Homélie contre l'homophobie à l'église Saint-Pierre-Apôtre
Caroline Montpetit 17 mai 2010 Éthique et religion
Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir
La communauté de l’église Saint-Pierre-Apôtre est composée d’une population largement mâle et homosexuelle.
La salle était comble, peuplée majoritairement d'hommes. La communauté de l'église Saint-Pierre-Apôtre, rue de la Visitation, à Montréal, à deux pas du village gai, est d'ailleurs chaque dimanche composée d'une population largement mâle et homosexuelle, paraît-il. Largement, mais pas seulement, car cette église ne voudrait surtout pas se constituer en ghetto, et ses portes sont grandes ouvertes à l'ensemble de la population.
Hier, à la veille de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie, le comité de pastorale de l'église avait fait une première, en invitant Laurent McCutcheon, président de l'organisme Gai-écoute, à prononcer l'homélie.
Ce dernier, qui se dit peu habitué aux cérémonies religieuses, a tout de même accepté l'invitation en lisant devant l'auditoire une lettre à Jésus condamnant l'exclusion des homosexuels de la communion catholique.
«Je viens plaider la cause de celles et ceux qui, comme moi, ne correspondent pas au modèle préconisé par ton Église. Se peut-il, Jésus, que les hauts dirigeants de ton Église se soient écartés de ton enseignement et que la parole des hommes se soit substituée à la tienne?», demandait-il. M. McCutcheon a fait état de la souffrance, du doute et de l'anxiété, engendrés par l'exclusion des homosexuels par l'Église.
Pour Jacques Côté, qui vient chaque dimanche depuis Anjou pour assister à la messe à Saint-Pierre-Apôtre, l'accueil qui est fait ici est exceptionnel et chaleureux. «Je m'y suis même fait des amis», dit-il.
André Bergeron, un habitant du quartier âgé de 74 ans, qui vient aussi à l'église chaque dimanche, affirme qu'il ne s'imagine pas voir l'Église inclure les homosexuels de son vivant. Mais il se souvient avec ferveur cependant d'une visite de Mgr Turcotte à l'église de Saint-Pierre Apôtre, au cours de laquelle le cardinal avait glissé: «Dieu vous aime.»
Pour le père Pierre-Alain Argouin, missionnaire du Sacré-Coeur qui donnait la messe d'hier, il n'est pas question de refuser la communion à des hommes et à des femmes de pratique homosexuelle, comme le préconise pourtant la doctrine de l'Église. Lui-même, qui est aussi aumônier en milieu carcéral, ne la donne-t-il pas à des voleurs, à des meurtriers? «En prison, ce que les gens ont fait est bien plus grave, des vols, des meurtres, souligne-t-il. Est-ce que je leur refuse la communion pour autant?»
Selon le père Argouin, les Églises du Québec sont en général de plus en plus ouvertes à l'homosexualité ouverte ou cachée.
Reste que l'église de Saint-Pierre-Apôtre, qui fait figure de leader et d'exception dans ce domaine, est pleine comme hier, semble-t-il, chaque dimanche. C'est au moins une bonne raison pour l'Église d'intégrer les exclus.
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