Luc, I, 39-56 La Visitation commentée par Saint Bonaventure
« Et Marie se levant en ces jours-là partit en hâte pour la montagne,
pour la cité de Juda, entra dans la demeure de Zacharie et salua
Elisabeth. »
La Sainte Vierge, se rappelant ensuite les paroles que l'Ange lui avait dites touchant sa cousine Elisabeth, se proposa de la visiter, afin de la féliciter et de lui rendre quelques services. Elle partit donc de Nazareth en compagnie de Joseph, son époux, pour aller en la maison d'Elisabeth, qui était distante de quatorze ou quinze milles environ de Jérusalem. Elle n'est point retardée par la longueur et la difficulté du chemin; mais elle s'avance avec hâte, car elle ne voulait point paraître longtemps en public, et elle n'était point chargée du fruit qu'elle portait dans son sein, comme il arrive aux autres femmes : le Seigneur Jésus ne fut point un fardeau pour sa mère. Regardez donc ici comment s'avance, seule avec.son époux, la Reine du ciel et de la terre ; elle n'a point de monture, elle est à pied ; elle n'est point environnée de gardes ni de seigneurs; elle n'a point une longue suite de femmes d'honneur ni de servantes. Mais avec elle marchent la pauvreté, l'humilité, la modestie et le cortège de toutes les vertus. Le Seigneur est avec elle, accompagné d'un entourage nombreux et honorable, mais qui n'a rien de la vanité, ni de la pompe du siècle. Lorsqu'elle entra dans la maison, elle salua sa cousine en disant : « Je vous salue, Elisabeth, ma Sœur! » Mais celle-ci, tressaillant d'allégresse, débordant de joie, embrasée par l'Esprit-Saint, se lève, la serre tendrement dans ses bras en s'écriant hors d'elle-même : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni est le fruit de votre sein. Et d'où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne me visiter ? Car aussitôt que la voix de votre salutation s'est fait entendre à mes oreilles, l'enfant que je porte en mon sein a tressailli de joie. Vous êtes bien heureuse d'avoir cru, car tout ce qui vous a été dit de la part du Seigneur recevra son accomplissement. » Au moment où la Vierge salua Elisabeth, Jean fut rempli du Saint-Esprit dans le sein de sa mère, et sa mère en fut également remplie. Elle n'en fut pas remplie avant son fils; mais le fils, en étant rempli d'abord, en remplit sa mère, non pas en produisant par lui-même quelque effet en son âme, mais en méritant que le Saint-Esprit fit paraître en elle quelque marque de sa présence ; car la grâce de cet Esprit divin brillait plus abondante en lui, et il éprouva le premier ses faveurs; et de même qu'Elisabeth vit Marie la première, ainsi son fils sentit le premier l'arrivée du Seigneur. C'est pourquoi il tressaillit d'allégresse, et sa mère prophétisa.[...]
Source : abbaye-saint-benoit.ch
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde