Extrait du commentaire du psaume 149
De Saint Hilaire
Alléluia.
Chantez au Seigneur un Cantique nouveau, sa louange dans l’assemblée des saints.
Qu’Israël se réjouisse en son Créateur et que les fils de Sion exultent en leur Roi.
Qu’ils louent son Nom par la danse, qu’ils chantent des psaumes avec le tambourin et la harpe (à dix cordes).
Car le Seigneur se complaît dans son peuple ; Il relèvera les doux pour leur salut.
Les saints se réjouissent dans la gloire ; ils exultent dans leur repos (sur leur couches).
À pleine gorge, ils magnifient Dieu ; ils ont en main le glaive à deux tranchants pour exercer la vengeance parmi les nations, les châtiments parmi les peuples. Pour lier leurs rois avec des chaînes, et leurs princes avec des entraves de fer, pour exécuter contre eux le jugement qui est consigné par écrit : telle est la gloire de tous les saints.
4. Le privilège des saints. Guttur (la gorge) : ce que signifie ce mot. Et le glaive ? Du glaive aiguisé des deux côtés, à l’usage des saints.
[.. .] Mais, après la gloire des saints, il nous faut comprendre ce qui conduit à la plénitude du Cantique nouveau : "Ils (les saints) exulteront sur leurs couches (dans leur repos). À pleine gorge, ils magnifient Dieu ; ils ont à la main le glaive à deux tranchants" (vv. 5-6). Déjà, la garniture de lit n’est plus inondée de larmes, et le lit des nuits solitaires de "ceux qui passent leur vie dans ce corps de mort" (cf. Ro 7, 24) à cause de la nécessité imposée par le péché et de la souffrance qui en résulte, n’est plus lavé de larmes. Sur leurs couches, désormais, les saints se réjouissent dans la gloire ; et, de ce fait, les cris d’exultation adressés à Dieu sont toujours dans leur gorge. Pour ce qui est de la gorge, le mouvement affectif de la conscience profonde en atteste la signification. Mais ce n’est pas seulement l’exultation de Dieu qui monte de leur gorge ; c’est encore, à la vérité, qu’ils sont armés dans leur main du glaive à deux tranchants. Cette connaissance du Roi montre combien sont entourés de complaisance les fils de Sion pour qu’il leur soit remis dans la danse, les tambourins et le chant des psaumes, le salut, la gloire et la joie, l’exultation et la souveraineté. En effet, la souveraineté est désignée (symboliquement) par le glaive, alors que de plusieurs côtés nous sommes exhortés à nous joindre à eux. Pourquoi, en effet, des glaives à deux tranchants se trouvent-ils dans leurs mains. Le Prophète aussitôt nous en instruit en disant : "Pour exercer la vengeance parmi les nations, des châtiments parmi les peuples, pour lier leurs rois avec des chaînes et mettre des entraves de fer à leurs princes, pour exercer contre eux le jugement prescrit, comme il est écrit : telle est la gloire de tous les saints" (Ps 149, 7-9).
Voici donc le Cantique nouveau chanté pendant que les humbles de la terre sont établis rois pour les rois alors qu’ils ont été considérés, eux la lumière du monde et les vengeurs des nations, comme étant l’ordure du monde et les avortons des païens (cf. 1 Co 4, 13). En effet, les glaives à deux tranchants sont dans leurs mains car pour le célèbre Saint de l’Apocalypse (le Verbe de Dieu ; cf. Ap 19, 15), un glaive acéré des deux côtés sort de sa bouche, exerçant partout le jugement de souveraineté. Le Seigneur vient, en effet, jeter le glaive sur la terre (Mt 10, 34), et les saints, selon l’Apôtre, jugeront le monde, le monde sera jugé relativement à eux (cf. 1 Co 6, 2). Il est dit en effet, "ne savez-vous pas que vous jugerez les anges" (de Satan ; ibid. v.3) ? Que s’exerce donc par eux la vengeance parmi les nations ; car Dieu, parmi nous, est "le Dieu des vengeances" (cf. Ps 93, 1). Ensuite, le blâme sera dévoilé parmi les peuples. Il est en effet fidèle Celui qui a dit : "Je te reprendrai et je placerai tes fautes devant toi" (Ps 49, 21). Mais cela ressort de la démonstration que les rois des nations et les princes ont été vaincus, menottes aux mains et entraves aux pieds. Selon l’Évangile, vaincus pieds et mains liés, ils sont jetés dans les ténèbres extérieures (cf. Mt 22, 13). Et parce que là seront les pleurs et les grincements de dents, là sera rendu le jugement porté par écrit, que précisément la Loi avait écrit, que les Prophètes avaient annoncé, que toute parole divine avait attesté. De ce jugement, la foi, la ferveur religieuse, la continence, la confession (de louange et du péché) en possède le mérite ; par ce jugement, l’indifférence vis-à-vis des affaires du siècle prend en charge le fait de devenir roi de rois, eux dont les haines à cause du nom du Christ furent soutenues par ruse ; des princes sont réprimés, eux dont les liens et les prisons nous contraignirent. Le jugement a été mis par écrit à leur intention, eux dont les glaives et la puissance souveraine ont sévi avec violence. Ainsi, l’hymne du Cantique nouveau est parfaitement accompli quand, après l’opprobre des nations païennes et les tortures provoquées par les rois, ils (les sanctifiés) infligent le jugement consigné par écrit aux païens et aux rois, eux pour qui le Seigneur Jésus Christ, l’Unique Engendré, est Dieu, Seigneur et Roi, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.
Source : patristique.org
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde