Sujet: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Jeu 24 Mai 2007, 23:06
En ce 25 mars 1649, la fronde grondait sur le pavé de Paris et s'était étendue à la province.
Le 5 janvier précédent, le jeune roi avait dû s'enfuir au château de Saint-Germain et, le 8 janvier suivant, le Parlement avait déclaré le Cardinal ennemi de l'Etat.
Pierre Port-Combet, quant à lui, cultivait ses terres dans son hameau des Plantée à Vinay, en Dauphiné.
Pour lui, Grenoble était le bout du monde, alors Paris!
Il était âgé de quarante-cinq ans.
Il s'était laissé conquérir par la religion réformée, dans laquelle il avait élevé ses enfants.
Il ne savait pas lui-même s'il avait épousé cette confession par conviction, ou pour imiter ses coreligionnaires. Les hasards de la vie avaient scellé son destinà une catholique fervent, Jeanne Pélion, née une dizaine d'années après lui.
En ce jour de l'Annonciation, il décida d'aller tailler un osier.
Jeanne se fâcha. La règle administrative était claire : "Il est expressément défendu à ceux faisant profession de la religion prétendue réformée de travailler en public les jours de fêtes chômées par ceux de la religion catholique". Elle la lui rappela, mais cela lui était égal. Il prit sa serpe et son échelle. Elle renouvela ses remontrances. En vain. "Bah! lui répondit-il, il n'y a guère plus de mal à aller couper mon osier que d'aller festoyer à la foire comme les autres!" Et le bonhomme s'en alla, laissant son épouse à ses casseroles et à son désespoir. Arrivé au champ, il posa son échelle sur le tronc, grimpa et se mit à donner de la serpette. A peine avait-il abattu le premier coup et fait choir la pointe de quelques branches, qu'il vit celles-ci toutes dégoulinantes de sang. Il regarda ses mains; elles étaient ensanglantées, ainsi eu son haut de chausse. Il crut s'être blessé, se tâta, mais ne découvrit aucune égratignure, même pas la plus menue. Il s'en retourna au logis. Terrorisé et l'oeil hagard, il raconta sa mésaventure. Sa femme constata ses souillures; Il ordonna à ses enfants de se mettre en prières et demanda à Jeanne de venir sur les lieux, afin qu'elle puisse se rendre compte, elle-même, du sort que venait de lui jeter l'osier. Elle l'accompagna, prit la serpe et porta quelques coups à l'endroit même ou Port-Combet avait taillé. Aucune goutte ne sortit. Elle recommença sans plus de succès. Elle ne douta cepenant pas de la sincérité de son mari. Les branches ensanglantées jonchaient encore le sol! Il reprit la faucille et se mit à couper de nouveau. Le sang jaillit encore plus abondant entre les mains du profanateur. Ils appelèrent deux de leurs voisins qui accoururent. Il y avait là Louis Caillat, Miquelle, le tailleur d'habits, et Jean Francillon-Croze qui constatèrent, tout aussi effrayés que le couple, l'énormité du prodige. Il leur fallut cinq jours, non seulement pour se remettre, mais aussi pour délibérer. Finalement, sur les instances de tous, Port-Combet se résigna à informer le juge civil de la Châtellerie de Vinay, suivant déclaration du 30 mars faite devant Claude Rond, juge châtelain.
Il fut, incontinent, assigné à l'audience sur réquisition du procureur de la ville, pour avoir contrevenu aux textes interdisant le travail public les jours de fêtes catholiques chômées. Port-Combet décida de ne pas aller déposer et se réfugia chez un ami réformé de la commune d'Albenc. Puis il se ravisa er revint devant ses juges, où il fit amende honorable, suivant déposition du 9 mai suivant. Le procureur Boisset requît contre lui une amende de quarante livres. Il ne faut pas suivi en ses réquisitions par le juge ordinaire Brenier, qui lui infligea trois livres seulement. L'affaire s'était ébruitée. Les enquêteurs ecllésiastiques vinrent et le fait fut reconnu. Les processions déferlèrent. Port-Combert ne se convertit point. Non pas, peut-être, qu'il ne le voulut pas, mais il était faible et pressé par ceux du Consistoire de ne point le faire. Les années passèrent. Le fruit n'était pas mûr. Au pied de l'osier, cependant, les miracles et guérisons se multipliaient. Et l'année 1657, vint. Déjà en janvier de cette année, le fils aîné avait franchi le pas et s'était converti. Et puis, au mois de mars suivant... Port-Combet labourait son champ, non loin de l'osier qu'il n'osait plus regarder. Il n'attacha guère d'attention à une demoiselle vêtue de blanc et de bleu qui se tenait sur le monticule de l'Epinousa. A peine remarqua-t-il le crêpe noir abattu qu'elle portait. Que pouvait faire cette bigote égarée en ce lieu? Il ne s'attarda point et aiguillona ses boeufs. Il ne fut même pas surpris de la voir soudainement près de lui, alors que quelques instants plus tôt elle trônait sur le monticule à quelques quatre cent mètres de là! Il n'eut guère le temps d'admirer le port altier de la demoiselle, car celle-ci l'apostropha : "A Dieu sois-tu mon ami, que dit-on de cette dévotion? Y vient-il beaucoup de monde?" "Bonjour, Mademoiselle, il y vient assez de monde par-delà..." "S'y fait-il beaucoup de miracles?" "Ô de miracles! répondit-il, comme pour confirmer qu'il y en avait beaucoup. "Arrête, arrête tes boeufs; cet huguenot qui a coupé l'osier, où demeure-t-il? Ne veut-il pas se convertir?" "Je ne sais pas, il demeure bien par là..." "Ah misérable, crois tu que je ne sache pas que tu es l'huguenot? Si tu n'arrêtes pas tes boeufs, je saurai bien les arrêter!" "Ha, je les arrêterai bien moi-même, Mademoiselle!" "Le temps de la fin est proche et si tu ne changes pas de ton état, tu seras l'un des plus grands tisons de l'enfer qui fut jamais. Si tu en changes je te protégerai devant Dieu. Va-t'en et dis au public que leurs prières ne sont pas assez ferventes et qu'ils recevront beaucoup plus de grâces et de faveurs de Dieu." Port-Combet haussa les épaules et reprit son sillon. Avait-il compris ou était-il obscurci? Il arrêta son attelage un peu plus loin et vulut revenir sur ses pas. Mais la demoiselle avait disparu. Elle s'en était retournée, en un clin d'oeil, sur l'Epinousa. Il courut à elle jusque dans les bois en gémissant. Elle permit qu'il l'approche d'une douzaine de pas, mais ne le regarda point. Puis elle disparut de la vue du laboureur. Eu loin, des petites bergères avaient vu la scène. Port-Combet rentra chez lui, bouleversé. Il assura sa femme de la résolution absolue dans laquelle il se trouvait désormais de se changer. Il hésita encore jusqu'au mois d'août, oµ il fut subitement pris d'une forte fièvre. Il se vit tison de l'enfer. Il eut peur. Il commanda à sa femme d'aller quérir un religieux du couvent de Vinay. Dans la nuit du 14 au 15 août, veille de l'Assomption, il abjura le protestantisme, se confessa et reçut la communion. Le 21 dudit mois, il quitta ce monde. Et l'osier ne pleura plus jamais de sang.
Extrait du livre "Les apparitions - mise en examen" de René Humetz.
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Que les Coeurs Unis de Jésus et Marie nous protègent et nous guident.
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Ven 25 Mai 2007, 13:38
Merci Leodia d’évoquer ce lieu d’apparition marial assez méconnu. Pourtant, il faut dire que ND de l’Osier fait partie des rares apparitions mariales qui ont été reconnues officiellement par l’Eglise (peut être une cinquantaine à travers le monde, je ne sais pas, il faudrait faire des recherches pour savoir exactement), le fait mérite quand même d’être souligné.
Petite réflexion personnelle : Le diocèse de Grenoble a quand même la singularité d’avoir 2 lieux d’apparitions mariales reconnus par l’Eglise sur son territoire : ND de l’Osier et ND de la Salette et dans un cas comme dans l’autre le Ciel y a versé des larmes de douleur. Les péchés seraient-ils plus graves et nombreux ici qu’ailleurs pour que nous soyons gratifiés ici d’un tel privilège (ne dit-on pas en effet que là où le péché abonde, la Grâce surabonde ?)
Philippe
PS : A remarquer aussi la similitude entre ND de l'Osier et la Salette :
ici : "Va-t'en et dis au public que leurs prières ne sont pas assez ferventes et qu'ils recevront beaucoup plus de grâces et de faveurs de Dieu."
A la Salette : "faites le suivre à tout mon peuple"
Séraphin Assidu
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Ven 25 Mai 2007, 16:08
Merci Leodia, j'ignorais complètement cette histoire.
A ce propos, il serait peut être bon de la raconter aux politiques qui obligent les gens à travailler un jour de Pentecôte....
Et cela a remis aux yeux de ma mémoire, les 2 histoires que nous avait raconté le Père FINET ( Confesseur de Marthe ROBIN) à propos de 2 anticléricaux agressifs qui non seulement se moquait de la Foi et des chrétiens, mais trouvaient pretexte de provoquer les Chrétiens de leur village en travaillant tout spécialement les jours de Fêtes religieuses et le Dimanche.
Le Premier était agriculteur. Un Dimanche de pluie sa roue arrière de tracteur s'embourba si profondément sur un sol en pente glissant que le tracteur menaçait de se renverser. L'homme essaya en vain de se dégager et descendit du tracteur pour y regarder de plus près...et la machine glissa de nouveau et se renversa sur lui, le tuant sur le coup.
Le Second était bucheron. Sa tronçonneuse se coinça un Dimanche dans un arbre au 3/4 tronçonné, et du fait de la présence de la lame dans le coeur du bois l'arbre, il tourna sur lui même et s'abattit sur l'homme avant qu'il n'ait pu aller assez loin pour éviter la chute.
2 accidents du travail un Dimanche, sur 2 blasphémateurs...!!! tous les 2 morts par écrasement. A méditer !
Séraphin
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Ven 25 Mai 2007, 16:24
Merci pour cette remarque fort judicieuse, Seraphin!!!
Cela en tout cas vient conforter le lien entre le message de la Salette et celui de l'Osier qui portent également en commun l'accent sur le caractère sacré du repos dominical!!!
Citation :
"... Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder! C'est ça qui appesantit tant le bras de mon fils. Et aussi, ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon fils..."
(ND de La Salette)
A méditer...
Philippe
Francesco Assidu
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Mar 18 Mar 2008, 01:24
Et si on ajoute a cela (la non reconnaissance du jour du Seigneur)l'avortement,ouf....Imaginer,l'avortement a déja tué davantage que toutes les guerres de l'histoire.Lorsque le chatiment,lié a nos péchés(dont l'avortement est peut etre le plus terrible),il faudra lire entre les lignes.J'ai toujours été profondément surpris de constater que nous avons,en 40 années,réussit a faire passer l'avortement comme quelque chose non pas de normale mais d'un gain.Si il y a quelque chose du démon dans notre monde,c'est bien cela....COMMENT TUER UN ETRE PEUT IL EN ARRIVER A ETRE QUELQUE CHOSE DE POSITIF..... le sait....
dan Assidu
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Mar 18 Mar 2008, 19:07
jE RECOMMENCE ! (mon message vient de ... s'éffacer...)
Je disais donc, qu'il y a un message plus récent qui est du même style que celui de l'Osier... C'est NOTRE DAME DU DIMANCHE dans l'Hérault. L'Eglise a eu du mal de le reconnaitre et le Père LAURENTIN a sorti un livre remarquable sur cette histoire.
Leodia Rang: Administrateur
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Mar 18 Mar 2008, 21:50
Bonsoir Dan,
Je ne connais pas du tout cette apparition, peux-tu nous en dire plus à ce sujet.
Merci pour nous tous
Leodia
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poverello 1 Nouveau
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Lun 24 Jan 2011, 21:17
Pourrais-je savoir en quelle année cette apparition ND de l'Osier fut approuvée par l'Église,
Je ne la connaissais pas du tout.
Merci
Leodia Rang: Administrateur
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Dim 30 Jan 2011, 14:51
Bonjour,
Cette apparition est décrite dans le livre de René HUMETZ : "Les apparitions, mise en examen".
René HUMETZ signale : jugement canonique positif en 1657. Dans la description même de cette apparition, l'on peut lire : "
Citation :
Finalement, sur les instances de tous, Port-Combet se résigna à informer le juge civil de la Châtellerie de Vinay, suivant déclaration du 30 mars faite devant Claude Rond, juge châtelain. Il fut, incontinent, assigné à l'audience sur réquisition du procureur de la ville, pour avoir contrevenu aux textes interdisant le travail public les jours de fêtes catholiques chômées.Port-Combet décida de ne pas aller déposer et se réfugia chez un ami réformé de la commune d'Albenc. Puis il se ravisa er revint devant ses juges, où il fit amende honorable, suivant déposition du 9 mai suivant. Le procureur Boisset requît contre lui une amende de quarante livres. Il ne faut pas suivi en ses réquisitions par le juge ordinaire Brenier, qui lui infligea trois livres seulement. L'affaire s'était ébruitée. Les enquêteurs ecllésiastiques vinrent et le fait fut reconnu.
Leodia
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Françoise Assidu
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Sujet: Re: L'osier qui pleura du sang (ND de l'Osier, 1649) Mer 09 Sep 2015, 16:04
Permettez-moi de remonter ce sujet qui date un peu. Notre Dame de l'Osier (Isère) semble être un lieu d'apparitions mariales un peu oublié aujourd'hui.
Par contre, tout comme La Salette, Le Laus (quasiment trois sanctuaires mariaux dans le même périmètre de montagne), il est bon de revenir sur les pas de Notre Dame afin de comprendre le "message" laissé en ces lieux dans un "temps" précis.