une défaillance spirituelle, et cet accident est à la vérité bien inopiné, car qui pourrait jamais penser qu'une créature voulût quitter son Créateur et son souverain bien pour des choses si légères, comme sont les amorces du péché? Certes, le ciel s'en étonne, et si Dieu était sujet aux passions, il tomberait à coeur failli pour ce malheur, comme, lorsqu'il fut mortel, il expira sur la croix pour nous en racheter. Mais puisqu'il n'est plus requis qu'il emploie son amour à mourir pour nous, quand il voit l'âme ainsi précipitée en l'iniquité, il accourt pour l'ordinaire à son aide, et d'une Miséricorde nonpareille entrouvre la porte du coeur par des élans et remords de conscience, qui procèdent de plusieurs clartés et appréhensions qu'il a jetées dedans nos esprits avec des mouvements salutaires, par le moyen desquels, comme par des eaux odorantes et vitales, il fait revenir l'âme à soi et la remet en de bons sentiments; et tout cela, mon Théotime, Dieu le fait en nous sans nous, par sa bonté tout aimable, qui nous prévient de sa douceur; car comme notre épouse pâmée fût demeurée morte en sa pâmoison, sans secours du roi, aussi l'âme demeurerait perdue dans son péché, si Dieu ne la prévenait. Que si l'âme, étant ainsi excitée, ajoute son consentement au sentiment de la grâce, secondant l'inspiration qui la prévenue, et recevant les secours et remèdes requis que Dieu lui a préparés, il la ravigorera et la conduira par divers mouvements de foi, d'espérance et de pénitence, jusques à ce quelle soit tout à fait remise en la vraie santé spirituelle, qui n'est autre chose que la charité. Or, tandis qu'il la fait ainsi passer entre les vertus par lesquelles il la dispose à ce saint amour, il ne la conduit pas seulement, mais il la soutient de telle façon que, comme elle de son côté marche tant qu'elle peut, aussi lui pour sa part la porte et la va soutenant; et ne saurait-on bonnement dire si elle va ou si elle est portée : car elle n'est pas tellement portée qu'elle naille, et va toutefois tellement, que si elle n'était pas portée, elle ne pourrait pas aller. Si que, pour parler à l'apostolique (si bien que; pour parler à lapostolique, comme l'Apôtre), elle doit dire: Je marche, non pas moi seule, ains la grâce de Dieu avec moi. Mais l'âme étant remise tout à fait en sa santé par l'excellent épithème de la charité que le Saint-Esprit met sur le coeur, alors elle peut aller et se soutenir sur ses pieds d'elle-même, en vertu néanmoins de cette santé et de l'épithème sacré du saint amour. C'est pourquoi, encore qu'elle puisse aller d'elle-même, elle en doit toute la gloire à son Dieu qui lui a donné une santé si vigoureuse et si forte. Car, soit que le Saint-Esprit nous fortifie par les mouvements qu'il imprime en nos coeurs, ou qu'il nous soutienne par la charité qu'il y répand, soit qu'il nous secoure par manière d'assistance en nous relevant et portant, ou qu'il renforce nos coeurs, versant en iceux l'amour ravigorant et vivifiant, c'est toujours en lui et par lui que nous vivons, que nous marchons et que nous opérons. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 02 Juin 2024, 21:43 | |
| CHAPITRE III
Comme l'âme, étant en charité, fait progrès en icelle.Néanmoins, bien que moyennant la charité répandue dans nos coeurs nous puissions marcher en la présence de Dieu, et faire progrès en la voie du salut; si est-ce que la bonté divine assiste l'âme à laquelle il a donné son amour, la tenant continuellement de sa sainte main. Car ainsi, 1° il fait mieux paraître la douceur de son amour envers elle; 2° il la va toujours animant de plus en plus; 3° il la soulage contre les inclinations dépravées et les mauvaises habitudes contractées par les péchés passés; 4° et enfin, la maintient et défend contre les tentations. Ne voyons-nous pas, Théotime, que souvent les hommes sains et robustes ont besoin qu'en les provoque à bien employer leur force et leur pouvoir; et que, par manière de dire, on les conduise à l'oeuvre par la main? Ainsi, Dieu nous ayant donné sa charité et par icelle la force et le moyen de gagner: pays (avancer) au chemin de la perfection, son amour néanmoins ne lui permet pas de nous laisser aller ainsi seuls; ains il le fait mettre en chemin avec : nous, il le presse de nous presser, et sollicite son coeur de solliciter et pousser le nôtre à bien employer la sainte charité qu'il nous a donnée : répliquant souvent par ses inspirations les avertissements que saint Paul nous fait : Voyez de ne point recevoir la grâce céleste en vain. Tandis que vous ayez le temps, faites tout le bien que vous pourrez. Courez en sorte que vous en portiez le prix. Si que nous nous devons imaginer souvent qu'il répète aux oreilles de nos coeurs les paroles qu'il disait au bon père Abraham: Marche devant moi et sois parfait. Surtout lassistance spéciale de Dieu est requise à l'âme qui a le saint amour ès entreprises signalées et extraordinaires : car bien que la charité, pour, petite qu'elle soit, nous donne assez dinclination, et, comme je pense, une force suffisante peur faire les oeuvres nécessaires au salut. Si est-ce néanmoins que, pour aspirer et entreprendre des actions excellentes et extraordinaires, nos coeurs ont besoin d'être poussés et rehaussés par la main et le mouvement de ce grand amoureux céleste : comme la princesse de notre parabole, laquelle, quoique bien remise en santé, ne pouvait faire des montées, ni aller bien vite, que son cher époux ne la relevât et soutint fortement. Ainsi, saint Antoine et saint Siméon Stylite étaient en la grâce et charité de Dieu, quand ils firent dessein d'une vie si relevée; comme aussi la bienheureuse mère Térèse, quand elle fit le voeu d'obéissance spéciale ; saint François et saint Louis, quand ils entreprirent le voyage d'outre mer pour la gloire de Dieu; le bienheureux François Xavier, quand il consacra sa vie à la conversion des Indois; saint Charles, quand il s'exposa au service des pestiférés; saint Paulin, quand il se vendit pour racheter l'enfant de la pauvre veuve: jamais pourtant ils n'eussent fait des coups si hardis et généreux, si, à la charité qu'ils avaient en leurs coeurs, Dieu n'eût ajouté des inspirations, semonces, lumières et forces spéciales, par lesquelles il les animait et poussait à ces exploits extraordinaires de la vaillance spirituelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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