SERMON de saint Charles Borromée
En visitant les fidèles de Rome par sa lettre, l’Apôtre Paul les avertissait d’abord de se convaincre qu’ils étaient faibles et endormis et ensuite, de bien comprendre ce qu’ils auraient à faire. " L’heure est venue de sortir du sommeil. " Nous aussi, frères très chers, nous sommes venus parmi vous pour vous tirer du sommeil, pour vous guérir de votre léthargie autant que le Seigneur nous l’accordera. C’est pourquoi empruntant les paroles de l’Apôtre, nous pensons que deux choses sont requises de vous : que vous soyez d’abord conscients que vous dormez ; et puis, que l’heure est venue de vous réveiller. Profitez de cette heure, frères très chers, car il ne vous en sera sans doute pas accordé une autre. L’Apôtre ne défend pas le sommeil du corps que la nature nous accorde pour reprendre des forces ; il parle ici du sommeil de l’âme qui est funeste, lui, et qu’elle doit secouer.
En toute vérité, le pécheur est un homme qui dort et qui dort profondément. Que cette torpeur est donc grave ! Le bateau qui portait Jonas était secoué par la mer en furie. Tout le monde s’agitait, criait, se lamentait. Au milieu de ce bouleversement, seul, Jonas, qui fuyait la face de Dieu après avoir désobéi à ses ordres, dormait, sans souci, dans un coin du vaisseau... Quel grand obstacle notre somnolence n’a-t-elle pas été pour le salut de l’univers entier ! Si les montagnes qui nous entourent, les vastes régions et les provinces qui ont erré dans la foi pouvaient parler, nous les entendrions crier certainement ; l’ennemi est venu pendant que nous dormions et il a semé la mauvaise graine dans notre champ. Soyons donc vigilants, frères, et ne permettons pas à nos yeux de céder à ce sommeil.
Courage donc, mes fils très chers. Si jusqu’à présent il y en avait parmi vous qui dormaient, qu’ils ouvrent les yeux et se secouent de leur torpeur. Le temps est venu. La longue nuit s’achève et le jour pointe. Allez-vous continuer à joindre le jour à la nuit comme les loirs ou les taupes ? Songez que ceux qui dorment l’été se condamnent à souffrir la faim en hiver, et que ceux qui ne travaillent pas dans le siècle présent se préparent une moisson de tourments dans le siècle à venir. Voici le jour favorable. En ce jour, Dieu nous a envoyé vers vous pour faire tomber les écailles de vos yeux et pour que nous vous aidions à vous lever. Levez-vous, levez-vous vite et soyez vigilants le temps de cette vie, pour jouir du repos sans fin.
Source : clerus.org
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde