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| La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou | |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 09 Mai 2020, 22:46 | |
| Rappel du premier message :
La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
PREMIÈRE PARTIE La Maternité divine et la plénitude de la grâce
CHAPITRE PREMIER L'éminente dignité de la Maternité divine
Dans la doctrine révélée sur la Vierge Marie, les deux grandes vérités qui dominent tout comme deux sommets et d'où dérivent toutes les autres sont la maternité divine et la plénitude de grâce, affirmées l'une et l'autre dans l'Evangile et les Conciles.
Pour bien voir leur importance, il est bon de les comparer, en cherchant quelle est la première des deux, celle dont tout découle dans la mariologie. C'est ainsi que les théologiens se sont demandé : Qu'est-ce qu'il y a de plus grand en Marie ? Est-ce sa maternité divine, son titre de Mère de Dieu ou bien est-ce la plénitude de grâce ?
Position du problème
Quelques-uns ont répondu : c'est la plénitude de grâce. Ils ont incliné vers cette manière de voir parce que l'Evangile rapporte que Jésus, passant au milieu du peuple, une femme dit (Luc, XI, 27) : « Bienheureux le sein qui t'a porté et les mamelles qui l'ont nourri » : et Jésus répondit ; « Heureux surtout ceux qui écoutent la parole de Dieu et la conservent dans leur cœur. »
Il a semblé à quelques-uns, d'après cette réponse du Sauveur, que la plénitude de grâce et de charité, principe des actes surnaturels et méritoires de Marie, est supérieure à la maternité divine, qui par elle-même serait d'ordre corporel.
Selon beaucoup d'autres théologiens, cette raison n'est pas concluante, pour plusieurs motifs, d'abord parce que cette femme du peuple ne parlait pas précisément de la maternité divine ; elle ne considérait pas encore Jésus comme Dieu, mais plutôt comme un prophète écouté, admiré et acclamé, et elle parlait surtout de la maternité corporelle selon la chair et le sang : « Bienheureux le sein qui t'a porté et les mamelles qui t'ont nourri. »
Elle ne pensait pas à ce que la maternité divine comporte spirituellement comme consentement surnaturel et méritoire au mystère de l'Incarnation rédemptrice. D'où la réponse de Notre-Seigneur : « Heureux surtout ceux qui écoutent la parole de Dieu et la conservent dans leur cœur. »
Mais précisément Marie est devenue Mère du Sauveur en écoutant la parole de Dieu, en y croyant, en disant généreusement avec une parfaite conformité de volonté au bon plaisir de Dieu et à tout ce qu'il entraînerait : « Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum », et elle n'a pas cessé de conserver les paroles divines en son cœur, depuis le jour béni de l'Annonciation.
Si bien que sainte Elisabeth lui dit (Luc, 1, 45) : « Beata quæ credidisti, quoniam perficientur ea quæ dicta sunt tibi a Domino. Bienheureuse vous êtes pour avoir cru aux paroles divines, car celles-ci seront réalisées en vous », tandis que Zacharie est devenu muet pour n'avoir pas cru aux paroles de l'ange Gabriel, « et ecce eris tacens... pro eo quod non credidisti verbis meis » (Luc, 1, 20).
La question reste donc entière : qu'est-ce qu'il y a de plus grand en Marie : la maternité divine telle qu'elle a été réalisée en elle ou la plénitude de grâce et de charité ?
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 13 Sep 2020, 22:33 | |
| DEUXIEME PARTIE Article II - PRINCIPALES MANIFESTATIONS DE SA MISÉRICORDE
CHAPITRE V Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL
Enfin cette royauté de la Sainte Vierge s'exerce à l'égard des démons, qui sont obligés de reconnaître en tremblant sa puissance, car elle peut écarter les tentations qu'ils provoquent, faire éviter leurs pièges, repousser leurs attaques; « ils souffrent plus, dit le Bx Grignion de Montfort, d'être vaincus par l'humilité de Marie que d'être immédiatement écrasés par la toute-puissance divine ».
Son règne de s'étend aussi, nous l'avons vu plus haut, en enfer, en ce sens que les damnés sont punis moins qu'ils ne le méritent, et que certains jours, comme peut-être celui de l'Assomption, leurs souffrances sont adoucies ou moins pénibles à supporter.
Ce dernier point montre que la royauté de Marie est vraiment universelle, car il n'est pas d'endroit où elle ne s'exerce en quelque manière.
Article II - LES ASPECTS PARTICULIERS DE LA ROYAUTÉ DE MARIE
Cette doctrine de la royauté universelle de la Mère de Dieu se concrétise davantage si l'on considère ses divers aspects exprimés dans les litanies de Lorette : « Reine des anges, des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, des confesseurs, des vierges, de tous les saints, reine de la paix. »
Reine des anges
Elle l'est, parce que sa mission est supérieure à la leur; elle est Mère de Dieu, dont les anges ne sont que les serviteurs. Elle se trouve autant élevée au-dessus d'eux qu'il y a de différence entre le nom de mère et celui de serviteur. Elle seule avec Dieu le Père peut dire à Jésus-Christ : « Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré. »
Elle est ensuite supérieure aux anges par sa plénitude de grâce et de gloire, qui dépasse celle de tous les anges réunis. Elle les surpasse en pureté, car elle l'a reçue non seulement pour elle, mais pour la communiquer aux autres.
Elle a été plus parfaite et plus prompte dans l'obéissance aux commandements de Dieu, et en suivant ses conseils. En coopérant à la rédemption de l'humanité, en union avec Notre-Seigneur, elle a mérité d'un mérite de convenance aux anges eux-mêmes les grâces accidentelles par lesquelles ils nous aident dans la voie du salut, et la joie qu'ils éprouvent d'y prendre part.
Cela est certain; si l'on se rappelle que Marie a mérité de congruo tout ce que le Christ a mérité de condigno.
Comme le dit Justin de Miéchow, si les anges ont servi Notre-Seigneur, combien plus Marie, qui le conçut, l'enfanta, le nourrit dans ses bras, l'emporta en Egypte pour le préserver de la fureur d'Hérode.
De plus, les anges n'ont chacun que la garde d'un homme ou d'une communauté, tandis que Marie est la céleste gardienne de tout le genre humain et de chacun de nous en particulier.
Si les anges sont les messagers de Dieu, ce privilège appartient à Marie d'une façon bien supérieure, puisqu'elle nous a porté, non seulement une parole créée, expression de la pensée divine, mais la parole incréée qui est le Verbe fait chair.
Les archanges sont préposés à la garde de telle ou telle cité, la Sainte Vierge protège toutes les cités et toutes les églises qui s'y trouvent. Beaucoup de villes se sont mises sous son patronage.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 15 Sep 2020, 06:39 | |
| DEUXIEME PARTIE Article II - PRINCIPALES MANIFESTATIONS DE SA MISÉRICORDE
CHAPITRE V Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL
Reine des anges
Les principautés sont à la tête des provinces, Marie prend sous sa protection l'Eglise universelle.
Les « puissances » repoussent les démons; Marie a écrasé la tête du serpent infernal; elle est terrible aux démons par la profondeur de son humilité et l'ardeur de sa charité. Les « vertus » opèrent des miracles, comme, instruments du Très-Haut, mais le plus grand miracle a été celui de concevoir, le Verbe de Dieu incarné pour notre salut.
Les dominations commandent les anges inférieurs; Marie commande à tous les chœurs célestes.
Les trônes sont des esprits dans lesquels Dieu habite d'une manière plus intime; Marie, qui a donné naissance à Notre-Seigneur, est le siège de la Sagesse et la Sainte Trinité habite en elle d'une façon bien plus intime que dans les anges les plus élevés, c'est-à-dire selon le degré de grâce consommée qu'elle a reçu.
Les chérubins brillent par l'éclat de la science; mais la Sainte Vierge a pénétré davantage les mystères divins, elle possède la lumière de gloire et la vision béatifique à un degré bien supérieur au plus parfait des chérubins. De plus, elle a porté en son sein « celui en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu ». Elle s'est entretenue familièrement avec lui, pendant plus de trente ans ici-bas, et au ciel elle est plus près de lui que personne.
Les séraphins brûlent des feux du saint amour; mais la vive flamme de la charité est beaucoup plus ardente dans le cœur de Marie. Elle aime Dieu plus que toutes les créatures ensemble, car elle l'aime non seulement comme son Créateur et Père, mais encore comme son enfant, comme son Fils chéri et légitimement adoré.
Elle est donc vraiment Reine des anges; ils la servent avec fidélité, l'entourent de vénération, admirent sa tendre sollicitude à garder chacun de nous, à veiller sur les royaumes, sur l'Eglise universelle; les séraphins admirent l'ardeur de son amour, son zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Ainsi parle Justin de Miéchow que nous venons de résumer.
Reine des patriarches
D'après tout ce qui précède, on ne saurait évidemment douter de la supériorité de Marie sur Adam innocent, Elle a reçu la grâce à un degré bien plus élevé, et elle eut de même les principaux effets de la justice originelle : la parfaite subordination de la sensibilité aux facultés supérieures, intelligence et volonté, comme la subordination constante de celles-ci à Dieu aimé par-dessus tout.
La charité de Marie, dès le premier instant de sa conception, dépassait de beaucoup celle d'Adam innocent, et elle avait reçu en outre, quoique dans une chair passible et mortelle, le privilège d'éviter tout péché, si léger soit-il.
Son intimité avec Dieu dépassait beaucoup aussi celle qu'ont eue Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph. L'acte le plus héroïque d'Abraham fut celui par lequel il s'apprêta à immoler son fils Isaac, qui était le fils de la promesse.
Avec un mérite beaucoup plus grand, Marie offrit son Fils qui lui était incomparablement plus cher que sa propre vie, et un ange du ciel ne vint pas, comme pour Isaac, empêcher l'immolation sanglante de Jésus sur la croix.
Marie au milieu des patriarches brille donc comme un astre sans égal par son titre de Mère de Dieu, par l'élévation de sa charité et l'héroïcité de toutes ses vertus.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 16 Sep 2020, 07:47 | |
| DEUXIEME PARTIE Article II - PRINCIPALES MANIFESTATIONS DE SA MISÉRICORDE
CHAPITRE V Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL
Reine des prophètes
La prophétie au sens propre est le don de connaître certainement et de prédire l'avenir par inspiration divine. Ce don fut accordé à Abraham, à Moïse, à David, à Elie, à Elisée, aux grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel, et aux douze petits prophètes. Dans le Nouveau Testament, saint Jean et saint Paul furent à la fois prophètes et apôtres. Ce don de prédire l'avenir n'a pas été le seul partage des hommes, l'Ecriture le reconnaît à Marie, sœur de Moïse, à Déborah, à Anne, mère de Samuel, à Elisabeth, mère de saint Jean-Baptiste.
Marie est reine des prophètes, car non seulement elle a prédit elle-même l'avenir lorsqu'elle chanta dans le Magnificat, « Toutes les nations m'appelleront bienheureuse », mais les prophètes qui ont annoncé le mystère de l'Incarnation ont parlé d'elle : celui que les prophètes ont annoncé, elle a eu l'honneur de le concevoir, de le porter dans son sein, de le nourrir, de le serrer sur son cœur, d'habiter longtemps avec lui, d'entendre ses paroles sur les mystères du royaume de Dieu, paroles dont elle a reçu l'intelligence plus que les disciples d'Emmaüs, et les apôtres eux-mêmes.
Elle a eu le don de prophétie à son degré le plus élevé après Jésus, et en même temps l'intelligence parfaite de la plénitude de la révélation que Notre-Seigneur est venu apporter au monde.
Reine des apôtres
Il s'agit des douze apôtres choisis par le Sauveur pour prêcher l'Evangile et fonder l'Eglise naissante. Comment Marie est-elle appelée leur reine ?
La dignité de Mère de Dieu, étant par son terme d'ordre hypostatique, dépasse celle des apôtres. L'apostolat est un ministère. Or, selon la remarque de saint Albert le Grand, la Sainte Vierge n'est pas seulement ministre de Dieu, mais, en sa qualité de Mère du Sauveur, elle lui est plus intimement associée.
De plus, après l'Ascension, les apôtres avaient encore besoin de direction, de conseils, de secours, et personne ne pouvait mieux les leur prodiguer que Marie. Elle les a consolés dans la tristesse immense qu'ils éprouvèrent après le départ de Notre-Seigneur pour le ciel, quand ils se sentirent seuls et impuissants pour travailler à l'évangélisation du monde païen, au milieu de difficultés insurmontables, avec la perspective des persécutions annoncées. Jésus leur avait laissé sa Mère pour les fortifier.
Elle fut pour eux, a-t-on dit, comme un second Paraclet, un Paraclet visible, une médiatrice assurée; elle fut leur étoile au milieu de la tempête. Elle remplit les devoirs d'une Mère à leur égard. Nul d'entre eux ne devait la quitter sans avoir été éclairé, consolé, sans être devenu meilleur et plus fort.
Par son exemple à supporter les calomnies, par son expérience des choses divines, elle dut les soutenir contre les injures, les moqueries, les persécutions, leur obtenir par ses prières la grâce de la persévérance jusqu'au martyre.
Personne n'était plus Miséricordieux qu'elle, plus fort dans les épreuves, plus humble, plus pieux, plus charitable.
Enfin personne mieux qu'elle ne pouvait leur parler de la conception virginale du Christ, de sa naissance, de son enfance, de sa vie cachée à Nazareth, et de ce qui s'était passé en la sainte âme du Sauveur sur la croix. C'est ce qui fait dire à saint Ambroise : « Il n'est pas extraordinaire que saint Jean ait parlé du mystère de l'Incarnation mieux que les autres; il se trouvait à la source même des secrets célestes. » C'est dans l'intimité de la Mère de Dieu qu'il vécut de ce qu'il rapporte dans le quatrième évangile.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Jeu 17 Sep 2020, 07:54 | |
| CHAPITRE V
Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL
Reine des martyrs
Ce titre a été donné à Marie par saint Ephrem, saint Jérôme, saint Ildefonse, saint Anselme, saint Bernard. Il s'agit du martyre du cœur prédit par le vieillard Siméon : « Un glaive de douleur transpercera votre âme » (Luc, III, 35).
Sa douleur fut proportionnée à son amour pour son Fils lorsqu'on l'appelait séducteur du peuple, violateur de la loi, possédé du démon, lorsqu'on lui préférait Barabbas, lorsqu'elle le vit cloué sur la croix, torturé par la couronne d'épines, par la soif, par toutes les angoisses de son âme de prêtre et de victime.
Tous les coups que recevait son Fils flagellé et crucifié, elle les recevait elle-même, car elle ne faisait qu'un avec lui par la profondeur de son amour pour lui. Comme le dit Bossuet, « une seule croix suffit ainsi pour qu'ils fussent martyrs l'un et l'autre ».
Ils n'offraient qu'un seul et même sacrifice, et comme elle aimait son Fils plus qu'elle-même, elle souffrit plus que si elle avait été tourmentée elle-même par les bourreaux.
Elle supporta ce martyre pour confesser la foi au mystère de l'Incarnation rédemptrice, et en elle, en ce moment, la foi de l'Eglise resta ferme, vive, ardente et pénétrante plus que dans tous les martyrs.
Il faut ajouter que la cause de ses souffrances fut celle même de la Passion de son Fils, l'accumulation des crimes de l'humanité et l'ingratitude des hommes qui rendrait ces souffrances en partie inutiles.
Il ne faut pas oublier non plus qu'elle souffrit depuis la conception du Sauveur, plus encore depuis la prophétie du vieillard Siméon, ensuite d'une façon plus vive en voyant pendant la vie publique de Jésus l'opposition croissante des pharisiens, et jusqu'au paroxysme durant la Passion et au pied de la Croix.
Alors quoiqu'elle fut remplie d'une immense douleur, son zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes lui donna une sainte joie de voir son Fils consommer son œuvre rédemptrice par le plus parfait des holocaustes.
Enfin elle assiste les martyrs dans leur supplice : si on l'appelle Notre Dame de la bonne mort parce qu'elle veille près des mourants qui l'invoquent, à plus forte raison assiste-t-elle ceux qui meurent pour confesser leur foi au Christ rédempteur.
Reine des confesseurs - Marie et les prêtres
Elle est reine de tous ceux qui confessent la foi au Christ, parce qu'elle l'a confessée elle-même plus que personne depuis l'Annonciation jusqu'à la mort de Jésus et ensuite jusqu'à l'Assomption.
Mais il convient de parler ici surtout de ce qu'elle est à l'égard des prêtres du Christ.
Le prêtre, pour représenter vaiment Notre-Seigneur qu'il doit rendre présent sur l'autel et offrir sacramentellement à la messe, doit s'unir de plus en plus à ses sentiments, à l'oblation toujours vivante au cœur de Jésus, « qui ne cesse d'intercéder pour nous ».
De plus le prêtre doit par les divers sacrements distribuer la grâce qui est le fruit des mérites du Christ et de ceux de sa sainte Mère.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Ven 18 Sep 2020, 08:59 | |
| CHAPITRE V Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL Reine des confesseurs - Marie et les prêtres Aussi Marie a-t-elle un zèle particulier pour la sanctification des prêtres. Elle voit en eux la participation du sacerdoce de son Fils et elle veille très spécialement sur leur âme pour qu'ils fassent fructifier la grâce de leur ordination, pour qu'ils deviennent une vivante image du Sauveur. Elle les garde contre les périls qui les entourent, elle les relève avec une grande bonté s'ils viennent à défaillir. Elle les aime comme des fils de prédilection, ainsi qu'elle a aimé saint Jean qui lui fut confié au Calvaire. Elle attire leur cœur pour l'élever et pour les conduire de plus en plus à l'intimité du Christ, pour qu'un jour ils puisssent dire en toute vérité : « Je vis, mais non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. » Elle les assiste surtout à l'autel, pour qu'ils prennent de plus en plus conscience de ce que doit être leur union au Prêtre principal du sacrifice de la messe. Elle est spirituellement présente à cette oblation sacramentelle, qui perpétue en substance le sacrifice de la croix, et elle distribue les grâces actuelles qui disposent à la faire avec le recueillement voulu et le don généreux de soi, pour que le prêtre ne participe pas seulement au sacerdoce du Sauveur; mais aussi à sa vie de victime, dans la mesure voulue pour lui par la Providence. Par là elle forme le cœur des prêtres à l'image du Cœur de Jésus. De plus, avec lui, elle suscite les vocations sacerdotales et les cultive, car là où il n'y a pas de prêtres, il n'y a pas de baptême, pas d'absolution, pas de messe, pas de mariage chrétien, ni d'extrême-onction, pas de vie chrétienne, c'est le retour au paganisme. Le Christ, qui a voulu avoir besoin de Marie pour l'aider dans l'œuvre de la rédemption, a voulu avoir besoin aussi de ses prêtres, et Marie les forme à la sainteté. On le voit particulièrement par la vie de certains saints comme saint Jean l'évangéliste, saint Ephrem, saint Jean Damascène, saint Bernard, saint Dominique, l'apôtre du Rosaire, saint Bernardin de Sienne, saint Alphonse, le Bx de Montfort et beaucoup d'autres. Reine des vierges - Marie et les âmes consacrées Reine des vierges, elle l'est parce qu'elle a eu la virginité au degré le plus éminent, parce qu'elle l'a conservée dans la conception, dans l'enfantement du Sauveur, et toujours ensuite. Dès lors elle fait comprendre aux âmes le prix de la virginité, qui n'est pas seulement, comme la pudeur, une louable inclination de la sensibilité, mais qui est une vertu, c'est-à-dire une force spirituelle. Elle leur montre que la virginité consacrée à Dieu est supérieure à la simple chasteté, parce qu'elle promet à Dieu l'intégrité du corps et la pureté du cœur pour toute la vie; ce qui fait dire à saint Thomas que la virginité est à la chasteté comme la munificence à la simple libéralité, car elle est un don de soi excellent qui manifeste une parfaite générosité. Marie préserve les vierges au milieu des dangers, les soutient dans leurs luttes et les conduit, si elles sont fidèles, à une grande intimité avec son Fils. Quel est son rôle à l'égard des âmes consacrées ? Ces âmes sont appelées par l'Eglise « les épouses du Christ ». Leur parfait modèle est évidemment la Très Sainte Vierge. A son exemple, elles doivent avoir en union avec Notre-Seigneur, une vie de prière et de réparation ou d'immolation pour le monde et les pécheurs. Elles doivent aussi consoler les affligés, en rappelant ce que dit l'Evangile, que la consolation qu'elles apportent surnaturellement aux membres souffrants du Christ, c'est à lui qu'elles l'apportent, pour lui faire oublier tant d'ingratitudes, de froideurs et même de profanations. Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 19 Sep 2020, 06:58 | |
| CHAPITRE V
Article I - SA ROYAUTÉ EN GÉNÉRAL
Reine des vierges - Marie et les âmes consacrées
Dès lors la vie de ces âmes doit s'attacher à reproduire les vertus de Marie et à continuer dans une mesure son rôle vis-à-vis de Notre-Seigneur et des fidèles.
Si les âmes consacrées savent et veulent suivre cette direction, elles chercheront auprès de Marie, et trouveront en elle tout ce qui sera une compensation magnifique à tous les renoncements et privations, acceptés, d'abord en bloc, et qu'on estime parfois trop durs lorsqu'ils se présentent au jour le jour.
La Sainte Vierge fait entendre enfin aux vierges consacrées à Dieu qu'elles peuvent humblement aspirer à une maternité spirituelle, qui est un reflet de la sienne, à l'égard des enfants abandonnés, des pauvres, des pécheurs, qui ont besoin de trouver l'assistance d'une grande bonté surnaturelle.
A cette maternité spirituelle Jésus fait allusion lorsqu'il dit (Matth., XXV, 35) : « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; nu, vous m'avez vêtu; malade, vous m'avez visité; en prison, et vous êtes venus à moi. »
Cette maternité spirituelle s'exerce aussi, dans la vie contemplative et réparatrice, par l'apostolat par la prière et la souffrance, qui féconde celui par la prédication pour la conversion des pécheurs et l'extension du règne du Christ. Cette maternité cachée a ses grandes souffrances, mais la Sainte Vierge inspire comment il faut les offrir et elle en fait entrevoir la fécondité.
Enfin Marie assiste les mères chrétiennes, pour qu'après avoir donné le jour à leurs enfants, elles forment leur âme à la vie de la foi, de la confiance et de l'amour de Dieu, pour qu'elles les ramènent s'ils se sont égarés, comme le fit Monique à l'égard d'Augustin. Nous voyons ainsi quelle est la royauté universelle de la Mère de Dieu : elle est la reine de tous les saints, par sa mission unique dans le plan provinênrel, par la perfection de la grâce et de la gloire et par celle de ses vertus.
Elle est la reine de tous les saints connus et inconnus, de tous ceux du ciel, canonisés, béatifiés ou non, et de tous ceux qui se sanctifient sur la terre et dont elle connaît la prédestination, les épreuves, les joies, la persévérance et les fruits qui en seront le couronnement pour l'éternité.
CHAPITRE VI La vraie dévotion à la Sainte
Dans ce chapitre nous parlerons : 1° du d'hyperdulie dû à la Mère de Dieu; 2° des formes habituelles de la dévotion mariale, spécialement du Rosaire, comme école de contemplation; 3° de la consécration à Marie telle que l'explique le Bx Grignion de Montfort; 4° de l'union intime et mystique avec la Sainte Vierge.
Article I - LE CULTE D'HYPERDULIE ET SES BIENFAITS
Le culte en général est un honneur rendu avec soumission et dépendance à une personne qui nous est supérieure et à cause de son excellence.
Qu'il soit seulement intérieur ou en même temps extérieur, le culte diffère donc selon l'excellence même de la personne à laquelle il est dû. A Dieu, à cause de son excellence infinie, de premier principe et souverain maitre de toutes choses, est dû le culte suprême de latrie ou d'adoration, acte de la vertu de religion. Il est dû aussi à l'humanité du Sauveur en tant qu'elle appartient à la personne incréée du Verbe, et d'une façon relative au crucifix et autres images du Sauveur, en tant qu'ils le représentent.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 19 Sep 2020, 22:29 | |
| CHAPITRE VI
Article I - LE CULTE D'HYPERDULIE ET SES BIENFAITS
Aux personnes créées qui ont une certaine excellence est dû un culte appelé de dulie ou de respect, qui est l'acte de la vertu de dulie subordonnée à celle de religion.
C'est ainsi que déjà dans l'ordre naturel le respect est dû aux parents, aux rois, à un chef d'armée, à un maître, à un sage, et dans l'ordre surnaturel la vénération est due aux saints, à cause de l'excellence de leurs vertus dont l'héroïcité est reconnue, et ce culte rendu aux serviteurs de Dieu honore Dieu lui-même qui se manifeste par eux et qui par eux nous attire vers lu. Le Concile de Trente l'affirme contre les protestants qui ont voulu voir de la superstition dans cette vénération pour les saints (cf. Denzinger, nos 941, 952, 984).
De plus on enseigne communément dans l'Eglise qu'à la Très Sainte Vierge est dû un culte d'hyperdulie ou de dulie suprême, à cause de son éminente dignité de Mère de Dieu (Denzinger, nos 1255 sq., 1316, 1570).
Nature et fondement de ce culte
Il y a eu au sujet de ce culte dû à Marie deux déviations absolument contraires l'une à l'autre. Selon le témoignage de saint Epiphane (Haer., 78-79), les collyridiens voulurent rendre à la Sainte Vierge un culte proprement divin et lui offrir des sacrifices. Cette erreur mériterait le nom de Mariolatrie; elle n'a pas duré.
Par opposition les protestants ont déclaré que le culte d'hyperdulie rendu par les catholiques à la Très Sainte Vierge est une superstition.
Il est facile de répondre que le culte de latrie ou d'adoration ne peut être rendu qu'à Dieu seul; si l'on adore l'humanité de Jésus c'est parce qu'elle est unie personnellement au Verbe, si l'on rend un culte d'adoration relative au crucifix c'est parce qu'il représente Notre-Seigneur (cf. saint Thomas, IIIa, q. 25, a. 3 et 5).
Il est clair, en effet, que le crucifix ou les images du Sauveur n'ont d'autre excellence que de le représenter. Si l'on rendait ce culte d'adoration relative à la Sainte Vierge à cause de son rapport au Verbe fait chair, il serait facilement pris par beaucoup comme une adoration qui s'adresse à Marie à cause de sa propre excellence, et il serait ainsi occasion d'erreur grave et d'idolatrie, comme le remarque saint Thomas (ibid., a. 3, ad 3).
Le culte qui est dû à la Sainte Vierge est donc un culte de dulie. Ce point de doctrine est même de foi, selon le magistère universel de l'Eglise; d'où la condamnation de trois propositions contraires de Molinos (Denz., 1255 sq., 1316).
De plus, c'est une doctrine commune et certaine qu'on doit à Marie un culte éminent de dulie, ou d'hyperdulie, qui lui est propre, en tant qu'elle est la Mère de Dieu. C'est l'enseignement traditionnel qui apparait de plus en plus explicitement dans les écrits de saint Modeste au VII° siècle, de saint Jean Damascène au VIII°, puis de saint Thomas, de saint Bonaventure, de Scot, de Suarez, de presque tous les théologiens catholiques.
La Sacrée Congrégation des Rites l'a affirmé dans un décret du 1er juin 1884, et la liturgie aussi dans l'office de la Sainte Vierge.
On voit par là que le culte d'hyperdulie est dû formellement à Marie pour cette raison qu'elle est la Mère de Dieu, parce que la maternité divine est, par son terme de l'ordre hypostatique, très supérieur à celui de la grâce et de la gloire. Si donc la Sainte Vierge avait seulement reçu la plénitude de grâce et de gloire sans être la Mère de Dieu, en d'autres termes si elle était seulement supérieure aux saints par le degré de gloire consommé, ce culte spécial d'hyperdulie ne lui serait pas dû.
Enfin c'est une doctrine plus probable et plus commune que ce culte d'hyperdulie n'est pas seulement un degré supérieur du culte de dulie dû aux saints, mais qu'il en est spécifiquement distinct, comme la maternité divine est par son terme de l'ordre hypostatique, spécifiquement distinct de celui de la grâce et de la gloire.
Ce culte d'hyperdulie est rendu à Marie formellement parce qu'elle est la Mère de Dieu, Mère du Sauveur; mais c'est parce qu'elle a ce titre suprême qu'elle a aussi ceux de Mère de tous les hommes, de médiatrice universelle et de corédemptrice.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 20 Sep 2020, 21:42 | |
| CHAPITRE VI
Article I - LE CULTE D'HYPERDULIE ET SES BIENFAITS
Quels sont les fruits de ce culte ?
Il attire sur ceux qui le rendent à la Mère de Dieu une plus grande bienveillance de sa part, il les porte à imiter ses vertus; il les conduit ainsi efficacement au salut, car Marie peut obtenir à ceux qui l'implorent fidèlement la grâce de la persévérance finale.
C'est pourquoi la vraie dévotion à la Sainte Vierge est comptée communément parmi les signes de la prédestination. Bien qu'elle ne donne pas une certitude absolue et infaillible d'être sauvé (ce que réprouve le Concile de Trente, Denz., n° 805), elle nous donne le ferme espoir d'obtenir le salut. Cette ferme espérance repose sur la grande puissance d'intercession de Marie et sur sa grande bienveillance pour ceux qui l'invoquent.
En ce sens saint Alphonse affirme (Gloires de Marie, Ire p., c. VIII), qu'il est moralement impossible que ceux-là se perdent qui, avec le désir de s'amender, sont fidèles à honorer la Mère de Dieu et à se recommander à sa protection. S'il n'y avait seulement que velléité de rompre avec le péché, il n'y aurait pas encore un signe probable de prédestination. Mais si les pécheurs s'efforcent de sortir du péché, où ils sont encore, et s'ils cherchent pour cela l'aide de Marie, elle ne manquera pas de les secourir et de les ramener en grâce avec Dieu. Ainsi parle avec saint Alphonse (ibid., Ire p., c. I, 4) la généralité des théologiens plus récents.
D'une manière générale, dans l'Eglise, ce culte rendu à Marie confirme les fondements de la foi, du fait qu'il dérive de la foi à l'Incarnation rédemptrice; il écarte par là les hérésies; aussi est-il dit de Marie : « Cunctas haereses interemisti in mundo. » Il porté à la sainteté par l'imitation des vertus de la Sainte Vierge, et il glorifie Notre-Seigneur en honorant sa Mère.
Objections
Des rationalistes ont objecté que la première origine du culte religieux envers Marie parait devoir être attribuée à l'influence des conceptions semi-païennes apportées dans l'Eglise par les conversions en masse opérées au IV° siècle.
Cette théorie était déjà mentionnée et combattue par saint Pierre Canisius, De Maria Deipara virgine. l. V, c. XV, Lyon, 1584, pp. 519 sq. Elle a été examinée récemment dans le Dict. apologétique, art. Mariolâtrie, col. 319 sq., Dict. théol. cath., art. Marie, col. 2445 ss. par le P. Merkelbach, op. cit., pp. 408 ss., et les auteurs, par lui cités, ibid.
Bien certainement au point de vue dogmatique le culte de la Sainte Vierge n'est pas venu au IV° siècle du paganisme, mais il est fondé sur l'excellence même du Christ.
Au moins, dès le IIe siècle en Occident les paroles natus ex Maria Virgine sont insérées dans le symbole qui est expliqué au catéchumène. Dès l'époque de saint Justin, saint Irénée, Tertullien, Marie, Mère du Sauveur, est appelée la nouvelle Eve, la Mère spirituelle des chrétiens. Ce culte est né spontanément chez les fidèles à raison de leur foi au mystère de l'Incarnation rédemptrice.
Au point de vue historique il faut ajouter que la première représentation de la Vierge tenant l'Enfant Jésus sur sa poitrine que l'on trouve à Rome au cimetière de Priscille, ainsi qu'une peinture de l'Annonciation au même endroit, selon les juges les plus compétents, remontent au II° siècle; d'autres sont du III°, avant les conversions en masse des païens opérées au IV°.
De plus le culte de Marie est tout différent de celui d'Isis en Egypte, d'Artémis à Ephèse, d'Istar en Babylonie; ces déesses représentaient en effet la vie et la fécondité naturelle de la terre, et à leur culte se mêlaient des rites et pratiques immorales, non pas l'amour de la chasteté et de la virginité.
En outre, les païens considéraient l'objet de ces cultes comme des déesses, tandis que Marie a toujours été regardée comme une pure créature qui a donné au Verbe fait chair sa nature humaine.
S'il y a quelques analogies elles sont purement extérieures du fait que tout culte vrai ou faux a quelque conformité avec certaines aspirations du cœur et s'exprime par des images; mais il n'y a pas pour cela imitation. Enfin toute l'Eglise étant opposée à la religion païenne, n'a pu lui faire un tel emprunt.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 21 Sep 2020, 21:50 | |
| CHAPITRE VI
Article I - LE CULTE D'HYPERDULIE ET SES BIENFAITS
Objections
L'objection des protestants, selon laquelle le culte de Marie nuit au culte divin, n'est pas plus fondée. L'Eglise catholique maintient en effet que le culte de latrie ou d'adoration ne peut être rendu qu'à Dieu seul, et la dévolion à la Sainte Vierge, loin de s'opposer au culte divin, le favorise, car elle reconnaît que Dieu est l'auteur de tous les dons que nous vénérons en Marie ; l'honneur rendu à la Mère remonte à son Fils et la Médiatrice universelle nous fait mieux connaître que Dieu est l'auteur de toutes les grâces.
L'expérience montre du reste que la foi en la divinité du Christ se conserve chez les catholiques qui ont le culte de Marie, tandis qu'elle dépérit chez les protestants. Tous les saints enfin ont uni le culte de Notre-Seigneur et celui de sa Mère.
La dévotion à Marie, étant plus sensible, est chez certaines personnes plus intense que celle envers Dieu, mais le culte divin lui est supérieur, puisque Dieu est aimé par-dessus tout d'un amour d'estime, qui tend à devenir plus intense et qui le devient au fur et à mesure que l'âme vit davantage d'une vie spirituelle plus dégagée des sens.
La confiance en Marie, Mère de Miséricorde, et en la puissance de son intercession, loin de diminuer la confiance en Dieu, l'augmente. Si la confiance que les pèlerins d'Ars avaient dans le Curé d'Ars, au lieu de diminuer leur confiance en Dieu, l'augmentait, à plus forte raison celle, que les fidèles ont en Marie.
Ces objections n'ont donc absolument aucun fondement.
Le culte d'hyperdulie repose au contraire sur la foi en la divinité du Christ, laquelle s'exprime dans le titre le plus glorieux de Marie, celui de Mère de Dieu.
Ce serait un manque d'humilité, comme le dit le Bx de Montfort, de négliger les médiateurs que Dieu nous a donnés à cause de notre faiblesse. Bien loin de nuire à notre intimité avec Dieu, ils nous y disposent.
Comme Jésus ne fait rien dans les âmes que pour les conduire à son Père, Marie n'exerce son influence sur les intelligences et les cœurs que pour les conduire à l'intimité de son Fils. Dieu a voulu se servir d'elle constamment pour la sanctification des âmes.
Article II - LE ROSAIRE
Ecole de contemplation
Parmi les formes habituelles de la dévotion mariale, comme le sont l'Angelus, l'office de la Sainte Vierge, le Rosaire, nous parlerons spécialement de ce dernier, en tant qu'il nous dispose et nous conduit à la contemplalion des grands mystères du salut.
C'est, après le sacrifice de la messe, une des plus belles prières et des plus efficaces, à condition de la bien entendre et d'en vivre véritablement.
Il arrive souvent que le chapelet, qui est un reste amoindri du Rosaire, devient une prière machinale, pendant laquelle l'esprit, n'étant pas assez occupé des choses divines, est la proie des distractions, prière parfois précipitée et sans âme, ou par laquelle on demande les biens temporels sans voir assez leur rapport avec les biens spirituels, la sanctification et le salut.
Alors, en entendant réciter ainsi d'une façon trop mécanique et négligente le chapelet, on se demande : que reste-t-il en cette prière ainsi faite de l'enseignement contenu dans les grandes et nombreuses encycliques de Léon XIII sur le Rosaire, encycliques que rappelait Pie XI dans une de ses dernières lettres apostoliques avant de mourir.
On peut sans doute faire déjà une bonne prière, en pensant confusément à la bonté de Dieu et à la grâce demandée, mais pour rendre au chapelet son âme et sa vie, il faut se rappeler qu'il n'est qu'une des trois parties du Rosaire, et qu'il doit s'accompagner de la méditation, facile du reste, des mystères joyeux, douloureux et glorieux, qui nous rappellent toute la vie de Notre-Seigneur, celle de sa sainte Mère et leur élévation au ciel.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 22 Sep 2020, 22:43 | |
| CHAPITRE VI
Article II - LE ROSAIRE
Les trois grands mystères du salut
Les quinze mystères du Rosaire, ainsi divisés en trois groupes ne sont autre chose que les divers aspects des trois grands mystères du salut : celui de l'Incarnation, celui de la Rédemption et celui de la vie éternelle.
Le mystère de l'Incarnation nous est rappelé par les joies de l'Annonciation, de la Visitation, de la Nativité de Jésus, par sa présentation au temple et son recouvrement parmi les docteurs de la synagogue.
Le mystère de la Rédemption nous est rapporté par les divers moments de la Passion : l'agonie au jardin des Oliviers, la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de la croix, le crucifiement.
Le mystère de la vie éternelle nous est redit par la résurrection, l'ascension, la pentecôte, l'assomption de Marie et son couronnement au ciel.
C'est tout le Credo qui passe sous nos yeux, non pas d'une façon abstraite, par des formules dogmatiques, mais d'une façon concrète par la vie du Christ, qui descend vers nous et remonte vers son Père pour nous conduire à lui. C'est tout le dogme chrétien dans son élévation et sa splendeur, pour que nous puissions ainsi tous les jours le pénétrer, le savourer et en nourrir notre âme.
Par là, le Rosaire est une école de contemplation, car il nous élève peu à peu au-dessus de la prière vocale et de la méditation raisonnée ou discursive. Les anciens théologiens ont comparé ce mouvement de contemplation au mouvement en spirale[446] que décrivent certains oiseaux comme l'hirondelle pour s'élever très haut.
Ce mouvement en spirale est aussi comme un chemin qui serpente pour faire sans fatigue l'ascension d'une montagne. Les mystères joyeux de l'enfance du Sauveur conduisent à sa Passion et sa Passion au ciel.
C'est donc une prière très élevée, si on l'entend bien, puisqu'elle remet tout le dogme sous nos yeux de façon accessible à tous.
Elle est aussi très pratique, parce qu'elle nous rappelle toute la morale et la spiritualité chrétienne vues d'en haut par l'imitation de Jésus rédempteur et de Marie médiatrice, qui sont nos grands modèles.
Ces mystères doivent en effet se reproduire en notre vie dans une certaine mesure voulue pour chacun de nous par la divine Providence. Chacun d'eux nous rappelle une vertu, surtout l'humilité, la confiance, la patience et la charité.
On peut dire même qu'il y a trois moments dans notre voyage vers Dieu : on entrevoit d'abord la fin dernière, d'où le désir du salut et la joie qui accompagne ce désir ; c'est ce que nous rappellent les mystères joyeux, la bonne nouvelle de l'Incarnation du Fils de Dieu qui nous ouvre la voie du salut.
On doit prendre ensuite les moyens souvent douloureux pour la délivrance du péché et la conquête du ciel. C'est ce que nous redisent les mystères douloureux.
On se repose enfin dans la fin dernière conquise, dans l'éternelle vie, dont celle-ci doit être le prélude. C'est ce que nous font prévoir les mystères glorieux.
Le Rosaire est ainsi très pratique, car il vient nous prendre au milieu de nos joies trop humaines, parfois dangereuses, pour nous faire penser à celles beaucoup plus hautes de la venue du Sauveur.
Il vient nous prendre aussi au milieu de nos souffrances souvent déraisonnables, parfois accablantes, presque toujours mal supportées, pour nous rappeler que Jésus a souffert beaucoup plus que nous par amour pour nous, et pour apprendre à le suivre, en portant la croix que la Providence a choisie pour nous purifier. Le Rosaire vient enfin nous prendre au milieu de nos espoirs trop terrestres, pour nous faire penser au véritable objet de l'espérance chrétienne, à la vie éternelle et aux grâces nécessaires pour y parvenir par l'accomplissement des grands préceptes de l'amour de Dieu et du prochain.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 23 Sep 2020, 21:52 | |
| CHAPITRE VI
Article II - LE ROSAIRE
Les trois grands mystères du salut
Le Rosaire bien compris est ainsi non pas seulement une prière de demande, mais une prière d'adoration à la pensée du mystère de l'Incarnation, une prière de réparation, en souvenir de la Passion du Sauveur, une prière d'action de grâces, en pensant aux mystères glorieux qui continuent de se reproduire incessamment par l'entrée au ciel des élus.
Le Rosaire et l'oraison contemplative
D'une façon plus simple encore et plus élevée, il convient de réciter le Rosaire en regardant par les yeux de la foi Jésus toujours vivant, qui ne cesse d'intercéder pour nous, et qui influe toujours sur nous, soit sous la forme de sa vie d'enfance, ou de sa vie douloureuse ou de sa vie glorieuse. Il vient actuellement à nous pour nous assimiler à lui.
Arrêtons le regard de notre esprit sur celui de Notre-Seigneur qui se fixe sur nous. Son regard est non seulement plein d'intelligence et de bonté, mais c'est le regard même de Dieu, qui purifie, qui pacifie, qui sanctifie.
C'est le regard de notre juge, mais plus encore de notre Sauveur, de notre meilleur ami, du véritable époux de notre âme.
Le Rosaire ainsi récité dans la solitude et le silence se transforme en un entretien des plus fructueux avec Jésus, toujours vivant pour nous vivifier et nous attirer à lui. C'est aussi une conversation avec Marie qui nous conduit à l'intimité de son Fils.
On voit assez souvent dans la vie des saints que Jésus vient à eux d'abord pour reproduire en eux sa vie d'enfance, puis sa vie cachée, ensuite sa vie apostolique, et enfin sa vie douloureuse avant de les faire participer à sa vie glorieuse. Par le Rosaire, il vient à nous d'une façon semblable, de sorte que cette prière bien faite se transforme peu à peu en une conversation intime avec Jésus et Marie.
On s'explique dès lors que des saints y aient vu une école de contemplation.
Quelques personnes objectent qu'on ne peut à la fois réfléchir aux paroles et contempler les mystères. A cela on a répondu souvent : il n'est pas nécessaire de réfléchir aux paroles de l'Ave Maria, quand on médite ou regarde spirituellement tel ou tel mystère.
Ces paroles sont comme une cantilène, qui berce l'oreille, nous isole des bruits du monde, pendant que les doigts sont occupés à égrener le rosaire et nous indiquent matériellement à quelle dizaine nous en sommes. Ainsi l'imagination est occupée pendant que l'intelligence et la volonté sont unies à Dieu.
On a objecté aussi que la forme monotone du chapelet engendre la routine. Cette objection, qui porte contre le chapelet mal dit, ne porte pas contre. le Rosaire qui nous familiarise avec les divers mystères du salut, en nous rappelant, dans nos joies, nos tristesses et nos espoirs, comment ces mystères doivent se reproduire en nous.
Toute prière peut dégénérer en routine, même l'ordinaire de la messe, même le Prologue de l'Évangile de saint Jean lu presque tous les jours à la fin du saint Sacrifice. Mais cela provient non pas certes de ce que ces grandes prières sont imparfaites, mais de ce que nous ne les disons pas comme il faudrait, avec foi, confiance, et amour.
L'esprit du Rosaire tel qu'il fut conçu
Pour mieux voir ce que doit être le Rosaire, il faut se rappeler comment saint Dominique l'a conçu sous l'inspiration de la Sainte Vierge, à un moment où le midi de la France était ravagé par l'hérésie des Albigeois, imbus des erreurs manichéennes, qui niaient la bonté infinie et la toute-puissance de Dieu, par l'affirmation d'un principe du mal souvent victorieux.
Ce n'était pas seulement la morale chrétienne qui était attaquée; mais le dogme, les grands mystères de la création, de l'Incarnation rédemptrice, de la descente du Saint-Esprit, de la vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Ven 25 Sep 2020, 09:23 | |
| CHAPITRE VI
Article II - LE ROSAIRE
L'esprit du Rosaire tel qu'il fut conçu
C'est alors que la Sainte Vierge fit connaître à saint Dominique un mode de prédication inconnu jusqu'alors, qu'elle lui affirma être pour l'avenir une des armes les plus puissantes contre l'erreur et l'adversité. Arme très humble, qui fait sourire l'incrédule; car il ne comprend pas les mystères de Dieu.
Sous l'inspiration qu'il avait reçue, saint Dominique s'en allait par les villages hérétiques, rassemblait le peuple, et il prêchait sur les mystères du salut, sur ceux de l'Incarnation, de la Rédemption, de la vie éternelle. Comme le lui avait inspiré Marie, il distinguait les divers mystères joyeux, douloureux et glorieux.
Il prêchait quelques instants sur chacun de ces quinze mystères, et après la prédication de chacun, il faisait réciter une dizaine d'Ave Maria, un peu comme on prêche aujourd'hui l'heure sainte en plusieurs parties intercalées de prières ou de chants religieux. Alors ce que la parole du prédicateur ne parvenait pas à faire admettre, la douce prière de l'Ave Maria l'insinuait au fond des cœurs. Ce genre de prédication fut des plus fructueux.
En France cette forme de prière fut prêchée avec un grand zèle par le Bx Alain de la Roche en Bretagne et ensuite par le Bx Grignion de Montfort surtout en Vendée et en Poitou.
Si nous vivons de cette prière, nos joies, nos tristesses et nos espoirs seront purifiés, élevés, surnaturalisés; nous verrons de mieux en mieux, en contemplant ces mystères, que Jésus, notre Sauveur et notre modèle, veut nous assimiler à lui, nous communiquer d'abord quelque chose de sa vie d'enfance et de sa vie cachée, puis quelque ressemblance avec sa vie douloureuse, pour nous faire participer ensuite à sa vie glorieuse pour l'éternité.
Article III - LA CONSÉCRATION A MARIE
Dans son Traité de la vraie dévotion â la Sainte Vierge, le Bx Grignion de Montfort a justement distingué plusieurs degrés de la vraie dévotion à la Mère de Dieu. Il ne parle que rapidement, ch. III, des formes de la fausse, qui est tout extérieure, présomptueuse, inconstante, hypocrite ou intéressée; il ne considère guère que la vraie. Ainsi que les autres vertus chrétiennes, elle grandit en nous avec la charité, qui est d'abord celle des commençants, puis des progressants et des parfaits.
Au premier degré la vraie dévotion à Marie consiste à la prier de temps en temps avec recueillement, par exemple à bien dire l'Angelus, quand il sonne. Au second degré, elle devient le principe de sentiments plus parfaits d'estime, de vénération, de confiance et d'amour, qui portent, par exemple, à bien dire le chapelet ou même le rosaire chaque jour.
Au troisième degré, elle porte à se donner tout entier à la Sainte Vierge en se consacrant à elle, pour être tout entier par elle à Notre-Seigneur.
En quoi consiste cette consécration ?
Elle consiste à promettre à Marie de recourir filialement et constamment à elle et de vivre dans une habituelle dépendance à son égard, pour arriver à une plus intime union avec Notre-Seigneur et par lui avec la Sainte Trinité présente en nous.
La raison en est, dit le Bienheureux (ibid., ch. I, a. 1, n° 44), que Dieu veut se servir de Marie dans la sanctification des âmes, après s'être servi d'elle dans l'Incarnation, et il ajoute : « Je ne crois pas qu'une personne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit, sans une très grande union avec la Très Sainte Vierge et une grande dépendance de son secours...
Elle était pleine de grâce quand elle fut saluée par l'archange Gabriel, et elle fut surabondamment remplie de grâce par le Saint-Esprit quand il la couvrit de son ombre ineffable ; et elle a [tellement] augmenté de jour en jour et de moment en moment cette plénitude double, qu'elle est arrivée à un point de grâce immense et inconcevable ; en sorte que le Très-Haut l'a faite l'unique trésorière de ses trésors, et l'unique dispensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enrichir qui elle veut, pour faire entrer qui elle veut dans la voie étroite du ciel... Jésus est partout et toujours le fruit et le Fils de Marie ; et Marie est partout l'arbre véritable qui porte le fruit de vie et la vraie mère qui le produit. »
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 26 Sep 2020, 07:38 | |
| CHAPITRE VI
Article III - LA CONSÉCRATION A MARIE
Au même chapitre, un peu plus haut, n° 33, le Bienheureux dit aussi : « On peut lui appliquer plus véritablement que saint Paul ne se les applique, ces paroles : « Quos iterum parturio, donec formetur Christus in vobis » (Gal., IV, 19) : J'enfante tous les jours les enfants de Dieu, jusqu'à ce que Jésus-Christ soit formé en eux dans la plénitude de son âge.
Saint Augustin dit que tous les prédestinés, pour être conformes à l'image du Fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de là Très Sainte Vierge, où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne Mère, jusqu'à ce qu'elle les enfante à la gloire après la mort, qui est proprement le jour de leur naissance, comme l'Eglise appelle la mort des justes.
O mystère de grâce inconnu aux réprouvés, et peu connu des prédestinés ! » Marie est en effet leur Mère spirituelle, elle les enfante donc spirituellement, et leur naissance spirituelle définitive, est, après leur mort, leur entrée dans la gloire.
On conçoit dès lors que ce serait un manque d'humilité de ne pas recourir fréquemment à la Médiatrice universelle que la Providence nous a donnée comme une vraie Mère spirituelle pour former le Christ en nous, ou pour nous former spirituellement à l'image du Fils de Dieu.
La théologie ne peut donc que reconnaître la parfaite légitimité de cette consécration[450], légitimité qui repose sur deux titres de Marie, celui de Mère de tous les hommes et de souveraine.
Cette forme élevée de la dévotion à la Sainte Vierge, qui est une reconnaissance pratique de sa médiation universelle, est un gage de sa particulière protection.
Elle nous dispose à un perpétuel et filial recours à elle, à la contemplation et à l'imitation de ses vertus et de sa parfaite union à Notre-Seigneur.
Dans la pratique de cette dépendance totale à l'égard de Marie, on peut comprendre, comme y invite le Bx de Montfort, l'abandon fait à la Sainte Vierge de tout ce qu'il y a de communicable à d'autres âmes dans nos bonnes œuvres, pour qu'elle en dispose selon la volonté de son divin Fils et pour sa plus grande gloire. Il conseille, en effet, cette formule de consécration (ibid., fin : appendice)
« Je vous choisis aujourd'hui, ô Marie, en présence de toute la Cour céleste, pour ma Mère et Maîtresse. Je vous livre et consacre en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité. »
Cet abandon est en réalité la pratique de ce qu'on a appelé l'acte héroïque, sans qu'il y ait ici un vœu, mais seulement une promesse à la Sainte Vierge.
Il nous est ainsi conseillé de donner à Marie nos biens extérieurs, si nous en avons, pour qu'elle nous préserve de toute attache aux choses terrestres et nous inspire d'en faire le meilleur usage. Il convient de lui consacrer notre corps, nos sens, pour qu'elle les conserve dans une parfaite pureté, de lui livrer aussi notre âme, nos facultés, nos biens spirituels, vertus et mérites, toutes nos bonnes œuvres passées, présentes et futures.
Comment donner nos mérites à la Sainte Vierge, pour qu'elle en fasse bénéficier d'autres âmes de la terre ou du purgatoire ? La théologie l'explique facilement en distinguant dans nos bonnes œuvres ce qu'il y a d'incommunicable aux autres et ce qui est communicable.
Qu'est-ce qu'il y a de communicable en nos bonnes œuvres ?
Tout d'abord ce qui, en elles, est incommunicable, c'est le mérite de condignité, de condigno, qui constitue un droit en justice à une augmentation de grâce et à la vie éternelle. Ce mérite strictement personnel est incommunicable; il diffère en cela de ceux de Notre-Seigneur, qui, en justice, nous a communiqué ses mérites parce qu'il était constitué tête de l'humanité.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 27 Sep 2020, 01:03 | |
| CHAPITRE VI Article III - LA CONSÉCRATION A MARIE Qu'est-ce qu'il y a de communicable en nos bonnes œuvres ?
Si donc nous offrons à Marie nos mérites de condignité, ce n'est pas pour qu'elle les communique à d'autres âmes, mais pour qu'elle nous les conserve, pour qu'elle nous aide à les faire fructifier, et, si nous avions le malheur de les perdre par un péché mortel, pour qu'elle nous obtienne la grâce d'une contrition vraiment fervente, qui nous fasse recouvrer, non pas seulement l'état de grâce, mais le degré de grâce perdu.
Mais dans nos bonnes œuvres il y a quelque chose de communicable aux autres âmes de la terre ou du purgatoire. C'est d'abord le mérite de convenance, de congrue proprio, qui est encore, nous l'avons vu plus haut, un mérite proprement dit, fondé in jure amicabili, sur les droits de l'amitié qui unit à Dieu l'âme en état de grâce. Ainsi une mère chrétienne, par sa vie vertueuse, peut mériter d'un mérite de convenance, comme sainte Monique, la conversion de son fils. Dieu a égard aux intentions pures et aux bonnes œuvres de cette excellente mère qui lui est unie par la charité, et il accorde à cause de cela à son fils la grâce de la conversion.
De même nous pouvons et devons prier pour le prochain, pour sa conversion, son avancement, pour les agonisants, pour les âmes du purgatoire. Ici, la valeur impétratoire de la prière s'ajoute au mérite dont nous venons de parler.
Enfin nous pouvons satisfaire d'une satisfaction de convenance, de congruo, pour les autres, accepter les contrariétés quotidiennes, pour les aider à expier leurs fautes ; nous pouvons même, si nous en recevons l'inspiration, accepter volontairement la peine due à leurs péchés, comme Marie le fit pour nous au pied de la croix, et attirer ainsi sur eux la Miséricorde Divine.
Les saints l'ont fait souvent; sainte Catherine de Sienne dit par exemple à un jeune Siennois qui avait le cœur plein de haine contre, ses adversaires politiques : « Pierre, je prends sur moi tous tes péchés, je ferai pénitence à ta place, mais accorde-moi une grâce, confesse-toi. » - « Je viens de me confesser dernièrement », dit le Siennois. « Ce n'est pas vrai, répond la sainte, il y a sept ans que tu ne t'es pas confessé », et elle lui énumère toutes les fautes de sa vie. Stupéfait, il se repent et pardonne à ses ennemis.
Sans avoir une si grande générosité qu'une sainte Catherine de Sienne, nous pouvons accepter les peines quotidiennes qui se présentent pour aider d'autres âmes à payer leurs dettes à la justice divine.
Nous pouvons aussi gagner des indulgences pour les âmes du purgatoire, leur ouvrir le trésor des mérites et des satisfactions du Christ et des saints, et hâter ainsi leur délivrance. Il y a donc dans nos bonnes œuvres trois choses qui sont communicables à d'autres âmes : le mérite de convenance, la prière et la satisfaction. Il se peut du reste qu'un seul et même acte, comme une prière unie à l'austérité (telles l'adoration nocturne ou les matines la nuit, ou un chemin de croix), aient la triple valeur : méritoire, impétratoire, satisfactoire, sans parler des indulgences.
Si nous offrons ainsi à Marie tout ce qu'il y a de communicable dans nos bonnes œuvres, il ne faudra pas s'étonner qu'elle nous envoie des croix proportionnées à nos forces aidées de la grâce, pour nous faire travailler ainsi au salut des âmes.
A qui convient-il de conseiller cette consécration et cet abandon ? - Il ne faudrait pas le conseiller à ceux qui le feraient par sentimentalité ou orgueil spirituel et n'en comprendraient pas la portée. Mais il convient de suggérer à des âmes vraiment pieuses et ferventes de le faire, d'abord pour quelques jours, puis pour une durée plus longue, et quand elles seront entrées dans cet esprit, pour toute la vie.
On objecte parfois : mais faire cet abandon, c'est nous dépouiller et ne pas payer notre propre dette, ce qui augmentera notre purgatoire. C'est l'objection que fit le démon à sainte Brigitte lorsqu'elle se disposait à faire cet acte. Notre-Seigneur lui fit comprendre que c'est l'objection de l'amour-propre, qui oublie la bonté de Marie; elle ne se laissera pas vaincre en générosité, elle nous aidera beaucoup plus. En nous dépouillant ainsi, nous recevrons d'elle cent pour un. Et même l'amour dont témoigne cet acte généreux nous obtient déjà la remise d'une partie de notre purgatoire.
D'autres personnes objectent encore : comment prier ensuite pour nos parents, nos frères et sœurs, nos amis, si nous avons une fois pour toutes donné nos prières à Marie.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 27 Sep 2020, 20:59 | |
| CHAPITRE VI
Article III - LA CONSÉCRATION A MARIE
Qu'est-ce qu'il y a de communicable en nos bonnes œuvres ?
C'est oublier que la Sainte Vierge connaît mieux que nous nos devoirs de charité, et qu'elle sera la première à nous les rappeler. Mais parmi nos parents et amis sur la terre ou au purgatoire, il y a des âmes qui ont un besoin urgent de prière et de satisfaction, et nous ne savons pas quelles sont ces âmes, tandis que la Sainte Vierge les connaît; elle pourra ainsi les faire bénéficier de ce qu'il y a de communicable dans nos bonnes œuvres, si nous le lui avons abandonné.
Ainsi conçue, cette consécration et cet abandon nous font entrer de plus en plus, sous la direction de Marie, dans le mystère de la communion des saints. C'est une parfaite rénovation des promesses du baptême.
Fruits de cette consécration
« Cette dévotion, dit le Bx de Montfort, nous livre entièrement au service de Dieu, nous fait imiter l'exemple donné par Jésus-Christ, qui a voulu être « soumis » à l'égard de sa sainte Mère (Luc, II, 51). Elle nous procure la protection spéciale de Marie, qui purifie nos bonnes œuvres, les embellit en les présentant à son Fils. Elle nous conduit à l'union avec Notre-Seigneur; elle est un chemin aisé, court, parfait et assuré. Elle donne une grande liberté intérieure, procure de grands biens au prochain et est un moyen admirable de persévérance. » Chacun de ces points est développé au même endroit de la façon la plus pratique.
Il est dit en particulier au ch. V, a, 5 : « C'est un chemin aisé, que Jésus-Christ a frayé en venant à nous, et où il n'y a aucun obstacle pour arriver à lui.
On peut, à la vérité, arriver à l'union divine par d'autres chemins; mais ce sera par beaucoup plus de croix et de morts étranges, et avec beaucoup plus de difficultés, que nous ne vaincrons que difficilement. Il faudra passer par des nuits obscures, par des combats et des agonies étranges, par des montagnes escarpées, par des épines très piquantes et des déserts affreux. Mais par le chemin de Marie on passe plus doucement et plus tranquillement.
« On y trouve, à la vérité, de rudes combats à donner et de grandes difficultés à vaincre; mais cette bonne Mère et Maîtresse se rend si proche et si présente à ses fidèles serviteurs, pour les éclairer dans leurs ténèbres, les affermir dans leurs craintes, les soutenir dans leurs combats, qu'en vérité ce chemin virginal pour trouver Jésus-Christ est un chemin de rose et de miel, à vue des autres chemins. »
On le voit, ajoute le bienheureux, par les saints qui ont plus particulièrement suivi cette voie : saint Ephrem, saint Jean Damascène, saint Bernard, saint Bonaventure, saint Bernardin de Sienne, saint François de Sales, etc.
Le bienheureux reconnait un peu plus loin que les serviteurs de Marie « reçoivent d'elle les plus grandes grâces et faveurs du ciel, qui sont les croix; mais je soutiens, dit-il, que ce sont aussi les serviteurs de Marie qui portent ces croix avec plus de facilité, de mérite et de gloire; ce qui arrêterait un autre, les fait avancer », parce qu'ils sont plus aidés par la Mère de Dieu, qui leur obtient dans leurs épreuves l'onction du pur amour.
Chose étonnante, la Sainte Vierge rend la croix plus facile à porter et plus méritoire : plus facile, parce qu'elle nous soutient de sa mansuétude; plus méritoire, parce qu'elle nous obtient une plus grande charité, qui est le principe du mérite.
On peut dire aussi que c'est un chemin qui, par l'humilité qu'il demande, est contraire à celui de « l'arrivisme » et il comporte même un échec apparent, comme celui qui se remarque dans la vie de Notre-Seigneur. Mais il a de très grands avantages surnaturels.
« C'est un chemin court... car on avance plus, en peu de temps de soumission et de dépendance à l'égard de Marie, que dans des années entières de propre volonté et d'appui sur soi-même...
On avancera à pas de géant en ce chemin par lequel Jésus est venu à nous... On parviendra en peu d'années jusqu'à la plénitude de l'âge parfait » (ibid.)
