Sermon de Saint Augustin
3.« Porte ici ton doigt », c'est-à-dire; palpe les cicatrices de mes blessures. Les Gentils trouvent en cela une occasion de tourner les chrétiens en ridicule. Si votre Dieu, disent-ils, au lieu de faire disparaître les cicatrices de son corps, les a portées jusque dans le ciel, comme vous le prétendez, n'êtes-vous pas téméraires de croire qu'après votre mort il transformera vos corps? Voici ce qu'il faut leur répondre: Celui qui a fait plus, suivant ce que nous avons dit, a remis à un autre temps pour faire moins. Le Sauveur a ainsi agi, d'abord, pour éclairer la foi de ses disciples et la nôtre, et nous la rendre salutaire: il a voulu aussi pouvoir, en entrant dans le ciel, montrer à Dieu son Père ce qu'il avait enduré pour nous de tortures, et le provoquer, par là, à se montrer miséricordieux à notre égard. Il en serait de même du soldat qu'un roi enverrait à la bataille pour tuer ses ennemis: supposé que ce soldat engageât la lutte et y reçût une multitude de blessures: quand il reviendrait triomphant, le roi le remercierait avec empressement et confierait le soin de le guérir aux plus habiles médecins; mais si ces hommes de l'art lui disaient: Veux-tu que nous te guérissions de manière à laisser toujours paraître tes cicatrices? il répondrait évidemment: Oui, je le veux; car lorsque mes concitoyens me verront, ils me rendront grâces. Voilà, par comparaison, ce qu'il en est de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
4. « Et ne sois plus incrédule, mais fidèle ». La foi consiste à croire ce que tu n'as pas vu. La divinité du Fils de Dieu est invisible; aussi Jean dit-il: « Personne n'a jamais vu Dieu ». Quand Moïse, l'ami de Dieu, voulut le voir, il lui dit: « Seigneur, si
j'ai trouvé grâce devant vous, faites que je vous voie clairement et que je vous connaisse ». « Le Seigneur lui répondit: L'homme ne me verra point sans mourir ». C'est-à-dire, je suis invisible pour tout homme mortel. Au dire d'un docteur, les anges eux-mêmes, bien qu'ils se trouvent en présence de Dieu, ne voient sa divinité qu'autant que cela est nécessaire à leur salut. Et Thomas lui dit: «Mon Seigneur et mon Dieu! » Le bienheureux Thomas était un homme, et il voyait un Homme-Dieu: il a vu l'homme, et il a reconnu en lui un vrai Dieu. « Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru ». Nous voilà bien désignés dans ce passage, nous Gentils qui n'avons pas vu Notre-Seigneur Jésus-Christ incarné et mourant, et qui le reconnaissons, néanmoins, pour un vrai Dieu et un vrai homme. Pourquoi le Sauveur a-t-il employé le passé au lieu du futur ? Parce que ce qui est passé pour les hommes reste toujours présent devant Dieu. Voilà toujours comme s'exprime la sainte Ecriture.
Source : Biblia Clerus on line
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde