PREMIER SERMON de Saint Bernard.
Salve Regina
1. «Salut, Reine de Miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut. » Ma Souveraine, c'est vous qui ouvrirez mes lèvres. Le Seigneur est avec vous et vous êtes avec moi. Souffrez que je vous loue. Je me réfugie sous votre patronage, c'est là que les faibles reçoivent la force. Soyez pour moi une tour puissante à la face de l'ennemi. Que ma voix vous chante tout d'abord, vous la première, et que ma bouche s'ouvre pour vous exalter. Mes frères, ce doux cantique, cette très-noble mélodie, qu'en l’honneur de la Vierge Marie, notre Ordre chante très-dévotement quatre fois par an, nous entreprenons de le développer pour notre édification, parce que, après l'avoir bien savouré, nous l'avons trouvé plein d'une douceur particulière. C'est de lèvres bien élevées qu'est descendu ce cantique; car il a un fondement, et ce fondement est dans les saintes montagnes ; c'est la suavité de sa douceur intérieure. Et cette suavité où est-elle, sinon dans les montagnes saintes, c'est-à-dire dans nos esprits ? Composé par des Saints, établi par des Saints, il sera convenablement redit par des Saints. Et véritablement il ne pourra être subtilement compris, ni efficacement chanté que par des religieux, des hommes brûlant de saintes affections, tant il est suave à raison de la grâce qu'il renferme, fécond à cause des sens dont il est plein, et profond par les mystères qu'il contient. Cela est à tel point, que nous ne saurions l'examiner et l'exposer comme il conviendrait ; par sa douce résonnante il charme le cœur, et il nourrit l'âme par l'abondance de ses biens : en saluant la Sainte Reine des Saints, notre avocate, comme si elle était présente, il nous enflamme intérieurement jusqu'à la moelle des os.
Il faut bien que nous sentions la présence de celle que nous saluons comme présente, et que nous dirigions la trinité de notre âme vers celle à qui nous adressons nos vœux avec une très-grande dévotion. Elle connaît certainement, et elle aime ceux qui l'aiment, elle est vraiment près de ceux qui l'invoquent, surtout de ceux qu'elle voit devenus conformes à elle par la chasteté et l'humilité, si cependant, à ces vertus, ils ajoutent la charité, et placent en elle, après son Fils, toute leur espérance, et la cherchent de tout leur cœur en priant et en répétant souvent : « Venez, ô Souveraine, au secours de ceux qui crient sans relâche vers vous.» Elle ne dédaigne point la douce affection, le vif désir, les larmes abondantes, les prières assidues de quelque pécheur que ce soit, si toutefois il purifie son cœur de sa malice, s'il rompt les faisceaux de l'impiété, s'il brise les attaches qui pèsent sur eux ; s'il laisse aller en liberté ceux qui ont été brisés, et secoue leur fardeau. La puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre. Or, cette puissance c'est le pouvoir ; en ses mains est notre vie avec notre esprit en ses yeux les chrétiens espèrent, et elle leur donne, au temps favorable, la nourriture de la grâce dont elle est remplie.
Source : abbaye-saint-benoit.ch
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde