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| Sujet: Haïti: Criminels en culottes courtes Lun 18 Juil 2005, 19:24 | |
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- Les gangs armés qui écument des quartiers entiers de Port-au-Prince et participent aux kidnapping actuels reçoivent l'aide, parfois forcée, de hordes d'enfants dressés pour tuer.
Alors que leur capitale s'enfonce dans une violence incontrôlable, les Haïtiens qui se font voler, kidnapper ou même assassiner en pleine rue découvrent que de nombreux enfants prêtent main-forte à leurs tourmenteurs.
Sur la route de Nazon par exemple, entre l'aéroport et le centre de Port-au-Prince, des dizaines de garçons d'à peine dix ans participent les yeux rougis comme s'ils venaient de fumer du crack aux "opérations" d'enlèvement ou de vol qualifié menées par des criminels qui se réclament de l?ex-président Aristide. Armés et pieds nus sur le macadam torride, ces garçons en culottes courtes ne font pas plus dans la dentelle que les puissants chefs de gang qui les commandent.
Des centaines de ces enfants sont ainsi retranchés à Cité-Soleil et au Bel-Air, les deux plus redoutables fiefs des anciennes milices d'Aristide, où ils sont chargés des sales boulots d'une nouvelle "industrie" du kidnapping et des rançons. "Ma garde, dans le dédale des bicoques de Delmas 2, était assurée par des enfants de huit ans environ, enrage encore Rachelle Suzan, une employée des Douanes enlevée récemment avec deux collègues et séquestrée pendant trois jours jusqu'au versement d'une rançon. L'un d'eux, un orphelin de père et de mère, m'a avoué qu'il n'avait pas le choix. Il était en larmes et me parlait d'une voix faible par crainte d'une prompte arrivée de son chef." Le jeune garçon, qui aurait dû être à l'école primaire au moment ou il montait la garde, répétait constamment : "Le commandant va me tuer si j'abandonne"... Des centaines de ces enfants sont ainsi retranchés à Cité-Soleil et au Bel-Air, les deux plus redoutables fiefs des anciennes milices d'Aristide, où ils sont chargés des sales boulots d'une nouvelle "industrie" du kidnapping et des rançons. "Ma garde, dans le dédale des bicoques de Delmas 2, était assurée par des enfants de huit ans environ, enrage encore Rachelle Suzan, une employée des Douanes enlevée récemment avec deux collègues et séquestrée pendant trois jours jusqu'au versement d'une rançon. L'un d'eux, un orphelin de père et de mère, m'a avoué qu'il n'avait pas le choix. Il était en larmes et me parlait d'une voix faible par crainte d'une prompte arrivée de son chef." Le jeune garçon, qui aurait dû être à l'école primaire au moment ou il montait la garde, répétait constamment : "Le commandant va me tuer si j'abandonne"...
Des ravisseurs terrorisés Alice, une simple enseignante, a elle aussi vécu cette atroce expérience dans le no man's land de Delmas 2, où elle a été conduite sous le regard vigilant d'enfants-soldats, pistolet au poing.
"On m'a fait marcher pendant cinq minutes dans les minuscules corridors du bidonville avant de gagner une maisonnette en carton. À l'intérieur, des doigts et des jambes mutilés jonchaient le sol, ainsi que des canettes en plastique auxquelles les ravisseurs mettaient le feu et dont ils se servaient pour brûler les kidnappés afin de les forcer à crier pendant les négociations. Lorsqu'ils négociaient avec la famille, les ravisseurs, dont des enfants, tiraient des rafales afin d'impressionner l'interlocuteur à l'autre bout de la ligne." L'enseignante, qui a reconnu l'un de ses ex-élèves parmi ses ravisseurs, jure avoir vu dans le quartier de Bel-Air une fosse à ciel ouvert où sont laissés les restes des otages dont les parents n'ont pu payer la rançon exigée. À Cité-Soleil, probablement le plus immonde bidonville des Amériques, des hordes d'enfants jouent du pistolet comme d'autres jouent au ballon ou à la marelle. "Sur un axe névralgique, j'ai été mis en joue par huit enfants de moins de dix ans qui ont volé mon minibus", fulmine un résidant à l'adresse d'un voisin qu'il supplie de ne pas se rendre à la gare routière du Nord, limitrophe de cette zone peuplée de quelque 300 000 pauvres hères, sans électricité ni eau courante. Un terreau fertile pour des spécimens d'humanité tels Emmanuel Wilmé, surnommé Dread Wilmé en référence à ses dreadlocks, ses nattes rasta. Âgé de 27 ans et grièvement blessé par balle au cours d'une opération menée par les forces de l'ordre il y a quelques jours à Bois Neuf, un quartier de Cité-Soleil, ce chef de gang suspecté de l'assassinat de Paul-Henri Mourral, le consul honoraire de France au Cap Haïtien, est un ancien enfant de la rue. Selon Adrien Jaulmes, envoyé spécial du Figaro, "il aurait été recueilli par l'ancien président Aristide qui s'occupait, dans les années 80, d'oeuvres de charité dans ce bidonville."
Tortionnaires endurcis à 10 ans À Port-au-Prince, il est de notoriété publique que l'ex-président Aristide a fait distribuer clandestinement des milliers d'armes de toutes sortes à ses partisans dans les semaines qui ont précédé son départ, en février 2004. Certaines se retrouvent aujourd'hui dans les mains d'enfants à peine assez grands pour tenir une bicyclette. Capturé par une unité de la police haïtienne, le justement nommé "Ti Dizan" (Petit dix ans, en créole) a été blessé par sa propre arme à feu à la suite d'une fausse manoeuvre. Le jeune garçon, encore détenu aujourd'hui, est resté longtemps couché sur un lit maculé de taches de sang de l'Hôpital général, ligoté comme un criminel endurci. "Il a avoué sa participation à la décapitation d'un policier", soupire un inspecteur de police.
Quand les enfants ne sont pas utilisés comme chair à canon par les gangs, ils sont torturés. La semaine dernière, une fillette kidnappée a été libérée les yeux crevés par ses ravisseurs. Elle avait deux ans. "Les kidnappeurs l'ont torturée après avoir vainement tenté d'obtenir une rançon, se lamente un parent de la petite victime, sous couvert de l'anonymat.
Rien pour émouvoir Labada, un enfant de 10 ans qui se vante de bien connaître le maniement du M-16 qu'il cache dans sa masure de Cité-Soleil. Il en veut particulièrement aux quelque 250 Casques bleus jordaniens de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti. "Ces Jordaniens ne parlent aucune langue et tirent sur nous, se plaint-il. Ce que nous voulons, c'est que ces gens rentrent chez eux et qu'on nous ramène Aristide."
Le point commun de ces milliers d'enfants, c'est qu'ils ont connu la rue. "Les enfants ont une particularité dans les combats: ils paraissent dociles, disait feu Ahamadou Kourouma, le célèbre écrivain africain qui a visité Haïti en 2001. Ils vont partout et ils se battent sans plus de réflexion."
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