R. P. Pierre TOULEMONT de la Compagnie de Jésus
Introduction à « La Vie et les Œuvres de Marie Lataste »
LES REVELATIONS PRIVES.
Principes et Notions Sommaires.
I.
Dans l'ordre de la grâce, comme dans l'ordre de la nature, il est vrai de dire que Dieu a tout fait avec nombre, poids, et mesure. En un sens très réel et très exact, l'on peut affirmer que le monde surnaturel est régi, lui aussi, par des lois générales et constantes. Au sein de cette économie divine, pas de mobilité capricieuse, pas d'arbitraire, pas d'irrégularités ni de dissonances choquantes ; mais toujours la sagesse, l'unité, l'harmonie ; une harmonie qui, pour être plus variée, plus souple, en quelque sorte, que celle du monde physique, n'en est que plus belle, plus excellente et plus parfaite.
Voyez, par exemple, comment se conserve et se distribue dans l'Église la vérité révélée. Jésus-Christ par lui-même et par son Église dépose sa révélation entre les mains du corps apostolique pour la transmettre intégralement au corps des pasteurs qui doivent lui succéder. Dès lors, voilà cette divine révélation fixée, arrêtée une fois pour toutes. Elle subira bien une certaine évolution par suite de l'œuvre d'élaboration successive des intelligences ; l'humanité se l'assimilera d'une manière plus complète, elle en acquerra à travers les âges une conscience plus distincte, une conception plus explicite et plus scientifique ; mais le céleste dépôt ne souffrira aucune altération ni aucun développement essentiel ; le dogme reste et restera substantiellement identique dans sa divine immobilité : Veritas Domini manet in aeternum. Pareillement, les voies normales établies par Jésus-Christ pour la transmission de sa doctrine demeureront à jamais immuables : toujours, il faudra que les âmes s'adressent, pour la recevoir, à l'autorité que l'Homme-Dieu a fondée, autorité dont la plénitude réside dans le chef de l'Église et par lui se communique sans se diviser à tous les rangs de la hiérarchie, à tous les degrés du sacerdoce. Ainsi se trouve réalisée au sein de l'Église l'unité de l'enseignement et de la foi ; ainsi la divine vérité se transmet "des supérieurs aux inférieurs", comme parle saint Thomas (1), et toujours par des moyens extérieurs, humains, sociaux ; en sorte que tous les anneaux, pour ainsi dire, de l'humanité catholique se trouvent rattachés et reliés les uns aux autres par une loi de dépendance mutuelle, semblable à celle qui fait mouvoir ensemble toutes les sphères célestes.
Toutefois, Celui qui a établi cet ordre admirable se réserve, quand il lui plaît, d'y déroger partiellement. Il ne faut pas l'oublier, en effet, si Dieu a placé l'Église extérieure et visible comme intermédiaire entre les hommes et lui, il a gardé aussi ses communications directes, immédiates et personnelles avec les âmes. Et même, à bien considérer les choses, la société visible des hommes entre eux n'est qu'une condition un mode d'initiation pour établir précisément cette société intime et ineffable des âmes avec Dieu. Là est, en effet, la vie propre de l'Église, son élément surnaturel et divin ; le reste est comme l'écorce, le revêtement et l'enveloppe corporelle.
Or, bien qu'en ces relations intimes mystérieuses, Dieu suive encore habituellement une manière d'agir régulière - c'est ce qu'on appelle le cours ordinaire de la Providence ; - néanmoins, toujours maître de ses dons, il les répartit selon sa sagesse, et parfois dans une mesure qui devient tout exceptionnelle et proprement miraculeuse. C'est ainsi, par exemple, qu'il éclaire certaines âmes d'une façon merveilleuse, en les initiant à ses secrets réservés, en leur dévoilant le secret caché de ses mystères - tout cela par lui-même ou par ses anges, sans se servir du ministère des hommes, ni de son Église, si ce n'est toutefois pour surveiller, contrôler et vérifier au besoin ces divines communications, de peur qu'il ne vienne à s'y mêler quelque alliage d'erreur ou d'illusion. Notons en passant que par là, ces dérogations miraculeuses, tout comme les missions extraordinaires quelles qu'elles soient, se rattachent et se subordonnent d'une certaine façon à l'ensemble des lois générales ; car le mot que nous répétons si souvent : l'exception confirme la règle, ne trouve nulle part une application plus haute et plus éclatante que dans l'harmonie providentiel.
Les illuminations privilégiées dont nous venons de parler constituent ce que nous nommons révélations particulières ou privées pour les distinguer de la grande révélation universelle qui se transmet par l'organe de l'Église enseignante. Celle-là, au contraire, sont purement exceptionnelles et surérogatoires, elles n'ont qu'un caractère relatif et officieux, et, en aucun cas, elles ne peuvent devenir la règle de la foi catholique.
Qu'il y ait eu fréquemment dans l'Église des révélations de cette sorte, rien n'est plus certain. Il semblerait même, à première vue, qu'aux temps apostoliques, l'exception se soit presque confondue avec la règle et le privilège avec le droit commun. Nous voyons, en effet, les premiers fidèles recevoir le don de prophétie, le don des langues et d'autres semblables, comme un effet ordinaire des sacrements de baptême et de confirmation. C'est que l'on était alors à la période de formation. Il fallait, selon la comparaison de saint Augustin, il fallait qu'à la divine plante tendre et délicate encore, le céleste jardinier prodiguât les arrosements, en attendant que, grandie et fortifiée, elle pût se contenter de la pluie du ciel.
L'effusion des dons extraordinaires devint donc peu à peu moins fréquente, mais sans jamais cesser entièrement. Au second siècle, saint Irénée atteste qu'il existait de son temps des personnes favorisées de visions célestes. Saint Justin rend le même témoignage, et il considérait la vérité de ces grâces miraculeuses comme étant tellement constante et certaine qu'il ne craignait pas de les opposer aux païens comme une preuve de la divinité du christianisme. Origène à son tour assure de la manière la plus expresse, dans son livre contre Celse, que plusieurs s'étaient fait chrétiens, éclairés par des visions divines, sur la foi desquelles ils couraient d'eux-mêmes au martyre.
Un grand nombre de saints Pères, tels que saint Cyprien, saint Ambroise, saint Augustin, constatent aussi en termes non moins exprès, et parfois d'après leur expérience personnelle, l'existence des révélations privées (2).
Du reste, toutes les histoires ecclésiastiques nous offrent à cet égard les témoignages les plus irréfragables. Il n'est presque point de saint dont on ne raconte qu'il a reçu, à quelque degré et dans une certaine mesure, des visions ou des révélations du ciel. Qu'on veuille bien se rappeler les Actes des martyrs, notamment ceux de sainte Perpétue, ou encore la vie si extraordinaire des Pères du désert, ainsi que la vie des grands fondateurs d'ordre et de tant d'autres.
Mais une chose très digne de remarque, c'est que les révélations privées les plus nombreuses et celles qui justifient le mieux ce nom ont été plus fréquemment accordées à des femmes qu'à des hommes En quoi il ne faudrait point voir une dérogation à la parole de saint Paul qui défend aux femmes d'enseigner dans l'Église ; car cette défense confirmée et expliquée par la tradition tout entière ne doit s'entendre que d'un enseignement public et revêtu d'un caractère d'autorité officielle. Quant à l'enseignement privé officieux, la divine Providence, bien loin d'en exclure les femmes, semble au contraire le leur avoir confié d'une manière spéciale. N'est-ce pas des lèvres vénérées de nos mères que nous avons tous reçu les premiers germes de la foi ? N'est-ce pas le zèle de quelques pieuses princesses, parfois de simples esclaves chrétiennes, qui a servi d'instruments à la conversion de plusieurs peuples entiers ? Les révélations privées, nous l'avons déjà fait remarquer, n'appartiennent nullement au ministère doctrinal de l'Église. Rien donc ne s'oppose à ce que des femmes soient admises à la participation de ces grâces extraordinaires. Plusieurs théologiens même ont expliqué par des raisons de convenance comment un tel privilège pouvait leur être communiqué d'une manière plus abondante et comme de préférence.
Quelles que soient d'ailleurs les explications ou les raisons du fait que nous constatons, sa réalité ne saurait être révoquée en doute. Il suffit de nommer sainte Hildegarde, sainte Gertrude, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte Françoise Romaine, sainte Catherine de Bologne, sainte Thérèse, sainte Rose de Lima, sainte Madeleine de Pazzi, sainte Catherine de Ricci et la bienheureuse Marguerite-Marie ; sans parler de beaucoup d'autres plus récentes dont les révélations, bien que moins assurées et moins autorisées, présentent pourtant, quant à leur ensemble, des signes non équivoques d'une origine divine.
Nous pouvons donc affirmer qu'il a existé depuis les premiers siècles une série non interrompue de révélations privées. Tous les théologiens catholiques sont unanimes sur ce point. Il y a plus, les mêmes auteurs, voyant ces communications divines se renouveler à toutes les époques, ont conclu sans hésiter qu'elles devaient aussi se reproduire plus ou moins fréquemment au temps où ils vivaient. A notre tour, il nous est permis d'appliquer la même conclusion à l'époque actuelle ; car le bras de Dieu n'est jamais raccourci. Mille faits authentiques constatés dans tous les procès de béatification, après avoir passé au crible de la critique la plus sévère qui soit au monde, celle de la Congrégation des Rites, prouvent surabondamment que les miracles se renouvellent tous les jours. Or, la source des révélations particulières ne saurait être plus épuisée que celle des autres grâces extraordinaires que Dieu a promises à son Église. Ce serait donc incontestablement un acte téméraire, un excès très blâmable que de nier absolument, de rejeter en bloc et de parti pris toutes les communications surnaturelles de ce genre qui auraient eu lieu dans ces derniers temps. Une telle disposition dénoterait des tendances rationalistes, à coup sûr fort éloignées du véritable esprit du christianisme.