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 28 Sep 2020, 23:27 | |
| CHAPITRE VI Article III - LA CONSÉCRATION A MARIE« C'est un chemin parfait, choisi par Dieu lui-même... Le Très-Haut est descendu par l'humble Marie jusqu'à nous, sans rien perdre de sa divinité; et c'est par Marie que les très petits doivent monter parfaitement et divinement au Très-Haut sans rien appréhender » (ibid.). C'est enfin un chemin assuré, car la Sainte Vierge préserve des illusions du démon, de celles de la rêverie, du sentimentalisme, elle calme et règle notre sensibilité, lui donne un objet très pur et très saint, et la subordonne pleinement à la volonté vivifiée par la charité, en vue de l'union à Dieu. On y trouve une grande liberté intérieure, qui est la récompense de la dépendance complète où l'on se met. Les scrupules sont écartés, le cœur est élargi par la confiance, par un amour tendre et filial. Le bienheureux le confirme par ce qu'il a lu dans la vie de Mère Agnès de Langeac, dominicaine, « qui, souffrant de grandes peines d'esprit, entendit une voix qui lui dit que si elle voulait être délivrée de toutes ses peines et être protégée contre tous ses ennemis, elle se fît au plus tôt esclave de Jésus et de sa sainte Mère... Après cette action, toutes ses peines et ses scrupules cessèrent, et elle se trouva dans une grande paix et dilatation de cœur, ce qui l'engagea à enseigner cette dévotion à plusieurs autres... entre autres à M. Olier, instituteur du séminaire de Saint-Sulpice, et à plusieurs prêtres du même séminaire » (ibid., a. 6, fin). C'est en cette maison que le bienheureux fut formé. « Enfin, dit-il (ibid., ch. V, art. , cette dévotion qui procure de grands biens au prochain est pour celui qui en vit un moyen admirable de persévérance... parce qu'on confie à la Sainte Vierge, qui est fidèle, tout ce qu'on possède... C'est à sa fidélité qu'on se fie... afin qu'elle conserve et augmente nos mérites, malgré tout ce qui pourrait nous les faire perdre. On reconnaît qu'on est trop faible et trop misérable pour les conserver soi-même... Quoique vous m'entendiez, âmes prédestinées, je parle plus ouvertement. Ne confiez pas l'or de votre charité, l'argent de votre pureté, les eaux des grâces célestes, ni les vins de vos mérites et vertus à un sac percé, à un coffre vieux et brisé, à un vaisseau gâté et corrompu comme vous êtes : autrement, vous serez pillés par les voleurs, c'est-à-dire les démons, qui cherchent et épient, nuit et jour, le temps propre pour le faire; autrement, vous gâterez, par votre mauvaise odeur d'amour de vous-même, de confiance en vous-même et de propre volonté, tout ce que Dieu vous donne de plus pur. Mettez, versez dans le sein et le cœur de Marie tous vos trésors, toutes vos grâces et vertus : c'est un vaisseau d'esprit, c'est un vaisseau d'honneur, c'est un vaisseau insigne de dévotion Vas spiritualle, vas honorabile, vas insigne devotionis. « Les âmes qui ne sont pas nées du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu et de Marie, me comprennent et me goûtent; et c'est pour elles aussi que j'écris... Si une âme se donne à Marie sans réserve, elle se donne à cette âme sans réserve, elle aussi », et lui fait trouver le chemin qui conduit les prédestinés à la persévérance finale (ibid., ch. V, art. . Tels sont les fruits de cette consécration; Marie aime ceux qui se confient à elle totalement, elle les entretient, les conduit, les dirige, les défend, les protège, et intercède pour eux (ibid., ch. VI, a. 2). Il convient de nous offrir à elle pour qu'elle-même nous offre à son Fils selon la plénitude de sa prudence et de son zèle. Elle produit même en ses protégés des fruits plus élevés qui sont proprement d'ordre mystique, comme nous allons l'indiquer (ibid., ch. VII) . Article IV - L'UNION MYSTIQUE A MARIEUne âme fidèle à la dévotion dont nous venons de parler fait toutes ses actions par Marie, avec elle, en elle et pour elle, et arrive ainsi à une grande intimité avec Notre-Seigneur. Les fruits supérieurs de cette consécration, lorsqu'on en vit pleinement, sont les suivants par rapport à l'humilité, aux trois vertus théologales et aux dons du Saint-Esprit qui les accompagnent. On reçoit peu à peu une participation à l'humilité et à la foi de Marie, une grande confiance en Dieu par elle, la grâce du pur amour et de la transformation de l'âme à l'image de Jésus-Christ. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 29 Sep 2020, 22:34 | |
| CHAPITRE VI
Article IV - L'UNION MYSTIQUE A MARIE
Participation à l'humilité et à la foi de Marie
Par la lumière du Saint-Esprit, l'âme connaîtra son mauvais fond, elle verra par expérience qu'elle est naturellement incapable de tout bien salutaire et surnaturel, et quels sont les obstacles qu'elle met encore souvent, sans presque y prendre garde, au travail de la grâce en elle, par suite de son amour-propre. Elle arrivera ainsi au mépris de soi, dont parle saint Augustin dans la Cité de Dieu (l. XIV, c. 28), lorsqu'il dit : « Deux amours ont fait deux cités, l'amour de soi poussé jusqu'au mépris de Dieu a fait la cité de Babylone, tandis que l'amour de Dieu, poussé jusqu'au mépris de soi, fait la cité de Dieu. »
« L'humble Marie, dit le Bx de Montfort, vous fera part de sa profonde humilité, qui fera que vous vous mépriserez, vous ne mépriserez personne, et vous aimerez le mépris. » « Elle vous donnera aussi part à sa foi, qui a été plus grande sur la terre que la foi de tous les patriarches, les prophètes, les apôtres et de tous les saints : Présentement..., elle n'a plus cette foi, parce qu'elle voit clairement toutes choses en Dieu, par la lumière de gloire ; mais elle la garde... dans l'Eglise militante, à ses plus fidèles serviteurs et servantes.
Plus donc vous gagnerez sa bienveillance,... plus vous aurez une foi pure, qui fera que vous ne vous soucierez guère du sensible et de l'extraordinaire ; une foi vive et animée par la charité, qui fera que vous ne ferez vos actions que par le motif du pur amour ; une foi ferme et inébranlable comme un rocher, qui fera que vous demeurerez ferme et constant au milieu des orages et des tourments.
Une foi agissante et perçante, qui, comme un mystérieux passe-partout, vous donnera entrée dans tous les mystères de JésusChrist, dans les fins dernières de l'homme et dans le cœur de Dieu même; une foi courageuse, qui vous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes, sans hésiter; enfin une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre vie divine, votre trésor caché de la divine sagesse, votre arme toute-puissante, dont vous vous servirez pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l'ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l'or embrasé de la charité, pour donner la vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par vos paroles douces et puissantes, les cœurs de marbre et les cèdres du Liban, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut » (ibid., ch. VII, a. 2).
Page admirable, qui montre le plein épanouissement de la foi infuse, éclairée par les dons d'intelligence et de sagesse, « fides donis illustrata », comme disent les théologiens.
Grande confiance en Dieu par Marie
La confiance en Dieu est l'espérance affermie, qui a une « certitude de tendance », celle de tendre précisément vers le salut. Or la Sainte Vierge, est-il dit au même endroit (a. 4), vous remplira d'une grande confiance en Dieu et en elle-même : 1° parce que vous n'approcherez plus de Jésus-Christ par vous-même, mais toujours par cette bonne Mère; 2° parce que lui ayant donné tous vos mérites, grâces et satisfactions, pour en disposer à sa volonté, elle vous communiquera ses vertus et vous revêtira de ses mérites; 3° parce que vous étant donné tout à elle, elle se donnera à vous d'une façon merveilleuse; vous pourrez lui dire : « Je suis à vous, Sainte Vierge, sauvez-moi. »
Vous pourrez dire à Dieu avec le psalmiste (Ps. CXXX, 1) : « Seigneur, mon cœur ne s'est pas enflé d'orgueil et mes regards n'ont pas été hautains. Je ne recherche point les grandes choses, ni ce qui est élevé au-dessus de moi. Non ! je tiens mon âme dans le calme et le silence, comme un enfant sevré (des plaisirs de la terre et appuyé) sur le sein de sa mère (et confiant en elle). »
Après lui avoir donné tout ce que vous avez de bon, pour qu'elle le garde ou le communique à d'autres âmes, « vous aurez moins de confiance en vous et beaucoup plus en elle, qui est votre trésor » (ibid.).
Vous recevrez de plus en plus les inspirations du don de science, qui montre la vanité des choses terrestres, notre fragilité, et par opposition le prix de la vie éternelle et du secours divin, qui est le motif formel de notre espérance. - Voir plus loin, p. 381, une formule d'oblation de nous-même à Marie pour qu'elle nous offre pleinement à son Fils.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 30 Sep 2020, 21:26 | |
| CHAPITRE VI
Article IV - L'UNION MYSTIQUE A MARIE
Grâce de pur amour et de transformation de l'âme
Dans cette voie, la charité s'épanouira de plus en plus, sous l'influence de celle qui est appelée Mater pulchrae dilectionis (Eccli., XXIV, 24).
« Elle ôtera de votre cœur tout scrupule et toute crainte servile; elle l'ouvrira et l'élargira pour courir dans les commandements de son Fils (Ps. CXVIII, 32), avec la sainte liberté des enfants de Dieu, et pour y introduire le pur amour, dont elle a le trésor, en sorte que vous ne vous conduirez plus, tant que vous avez fait, par crainte à l'égard de Dieu charité, mais par le pur amour.
Vous le regarderez comme votre bon Père, auquel vous tâcherez de plaire incessamment, avec qui vous converserez confidemment. Si vous venez par malheur à l'offenser,... aussitôt vous lui en demanderez humblement. pardon, vous lui tendrez simplement la main,... et vous continuerez à marcher vers lui sans découragement ». (ibid., ch. VII, a. 3).
L'âme de Marie se communiquera à vous pour glorifier le Seigneur et vous réjouir en lui, pour vivre du Magnificat. Le chrétien fidèle « respire alors spirituellement Marie, autant que son corps respire l'air » (ibid., a. 5). Son esprit de sagesse se communique si bien que le serviteur et fils pleinement docile devient une copie vivante de sa Mère spirituelle. Elle le tranquillise sur le mystère de la prédestination.
Cette communication produit enfin une transformation de l'âme à l'image de Jésus-Christ, comme il est expliqué au même endroit (ch. VII, a. 6) « Saint Augustin appelle la Sainte Vierge forma Dei, le moule de Dieu... Celui qui est jeté dans ce moule divin est bientôt formé et moulé en Jésus-Christ...
Certains directeurs sont comparables à des sculpteurs, qui, mettant leur confiance dans leur art, donnent une infinité de coups de marteau et de ciseau à une pierre dure ou à une pièce de bois, pour en faire l'image de Jésus-Christ, et quelquefois ils ne réussissent pas... quelque coup mal donné peut gâter l'ouvrage.
Mais, pour ceux qui embrassent ce secret de la grâce que je leur présente, je les compare avec raison à des fondeurs et mouleurs, qui, ayant trouvé le beau moule de Marie, où Jésus-Christ a été naturellement et divinement formé, sans se fier à leur propre industrie, mais uniquement à la bonté du moule, se jettent et se perdent en Marie pour devenir le portrait au naturel de Jésus-Christ...
Mais souvenez-vous qu'on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide : c'est-à-dire qu'il faut détruire et fondre en vous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie. »
On ne se lasserait pas de citer ces paroles simples et profondes, pleines de saveur surnaturelle et qui vraiment coulent de source.
La pureté d'intention grandit enfin beaucoup par cette voie, car on quitte ses propres intentions, quoique bonnes, pour se perdre en celles de la Sainte Vierge, qu'elles soient connues où inconnues.
« On entre ainsi en participation de la sublimité de ses intentions, qui ont été si pures, qu'elle a donné plus de gloire à Dieu par la moindre de ses actions, par exemple en filant sa quenouille, en faisant un point d'aiguille, qu'un saint Laurent sur son gril, par son cruel martyre, et même que tous les saints par leurs actions les plus héroïques... et que tous les anges...
On compterait plutôt les étoiles du firmament que ses mérites... En voulant bien recevoir en ses mains virginales le présent de nos actions, elle leur donne une beauté et un éclat, qui glorifient Notre-Seigneur beaucoup plus que si nous les offrions nous-mêmes... Enfin vous ne pensez jamais à Marie, qu'elle ne pense à Dieu en votre place...
Elle est toute relative à Dieu, et je l'appellerai fort bien la relation de Dieu... ou l'écho de Dieu, qui ne dit et ne répète que Dieu... Quand on la loue, Dieu est loué et aimé, on donne à Dieu par Marie et en Marie » (ch. VII, a. 7).
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Jeu 01 Oct 2020, 22:10 | |
| CHAPITRE VI Article IV - L'UNION MYSTIQUE A MARIE Grâce d'intimité mariale
Certaines âmes reçoivent une vie d'union à Marie par une grâce spéciale, au sujet de laquelle le P. E. Neubert, marianiste, a réuni plusieurs témoignages très significatifs[468]. Il faut aussi citer sur ce point L'union mystique à Marie, écrit par une recluse flamande qui l'a personnellement expérimentée, Marie de Sainte-Thérèse (1623-1677).
Le P. Chaminade, qui exerça le ministère avec le plus grand zèle à Bordeaux pendant la Révolution française, et qui fonda les Marianistes, eut aussi cette expérience. Il a écrit : « Il est un don de présence habituelle de la Sainte Vierge comme il est un don de présence habituelle de Dieu, très rare, il est vrai, accessible cependant à une grande fidélité. » Comme l'explique le P. Neubert, qui rapporte ce texte (loc. cit., p. 15), il s'agit de l'union mystique normale et habituelle à Marie.
Le vénérable L.-Ed. Cestac eut aussi ce don et disait : « Je ne la vois pas, mais je la sens comme le cheval sent la main du cavalier qui le mène » (cité ibidem, p. 19). Il est donné à ces serviteurs de Dieu de prendre ainsi conscience de l'influence qu'exerce constamment Marie sur nous en nous transmettant les grâces actuelles qui assurent une constante fidélité.
Marie de Sainte-Thérèse dit aussi : « Cette douce Mère ... m'a prise sous sa maternelle conduite et direction, pareille à la maîtresse d'école qui conduit la main de l'enfant pour lui apprendre à écrire... Elle demeure presque sans interruption en face de mon âme, m'attirant de si aimable et maternelle façon, me souriant, me stimulant, me conduisant, et m'instruisant dans le chemin de l'esprit et dans la pratique de la perfection des vertus. Et de la sorte je ne perds plus un seul instant le goût de sa présence à côté de celle de Dieu » (op. cit., pp. 55-66; cf. pp. 67, 65).
« Elle produit la vie divine par un influx perceptible de grâces opérantes, prévenantes, fortifiantes, excitantes ou sollicitantes » (ibid., p. 64). - « La nature de l'amour est d'unir à l'objet aimé... Dans ce sens, l'amour très tendre, violent, brûlant et unifiant, conduit l'âme qui aime Marie à vivre en elle, à se fondre en elle, à lui être unie et à d'autres effets et transformations » (ibid., p. 56). - « Alors Dieu se montre en Marie et par elle comme dans un miroir » (ibid., p.63).
Il en fut ainsi pendant une bonne partie de la vie de cette servante de Dieu. Certaines âmes qui ont une grande intimité mariale disent : « Je n'ai jamais expérimenté la présence de Marie en moi, mais sa présence toute proche, le plus proche possible; et une grande joie de la savoir heureuse. » Nous avons connu un saint chartreux qui disait : « Je souffre, mais elle est heureuse. »
Dans un très bel article déjà cité de La Vie Spirituelle (avril 1941, pp. 278 ss.), le P. M.-l. Nicolas, O. P., dit de même au sujet d'un saint religieux, le P. Vayssière, provincial des dominicains de Toulouse, mort en 1940 : « Marie était le moyen universel, l'atmosphère même de sa vie spirituelle. Cet état de dépouillement et de toute pure union à Dieu seul, dans lequel il était, c'est elle qui l'établissait en lui et qui le maintenait et qui l'avait voulu. « C'est la Sainte Vierge qui a tout fait. Je lui dois tout, tout », disait-il souvent.
Elle avait été la Mère qui exigeait le sentiment de sa petitesse, la douceur suprême au plus profond de son renoncement, la fécondité de sa solitude et l'inspiratrice de son oraison. Il ne prenait conscience d'aucune des grâces de Dieu sans prendre en même temps conscience de la voie par laquelle elles lui venaient. Tous les saints ne se placent pas ainsi dans le cœur de la Sainte Vierge comme au centre de leur vie spirituelle. Il faut pour y parvenir une lumière, une révélation de la Sainte Vierge qui suppose un choix de sa part...
« C'est elle, disait-il, qui nous forme. La voie de fidélité filiale à Marie, c'est revivre la vie même de Jésus à Nazareth; » Le P. Vayssière disait encore : « Plus on est petit, plus on lui permet d'être mère. L'enfant est d'autant plus à sa mère qu'il est plus faible et plus petit... La perfection de la voie d'enfance dans le plan divin, c'est la vie en Marie » (art cité, p. 281).
