"Le foetus doit faire l'objet du respect que l'on doit à son origine humaine", selon le Comité national d'éthique
PARIS (AP) - Plus de deux mois après l'annonce de la découverte d'un nombre important de foetus et de corps d'enfants mort-nés à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a souligné lundi que "le foetus doit faire l'objet du respect que l'on doit à son origine humaine".
Dans un avis rendu public lors d'une conférence de presse et intitulé "A propos de la conservation des corps des foetus et enfants mort-nés", le CCNE, saisi le 2 août dernier par le Premier ministre Dominique de Villepin, a ajouté que "le foetus ne peut en aucune façon être considéré comme un 'déchet hospitalier'". Par ailleurs, "le désir des parents concernant le devenir du corps du foetus ou du nouveau né doit toujours être respecté quelqu'il soit", a observé le comité dans le cadre de ses recommandations.
Au lendemain de l'affaire de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, certains médecins insistaient sur l'importance de conserver ces foetus à des fins d'enseignement ou de recherche tout en soulignant à l'époque la négligence des responsables.
"La notion de collection de foetus gardés par la science pour voir dans le futur n'a plus de sens", a déclaré lundi le Pr Didier Sicard, président du CCNE. "D'une part, parce que l'imagerie, la biologie moléculaire se substituent à la conservation du corps", d'autre part parce "le regard sur le foetus ayant changé, on ne peut pas imaginer que la médecine accapare ce moment de l'humanité dans des bocaux de formol comme ça, à titre de bibliothèque".
"Cela ne veut pas dire qu'il faille détruire les collections qui existent. Elles appartiennent au patrimoine de l'humanité", a ajouté Didier Sicard. "Il est fondamental que la médecine continue de travailler mais qu'elle le fasse en respectant le désir des parents".
De son côté, le Pr Claude Sureau, ancien président de l'Académie de médecine, a déclaré que l'avis du CCNE, rendu public lundi, "se rattachait très clairement à l'avis 87 qui avait trait au refus de soins". "Dans les deux cas", a-t-il souligné, "il s'agit de prendre en compte ce que Bernard Kouchner appelle la démocratie sanitaire".
"La volonté des parents doit être respectée, ce qui n'a aucun caractère révolutionnaire ou surprenant (...). Nous voulons que l'avis des parents soit respecté totalement pour le devenir du foetus".
"Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas faire d'autopsies", a insisté Claude Sureau. "L'autopsie est abandonnée en France. Or l'anatomopathologie est indispensable pour le diagnostic et le pronostic des grossesses ultérieures".
Une fois l'autopsie réalisée, le CCNE recommande que "tout élement identifiant en totalité ou partie le foetus", soit "incinéré ou inhumé, (...) dans des délais courts prescrits. Aucune conservation à moyen ou long terme d'un foetus ne doit se faire en dehors d'une raison scientifique majeure, accompagnée alors du consentement des parents". AP
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