(NDR : Mystici Corporis, S. S. Pie XII :
Mais il ne faudrait nullement s'imaginer que cette structure bien ordonnée ou, comme on dit, «organique», du corps de l'Église, s'achève et se circonscrive dans les seuls degrés de la hiérarchie ; ou, comme le veut une opinion opposée, qu'elle soit formée uniquement des «charismatiques», ces hommes doués de dons merveilleux dont par ailleurs la présence ne fera jamais défaut dans l'Église. Sans doute, il faut absolument maintenir que ceux qui dans ce corps sont en possession des pouvoirs sacrés, en constituent les membres premiers et principaux, car c'est par eux que se perpétuent, selon le mandat du divin Rédempteur, les fonctions du Christ, docteur, roi et prêtre.
29 juin 1896. Cf. A. S. S., 28, p. 710).
II.
Mais hâtons-nous de le dire, s'il est indubitable qu'il existe des révélations privées qui viennent vraiment de Dieu, il n'est pas moins certain qu'il y en beaucoup d'autres qui sont purement humaines ou diaboliques. Tout le monde connaît cette longue histoire des mensonges ou des illusions données comme inspirations surnaturelles depuis les apocalypses ou les évangiles apocryphes jusqu'aux jongleries des Mormons ou des spirites contemporains, en passant à travers les innombrables sectes d'illuminés, de visionnaires, de faux mystiques, de prétendus extatiques, qu'on a vu pulluler dans tous les siècles : les Montan et les Priscille, les Palamites ou les moines du mont Athos, les Béguards et les Béguines, pour ne citer que quelques exemples entre mille. En ceci comme en presque toutes les choses où se mêlent l'humanité, les erreurs, les contrefaçons, les abus de tous genres, le mal sous toutes ses formes, sont venus se dresser à côté de la vérité et du bien. Faut-il le dire ? Chez les âmes même qui font profession de pratiquer la plus haute vertu, il n'est point rare de rencontrer les plus déplorables illusions en matière de communications surnaturelles, et saint Alphonse de Liguori n'a pas craint de dire que les révélations fausses sont beaucoup plus communes que les véritables. (3)
Voilà pourquoi l'apôtre Jean, témoin des abus ou des désordres que les fausses révélations suscitaient de son temps dans l'Église, écrivait aux fidèles : "Gardez-vous de croire à tout esprit ; mais examinez si les esprits sont de Dieu, car beaucoup de prophètes menteurs ont fait entrée dans le monde. (Joan., IV, 1)." Saint Paul adressait la même recommandation aux Thessaloniciens, car après avoir dit : "Ne méprisez point les prophéties", il ajoute immédiatement : "Examinez soigneusement toutes choses et n'admettez que ce qui est bon. (Thess., V, XX, 21.)" ; par où il donne clairement à entendre que tout ce qui tient aux dons extraordinaires doit être l'objet d'un discernement sévère.
Mais comment discerner le vrai du faux, ce qui est l'œuvre de Dieu de ce qui ne l'est point ? C'est là une question singulièrement épineuse, sinon dans les généralités de la théorie, du moins dans les applications particulières de la pratique. Essayons pourtant de l'éclaircir autant qu'il est possible, en réduisant à leurs termes les plus simples les règles données par les théologiens et les maîtres de la vie spirituelle. (4)
En premier lieu, l'on doit tenir pour absolument fausses toutes les prétendues révélations qui sont en contradiction avec la foi, celles qui blessent la morale ou qui présentent tout autre caractère excluant manifestement l'intervention divine. _ En conséquence, il est superflu de procéder à un examen ultérieur, une fois qu'on a clairement reconnu des choses contraires aux saintes Ecritures, aux vérités définies par l'Eglise, à l'enseignement unanime des saints Pères et des docteurs. Il faut également répudier comme de pures fictions tout ce qui tendrait à prêter à Dieu des actes ou des desseins ridicules et indignes de sa souveraine sagesse. Aucun doute non plus n'est possible sur les révélations, lorsqu'elles suggèrent ou commandent la violation des lois naturelles ou divines, quand elles renferment quelque chose d'indécent et surtout de charnel, quand enfin elles produisent la présomption, l'orgueil ou bien un certain trouble qui énerve l'âme, la dégoûte et la jette dans le relâchement. Tous ces signes sont infaillibles, et chaque fois qu'on a découvert un seul d'entre eux, on peut dire à coup sûr : la main de Dieu n'est pas là ! A peine est-il besoin d'ajouter qu'il n'y a aucun compte à tenir des révélations particulières qui auraient eu pour organes des personnes impatientes, bavardes, menteuses ou entêtées dans leurs jugements : ce sont précisément là les traits caractéristiques auxquels se reconnaît l'imposture.
En second lieu, l'on doit regarder comme plus ou moins douteuses et suspectes les révélations qui renferment des assertions nouvelles, singulières, et celles qui ont pour objet des choses curieuses ou inutiles, et enfin celles qui sont faites à des personnes dont la vie, le caractère et les dispositions n'offrent que de médiocres garanties. _ Nous appelons ici nouveau et singulier tout ce qui n'a aucun fondement, soit dans l'Ecriture, soit dans la tradition, et qui s'éloigne du sentiment communément reçu parmi les Pères et les théologiens. L'on peut en dire autant de toute assertion qui donnerait comme révélées certaines opinions controversées, telles que la question de savoir si le Verbe se serait incarné dans l'hypothèse où Adam n'eût point péché. Or, quoiqu'en aient dit certains auteurs (5), les révélations privées ne sauraient être absolument rejetées par le seul fait qu'elles contiennent des propositions de cette nature. Ne serait-ce pas resserrer arbitrairement le cercle de l'intervention divine que de vouloir lui faire connaître, par une disposition spéciale, la solution de telle ou telle question jusqu'ici librement débattue ? Et qu'est-ce qui s'oppose aussi à ce que le Sauveur des hommes manifeste à quelques âmes, sur ce qui concerne sa vie ou celle de la Sainte Vierge, certains détails, certaines circonstances propres à exciter la piété ; ou bien d'autres choses encore restées entièrement inconnues aux saints Pères et aux docteurs, ou même contraire à leur sentiment commun ? Car enfin, l'opinion commune - je ne dis pas unanime - n'est pas pour cela certaine ; et parfois même, l'on peut trouver à l'encontre de graves et imposantes raisons. Nous le répétons donc, il ne faudrait pas rejeter unanimement et exclusivement de ce chef telles ou telles révélations particulières. Disons toutefois, avec Benoît XIV, qu'il y a lieu de craindre qu'elles ne soient pas pures de tout mélange. L'âme qui croit les avoir reçues du ciel peut bien n'avoir fait autre chose que combiner et transformer des souvenirs ou des opinions préconçues, forger des conjectures et des raisonnements plus ou moins vraisemblables. Le mieux donc, en pareil cas, c'est de réserver son jugement, de douter, à moins que les motifs de suspicion ne soient abondamment compensés par des motifs contraires d'un poids tout exceptionnel.
Quant aux révélations qui sembleraient avoir pour but de satisfaire la curiosité, il est évident qu'elles sont plus suspectes encore. On ne devrait même pas hésiter à les tenir pour de pures inventions, s'il était démontré qu'elles n'ont aucune utilité réelle, car ce serait faire injure à Dieu que de lui attribuer un acte quelconque qui n'aurait point sa raison suffisante, comme parle la philosophie. Cependant, il y a en ceci un péril à éviter. Les conseils et les voies de Dieu ne sauraient se mesurer à nos conceptions si bornées. Telles révélations pourraient fort bien nous paraître inutiles, sans but sérieux, et pourtant avoir leur raison d'être dans les secrets impénétrables de la politique du ciel, pour employer un mot de Bossuet. Voilà pourquoi Benoît XVI n'a garde de condamner du premier coup les révélations qui semblent inutiles et simplement curieuses. Il pense seulement que ce caractère les rend douteuses, suspectes, et qu'on doit procéder avec beaucoup plus de discrétion avant de se prononcer sur elles. Ce sentiment si judicieux et si sensé nous semble être la seule règle qu'on puisse fixer ici d'une manière générale.
Du côté des personnes mêmes qui se donnent comme favorisées de révélations, il existe des motifs de suspicion plus ou moins graves, quand ces personnes sont encore novices dans la vie spirituelle ; quand elles n'éprouvent aucune impulsion intérieure vers la mortification ; quand elles ont de l'éloignement pour les voies communes, avec une certaine curiosité qui les porte à désirer des communications extraordinaires, si surtout elles aiment ensuite à les divulguer. Notons que ces dernières dispositions deviennent même quelquefois des indices certains d'hallucinations ou de mensonge.
Pareillement, tous les hommes prudents se défieront beaucoup des personnes d'un tempérament morbide et anormal, comme aussi de celles qui ont l'imagination très vive et la sensibilité très développée. Il est certain que l'imagination a joué le principal rôle dans les illusions des visionnaires et des illuminés les plus célèbres. L'expérience, d'ailleurs, fait bien voir tous les jours les effets, parfois très étranges, que produit cette capricieuse faculté. C'est en grande partie pour cette raison que les auteurs s'accordent à regarder les visions ou les révélations des femmes comme étant généralement fausses ou très suspectes (6). En cela, il ne contredisent en rien le fait que nous signalions plus haut, à savoir que les révélations vraiment surnaturelles ont été accordées plus souvent aux femmes qu'aux hommes ; mais ils constatent un autre fait moins indubitable c'est que les femmes sont aussi beaucoup plus sujettes aux erreurs et aux illusions en pareille matière. L'histoire mystique l'atteste par d'innombrables exemples, qui sont plus que suffisants pour commander la plus grande défiance à l'égard de ces personnes, toutes les fois qu'elles n'offrent pas d'ailleurs les garanties les plus certaines.
