Sermon de Saint Maxime de Turin
[...] Le Sauveur répond au diable : « Ce n'est pas de pain seulement que
vit l'homme, mais de toute parole de Dieu ». Ce qui veut dire : « Il ne vit
pas du pain de ce monde, ni de la nourriture matérielle dont tu t'es servi
pour tromper Adam, le premier homme, mais de la Parole de Dieu, de son
Verbe, qui contient l'aliment de la vie céleste ». Or, le Verbe de Dieu,
c'est le Christ notre Seigneur, comme le dit l'évangéliste : « Au
commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu » (Jn
1,1). Quiconque donc se nourrit de la parole du Christ n'a plus besoin de
nourriture terrestre. Car celui qui se restaure avec le pain du Seigneur ne
peut pas désirer le pain de ce monde. En effet, le Seigneur a son propre
pain, ou plutôt le Sauveur est lui-même pain, comme il l'enseigne par ces
paroles : « Je suis le pain descendu du ciel » (Jn 6,41). Et ce pain a fait
dire au prophète : « Le pain fortifie le cœur de l'homme » (Ps 103,15).
Que m'importe le pain qu'offre le diable, alors que j'ai le pain que
partage le Christ ? Que m'importe la nourriture qui...a fait chasser le
premier homme du Paradis, a fait perdre à Ésaü son droit d'aînesse...(Gn
25,29s), qui a désigné Judas Iscariote comme un traître (Jn 13,26s) ? Adam
a perdu en effet le Paradis à cause de la nourriture, Ésaü a perdu son
droit d'aînesse pour un plat de lentilles, et Judas a renoncé à son rang
d'apôtre pour une bouchée : car, au moment où il a pris une bouchée, il a
cessé d'être un apôtre pour devenir un traître... La nourriture qu'il nous
faut prendre est celle qui ouvre la route au Sauveur, non au diable, celle
qui transforme celui qui l'absorbe en confesseur de la foi et non en
traître.
Le Seigneur a raison de dire, en ce temps de jeûne, que c'est le
Verbe de Dieu qui nourrit, pour nous enseigner que nous ne devons pas
passer nos jeûnes en soucis de ce monde, mais à la lecture des textes
sacrés. En effet, celui qui se nourrit de l'Écriture oublie la faim du
corps ; celui qui s'alimente du Verbe céleste oublie la faim. Voilà bien la
nourriture qui alimente l'âme et apaise l'affamé...: elle confère la vie
éternelle et éloigne de nous les pièges de la tentation du diable. Cette
lecture des textes sacrés est vie, comme l'atteste le Seigneur : « Les
paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (Jn 6,63).
Source : foyerhospitalite.over-blog.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde