Bonjour,
Texte très interessant sur l'hypocrisie des évêques français (et québécois, nous vivons le même problème) face au Motu proprio...
http://pagesperso-orange.fr/radix.ecclesiae/inf.messe-latin.html
Document fourni par : www.de-ecclesia.comMotu Proprio "Summorum pontificum" du 7 juillet 2007 sur la messe tridentineTexte du motu proprio - Lettre de Benoît XVI aux évêques
Les commentaires sur le "retour de la messe en latin" : intox et erreurs fréquentesFrance 2 et TF1, aux journaux télévisés du 8 juillet 2007, ont affirmé qu'en raison du motu proprio, les prêtres devraient devenir "bilingues" (!). De son côté l'AFP nous a affirmé dans un communiqué du 28 juin 2007 (16h38) à propos de la messe en latin
"que Vatican II lui préférait la messe dans la langue vernaculaire, le prêtre face aux fidèles, communion debout, etc."Erreur de journalistes qui se sont fait bourrer le crâne par de soi-disant spécialistes ou propos volontairement mensonger ? On a envie de dire : les deux, mon général.
Soyons clairs : la presse, (y compris catholique, comme
La Vie ou
Pélerin Magazine) est toujours très critique dès lors que les orientations catholiques sont un peu trop romaine ou bien de "sensibilité" classique. Mais pas seulement elle.
Il y a, dans le clergé, beaucoup de prêtres qui pèsent de tout leur poids pour convaincre les fidèles de s'opposer à la volonté du Vatican. Ainsi, depuis le Concile Vatican II, on a vu se développer un ostracisme virulent anti-latin, anti-romain, et tout ça en se réclamant des nouveautés apportées par le Concile. Or... tout ceci est une immense déformation de la vérité.
Concernant le latin, voici ce que dit précisément le Concile par sa constituation
Sacrosanctum Concilium sur la liturgie :
- SC 36,1 :
"§1 - L'usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins. § 2 - Toutefois l'emploi de la langue du pays peut être très souvent utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place". On cherche vainement, dans ces lignes, une obligation de la langue du pays, et on voit qu'en fait il s'agit de la possibilité - et non de l'obligation - de lui donner plus de place (ajoutons : et certainement pas toute la place, c'est explicite).
- SC 54 :
"On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec concours de peuple (....) on veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine". Ici encore, lorsqu'il s'agit de la langue du pays le texte parle de possibilité, mais lorsqu'il s'agit du latin, le texte utilise une forme grammaticale impérative. Nul besoin de faire plus de commentaires.
- SC 116 :
"L'Eglise reconnaît donc dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales doit occuper la première place." A ceux qui l'auraient oublié, rappelons que le chant grégorien ne peut se chanter qu'en latin.
La "langue du pays à priori obligatoire", voilà bien de l'intox. Mais à qui la doit-on ? Qui prend soin de désinformer le public ? Les journalistes ? Pas seulement !
Depuis le Concile, de nombreux prêtre se sont engouffrés dans cette permission linguistique - et bien d'autres encore - pour faire passer ce qui est permis comme étant des obligations.
Ainsi, pendant plusieurs dizaines d'années, la génération qui a fait Mai 68 a réalisé un travail d'imprégnation des mentalités - presque un lavage de cerveaux - pour faire croire que son idéologie catholique était LA nouvelle ligne de l'Eglise Catholique. Or rien n'est plus faux.
Depuis l'abandon de l'habit presbytéral jusqu'à l'élimination du latin, il s'est agit de former plusieurs générations de catholiques en les coupant culturellement - et souvent aussi doctrinalement - de l'autorité romaine.
"Ici on est en France. Rome, c'est Rome". Cette affirmation, beaucoup de prêtres l'on prononcée, cédant à la tentation d'un autonomisme gallican qui se justifie par lui-même. Naturellement, depuis mai 68 et ses prémices, les choses se sont souvent passées de manière feutrées. La dernière en date : l'absence d'édition française du nouveau missel qui, bien que promulgué à Rome un peu avant Pâques 2002, est toujours dans les tiroirs. En 2007 on apprend, sur le site du CNPL (organisme piloté par les Evêques de France) que
"Le chantier de traduction en français du nouveau Missel va pouvoir démarrer sous l’autorité de la CIFTL (Commission internationale francophone pour les traductions et la liturgie). Celui-ci devra être approuvé par les évêques des pays francophones puis être reconnu à Rome avant d’être publié en français (d’ici quelques années)". En effet, 5 ans plus tard, la traduction n'a toujours pas débuté, et nécessite un "chantier" qui lui-même se fait attendre. Pourquoi ?
Parce que les modifications apportées par ce nouveau Missel dérange les habitudes.
Alors évidemment, quand on annonce "le retour de la messe en latin"...
Mais il convient ici de se poser des questions :
- pourquoi aujourd'hui les opposants au latin vont-ils chercher les textes du Concile, alors que cela fait des années qu'ils ignorent ces même textes, surtout lorsque ceux-ci parlent de conserver le latin à la messe ?
- comme l'a précisé Mgr Ricard (interview TF1 à Lourdes, 5/10/06), il n'est pas question d'envisager dans l'Eglise une "liturgie à la carte". C'est évident, mais alors pourquoi le latin est-il proscrit en France alors que
Sacrosanctum Concilium lui garde une place majeure depuis le Concile ? N'est-ce pas la France toute entière qui s'est fabriquée, de fait, une "liturgie à la carte" pendant un demi-siècle ?
- pourquoi faire croire qu'il s'agit du retour général à la messe en latin, alors que la volonté de Benoît XVI est simplement de l'autoriser à ceux qui la demandent ? On l'a bien vu depuis la publication du motu proprio "
Summorum pontificum" : rien n'est venu perturber les habitudes de ceux qui n'en veulent pas. Alors... où est le problème ?
Le problème est que le système ecclésial français s'est doté de structures qui assurent leur pérennité sur... l'usage du français !
Un premier exemple : le CNPL (autre organe des Evêques de France) a déposé des copyrights sur les traductions liturgiques, de sorte que si l'on publie "Notre Père, qui es aux Cieux... " il faut payer des droits !! Système très habile de taxation qui rend très coûteux l'édition d'un nouveau missel (!) par des initiatives privées (on se souviendra de la vilaine affaire du "Missel Ephata"). Imaginons un instant - et c'est ce qui risque d'arriver - que le latin ait du succès en France ; c'est simple : les rentrées financières du CNPL chuteront. Ajoutons : c'est même inévitable, puisque le texte latin, lui, est gratuit (!).
Un deuxième exemple : des éditeurs catholiques se sont assurés un marché juteux à base d'éditions de revues et de partitions (publications "Signe musique" et "Prions en l'Eglise"), entretenu par un savant business créant un besoin en chants franco-français écrits par une sphère trés délimitée d'auteurs et éditeurs qui se cooptent entre eux. La qualité musicale que permet le latin offrirait rapidement aux oreilles des fidèles des pièces bien plus esthétique et priantes... oui, le danger est immense pour ce commerce lucratif. Et les "compositeurs" actuels, embourbés dans un style musical indigent, auraient bien du mal à survivre au retour de la qualité musicale dans les églises...
Un troisième exemple : la messe diffusée sur France 2 dans l'émission "Le jour du Seigneur". Pendant de très longues années les organisateurs ont bien pris soin de ne diffuser que des messes "bien de chez nous", avec le répertoire musical mentionné précédemment. Ceux qui dirigeaient ce choix culturel et liturgique appartiennent à cette génération qui a inventé l'autonomisme liturgique français, et qui ne veulent pas en démordre. Et si aujourd'hui on sent de temps à autre un fremissement en faveur du latin dans la célèbre émission, elle reste encore pour sa majeure partie une vitrine publicaitre idéale pour la production des éditeurs franco-français catholiques.
Comment oublier que les prêtres qui aujourd'hui critiquent l'initiative de Benoît XVI sont aussi ceux qui désobéissent à l'Eglise ?
