Les Anges ne sont-ils pas membres de Jésus Christ
Si, mais pas au même titre que nous. Avant l’Incarnation, le Christ, en son humanité, voulu par Dieu premièrement et au dessus de toute créature, attire les anges comme une cause finale, et, de cette manière très particulière, il leur influe la grâce essentielle et la gloire ( P.Garrigou-Lagrange, De Christo Salvatore, p 244). Après l’Incarnation, l’influx de la grâce sanctifiante qui anime et divinise les purs esprits reçoit une coloration nouvelle en passant de manière efficiente par Celui qui est Roi et médiateur de toutes les créatures, l’Incarnation étant –suivant le mot superbe de Cajetan- une élévation de tout l’univers à une personne divine : Incarnatio est elevatio totius universi in divinam personam. A tous ces titres, le Christ Dieu, bien qu’il ne soit pas venu pour les racheter, doit être dit Roi des anges. A Tous ces titres également, les anges sont rattachés au Corps mystique ; ils sont membres de L’Eglise et doivent vraiment être appelés nos frères.
Est-il convenable de définir les anges comme de « purs esprits » ?
Oui, la notion de pur esprit (esprit sans corps) s’applique en toute vérité aux saints anges ; on peut cependant regretter que la définition porte sur une négation. C’est l’infirmité de nos concepts de dégager l’essence par élimination. On définirait ainsi l’ange par rapport à l’homme ; « esprit pur » impliquerait une idée de privation. La définition procède donc par différence restrictive et non par concept de plénitude, ce qui risque d’aboutir à une connaissance résiduelle. L’Idée est claire et distincte, mais elle est pauvre.
Existe-t-il un moyen de compléter cette notion ?
IL faudrait définir l’ange non par rapport à l’homme mais, comme l’ont fait, chacun à leur manière, Saint Bonaventure ou Saint Thomas d’Aquin, par rapport à Dieu. L’ange est avant tout une très haute ressemblance de Dieu, une émanation de lumière, répandue sur les degrés infiniment riches dans l’échelle des créatures. L’absence de corps, cette enveloppe dont l’épaisseur étouffe l’esprit et l’empêche de se mouvoir, n’est en rien une privation. C’est plutôt l’homme qui se trouve privé, par rapport à l’ange, de l’usage plénier de son intelligence. L’esprit n’est-il pas, pour une part considérable, offusqué par le nuage opaque que nous appelons corps ? Saint Bonaventure propose deux éléments de définition :
1 – Les anges sont des êtres personnels complets situés au sommet de la hiérarchie de la création, dont ils achèvent l’harmonie.
2 – Ils ne se définissent pas seulement comme l’homme par genre et différence spécifique mais par leur degré de participation à Dieu : chaque ange représente un degré d’être particulier, un univers spirituel irréductible. Leur beauté n’est pas un ornement accidentel ajouté à l’être mais le rayonnement de leur essence (saint Bonaventure, Hexaëméron XXI)
Le Docteur angélique, de son coté, cite le Pseudo Denys : « L’ange est un miroir pur, très clair, recevant en lui, si l’on peut dire, toute la beauté de Dieu » (Ia q.12,a.4,arg.1)