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 03 Oct 2020, 08:07 | |
| CHAPITRE VI Article IV - L'UNION MYSTIQUE A MARIE Grâce d'intimité mariale Enfin, bien des âmes saintes ici-bas ont, dans une voie douloureuse, une intimité mariale profonde et très fortifiante, dont elles n'ont pas l'occasion de parler. Pour beaucoup de ces âmes, il y a une disposition très particulière, un élan vers Marie, un regard suivi de sa présence sensible, parfois d'un instant, comme le passage d'une mère qui vient voir, dans la pièce où sont ses enfants, s'ils font bien leur devoir. Elle communique alors une piété ineffable, elle inspire des sacrifices, plus généreux, des dépouillements qui enrichissent et qui font entrer dans les profondeurs du Magnificat et aussi du Stabat Mater. L'auteur de cette séquence devait avoir cette intimité mariale et sentir en quelque sorte l'influence de la Mère du Sauveur, qui non seulement nous conduit à l'union avec Notre-Seigneur, mais qui en un sens, par la transmission de la grâce, fait en nous cette union.
C'est ce qui est exprimé, nous l'avons déjà noté, en ce Stabat par la répétition du fac : « Fac ut tecum lugeam. Fac ut ardeat cor meum. Fac ut portem Christi mortem. Fac me plagis vulnerari. Fac me cruce inebriari et cruore Filii. Fac me tecum pie flere... crucifixi condolere, donec ego vixero. C'est ici, que nous saisissons les rapports profonds de la Mariologie et de la vie intérieure; vérité élémentaire pour tout chrétien; mais les vérités élémentaires, lorsqu'on les scrute et les met en pratique, apparaissent les plus vitales et les plus hautes, telles celles qui sont exprimées dans le Pater.
Article V - LA CONSÉCRATION DU GENRE HUMAIN A MARIE, POUR LA PACIFICATION DU MONDE
La gravité des événements de ces dernières années, depuis la révolution russe, la révolution espagnole et la guerre mondiale, montre que les âmes croyantes doivent de plus en plus recourir à Dieu par les grands médiateurs, qu'il nous a donnés à cause de notre faiblesse.
Ces événements et leur atrocité montrent d'une façon singulièrement frappante ce à quoi aboutissent les hommes lorsqu'ils veulent absolument se passer de Dieu, lorsqu'ils veulent organiser leur vie sans lui, loin de lui, contre lui.
Lorsque, au lieu de croire en Dieu, d'espérer en lui, de l'aimer par-dessus tout et d'aimer le prochain en lui, nous voulons croire à l'humanité, espérer en elle, l'aimer d'une façon exclusivement terrestre, elle ne tarde pas à se montrer à nous avec ses tares profondes, avec ses plaies toujours ouvertes : l'orgueil de la vie, la concupiscence de la chair, celle des yeux, et toutes les brutalités qui s'ensuivent. Lorsque, au lieu de mettre sa fin dernière en Dieu, qui peut être simultanément possédé par tous, comme nous pouvons tous posséder, sans nous nuire, la même vérité et la même vertu, on met sa fin dernière dans les biens terrestres, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'ils nous divisent profondément, car la même maison, le même champ, le même territoire ne peuvent appartenir simultanément et intégralement à plusieurs. Plus la vie se matérialise, plus les appétits inférieurs sont excités, sans aucune subordination à un amour supérieur, plus les conflits entre les individus, les classes et les peuples s'exaspèrent; finalement, la terre devient un véritable enfer. Le Seigneur montre ainsi aux hommes ce qu'ils peuvent faire sans lui. C'est un singulier commentaire de ces paroles du Sauveur : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean, XV, 5). « Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi disperse » (Matth., XII, 30). « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Matth., VII, 33). Le Psalmiste disait de même : « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent. Si Dieu ne garde pas la cité, en vain la sentinelle veille à ses portes. » (Ps. CXXVI, 1).
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 04 Oct 2020, 07:42 | |
| CHAPITRE VI Article V - LA CONSÉCRATION DU GENRE HUMAIN A MARIE, POUR LA PACIFICATION DU MONDE Les deux grands maux de l'heure actuelle, comme l'a dit Pie XI, sont d'une part le communisme matérialiste et athée, selon le programme des « sans Dieu », et d'autre part un nationalisme sans frein qui veut établir la suprématie des peuples forts sur les faibles, sans respect de la loi divine et naturelle.
D'où le conflit très aigu, où le monde entier se trouve. Pour remédier à de tels maux, les meilleurs, les plus zélés parmi les catholiques, dans les peuples actuellement divisés, sentent le besoin d'une prière commune, qui réunisse devant Dieu les âmes profondément chrétiennes des divers pays, pour obtenir que le règne de Dieu et du Christ s'établisse de plus en plus à la place du règne de l'orgueil et de la convoitise.
Dans ce but, on offre tous les jours des messes et l'adoration du Saint-Sacrement; celle-ci s'est établie en divers pays d'une façon si prompte et si étendue qu'on doit y voir le fruit d'une grande grâce de Dieu.
On n'obtiendra la pacification extérieure du monde que par la pacification intérieure des âmes, qu'en les ramenant à Dieu, qu'en travaillant à établir en elles le règne du Christ, au plus intime, de leur intelligence, de leur cœur, de leur volonté agissante.
Pour ce retour des âmes égarées à Celui seul qui peut les sauver, il importe de recourir à l'intercession de Marie, médiatrice universelle et Mère de tous les hommes. On dit des pécheurs qui semblent à jamais perdus, qu'il faut les confier à Marie, il en est de même des peuples chrétiens qui s'égarent.
Toute l'influence de la bienheureuse Vierge a pour but de conduire les âmes à son Fils, comme celle du Christ. médiateur universel, a pour but de les conduire à son Père. La prière de Marie, surtout depuis qu'elle est au ciel, est universelle au plus grand sens du mot.
Elle prie non seulement pour les âmes individuelles de la terre et du purgatoire, mais aussi pour les familles et pour tous les peuples qui doivent vivre sous le rayonnement de la lumière de l'Évangile, sous l'influence de l'Eglise.
De plus, sa prière est d'autant plus puissante, qu'elle est plus éclairée et qu'elle procède d'un amour de Dieu et des âmes que rien ne peut atténuer ou interrompre.
L'amour Miséricordieux de Marie pour tous les hommes dépasse celui de tous les saints et anges réunis, de même la puissance de son intercession sur le Cœur de son Fils.
C'est pourquoi, de divers côtés, bien des âmes intérieures, devant les désordres inouïs et les souffrances tragiques de l'heure présente, sentent le besoin de recourir, par l'intercession de Marie médiatrice, à l'Amour rédempteur du Christ.
En divers pays, en particulier dans les couvents de vie contemplative fervente, on se rappelle que bien des évêques français réunis à Lourdes, au deuxième Congrès marial national, le 27 juillet 1929, ont exprimé au Souverain Pontife le désir d'une consécration du genre humain au Cœur immaculé de Marie.
On se souvient aussi que le P. Deschamps, S. J., en 1900, le cardinal Richard, archevêque de Paris, en 1906, le P. Le Doré, supérieur général des Eudistes, en 1908 et 1912, le P. Lintelo, S. J., en 1914, prirent l'initiative de pétitions au Souverain Pontife pour obtenir la consécration universelle du genre humain au cœur immaculé de Marie.
Par un acte collectif, les évêques de France, au début de la guerre de 1914, en décembre de cette même année, consacrèrent la France à Marie.
Le cardinal Mercier, en 1915, dans sa lettre pastorale sur Marie Médiatrice, salua la Sainte Vierge, Mère du genre humain, comme la Souveraine du monde.
Le Rme P. Lucas, nouveau supérieur général des Eudistes, obtint enfin en quelques mois plus de trois cent mille signatures, pour hâter, par cette consécration, la paix du Christ dans, le règne du Christ.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 04 Oct 2020, 21:47 | |
| CHAPITRE VI
Article V - LA CONSÉCRATION DU GENRE HUMAIN A MARIE, POUR LA PACIFICATION DU MONDE La force dont nous avons besoin, dans le bouleversement où se trouve le monde à l'heure actuelle, c'est la prière de Marie, Mère de tous les hommes, qui nous l'obtiendra du Sauveur.
Son intercession est très puissante contre l'esprit du mal qui dresse les uns contre les autres les individus, les classes et les peuples.
Si un pacte formel et pleinement consenti avec le démon peut avoir des conséquences formidables dans la vie d'une âme et la perdre pour toujours, quel effet spirituel ne produira pas une consécration à Marie faite avec grand esprit de foi et souvent renouvelée avec une fidélité plus grande.
On se rappelle qu'en décembre 1836, le vénérable curé de Notre-Dame des Victoires, à Paris, célébrant la messe à l'autel de la Très Sainte Vierge, le cœur brisé à la pensée de l'inutilité de son ministère, entendit ces paroles : « Consacre ta paroisse au très saint et immaculé Cœur de Marie », et, la consécration faite, la paroisse fut transformée.
La supplication de Marie pour nous est celle d'une Mère très éclairée, très aimante, très forte, qui,veille incessamment sur tous ses enfants, sur tous les hommes appelés à recevoir les fruits de la Rédemption.
Celui-là en fait l'expérience qui consacre chaque jour à Marie tous ses travaux, ses œuvres spirituelles et tout ce qu'il entreprend. Il retrouve foi et confiance, quand tout paraissait perdu.
Or, si la consécration individuelle d'une âme à Marie lui obtient journellement de grandes grâces de lumière, d'attrait, d'amour et de force, quels ne seraient pas les fruits d'une consécration du genre humain faite au Sauveur par Marie elle-même, à la demande du Père commun des fidèles, du Pasteur suprême ?
Quel ne serait pas l'effet de cette consécration ainsi faite, surtout si les croyants des différents peuples s'unissaient, pour en vivre, dans une fervente prière souvent renouvelée au moment de la messe ?
Pour obtenir cet acte du Souverain Pontife, il faut qu'un assez grand nombre de fidèles ait compris les leçons récentes de la Providence ; en d'autres termes; il faut qu'un assez grand nombre ait saisi le sens et la portée de la consécration demandée.
Autrement elle ne saurait produire les effets attendus. Dans le plan divin, les épreuves finissent lorsqu'elles ont produit l'effet qu'elles devaient produire, lorsque les âmes en ont profité, comme le purgatoire cesse pour les âmes qui sont purifiées.
Comme le disait une sainte religieuse : « Nous ne vivons pas-pour nous, il faut tout voir dans les desseins de Dieu; nos douleurs actuelles - iraient-elles au comble et serions-nous sacrifiés nous-mêmes dans le désastre - achètent et préparent les triomphes futurs et assurés de l'Eglise...
L'Eglise va ainsi de lutte en lutte, et de victoire en victoire, l'une succédant à l'autre jusqu'à l'Eternité qui sera le triomphe définitif.
« Il a fallu que Jésus souffrit et qu'il entrât ainsi dans sa gloire » (Luc, XXIV, 26); il faut que l'Eglise et les âmes passent par le même chemin
L'Eglise ne vit pas seulement un jour; quand les martyrs tombaient comme tombent l'hiver les flocons de neige, n'eût-on pas pu croire que tout était perdu ? Non, leur sang préparait les triomphes de l'avenir. »
Dans la période difficile que nous traversons, l'Eglise a besoin d'âmes très généreuses, vraiment saintes ? C'est Marie, Mère de la divine grâce, Mère très pure, Vierge très prudente et forte, qui doit les former.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 05 Oct 2020, 22:19 | |
| CHAPITRE VI Article V - LA CONSÉCRATION DU GENRE HUMAIN A MARIE, POUR LA PACIFICATION DU MONDE De divers côtés, le Seigneur suggère à des âmes intérieures, une prière dont la forme varie, mais dont la substance est la même : « En ce temps ou un esprit d'orgueil poussé, jusqu'à l'athéisme cherche à se répandre dans tous les peuples, Seigneur, soyez comme l'âme de mon âme, la vie de ma vie, donnez-moi une intelligence plus profonde du mystère de la Rédemption et de vos saints abaissements, remède de tout orgueil.
Donnez-moi le désir sincère de participer, dans la mesure voulue pour moi par la Providence, à ces abaissements salutaires, et faites-moi trouver dans ce désir la force, la paix et, quand vous le voudrez, la joie, pour relever mon courage et la confiance autour de moi. »
Pour entrer ainsi pratiquement dans les profondeurs du mystère de la Rédemption, il faut que Marie, qui y est entrée plus qu'aucune autre créature, au pied de la Croix, nous instruise sans bruit de paroles, et nous découvre dans la lettre de I'Evangile l'esprit dont elle-même a si profondément vécu.
Daigne la Mère du Sauveur, par sa prière, mettre les âmes croyantes des différents peuples sous le rayonnement de cette parole du Christ : « La lumière que vous m'avez donnée, ô mon Père, je la leur ai donnée, pour qu'ils soient un comme nous-mêmes nous sommes un » (Jean, XVII, 22).
On peut espérer qu'un jour, lorsque l'heure providentielle sera venue, lorsque les âmes seront prêtes, le Pasteur suprême, ayant égard aux vœux des évêques et des fidèles, voudra consacrer le genre humain au Cœur immaculé et Miséricordieux de Marie, pour qu'elle-même nous présente plus instamment à son Fils et nous obtienne la pacification du monde. Ce serait une affirmation nouvelle de la médiation universelle de la Très Sainte Vierge.
Adressons-nous à elle avec la plus grande confiance; elle a été appelée « l'espérance des désespérés », et, en allant à elle comme à la meilleure des Mères et à la plus éclairée, nous irons à Jésus comme à notre unique et Miséricordieux Sauveur.
CHAPITRE VII
La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
On ne peut écrire un livre sur la Sainte Vierge sans parler de la prédestination de saint Joseph, de son éminente perfection, du caractère propre de sa mission exceptionnelle, de ses vertus et de son rôle actuel pour la sanctification des âmes.
Sa prééminence sur tout autre saint de plus en plus-affirmée dans l'Eglise haut La doctrine selon laquelle saint Joseph est le plus grand des saints après Marie tend à devenir une doctrine communément reçue dans l'Eglise.
Elle ne craint pas de déclarer l'humble charpentier supérieur en grâce et en béatitude aux patriarches, à Moïse, aux plus grands des prophètes, à saint Jean Baptiste, et aussi aux apôtres, à saint Pierre, à saint Jean; à saint Paul, et à plus forte raison supérieur en sainteté aux plus grands martyrs et aux plus grands docteurs de l'Eglise.
Le plus petit, par la profondeur de son humilité, est, à raison de la connexion des vertus, le plus grand par l'élévation de sa charité : « Qui minor est inter vos, hic major est » (Luc, IX, 48).
Cette doctrine a été enseignée par Gerson, par saint Bernardin de Sienne. Elle devient de plus en plus courante à partir du XVI° siècle, elle est admise par sainte Thérèse, par le dominicain Isidore de Isolanis, qui paraît avoir écrit le premier traité sur saint Joseph, par saint François de Sales, par Suarez, plus tard par saint Alphonse de Liguori plus récemment par Ch. Sauvé, par le cardinal Lépicier, par Mgr Sinibaldi; et elle est bien exposée dans le Dictionnaire de Théologie catholique, à l'article Joseph (saint) par M.-A. Michel.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 06 Oct 2020, 21:31 | |
| CHAPITRE VII La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
De plus cette doctrine a reçu l'approbation de Léon XIII dans l'Encyclique Quanquam pluries, du 15 août 1899, écrite pour proclamer le patronage de saint Joseph sur l'Eglise universelle. Il y est dit : « Certes la dignité de Mère de Dieu est si haute qu'il ne peut être créé rien au-dessus. Mais, toutefois, comme Joseph a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n'est pas douteux qu'il ait approché, plus que personne, de cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées.
L'union conjugale est en effet la plus grande de toutes; à raison de sa nature même, elle s'accompagne de la communication réciproque des biens des deux époux. Si donc Dieu a donné à la Vierge Joseph comme époux, bien certainement il ne le lui a pas donné seulement comme soutien dans la vie, comme témoin de sa virginité, gardien de son honneur, mais il l'a fait aussi participer par le lien conjugal à l'éminente dignité qu'elle avait reçue[479]. »
De ce que Léon XIII affirme que saint Joseph approche plus que personne de la dignité suréminente de la Mère de Dieu, s'ensuit-il qu'il est, dans la gloire, au-dessus de tous les anges ? On ne saurait l'affirmer avec certitude; contentons-nous d'exprimer la doctrine de plus en plus reçue dans l'Eglise, en disant : De tous les saints, Joseph est le plus élevé au ciel, après Jésus et Marie ; il est parmi les anges et les archanges.
L'Eglise dans l'oraison A cunctis le nomme immédiatement après Marie et avant les apôtres. S'il n'est pas mentionné dans le canon de la messe, non seulement il a une préface spéciale, mais le mois de mars lui est consacré, comme au protecteur et défenseur de l'Eglise universelle.
A lui, en un sens très réel quoique caché, est particulièrement confiée la multitude des chrétiens dans toutes les générations qui se succèdent. C'est ce qu'expriment les belles litanies approuvées par l'Eglise qui résument ses prérogatives : « Saint Joseph, illustre descendant de David, lumière des Patriarches, Epoux de la Mère de Dieu, gardien de sa virginité, père nourricier du Fils de Dieu, vigilant défenseur du Christ, chef de la sainte famille ; Joseph très juste, très chaste, très prudent, très fort, très obéissant, très fidèle, miroir de patience, amant de la pauvreté, modèle des ouvriers, honneur de la vie domestique ; gardien des vierges, soutien des familles, consolation des malheureux, espoir des malades, patron des mourants, terreur des démons, protecteur de la sainte Eglise. » Nul n'est aussi grand après Marie.
La raison de cette prééminence
Quel est le principe de cette doctrine de plus en plus admise depuis cinq siècles? Le principe invoqué de façon de plus en plus explicite par saint Bernard, saint Bernardin de Sienne, Isidore de Isolanis, Suarez et les auteurs plus récents, est un principe aussi simple qu"il est élevé ; il a été formulé par saint Thomas à propos de la plénitude de grâce en Jésus et de la sainteté de Marie. Il s'exprime brièvement ainsi : Une mission divine, exceptionnelle requiert une sainteté proportionnée.
Ce principe explique pourquoi la sainte âme de Jésus, étant unie personnellement au Verbe, à la source de toute grâce, a reçu la plénitude absolue de grâce, qui devait déborder sur nous, selon la parole de saint Jean (I, 16) « De plenitudine ejus omnes accepimus. » C'est aussi la raison pour laquelle Marie, appelée à être Mère de Dieu, a reçu dès l'instant de sa conception une plénitude initiale de grâce, qui dépassait déjà la grâce finale de tous les saints réunis. Plus près de la source de toute grâce, elle devait en bénéficier plus qu'aucune autre créature.
C'est encore la raison pour laquelle les Apôtres, plus près de Notre-Seigneur que les saints venus de la suite, ont plus parfaitement connu les mystères de la foi. Pour prêcher infailliblement l'Evangile au monde, ils ont reçu à la Pentecôte une foi très éminente, très éclairée et inébranlable, principe de leur apostolat.
Ce même principe explique encore la prééminence de saint Joseph sur tout autre saint. Pour le bien entendre, il faut remarquer que les œuvres de Dieu qui relèvent immédiatement de lui sont parfaites. On ne saurait trouver en elles ni désordre, ni même imperfection.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 07 Oct 2020, 21:30 | |
| CHAPITRE VII
La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
La raison de cette prééminence
Il en fut ainsi de l'œuvre divine au jour de la création, depuis les plus hautes hiérarchies angéliques jusqu'aux créatures les plus infimes.
Il en est encore ainsi des grands serviteurs de Dieu qu'il se choisit lui-même exceptionnellement et immédiatement, sans l'intermédiaire d'aucun choix humain, et qui sont suscités par lui pour restaurer l'œuvre divine troublée parle péché. Dans le principe énoncé plus haut tous les mots doivent être pesés : « Une mission divine exceptionnelle requiert une sainteté proportionnée. »
Il ne s'agit pas de mission humaine si haute soit-elle, ni de mission angélique, mais de mission proprement divine, et non pas d'une mission divine ordinaire, mais si exceptionnelle, que dans le cas de Joseph elle est unique au monde dans toute la suite, des temps.
On saisit mieux encore la vérité de ce principe aussi simple qu'il est élevé, lorsqu'on considère par contraste, comment se fait souvent le choix humain. Les hommes choisissent souvent, pour les plus hautes fonctions d'un gouvernement difficile, des incapables, des médiocres, des imprévoyants. Cela mène un pays à sa ruine, s'il n'y a pas une salutaire réaction.
In ne saurait se trouver rien de pareil en ceux qui sont immédiatement choisis par Dieu lui-même et préparés par lui pour être ses ministres exceptionnels dans l'œuvre de la rédemption. Le Seigneur leur donne une sainteté proportionnée, car il opère tout avec mesure, force et suavité.
Comme la sainte âme de Jésus a reçu dès l'instant de sa conception la plénitude absolue de grâce, qui n'a pas grandi dans la suite; comme Marie, dès l'instant de sa conception immaculée, a reçu une plénitude initiale de grâce qui était déjà supérieure à la grâce finale de tous les saints et qui n'a cessé de grandir jusqu'à sa mort; ainsi, toute proportion gardée, saint Joseph a dit recevoir une plénitude relative de grâce proportionnée à sa mission, puisqu'il fut directement et immédiatement choisi, non par les hommes, par aucune créature, mais par Dieu même et par lui seul pour cette mission unique au monde.
On ne saurait préciser à quel moment eut lieu la sanctification de Joseph, mais ce qu'on est en droit d'affirmer, c'est qu'en raison de sa mission, il fut confirmé en grâce dès son mariage avec la Sainte Vierg.
A quel ordre appartient la mission tout exceptionnelle de Joseph ?
Il est évident qu'elle dépasse l'ordre de la nature, non seulement de la nature humaine, mais de la nature angélique. Est-elle seulement de l'ordre de la grâce, comme telle de saint Jean Baptiste, qui prépare les voies du salut, comme la mission universelle des Apôtres dans l'Eglise pour la sanctification des âmes ou la mission particulière des fondateurs d'ordres ?
Si l'on y regarde de près, on voit que la mission de saint Joseph dépasse l'ordre même de la grâce, et qu'elle confine par son terme à l'ordre hypostatique constitué par le mystère même de l'incarnation. Mais il faut bien l'entendre, en évitant toute exagération, comme toute diminution.
A l'ordre hypostatique se termine la mission unique de Marie, la maternité divine, et aussi en un sens la mission cachée de Joseph. Ce point de doctrine est affirmé de plus en plus explicitement par saint Bernard, par saint Bernardin de Sienne, par le dominicain Isidore de Isolanis, par Suarez et par plusieurs auteurs récents.
Saint Bernard dit de Joseph : « Il est le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a constitué comme le soutien de sa Mère, le père nourricier de sa chair, et le seul coopérateur très fidèle sur terre du grand dessein de l'Incarnation. »
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Jeu 08 Oct 2020, 21:51 | |
| CHAPITRE VII La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
A quel ordre appartient la mission tout exceptionnelle de Joseph ?
Saint Bernardin de Sienne écrit : « Quand Dieu choisit par grâce quelqu'un pour une mission très élevée, il lui accorde tous les dons nécessaires à cette mission. Ce qui s'est vérifié éminemment en saint Joseph, père nourricier de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et époux de Marie... »
Isidore de Isolanis place de même la vocation de saint Joseph au-dessus de celle des Apôtres; il remarque que celle-ci a pour but de prêcher l'Evangile, d'éclairer les âmes, de les réconcilier, mais que la vocation de Joseph est plus immédiatement relative au Christ lui-même, puisqu'il est l'époux de la Mère de Dieu, le père nourricier et le défenseur du Sauveur.
Suarez dit aussi : « Certains offices relèvent de l'ordre même de la grâce sanctifiante, et, dans ce genre, les Apôtres tiennent le degré le plus élevé : aussi ont-ils eu besoin de plus de secours gratuits que les autres, surtout en ce qui concerne les dons gratuitement donnés et la sagesse. Mais il y a d'autres offices qui confinent à l'ordre de l'union hypostatique, en soi plus parfait, ainsi qu'on le voit clairement de la maternité divine en,la bienheureuse vierge Marie, et c'est à cet ordre d'offices qu'appartient le ministère de saint Joseph. »
Il y a quelques années Mgr Sinibaldi, évêque titulaire de Tibériade, et secrétaire de la Sacrée Congrégation des Etudes, précisait ce point de doctrine. Il remarque que le ministère de Joseph appartient, en un sens, par son terme à l'ordre hypostatique : non pas que Joseph ait intrinsèquement coopéré, comme instrument physique de l'Esprit-Saint à la réalisation du mystère de l'Incarnation; de ce point de vue son rôle est très inférieur à celui de Marie, Mère de Dieu; mais enfin il a été prédestiné à être, dans l'ordre des causes morales, le gardien de la virginité et de l'honneur de Marie, en même temps que le père nourricier et le protecteur du Verbe fait chair.
« Sa mission appartient par son terme à l'ordre hypostatique, non pas par une coopération intrinsèque, physique et immédiate, mais par une coopération extrinsèque, morale et médiate (par Marie) qui est encore pourtant une vraie coopération. »
La prédestination de Joseph ne fait qu'un avec le décret même de l'Incarnation
Ce que nous venons de dire apparaît plus clairement encore si l'on considère que le décret éternel de l'Incarnation ne porte pas seulement sur l'Incarnation en général, abstraction faite des circonstances de temps et de lieu, mais sur l'Incarnation hic et nunc, c'est-à-dire sur l'incarnation du Fils de Dieu, qui, en vertu de l'opération du Saint-Esprit, doit être conçu à tel instant par la Vierge Marie, unie à un homme de la maison de David nommé Joseph : « Missus est angelus Gabriel a Deo in civitate Galilææ ? cui nomen Nazareth, ad virginem desponsatam viro, cui nomen erat Joseph, de domo David » (Luc, I, 26-27).
Tout porte donc à penser que Joseph a été prédestiné à être le père nourricier du Verbe fait chair avant d'être prédestiné à la gloire. La raison en est que la prédestination du Christ comme homme à la filiation divine naturelle, est antérieure à celle de tout homme élu, car le Christ est le premier des prédestinés.
Or la prédestination du Christ à la filiation divine naturelle n'est autre que le décret même de l'Incarnation, lequel porte sur l'Incarnation à réaliser hic et nunc. Ce décret implique par là-même la prédestination de Marie à la maternité divine, et celle de Joseph à être le père nourricier et le protecteur du Fils de Dieu fait homme.
Comme la prédestination du Christ à la filiation divine naturelle est supérieure à sa prédestination à la gloire et la précède, ainsi que l'admettent les thomistes (in IIIam, q. 24, a. 1 et 2); et comme la prédestination de Marie à la maternité divine précède (in signo priori) sa prédestination à la gloire, nous l'avons vu au début de cet ouvrage; de même la prédestination de Joseph a être le père nourricier du Verbe fait chair précède pour lui celle à la gloire et à la grâce. En d'autres termes il a été prédestiné au plus haut degré de gloire après Marie, et ensuite au plus haut degré de grâce et de charité, parce qu'il était appelé à être le digne père nourricier et protecteur de l'Homme-Dieu.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 10 Oct 2020, 07:49 | |
| CHAPITRE VII
La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
La prédestination de Joseph ne fait qu'un avec le décret même de l'Incarnation
On voit par là-même l'élévation de sa mission unique au monde, puisque sa prédestination première ne fait qu'un avec le décret même de l'Incarnation.
C'est ce qu'on dit couramment lorsqu'on affirme que Joseph a été créé et mis au monde pour être le père nourricier du Verbe fait chair, et pour qu'il fût ce digne père, Dieu a voulu pour lui un très haut degré de gloire et de grâce.
Le caractère propre de la mission de Joseph
Ce point est admirablement mis en lumière par Bossuet dans le premier panégyrique de ce grand saint (3° point), lorsqu'il nous dit : « Entre toutes les vocations, j'en remarque deux, dans les Écritures, qui semblent directement opposées : la première, celle des apôtres, la seconde, celle de Joseph. Jésus est révélé aux apôtres, pour l'annoncer par tout l'univers; il est révélé â Joseph pour le taire et pour le cacher.
Les apôtres sont des lumières, pour faire voir Jésus-Christ au monde. Joseph est un voile pour le couvrir; et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur des âmes... Celui qui glorifie les apôtres par l'honneur de la prédication, glorifie Joseph par l'humilité du silence. » L'heure de la manifestation du mystère de l'Incarnation n'est pas encore venue; cette heure doit être préparée par trente ans de vie cachée.
La perfection consiste à faire ce que Dieu veut, chacun selon sa vocation; mais dans le silence et l'obscurité la vocation de Joseph dépasse celle des apôtres, parce qu'elle touche de plus près au mystère de l'Incarnation rédemptrice. Joseph après Marie fut rapprochée plus que personne de l'auteur de la grâce, et dans le silence de Bethléem, pendant le séjour en Egypte et dans la petite maison de Nazareth, il reçut plus de grâces que n'en recevra jamais aucun saint.
Sa mission fut double.
Par rapport à Marie, il préserva sa virginité en contractant avec elle un véritable mariage, mais absolument saint. L'ange du Seigneur lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie, ton épouse; car ce qui est formé en elle est l'ouvrage du Saint-Esprit » (Matth., I, 20; item, Luc, II, 5).
Marie est bien son épouse, c'est un véritable mariage, comme l'explique saint Thomas (IIIa, q. 29, a. 2) en en montrant les convenances aucun soupçon ne devait effleurer, si léger fût-il, l'honneur du Fils et celui de la Mère; si jamais cet honneur était en cause, Joseph, le témoin le plus autorisé et le moins suspect, serait là pour en attester l'intégrité. De plus, Marie trouvait en Joseph aide et protection.
Il l'a aimée de l'amour le plus pur, le plus dévoué, d'un amour théologal, car il l'aimait en Dieu et pour Dieu.
C'était l'union sans tache la plus respectueuse avec la créature la plus parfaite qui fut jamais, dans le cadre le plus simple, celui d'un pauvre artisan de village. Joseph a ainsi approché plus intimement qu'aucun saint de celle qui est la Mère de Dieu et la Mère spirituelle de tous les hommes, de lui-même Joseph, et la distributrice de toutes les grâces.
La beauté de tout l'univers n'était rien à côté de la sublime union de ces deux âmes, union créée par le Très-Haut, qui ravissait les anges et réjouissait le Seigneur lui-même.
Par rapport au Verbe fait chair, Joseph a veillé sur lui, il l'a protégé, il a contribué à son éducation humaine. On l'appelle son père nourricier, ou encore père adoptif, mais ces noms ne sauraient exprimer pleinement cette relation mystérieuse et pleine de grâce.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 11 Oct 2020, 01:13 | |
| CHAPITRE VII
La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
Le caractère propre de la mission de Joseph
C'est accidentellement qu'un homme devient le père adoptif ou le père nourricier d'un enfant, tandis que ce n'est pas accidentellement que Joseph est devenu le père nourricier du Verbe fait chair; il a été créé et mis au monde pour cela; c'est l'objet premier de sa prédestination et la raison de toutes les grâces qu'il a reçues.
Bossuet l'exprime admirablement : « Quand la nature ne le donne pas elle-même, où aller prendre un cœur paternel ? En un mot, saint Joseph n'étant pas père, comment aura-t-il un cœur de père pour Jésus ? C'est ici qu'il nous faut entendre que la puissance divine agit en cette œuvre.
C'est par un effet de cette puissance que Joseph a un cœur de père, et si la nature ne le donne pas, Dieu lui en fait un de sa propre main. Car c'est de lui dont il est écrit qu'il tourne où il lui plaît les inclinations... il fait un cœur de chair dans les uns, quand il les amollit par la charité... Ne fait-il-pas dans tous les fidèles, non un cœur d'esclave, mais un cœur d'enfant, quand il envoie en eux l'Esprit de son Fils ?
Les apôtres tremblaient au moindre péril, mais Dieu leur fait un cœur tout nouveau et leur courage devient invincible... C'est donc cette même main qui fait un cœur de père en Joseph et un cœur de fils en Jésus.
C'est pourquoi Jésus obéit et Joseph ne craint pas de lui commander. Et d'où lui vient cette hardiesse de commander à son Créateur ? C'est que le vrai Père de JésusChrist, ce Dieu qui l'engendre de toute éternité, ayant choisi le divin Joseph pour servir de père au milieu des temps à son Fils unique, a fait en quelque sorte couler en son sein quelque rayon ou quelque étincelle de cet amour infini qu'il a pour son Fils ; c'est ce qui lui change le cœur, c'est ce qui lui donne un amour de père ; si bien que le juste Joseph qui sent en lui-même un cœur paternel, formé tout à coup par la main de Dieu, sent aussi que Dieu lui ordonne d'user d'une autorité paternelle, et il ose bien commander à celui qu'il reconnaît pour son maître. »
C'est dire équivalemment que Joseph a été prédestiné d'abord à « servir de père au Sauveur qui n'en pouvait avoir ici-bas », et ensuite à tous les dons qui lui ont été accordés pour qu'il fùt ce digne protecteur du Verbe fait chair.
Après cela est-il besoin de dire avec quelle fidélité Joseph a gardé le triple dépôt qui lui avait été confié : la virginité de Marie, la personne de Jésus-Christ et le secret du Père éternel, celui de l'incarnation de son Fils, secret à garder jusqu'à ce que l'heure soit venue de la manifestation de ce mystère.
Sa Sainteté Pie XI, en un discours prononcé dans la salle consistoriale le jour de la fête de saint Joseph, 19 mars 1928, disait, après avoir parlé de la mission de Jean Baptiste et de celle de saint Pierre : « Entre ces deux missions, apparaît celle de saint Joseph, mission recueillie, tacite, presque inaperçue, inconnue, qui ne devait s'illuminer que quelques siècles plus tard; un silence auquel devait succéder sans doute, mais bien longtemps après, un retentissant chant de gloire.
Et de fait, là où est plus profond le mystère, plus épaisse la nuit qui le recouvre, plus grand le silence, c'est justement là qu'est la plus haute mission, plus brillant le cortège des vertus requises et des mérites appelés, par une heureuse nécessité, à leur faire écho. Mission unique, très haute, celle de garder le Fils de Dieu, le Roi du monde, la mission de garder la virginité, la sainteté de Marie, la mission unique d'entrer en participation du grand mystère caché aux yeux des siècles et de coopérer ainsi à l'Incarnation et à la Rédemption ! »
C'est dire équivalemment que c'est en vue de cette mission unique que la Providence a accordé à Joseph toutes les grâces qu'il a reçues; en d'autres termes : Joseph a été prédestiné d'abord à servir de père au Sauveur, puis à la gloire et à la grâce qui convenaient à une si exceptionnelle vocation.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 11 Oct 2020, 21:40 | |
| CHAPITRE VII La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
Les vertus et des dons de saint Joseph
Ce sont surtout les vertus de la vie cachée, à un degré proportionné à celui de la grâce sanctifiante : la virginité, l'humilité, la pauvreté, la patience, la prudence, la fidélité, qui ne peut être ébranlée par aucun péril, la simplicité, la foi éclairée par les dons du Saint-Esprit, la confiance en Dieu et la parfaite charité. Il a gardé le dépôt qui lui était confié avec une fidélité proportionnée au prix de ce trésor inestimable. Il a compris le précepte : Depositum custodi.
Sur ces vertus de la vie cachée, Bossuet fait cette remarque général : « C'est un vice ordinaire aux hommes de se donner entièrement au dehors et de négliger le dedans; de travailler à la montre et à l'apparence, et de mépriser l'effectif et le solide; de songer souvent quels ils paraissent, et de ne point penser quels ils doivent être. C'est pourquoi les vertus qui sont estimées, ce sont celles qui se mêlent d'affaires, et qui entrent dans le commerce des hommes; au contraire, les vertus cachées et intérieures, où le public n'a point de part, où tout se passe entre Dieu et l'homme, non seulement ne sont pas suivies, mais ne sont même pas entendues.
Et toutefôis, c'est dans ce secret que consiste tout le mystère de la vertu véritable... Il faut composer un homme en lui-même, avant que de méditer quel rang on lui donnera parmi les autres; et si l'on ne travaille sur ce fonds, toutes les autres vertus, si éclatantes qu'elles puissent être, ne seront que des vertus de parade..., elles ne font pas l'homme selon le cœur de Dieu. - Au contraire, Joseph, homme simple, a cherché Dieu; Joseph, homme détaché, a trouvé Dieu ; Joseph, homme retiré, a joui de Dieu. »
L'humilité de Joseph dut être confirmée par la pensée de la gratuité de sa vocation exceptionnelle. Il dut se dire : pourquoi le Très-Haut m'a-t-il donné son Fils unique à garder à moi Joseph plutôt qu'à tel ou tel autre homme de Judée, de Galilée, ou d'une autre région et d'un autre siècle ?
C'est là uniquement le bon plaisir de Dieu, bon plaisir qui est à lui-même sa raison, et par lequel Joseph a été librement préféré, choisi, prédestiné de toute éternité plutôt que tel ou tel autre homme, auquel le Seigneur aurait pu accorder les mêmes dons et une même fidélité pour le préparer à cette exceptionnelle mission. Nous voyons en cette prédestination un reflet de la gratuité de la prédestination du Christ et de celle de Marie.
La connaissance du prix de cette grâce et de sa gratuité absolue, loin de nuire à l'humilité de Joseph, l'a confirmée. Il a pensé en son cœur : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu ? ».
Joseph apparaît comme le plus humble de tous les saints après Marie, plus humble qu'aucun des anges; et, s'il est le plus humble, il est par là même le plus grand de tous, car les vertus étant connexes, la profondeur de l'humilité est proportionnée à l'élévation de la charité, comme la racine de l'arbre est d'autant plus profonde qu'il est plus haut : « Celui d'entre vous tous qui est le plus petit, dit Jésus, c'est celui-là qui est le plus grand » (Luc, IX, 48).
Comme le remarque encore Bossuet : « Possédant le plus, grand trésor, par une grâce extraordinaire du Père éternel, Joseph, bien loin de se vanter de ses dons ou de faire connaître ses avantages, se cache autant qu'il peut aux yeux des mortels, jouissant paisiblement avec Dieu du mystère qui lui est révélé, et des richesses infinies qu'il met en sa gard. »
« Joseph a dans sa maison de quoi attirer les yeux de toute la terre, et le monde ne le connaît pas; il possède un Dieu-Homme, et il n'en dit mot; il est témoin, d'un si grand mystère, et il le goûte en secret sans le divulgue. »
Sa foi est inébranlable malgré l'obscurité du mystère inattendu. La parole de Dieu transmise par l'ange fait la lumière sur la conception virginale du Sauveur : Joseph aurait pu hésiter à croire une chose si extraordinaire; il y croit fermement dans la simplicité de son cœur. Par sa simplicité et son humilité, il entre dans les hauteurs de Dieu.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 12 Oct 2020, 21:25 | |
| CHAPITRE VII
La prédestination de saint Joseph et son éminente sainteté « Qui minor est inter vos, hic major est. »(Luc, IX, 48.)
Les vertus et des dons de saint Joseph
L'obscurité ne tarde pas à reparaître : Joseph, était pauvre avant d'avoir reçu le secret du Très-Haut; il devient plus pauvre encore, remarque Bossuet, lorsque Jésus vient au monde, car il vient avec son dénuement et détache de tout pour unir à Dieu.
Il n'y à point de place pour le Sauveur dans la dernière des auberges de Bethléem. Joseph doit souffrir de n'avoir rien à donner à Marie et à son Fils.
Sa confiance en Dieu se manifeste dans l'épreuve, car la persécution commence peu après la naissance de Jésus. Hérode cherche à le faire mourir. Le chef de la sainte Famille doit cacher Notre-Seigneur, partir pour un pays lointain, où nul ne le connaît et où il ne sait pas comment il pourra gagner sa vie. Il part, mettant toute sa confiance en la Providence.
Son amour de Dieu et des âmes ne cesse de grandir dans la vie cachée de Nazareth, sous l'influence constante du Verbe fait chair, foyer de grâces toujours nouvelles et toujours plus hautes pour les âmes dociles qui ne mettent pas d'obstacle à ce qu'il veut leur donner.
Nous avons dit plus haut, à propos du progrès spirituel en Marie, que l'ascension de ces âmes est uniformément accélérée, c'est-à-dire qu'elles se portent d'autant plus vite vers Dieu qu'elles se rapprochent de lui et qu'elles sont plus attirées par lui.
Cette loi de la gravitation spirituelle des âmes justes se réalisa en Joseph; la charité ne cessa de s'accroître en lui, toujours plus promptement jusqu'à sa mort; le progrès de ses dernières années fut beaucoup plus rapide que celui des premières années, car se trouvant plus près de Dieu, il était plus fortement attiré par lui.
Avec les vertus théologales grandirent aussi incessamment en lui les sept dons du Saint-Esprit, qui sont connexes avec la charité. Ceux d'intelligence et de sagesse rendaient sa foi vive de plus en plus pénétrante et savoureuse.
En des formes extrêmement simples, mais très élevées, sa contemplation se portait vers l'infinie bonté du Très-Haut. Ce fut, en sa simplicité, la contemplation surnaturelle la plus haute après celle de Marie.
Cette contemplation aimante lui était très douce, mais elle lui demandait la plus parfaite abnégation et le plus douloureux sacrifice, lorsqu'il se rappelait les paroles du vieillard Siméon : « Cet enfant sera un signe en butte à la contradiction », et celles dites à Marie : « Et vous, un glaive transpercera votre âme. »
L'acceptation du mystère de la Rédemption par la souffrance apparaissait à Joseph comme la consommation douloureuse du mystère de l'Incarnation, et il avait besoin de toute la générosité de son amour pour offrir à Dieu, en sacrifice suprême, l'Enfant Jésus et sa sainte Mère, qu'il aimait incomparablement plus que sa propre vie.
La mort de saint Joseph fut une mort privilégiée ; comme celle de la Sainte Vierge, elle fut, dit saint François de Sales, une mort d'amour[497].
Il admet aussi avec Suarez que Joseph aurait été parmi les saints qui, selon saint Matthieu (XXVII, 52 ss.), ressuscitèrent après la résurrection du Seigneur et se manifestèrent dans la ville de Jérusalem; il tient que ces résurrections ont été définitives et que Joseph est entré au ciel corps et âme.
Saint Thomas est beaucoup plus réservé sur ce point : après avoir admis que les résurrections qui ont suivi celle de Jésus étaient définitives (in Matth., XXVII, 52, et IV Sent., l. IV, dist. 42, q. l, a. 3), plus tard, examinant les raisons inverses données par saint Augustin, il trouve celles-ci beaucoup plus solides (cf. IIIa, q. 53, a. 3, ad 2).
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 13 Oct 2020, 22:17 | |
| CHAPITRE VII
Le rôle actuel de Joseph pour la sanctification des âmes
Autant l'humble charpentier a eu une vie cachée sur la terre, autant il est glorifié dans le ciel. Celui à qui le Verbe fait chair a été « soumis » ici-bas, conserve au ciel une puissance d'intercession incomparable.
Léon XIII, dans l'encyclique Quamquam pluries, trouve dans la mission de saint Joseph à l'égard de la sainte Famille « les raisons pour lesquelles il est patron et protecteur de l'Eglise universelle... De même que Marie, Mère du Sauveur, est Mère spirituelle de tous les chrétiens... Joseph regarde comme lui étant confiée la multitude des chrétiens... Il est défenseur de la sainte Eglise, qui est vraiment la maison du Seigneur et le royaume de Dieu sur la terre. »
Ce qui frappe en ce rôle actuel de Joseph jusqu'à la fin des temps, c'est qu'il unit admirablement les prérogatives en apparence les plus opposées.
Son influence est universelle sur toute l'Eglise qu'il protège, et pourtant, à l'exemple de la Providence, elle s'étend aux moindres détails; « modèle des ouvriers », il s'intéresse à chacun de ceux qui l'implorent. Il est le plus universel des saints par son influence et il fait trouver à un pauvre la paire de chaussures dont il a besoin.
Son action est évidemment surtout d'ordre spirituel, mais elle s'étend aussi aux choses temporelles; il est « le soutien des familles, des communautés, la consolation dès malheureux, l'espoir des malades ».
Il veille sur les chrétiens, de toutes conditions, de tous pays, sur les pères de famille, les époux, comme sur les vierges consacrées; sur les riches, pour leur inspirer une charitable distribution de leurs biens, comme sur les pauvres pour les secourir.
Il est attentif aux plus grands pécheurs et aux âmes les plus avancées. Il est le patron de la bonne mort, celui des causes désespérées, il est terrible au démon qui semble triompher, et il est aussi, dit sainte Thérèse, le guide des âmes intérieures dans les voies de l'oraison.
Il y a dans son influence un reflet merveilleux de « la divine Sagesse qui atteint avec force d'une extrémité du monde à l'autre et dispose tout avec douceur » (Sagesse, VIII, 1). La splendeur de Dieu a été et demeure éternellement sur lui; la grâce n'a cessé de fructifier en lui et il veut y faire participer tous ceux qui aspirent vraiment « à la vie cachée en Dieu avec le Christ » (Col., III, 3).
APPENDICE La Sainte Vierge et la France
Nous achèverons cet ouvrage en rappelant les principales bénédictions que la France a reçues de la Mère de Dieu.
Après les années si douloureuses que nous venons de traverser de 1939 à 1945, pour retrouver la vitalité et les énergies nécessaires au relèvement intellectuel, moral et spirituel de notre patrie, nous avons grandement besoin du secours de Dieu; nous l'obtiendrons par l'intercession de Marie; en nous rappelant ce qu'elle a fait pour la France au cours de notre histoire, lorsque tout paraissait perdu. Rappelons d'abord les centres de prière de notre patrie.
Les sanctuaires anciens et nouveaux de Notre-Dame
Depuis, le haut moyen âge, l'ancienne France était constellée de sanctuaires de la Sainte Vierge. Il suffit de rappeler les principaux : Notre-Dame de Paris, commencée au début du VI° siècle, continuée sous saint Louis; Notre-Dame de Chartres, plus ancienne encore; Notre-Dame de Rocamadour, où allèrent prier Blanche de Castille et saint Dominique; Notre-Dame du Puy, que visita saint, Louis; Notre-Dame de la Garde à Marseille; Notre-Dame de Fourvière à Lyon; beaucoup de sanctuaires connus sous le nom de Notre-Dame du Bon Secours, Notre-Dame de Pitié, Notre-Dame de la Délivrande, Notre-Dame de Recouvrance, Notre-Dame de Toutes-Aides. Que de miracles et de grâces accordés au cours des siècles en ces lieux de pèlerinages !
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