Leur a-t-elle permi de ne plus porter de vêtements sacerdotal ? Non, jamais. Leur a-t-elle permi de procéder - dans les années 90 - à des absolutions de péchés collectives ? Non, jamais. Leur a-t-elle permi d'abandonner le port de la chasuble, pourtant obligatoire, pour célebrer la messe ? Non, jamais. Leur a-t-elle permi d'interdire le latin ? Non, jamais.
Mais ces prêtres voudraient aujourd'hui se réclamer de l'unité de l'Eglise pour justement refuser le latin. Eux n'ont obéi qu'à ce qu'ils ont voulu pendant 40 ans, mais voilà qu'ils voudraient par contre que les fidèles les suivent aveuglément. Des paradoxes, rien que des paradoxes !
Enfin il y a une chose qui fait peur au clergé français anti-latin, c'est un sujet tabou... et pour cause :
il s'agit de la moyenne d'âge de ceux qu'on appelle les "cathos tradis". Il faut le dire : les jeunes sont nombreux aux messes en latin ! Il suffit de comparer d'un coup d'oeil les assemblées dominicales pour se faire une idée ! Quant aux vocations sacerdotales, c'est encore plus flagrant : les fraternités sacerdotales traditionnalistes ont leur séminaires pleins, alors que certains diocèses français n'ont plus aucun séminaristes ! En matière d'attraction des jeunes et de préparation de l'avenir, il y a bien une réussite pour les uns, et un échec pour les autres.
Pourquoi ?
Parce que pendant un demi-siècle le clergé à tout fait pour disparaître. Il a voulu gommer tous les signes distinctifs, alors que les jeunes mènent tous une quête identitaire, dans les quartiers bourgeois comme dans les banlieues. Erreur magistrale et gros plantage en matière de Communication extérieure. Sur le terrain laissé en jachère, trois influences ont émergé : le catholicisme traditionaliste, les sectes et le mouvement gothique. Et à qui s'en prend le clergé français ? Au premier ! Un comble !
Au final, que va-t-il se passer ?
Après 50 ans d'endoctrinement anti-latin, on aura fait croire que la messe du Concile ne pouvait pas être en latin, et effectivement, elle n'aura pratiquement pratiquement jamais existé ! Résultat des courses, ce n'est pas la messe du Concile en latin que l'on va voir se généraliser, mais la messe en latin d'avant le Concile !!! On ne pouvait pas imaginer un échec plus magistral de la stratégie d'opposition au latin !
Cet erreur est pourtant discernable depuis de nombreuses années. Mais personne, semble-t-il, ne l'a vu se profiler à l'horizon. Et on peut même dire qu'elle se répète avec une constance admirable :
les pressions de la génération des 60-70 ans sur les jeunes prêtres qui veulent le retour à une liturgie de qualité se font de plus en plus impérieuses, et sont encore très efficaces. Or ce sont autant de victoires à la Pyrrhus, car les jeunes générations ne comprennent pas que l'on maintienne des combats fratricides, et le temps aidant, tout celà ne consiste qu'à reculer pour mieux sauter... dans très peu de temps.
Les français "gallicans" ont un peu vite oublié que le Pape a une planète entière à gérer. Avec de vastes continents, notamment l'Afrique, l'Asie et les pays de l'Est, qui considèrent les Français comme des enfants gâtés n'ayant que "des problèmes de gens qui n'ont pas de problèmes". Car le latin, dans tous ces lieux, ne pose pas l'ombre d'une difficulté. Et ces peuples sont bien plus nombreux que nous, pauvres Français qui nous croyons si importants !
Curieusement, la dernière accusation inventée de toute pièce avait prétendu que Benoît XVI préparait une "réforme" de la liturgie. Sous entendu : attention, bientôt vous serez obligés d'aller à la messe en latin, c'est grave ! Rappelons encore une fois les textes du Concile sur la question du latin, mais surtout, que les choses soient bien claires : il n'y a eu AUCUNE réforme liturgique. Tout ce qui a été dit était bel et bien un mensonge. Que l'on réfléchisse à ceux qui les ont proférés, et que chacun fasse le tri.
Texte du motu proprio - Lettre de Benoît XVI aux évêques