03 novembre 2012
« Mariage pour tous »: à Lourdes, Mgr Vingt-Trois dénonce « une supercherie » et les « lobbies »
Le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France a profité de l’ouverture de l’assemblée générale de cette institution, samedi 3 novembre, à Lourdes, pour rappeler l’opposition de l’Eglise au projet de loi instaurant « le mariage pour tous », qui sera présenté en conseil des ministres, le 7. Il a appelé « les chrétiens et tous ceux qui partagent notre analyse » à « saisir leurs élus en leur écrivant des lettres personnelles, en les rencontrant et en leur exprimant leurs convictions». De manière plus large et inédite, il les a incités à « utiliser les moyens d’expression d’une société démocratique, d’une « démocratie participative », pour faire connaitre leur point de vue ».
Cet encouragement à manifester, de quelle que manière que ce soit, contre « des mesures qui menacent notre société » et en « touchent très profondément les équilibres » était attendu par un certain nombre d’évêques et de fidèles. Des manifestations de rue sont organisées les 17 et 18 novembre par des organisations proches de l’Eglise catholique et par le mouvement intégriste Civitas, dont l’institution veut clairement se distinguer. Comme il l’avait fait mardi 30 octobre lors de la traditionnelle messe parlementaire, à Paris, le cardinal a aussi invité les responsables politiques à user de « leur liberté de conscience ».
Sur le fond, le cardinal a renvoyé aux textes publiés par la CEF, tout en martelant : « Ce projet n’est pas seulement une ouverture généreuse du mariage à de nouvelles catégories de concitoyens, c’est une transformation du mariage. Ce serait le mariage de quelques uns imposé à tous ». Pour l’Eglise, « la question fondamentale est celle du respect de la réalité sexuée de l’existence humaine. Imposer dans le mariage et la famille une vision de l’être humain sans reconnaitre la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants». Il a une nouvelle fois regretté l’absence de débat national, qui aurait permis d’aller au-delà « de sondages aléatoires ou de la pression ostentatoire de quelques lobbies ».
Un appel à Vincent Peillon
Le cardinal a d’ailleurs insisté sur le respect des droits fondamentaux des enfants et rappelé le combat de l’Eglise pour la défense de la vie, de la naissance à sa fin naturelle, le refus de procéder à la procréation médicalement assistée ou à la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Au-delà « du droit à connaitre et à être élevé par ceux qui l’ont engendré », les enfants doivent aussi pouvoir bénéficier selon le cardinal, du droit à l’éducation et à une formation chrétienne. Il s’est donc étonné que l’Eglise, "qui catéchise plus du quart des enfants français" n’ait pas été consultée dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, annoncée par le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon. "Les enfants catholiques comme ceux des autres religions ont le droit de disposer de temps convenable pour cette fomation [religieuse]", a fait valoir le cardinal.
Dans son discours d’ouverture, Mgr Vingt-Trois a aussi souligné « l’actualité » du concile Vatican II dont l’Eglise célèbre les cinquante ans. « Le concile n’est pas derrière nous. Il est devant nous pour le développement des dynamismes qu’il a suscités dans l’Eglise », a-t-il rappelé, évoquant notamment « la collégialité, l’actualisation du patrimoine de l’Eglise, le basculement des mentalités, le renouvellement de notre regard sur nos frères orthodoxes et protestants, le virage spectaculaire que Nostra Aetate a fait prendre à nos relations avec le judaïsme et l’islam ».
Il a également évoqué la notion de « nouvelle évangélisation » dans le contexte français marqué par « l’indifférence » religieuse, plus que par « l’hostilité » alors que vient de s’achever un synode sur ce sujet au Vatican. Reprenant des débats abordés au cours de ce synode, le cardinal a listé les difficultés rencontrées par les chrétiens à travers le monde : « entraves à la liberté de conscience, retour aux pratiques païennes, séduction de nouveaux mouvements à tendance sectaire, athéisme… ».
Jusqu’à jeudi 8, les 120 évêques aborderont différents thèmes : Internet et Eglise, les chrétiens dans l’opinion publique, la préparation au mariage, le rôle des diacres, l’accompagnement des prêtres âgés, et le sujet le plus délicat du moment, la relation avec l’islam.
Stéphanie Le Bars (à Lourdes)
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Bastiano