En troisième lieu, pour reconnaître la vérité des révélations privées, on ne peut généralement se fier à aucun signe pris isolément ; mais l'on doit considérer attentivement toutes les circonstances qui regardent la personne, la manière dont les révélations se sont faites et les effets qui les ont suivies.
Voici comment le cardinal Bona procède à cet égard (7). On peut, selon lui, prendre pour types et modèles les révélations de sainte Thérèse, lesquelles, en effet, sont revêtues d'une autorité toute spéciale, au jugement des homme les plus accrédités (
. Or, continue le docte cardinal, quels sont les signes principaux qui nous rendent certains de l'origine surnaturelle des visions et des révélations reçues par cette sainte ? "Elle craignait toujours les illusions du démon, et pour cela elle ne demanda ni ne désira jamais avoir des visions, mais plutôt elle priait Dieu de la conduire par la voie ordinaire, ne désirant qu'une seule chose, c'est-à-dire que la volonté divine s'accomplît en elle. _ Comme le démon a coutume de suggérer le silence et le secret aux âmes qu'il veut tromper, sainte Thérèse était souvent invitée par l'esprit qui lui parlait à s'ouvrir à des hommes doctes, et elle se soumit, en effet, à l'examen des personnages illustres qui se distinguaient alors en Espagne par leur renom de science et de sainteté, tels que saint Pierre d'Alcantara, saint François de Borgia, Jean d'Avila, Balthasar Alvarez, Dominique Bannès et autres. _ Elle obéissait très exactement à ses directeurs et, à la suite de ses visions, elle avançait dans la charité et l'humilité. _ Elle recherchait de préférence les personnes qui lui témoignaient le moins de confiance, et elle aimait davantage ceux dont elle avait à souffrir des persécutions. _ Son âme éprouvait une très grande tranquillité et un contentement extrême; son zèle pour le salut des âmes était très vif, ses pensées très pures, sa candeur très grande et on désir de la perfection très ardent. _ Si elle avait des imperfections, des défauts, elle en était toujours réprimandée par celui qui lui parlait intérieurement. _ il lui fut dit que toutes les choses justes qu'elles demanderaient à Dieu lui seraient indubitablement accordées, et, de fait, ayant souvent demandé, elle fut toujours exaucée. _ Toutes les personnes qui se trouvaient en relation avec elle étaient excitées par son commerce à la modestie, à la piété et à l'amour de Dieu ; à moins que leurs mauvaises dispositions n'y fussent un obstacle. _ Ses visions avaient ordinairement lieu après une oraison longue et fervente, ou après la sainte communion, et elles produisaient dans son âme un très ardent désir de souffrir pour Dieu. _ Elle châtiait son corps par des jeûnes, des flagellations, des cilices, et se réjouissait au milieu des tribulations, des murmures et des maladies. _ Elle affectionnait la solitude, fuyant le commerce des hommes et se détachant absolument de toute affection aux choses terrestres. _ Elle affectionnait la solitude, fuyant le commerce des hommes et se détachant absolument de toute affection aux choses terrestres. _ Elle conservait la même attitude et la même tranquillité d'âme dans la prospérité comme dans l'adversité. _ Enfin les hommes doctes n'ont jamais rien observé dans ses révélations ou dans leurs circonstances qui s'éloignât des règles de la foi ou de la perfection chrétienne, ou qui fût répréhensible de quelque manière."
Après avoir énuméré tous ces signes, le cardinal Bona conclut en ces termes : "Toutes les fois que de semblables conditions sont réunies dans une personne, l'on ne peut douter que ces révélations soient de Dieu." C'est qu'en effet cet ensemble de règles est tellement combiné qu'il exclut jusqu'à la possibilité d'une illusion et d'une erreur, je veux dire une illusion grave et d'une erreur de quelque importance. S'il en était autrement, il semblerait que la divine Providence aurait failli à ses promesses. Quand surtout il est bien constant que les révélations sont précédées, accompagnées et suivies des sentiments d'une humilité vraie, d'une humilité à l'épreuve, le doute n'a plus de fondement raisonnable. L'humilité, disent les meilleurs auteurs (9), c'est la marque la plus sûre, la pierre de touche par excellence, pour discerner toutes les opérations divines : mouvements intérieurs, miracles, révélations, visions, extases ou ravissements.
Saint Jean Chrysostome nous fournit encore un autre principe très important pour vérifier les révélations privées quand il dit : "Toutes les fois qu'il s'accomplit une chose au-dessus de la nature et bien au-dessus de la nature, de telle façon qu'elle soit distinguée par sa convenance et son utilité, il est clair qu'elle se fait par une force et une vertu divines. (10)" Ainsi, par exemple, lorsqu'une personne découvre des mystères et des secrets qui n'ont évidemment aucune proportion avec sa science acquise et sa portée d'esprit, il est certain d'abord que ces connaissances n'ont pu lui venir que du démon ou de Dieu. De plus, il est également certain qu'elles ne viennent point du démon, si, dans leur objet, leurs circonstances et leurs effets, elles ne renferment rien qui ne soit vrai, irrépréhensible, plein d'édification, propre à procurer la gloire de Dieu et le bien des âmes.
Cette preuve a une valeur incontestable, parfois même décisive. Remarquons cependant que l'esprit du mal voulant perdre plus sûrement une âme commence souvent par lui suggérer les choses les plus belles et les plus saintes. On se tromperait donc grossièrement si l'on attribuait toujours à Dieu toutes les pieuses révélations prises isolément et sans égard aux autres signes. C'est pour cela que nous avons dit qu'on ne doit se fier à aucun signe en particulier.
L'on aurait tort également d'accorder une valeur absolue à telles ou telles circonstances merveilleuses qui ont pu accompagner les révélations que l'on veut juger, comme des extases avec élévation du corps au-dessus du sol, manifestations de certains secrets, prédictions accomplies, visions sublimes (11), mouvements de ferveur extraordinaire, desseins et résolutions héroïques. Rigoureusement parlant, ces choses peuvent être l'œuvre du démon, et quelques-unes même pourraient n'être que des phénomènes naturels.
Enfin, il importe souverainement de remarquer ceci, si sainte, si humble et si expérimentée que soit une personne, l'on ne saurait jamais conclure à coup sûr que parmi ses révélations les plus certaines, les plus indiscutables quant à leur substance et leur ensemble, il ne s'est point glissé, dans les détails, une part plus ou moins considérable d'invention personnelle. Ce principe capital exige quelques développements. Toute la question de l'autorité des révélations privées est là.
III.
Bien qu'il soit très difficile de comprendre, et plus encore d'expliquer ce qui se passe dans les extases, les visions et les révélations divines, une chose est cependant certaine, c'est qu'en accordant à une âme ces faveurs extraordinaires, Dieu ne lui communique pas pour cela le don d'infaillibilité, ni cette assistance spéciale, qui sont le privilège des auteurs inspirés ou de l'Eglise enseignante. d'ordinaire, et à part peut-être certains intervalles plus ou moins courts, l'âme élevée à l'état surnaturel le plus sublime conserve jusqu'à un certain point l'usage de sa liberté, de son imagination et de sa faculté de raisonner. Dès lors, il n'est point douteux qu'elle ne puisse, même à son insu, mêler à l'opération divine quelques effets émanant exclusivement de son autorité propre, et par conséquent modifier et transformer à un certain degré la nature même de cette opération.
D'ailleurs, il n'y a pas seulement à considérer le moment précis où Dieu se communique à l'âme, il faut aussi avoir en vue le temps qui vient immédiatement après. L'âme alors se sent encore toute échauffée, et comme frémissante et vibrante par suite du contact reçu. C'est surtout en cette période de transition que les illusions sont à craindre, car, selon la pensée de saint Ignace dans ses admirables règles de discernement des esprits, il arrive assez fréquemment que, soit habitude ou raisonnement, ou jugement propre, soit impulsion du bon ou du mauvais esprit, l'âme éprouve des sentiments, forme des délibérations qui n'émanent point de Dieu directement et qui exigent une discussion très exacte avant qu'on y puisse donner son assentiment (12).
De plus, il faut noter que les personnes qui ont reçu des communications divines sont exposées à de nouvelles erreurs lorsqu'elles les racontent de vive voix ou par écrit. Tantôt ce sont les termes qui leur font défaut pour exprimer exactement leur pensée (13) ; tantôt ce sont leurs souvenirs qui ont perdu leur fidélité. Supposons en effet, qu'un temps plus ou moins considérable se soit écoulé depuis que les révélations ont eu lieu : on conçoit sans peine que dans cet intervalle les différentes facultés aient pu modifier en quelque manière les notions ou les impressions reçues, en les amoindrissant, et surtout en y ajoutant des circonstances étrangères.
On le voit, les erreurs, les inexactitudes, les illusions peuvent se glisser de différentes façons dans les révélations priées. Dieu le permet ainsi pour l'instruction des âmes qu'il a favorisé de ces grâces privilégiées. il veut leur apprendre à se tenir toujours sur leurs gardes afin d'éviter l'orgueil et la présomption. Il veut aussi enseigner à tous les chrétiens qui seraient peut-être tentés de se fier outre mesure à ces manifestations extraordinaires, que son Eglise seule demeure l'organe authentique de sa parole, l'interprète infaillible de sa loi et le guide toujours assuré de nos consciences.
En fait, quand on examine de près les révélations de plusieurs saints personnages, de ceux même que l'Eglise a placés sur les autels, on y trouve bien des choses pour le moins douteuses et quelquefois très fausses. Il n'est pas rare, en effet, que ces révélations soient en contradiction les unes avec les autres, et qu'elles renferment des prophéties non accomplies (14) ou divers signes d'hallucination. Le vaillant bollandiste Papebroch, après avoir discuté certaines révélations du bienheureux Herman-Joseph, n'a pas hésité à dire catégoriquement : "Je souffrirai tout ce qu'on voudra plutôt que d'admettre de telles choses comme des communications célestes". Les Bollandistes rejettent pareillement beaucoup d'autres révélations, entre autres celles de sainte Elisabeth de Shönau sur le martyre de sainte Ursule et de ses compagnes (15). Plusieurs savants critiques ont également soulevé de graves objections contre telles ou telles révélations que l'Eglise a jusqu'à un certain point approuvées, comme celles de sainte Hildegarde, de sainte Brigitte et de sainte Catherine de Sienne (16).
Et qu'on ne dise pas qu'émettre un doute ou un dissentiment en pareil cas, c'est manquer de respect à la mémoire de ces âmes saintes. Le respect demeure parfaitement intact tant qu'on ne témoigne aucun sentiment de mépris et qu'on n'exprime point son opinion témérairement et sans quelque motif raisonnable. Dans ces limites, l'Eglise nous laisse toujours une grande liberté d'appréciation au sujet des révélations privées. "Peu lui importe, dit Melchior Cano, que l'on croie ou que l'on ne croie pas aux visions de sainte Brigitte ou aux autres : ces choses ne se rapportent nullement à la foi (17)."
Il est vrai que la personne même à laquelle ces révélations sont communiquées par le ciel peut et doit y croire d'une foi surnaturelle, pourvu qu'elle ait, non pas une simple probabilité, mais une vraie certitude de leur origine divine (18). Mais quant aux autres fidèles, il est certain qu'ils ne sont nullement obligés d'y donner leur adhésion. En approuvant spécialement quelques révélations, l'Église entend en aucune sorte les imposer à notre croyance. Elle déclare seulement qu'elle n'y trouve rien qui soit directement contraire la foi ou bonnes mœurs, et qu'on peut les lire avec profit ou sans danger, du moins en certains pays (19). Du reste, elle ne se porte pas garant de la vérité de chaque proposition en particulier et elle permet pleinement d'y contredire à la seule condition de ne pas outrepasser les limites que nous indiquions tout à l'heure.
(NDR : Benoit XIV nous dit à propos des Révélations de sainte Brigitte : "Ces Révélations, quoique ne méritant pas la même foi que les vérités de la religion, ne sauraient être rejetées sans imprudence, car elles reposent sur des motifs suffisants pour qu'on les croit pieusement."
Selon l'auteur du Petit Manuel du Chrétien, dans sa "petite vie des saintes offerte aux jeunes filles en lectures pour chaque dimanche", Imprimerie F. Wattelier et Cie, livre du 19ème.)
Quelle est donc en dernière analyse l'autorité des révélations privées ? Elles ont la valeur du témoignage de la personne qui les rapporte, ni plus ni moins. Or, cette personne n'est jamais infaillible (NDR : sauf peut-être le Pape, comme le montre l'histoire du Scapulaire du Mont-Carmel ? quand Notre-Dame apparut à S. S. Jean XXII et lui fit la promesse que ceux qui porteraient le Scapulaire sortirait du Purgatoire le samedi suivant leur décès, ce qui fait qu'il publia la Bulle Sabbatine.) ; il est donc manifeste que les choses qu'elle atteste ne sont jamais absolument certaines, sauf le cas seul d'un miracle directement opéré en faveur de cette attestation. Pour tout dire en un mot, les révélations privées n'ont qu'une autorité humaine et probable.
De là il résulte qu'on ne peut, généralement parlant, les alléguer pour trancher une question théologique controversée, encore moins pour résoudre un point de philosophie, d'histoire ou de science quelconque.
Ce serait un abus, à part certains cas très exceptionnels, de mentionner les révélations privées dans la chaire chrétienne. Tout au plus est-il permis, dans les exhortations adressées à quelques personnes pieuses , de les leur offrir comme aliment d'édification spirituelle ; encore faut-il éviter à tout prix que ces personnes ne prennent le change et ne s'exagèrent l'estime qu'elles doivent en faire. Il importe à l'honneur et à la dignité d'une religion divine, que ses disciples ne soient pas des âmes crédules et qu'ils sachent assez estimer leur foi pour la placer toujours infiniment au-dessus de tout ce qui n'est pas elle.
