Sermon CCCXIX de Saint Augustin (extrait)
1. Daigne le Seigneur m'accorder de dire utilement quelques mots, lui qui a accordé à saint Etienne de parler si longuement avec courage. Quand il commença à s'adresser à ses persécuteurs, on aurait cru qu'il les craignait: «Mes frères et mes pères, écoutez», leur dit-il. Est-il rien de plus doux, de plus condescendant? S'il se conciliait ainsi ses auditeurs, c'était pour glorifier le Sauveur. S'il débuta sur un ton insinuant, c'était pour être longtemps écouté. Comme il était accusé de s'être élevé contre Dieu et contré la loi, il fit l'histoire de cette loi, il s'en montra le prédicateur quand on lui reprochait d'en être le destructeur. C'est ce que nous venons d'entendre encore, et vous avec nous.
Mais puisqu'on vous a lu si longuement, il n'est pas nécessaire que nous parlions beaucoup. Je voudrais seulement, pour édifier votre charité, vous faire observer que saint Etienne a recherché la gloire du Christ, que ce saint martyr a été le vrai témoin du Christ, et que c'est au nom du Christ qu'il faisait alors de si nombreux miracles. Il est bon, en effet, de savoir, comme vous le savez, que saint Etienne a fait au nom du Christ des prodiges nombreux, mais que le Christ Notre-Seigneur n'en a fait aucun au nom d'Etienne ainsi vous ne confondrez pas le serviteur avec son Maître, le ministre avec Dieu, l'adorateur avec Celui qu'il adore. Ce discernement, en effet, vous attire l'amour d'Etienne lui-même; car ce n'est pas pour lui, c'est pour le Christ qu'il a répandu son sang.
2. Remarquez aussi à qui il a recommandé son âme: «Voici, dit-il: je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu». Il voyait le Christ, lui qui confessait le Christ, qui allait mourir pour lui et s'élever jusqu'à lui. Lorsqu'ensuite les coups de pierres pleuvaient sur lui, lorsque ces cœurs durs lui faisaient de dures blessures, lorsqu'il se vit près, non de sa perte, mais de son départ, lorsqu'il vit son âme sur le point de s'envoler, il la recommanda, à qui ? à Celui qu'il voyait, à Celui qu'il adorait, à Celui qu'il servait, à Celui dont il prêchait le nom, à Celui dont il soutenait l'Evangile en acceptant la mort; à lui donc il recommanda son âme. «Seigneur Jésus, dit-il, recevez mon esprit». Vous m'avez rendu vainqueur; recevez-moi en triomphe. «Recevez mon esprit». Eux me persécutent, vous, recevez-moi; ils me chassent, faites-moi entrer. Dites à mon esprit: «Entre dans la joie de ton Seigneur (1)». Voilà, en effet, ce que, signifie: «Recevez mon esprit». […]
Source : clerus.org
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde