Les pompiers belges s'arrêtent aux feux rouges

Au secours ! Les pompiers belges s'arrêtent aux feux rouges

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Même en ces temps de crise politique, l'humour ne perd pas ses droits en Belgique. Ainsi, depuis mercredi 28 novembre, on peut y voir des pompiers s'arrêter aux feux rouges. Ils respectent les consignes de leurs syndicats, excédés par les amendes et suspensions temporaires de permis qui pleuvent : plus de 400 depuis le début de l'année et, récemment, à Vilvorde, la condamnation d'un chauffeur à près de 300 euros d'amende, assortie d'une interdiction de conduire pendant huit jours. A Bruxelles aussi, un tribunal vient de sévir.




Au fil des années, les villes belges, et la capitale en particulier, se sont équipées d'appareils automatiques qui flashent allégrement tous les contrevenants, petits ou gros. Problème : la législation n'a pas été adaptée et, pas plus que les radars, ces appareils ne font le tri entre les chauffards et les services de secours. Le fait que ceux-ci ralentissent en général aux abords d'un carrefour ne suffit plus : ils doivent marquer un arrêt complet.

Lorsqu'ils ont reçu les premiers plis judiciaires, les pompiers ont cru qu'il s'agissait d'une manifestation du célèbre humour belge. Ils ont déchanté : les tribunaux les condamnaient comme de dangereux irresponsables.

Leurs syndicats leur demandent donc désormais de s'arrêter, même lorsqu'ils circulent en convoi, soit huit véhicules pour les plus grosses interventions. Parce qu'il est "plus important de respecter la loi que d'arriver à temps", persiflent-ils. Pas simple, en tout cas, de relancer des véhicules, qui peuvent peser jusqu'à 13 tonnes, au coeur du trafic d'une grande ville.


LES DÉLAIS VONT ENFLER


Le directeur des pompiers de Bruxelles va faire procéder à une très sérieuse étude sur l'allongement de délais qui, obligatoirement, vont enfler, alors qu'ils étaient généralement inférieurs à la "recommandation" - car cette norme-là n'est pas une loi - selon laquelle les secours doivent arriver en moins de douze minutes sur les lieux d'un accident ou d'un incendie.

Bien sûr, un peu de bon sens suffirait pour modifier les textes légaux. Un sénateur libéral a d'ailleurs déposé une proposition de loi disposant que les secours ne peuvent créer de danger pour les autres usagers mais ne sont pas tenus de s'arrêter au rouge. Question de survie pour certaines victimes.

Une seule difficulté : qui va voter rapidement un tel texte ? Après bientôt six mois de crise politique, la nouvelle majorité de centre droit n'est toujours pas en place et l'ancienne coalition, en "affaires courantes", n'est pas en mesure de faire grand-chose.

Qu'à cela ne tienne : certains pompiers refusent dès maintenant de s'installer au volant.

Jean-Pierre Stroobants

Le Monde

La Belgique perd la boule, vraiment!

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