SUR LE SACREMENT DE PÉNITENCE
Le Concile de Trente, Session XVI, Exposition de la doctrine, etc. : « Si tous ceux qui sont régénérés par le baptême en conservaient une telle reconnaissance envers Dieu, qu’ils demeurassent constamment dans la justice qu’ils y ont reçue par son bienfait et par sa grâce, il n’y aurait pas eu besoin d’établir d’autres sacrements pour la rémission des péchés. Mais comme Dieu, qui est si riche en Miséricorde*, connaît toute la fragilité de notre nature, il a bien voulu accorder aussi un remède pour faire recouvrer la vie à ceux mêmes qui depuis leur baptême se seraient livrés à la servitude du péché et à la puissance du démon ; et ce remède c’est le sacrement de pénitence, par lequel le bienfait de la mort de Jésus-Christ est appliqué à ceux qui ont eu le malheur de tomber depuis leur baptême.
La pénitence, il est vrai, a de tout temps été nécessaire pour obtenir la grâce et la justice à tous ceux qui se sont une fois souillés de quelque péché mortel, quand même ils auraient d’ailleurs à en être purifiés par le sacrement de baptême, parce qu’il faut en tout cas renoncer à ses dispositions perverses et s’en corriger, regretter sincèrement l’offense faite à Dieu, et détester du fond du cœur les péchés qu’on a commis. C’est ce qui a fait dire au prophète : Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et votre péché n’entrainera pas votre ruine. Notre-Seigneur a dit aussi : Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous de la même manière. Et Saint Pierre, prince des Apôtres, disait en recommandant la pénitence aux pécheurs qui demandaient à être baptisés : Faites pénitence, et que chacun de vous reçoive le baptême. Néanmoins, la pénitence n’était pas un sacrement avant la venue de Jésus-Christ, et elle ne l’est pas non plus, même depuis sa venue, pour ceux qui n’ont pas reçu le baptême.
Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ a particulièrement institué le sacrement de pénitence, lorsqu’après sa résurrection il souffla sur les disciples en disant : Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. Par cette action si remarquable et par ces paroles si claires, tous les Pères se sont accordés à entendre que la puissance de remettre et de retenir les péchés avaient été communiquées aux apôtres et à leurs légitimes successeurs pour qu’ils en usassent à l’égard des fidèles tombés en péché depuis leur baptême. Et les novatiens, qui refusaient opiniâtrement de reconnaître ce pouvoir de remettre les péchés, ont été condamnés avec beaucoup de raison par l’Église, et comme hérétiques, expulsés de son sein. C’est pourquoi le saint concile, approuvant et tenant pour très-véritable ce sens donné aux paroles de Notre-Seigneur, condamne les interprétations imaginaires de ceux qui, pour combattre l’institution de ce sacrement, détournent et appliquent faussement ces expressions de puissance (qu’a aussi l’Église) de prêcher la parole de Dieu et d’annoncer l’Évangile de Jésus-Christ.
Ibidem, Canon 1 : Si quelqu’un dit que la Pénitence, (telle qu’elle est usitée) dans l’Église Catholique, n’est pas un sacrement véritable et proprement dit, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour réconcilier les fidèles avec Dieu, toutes les fois qu’ils tombent dans le péché après avoir été baptisés, qu’il soit anathème. »
Le même concile, session VI, C. 14. « Quant à ceux qui ont perdu par le péché la grâce de la justification qu’ils auraient reçue, ils peuvent la recouvrer encore, avec l’aide de Dieu et par les mérites de Jésus-Christ, pourvu qu’ils se mettent en devoir de l’obtenir en recourant au sacrement de pénitence. Tel est en effet le moyen qui leur est laissé de réparer leur chute : moyen que les saints Pères ont appelé si à propos la seconde planche après le naufrage que nous a fait essuyer la perte de la grâce. Car c’est en faveur de ceux qui sont tombés dans le péché depuis leur baptême, que Jésus-Christ a institué ce sacrement de pénitence lorsqu’il dit : Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. Aussi faut-il bien faire entendre aux fidèles que la pénitence du chrétien, quand il est retombé dans le péché, est fort différente de celle du baptême, et qu’elle doit renfermer non seulement la cessation des péchés commis, ou leur détestation, ou un cœur contrit et humilié, mais encore leur confession sacramentelle, ou du moins la volonté de la faire quand on en trouvera l’occasion ; et de plus, l’absolution que doit donner le prêtre, et la satisfaction
( qu’on doit acquitter soi-même par les jeûnes, par les aumônes, par les prières, et par les autres pieux exercices de la vie spirituelle) ; non pas, il est vrai, pour la peine éternelle, qui est remise avec le péché lui-même par le sacrement, ou par le vœux du sacrement, mais pour la peine temporelle, qui comme l’enseignent les livres saints, n’est pas toujours remise, comme elle l’est par le baptême, à ceux qui, méconnaissant la grâce de Dieu qu’ils ont reçues, ont contristé l’Esprit-Saint, et n’ont pas craint de profaner le temple de Dieu. C’est de cette pénitence qu’il est écrit (Apoc, II, 5) : Souvenez-vous de l’état d’où vous êtes déchu ; faites pénitence, et reprenez l’exercice de vos premières œuvres ; et encore (II Cor., VII, 10) : La tristesse qui est selon Dieu produit pour le salut de l’âme une pénitence solide ; et ces autres paroles (Matth. III, 2) : faites pénitence ; et ces autres encore [Lc III, 8] : Faites de dignes fruits de pénitence…
Extrait du Tome III du Grand Catéchisme de Saint Pierre Canisius Docteur de l'Église
Texte http://www.liberius.net/auteur.php?id_auth=10
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde