Benoît XVI visite la Mosquée bleue d'Istanbul
ISTANBUL (Reuters) - Benoît XVI s'est rendu jeudi à la Mosquée bleue d'Istanbul, dans le cadre de son voyage en Turquie, devenant le second pape, après son prédécesseur Jean Paul II, à pénétrer dans un lieu de culte musulman.
Cette visite constitue un nouveau signe de réconciliation de Benoît XVI après l'indignation provoquée dans le monde musulman par son discours de Ratisbonne donnant à penser qu'il considérait l'islam comme une religion violente et irrationnelle. Il a démenti depuis avoir une telle opinion de l'islam.
Le grand mufti d'Istanbul, Mustafa Cagrici, a accompagné le pape à l'intérieur de la Mosquée bleue, ouverte en 1616 et qui porte officiellement le nom de Sultan Ahmet. Le mufti a prié à voix haute tandis que l'on devinait sur les lèvres de Benoît XVI une prière ou une méditation à voix basse.
La Mosquée bleue est érigée dans la vieille ville d'Istanbul, en face de l'ancienne église Sainte-Sophie, aujourd'hui transformée en musée, où le pape s'est brièvement rendu avant de pénétrer dans la mosquée.
La visite de la Mosquée bleue a été ajoutée à la dernière minute au programme turc du pape en signe de respect pour l'islam.
Le souverain pontife a déjà réussi à désamorcer une grande partie des tensions liées à sa visite, sa première dans un pays musulman, en apportant son soutien à la demande d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne et en présentant l'islam comme une religion de paix.
Le Pape célèbre une messe au dernier jour de son voyage en Turquie
Le pape Benoît XVI célèbre vendredi matin une messe à Istanbul pour la dernière journée de son voyage de quatre jours en Turquie, le premier dans un pays musulman.L'événement
Le patriarche oecuménique orthodoxe Bartholomée Ier, primat des églises orthodoxes, assistera à l'office à la cathédrale du Saint Esprit.
Il s'agira de la deuxième messe célébrée par Benoît XVI pendant son séjour en Turquie, après celle de mercredi à "La Maison de Marie" à Ephèse (ouest).
Benoît XVI, qui a fait de la réconciliation avec les orthodoxes une priorité de son pontificat entamé en avril 2005, a lui-même assisté à une liturgie orthodoxe jeudi dont l'officiant était Bartholomée Ier.
Les deux chefs religieux ont salué la reprise du dialogue théologique en vue de régler les divergences persistantes entre catholiques et orthodoxes, dans une déclaration commune publiée jeudi.
A la veille de son retour à Rome, vendredi à la mi-journée, le pape a fait le geste exceptionnel de se recueillir à la Mosquée Bleue d'Istanbul en direction de La Mecque, aux côtés du grand mufti d'Istanbul.
Il a effectué ce geste moins de trois mois après la violente polémique déclenchée par son discours de Ratisbonne, dans lequel il avait semblé associer l'islam à la violence.
Cette visite à la Mosquée Bleue fait de Benoît XVI le deuxième pape à se rendre dans un lieu de culte musulman après Jean Paul II, qui était allé à la mosquée des Omeyyades à Damas lors d'une visite en Syrie en 2001.
Avant d'entrer dans l'édifice, accompagné du grand mufti d'Istanbul Mustafa Cagrici et de l'imam de la mosquée Emanullah Hatiboglu, qui l'ont fait visiter, le pape avait chaussé des babouches blanches.
Après lui avoir expliqué comment les musulmans se recueillent devant le mihrab (niche de prière), le grand mufti a commencé à prier.
Les mains croisés sur le ventre, le chef de l'Eglise catholique s'est alors recueilli pendant quelques minutes en silence, tourné vers La Mecque, le religieux musulman à ses côtés.
"Le pape s'est livré à une méditation, et certainement a adressé à Dieu sa pensée", a pris soin de préciser peu après le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Officiellement, il ne s'agit donc pas d'une "prière".
Jusqu'à présent le pape s'est toujours opposé à la prière en commun avec des croyants d'autres religions afin d'éviter toute confusion.
La visite d'une trentaine de minutes s'est terminée par un échange de cadeaux. Le mufti a offert au pape un verset calligraphié représentant une colombe, symbole de paix: "Au nom de Dieu le miséricordieux".
En échange, le souverain pontife lui a remis une reproduction d'une mosaïque représentant des colombes. "Un heureux signe du destin", a commenté le mufti.
"Ce cadre veut être un message de fraternité, en souvenir de cette visite que je n'oublierai certainement pas", a souligné le pape.
"Cette visite nous aidera à trouver ensemble les moyens et les chemins de la paix pour le bien de l'humanité", a-t-il ajouté.
La police turque avait déployé des centaines d'hommes pour assurer la sécurité de la visite avec notamment des tireurs d'élite sur les minarets de Sainte Sophie.
Dans la matinée, le pape avait adopté une position visiblement moins conciliante qu'au début de sa visite de quatre jours mardi en Turquie, soulignant l'importance des "valeurs chrétiennes" de l'Europe et la nécessité du respect des droits des minorités religieuses au moment où Ankara frappe à la porte de l'UE.
Dans une déclaration commune avec le patriarche oecuménique Bartholomée Ier, il a estimé que le respect de la liberté religieuse devait être un critère d'entrée dans l'Union européenne.
Les chrétiens turcs, notamment les orthodoxes, estiment subir des restrictions dans leur liberté d'action et d'organisation et sont favorables à une adhésion d'Ankara à l'Union, dans l'espoir qu'elle contribuera à améliorer leur situation.