Quant aux directeurs de conscience chargés de conduire les âmes favorisées de grâces extraordinaires, plus que les autres, ils doivent s'appliquer le précepte de l'apôtre : Nolite omni spiritui credere. Quiconque accueillerait facilement les visions et révélations ferait preuve d'une imprudence inqualifiable, dont les conséquences ne sauraient manquer d'être profondément funestes. Examiner les choses longtemps et sous toutes ses faces, se retrancher dans une défiance qui ne saurait jamais être trop grande pourvu qu'elle n'aille pas jusqu'à l'incrédulité tout à fait systématique : voilà la seule ligne de conduite que dicte le bon sens le plus vulgaire. Et certes, elle est bien justifiée par toute la doctrine que nous avons exposé plus haut, en traçant les règles pour discerner les vraies et fausses révélations. car s'il est une conclusion qui ressorte clairement de ces principes, c'est assurément que l'appréciation des faits surnaturels de ce genre est d'une extrême difficulté, d'une difficulté telle que parfois elle dépasse les forces de toute la science et la pénétration humaine.
Il nous reste à dire, en terminant, un mot sur les dispositions avec lesquelles il convient de lire les écrits renfermant des visions ou des révélations particulières. Nous ne parlons pas, bien entendu, de ceux qui n'auraient pas été examinés par des hommes compétents et qui ne seraient revêtus d'aucune approbation ecclésiastique : ceux-là ne méritent aucune confiance et les fidèles doivent s'en interdire la lecture. Il s'agit exclusivement de deux catégories de livres : les premiers depuis longtemps signalés par la haute sainteté de leurs auteurs et par l'approbation qu'ils ont reçue du Saint-Siège ; les seconds émanant de personnes d'une piété reconnue et déjà approuvée par un ou plusieurs évêques, après mûr examen de quelques hommes sûrs constatant que la doctrine en est saine et profitable.
Or, bien qu'il soit juste de mettre une grande différence entre ces deux sortes d'écrits, on peut néanmoins affirmer que les uns et les autres que les fidèles puissent les lire avec fruit. Les livres de révélations particulières se font parfois remarquer par un singulier parfum de piété, par une limpidité de doctrine, par une onction pénétrante que l'on demanderait vainement à la plupart des ouvrages ordinaires de spiritualité. Une âme droite et sincère y trouvera incontestablement les plus précieux éléments d'édification, en les méditant dans un esprit de simplicité modeste et intelligente, sans parti pris hostile, sans prétention de critique exagérée, comme aussi sans crédulité puérile et sans estime excessive pour les faits merveilleux : deux excès qu'il importe également d'éviter en matière de révélations privées.
P. TOULEMONT.
NOTES :
(1) "Revelatio divina ordine quodam ad inferiores pervenit per superiores, sicut ad homines per angelos et ad inferiores angelos per superiores." (2. 2. q. II. a. 6.).
(2) Voir les textes de ces saints Pères et de plusieurs autres dans Gravina, Lapis Lydius ad discernendas revelationes.
(3) Praxis confess.
(4) Nous avons principalement consulté : 1° les Bollandistes, Acta Sanctorum, passim ; 2° Benoît XIV, de Servorum Dei beatificatione et canonizatione, lib. III, c. 45-54 ; 3° le cardinal Bona, de Discretione spirituum ; 4° Amort, de Revelationibus, visionibus et apparitionibus privatis, Regulae tutae ex scriptura, conciliis, SS. Patribus, aliisque optimis authoribus collectae, explicatae et exemplis illustrate, 1744.
(5) Voir leurs opinions dans Benoît XIV, ouvrage cité, C. LIV, n.7.
(6) Voir Amort, ouvrage cité, p. 43 et suiv. et alibi passim.
(7) De Discr. Spir., cap. XX.
(
On peut voir dans la Vie de Sainte Thérèse par les Bollandistes, les témoignages exceptionnels rendus à sa doctrine. Cependant les savants critiques réfutent l'opinion de certains auteurs qui ont prétendu mettre cette sainte au rang des docteurs de l'Eglise.
(9) Voir les nombreux témoignages cités par Benoît XIV, loc. cit., cap. LI, §3.
(10) Hom. 3, in 1 Cor.
(11) La plupart des auteurs font cependant remarquer, et avec raison, ce semble, que les visions ou révélations purement intellectuelles sont toujours l'oeuvre de Dieu. En tous cas il est certain qu'elles sont infiniment moins sujettes à l'illusion que les visions qui sont présentées à l'imagination ou aux sens extérieurs.
(12) Exercit. spir. ; Reg. VIII, de Discr. Spir., pro 2a hebd.
(13) On doit conclure de là que certaines expressions inexactes dans un livre de révélations ne suffiraient pas pour déclarer ces révélations fausses. Il y a quelquefois lieu d'appliquer à ces expressions une interprétation bénigne.
(14) On sait toutefois que certaines prophéties vraies peuvent bien se réaliser, parce qu'elles sont souvent conditionnelles.
(15) Voir les Actes de sainte Ursule, par le savant P. de Buck (Acta SS., t. IX octobris).
(16) Amort, op. cit.
(17) De locis theol. lib. XII, cap. III. _ Cf Ben. XIV, op. cit., lib. III, cap. ult., n.15.
(18) Ben. XIX, loc. cit. n. 12 et 13.
(19) On sait que certains livres de révélations ne sont pas approuvés pour tel ou tel pays.