Neuvaine pour le soulagement des âmes du PurgatoirePRIÈRE PRÉPARATOIREAu nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. (100 j. d'ind. ; en prenant de l'eau bénite : 300 j.).
Aimé soit partout le Sacré-Cœur de Jésus ! (300 j. d'ind.).
Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous. (300 j. d'ind.).
Ô Jésus, dont les mérites et l'amour sont infinis, nous venons vous prier pour des âmes qui vous aiment, et que vous aimez. Si vous les punissez avec justice pour les rendre dignes de vous posséder, vous souhaitez que nous implorions en leur faveur votre miséricorde. Écoutez favorablement les prières que nous vous adressons pour elles. Ne les laissez pas plus longtemps privées de votre présence, ô aimable Jésus. Elles sont chères à votre Cœur, et c'est par ce même Cœur que nous vous prions de les mettre en possession du bonheur qu'elles désirent uniquement, et que vous leur avez mérité par l'effusion de votre Sang précieux - Ainsi soit-il.
Aux fidèles, qui font une neuvaine de prières pour les défunts, est accordée : une ind. de 3 ans, chaque jour de la neuvaine ; une ind. plénière, aux conditions ordinaires, au terme de la neuvaine.
Premier Jour
LE PURGATOIRE EXISTEIl y a un lieu d'expiation, appelé purgatoire, où les justes achèvent de se purifier avant d'entrer dans le ciel. La sainte Église m'enseigne cette vérité. Je la crois fermement, ô mon Dieu ! A la lueur des flammes du purgatoire, je vois briller votre sainteté, votre justice, votre miséricorde.
Seigneur, qui gravira votre montagne et abordera le seuil de votre sanctuaire ? Celui qui est innocent dans ses actions, et pur dans son cœur (Ps. 23). Rien de souillé ne peut entrer dans le royaume du ciel, car vous êtes saint, saint, saint, ô Seigneur. Inspirez-moi l'horreur du péché et accordez-moi la grâce d'expier ici-bas ceux que j'ai commis.
Vous êtes juste, ô Seigneur, et votre jugement est droit. (Ps. 118). Qui osera vous dire : Ne me condamnez pas, et pourquoi me jugez-vous ainsi ? (Job, X 2). J'ai péché contre vous, et j'ai osé commettre le mal. (Ps. 50). Je méritais des châtiments éternels, mais votre miséricorde m'a suivi, elle m'a atteint jusque dans les ombres de la mort et m'a épargné.
Ô purgatoire, où règne l'espérance ! c'est bien en toi qu'on peut s'écrier avec le prophète : Au milieu de la tribulation, vous avez dilaté mon cœur. (Ps. 4). Si tu n'existais pas, où faudrait-il donc placer tant d'âmes lâches, négligentes, immortifiées ! Soyez donc béni, ô Dieu, père des miséricordes, Dieu de toute consolation, qui nous consolez dans toutes nos tribulations.
PRATIQUE : L'état de grâce. - Du fond de leur douloureuse prison, les Âmes du Purgatoire font monter à tout instant vers la terre leur plainte suppliante : « Pitié ! Pitié, vous du moins, nos amis ! La main du Seigneur s'est appesantie sur nous » ... C'est un appel au secours, pressant, angoissé, vers des amis qu'elles savent puissants, armés des moyens les plus efficaces pour les soulager et les délivrer. Prières, bonnes œuvres, indulgences, saintes messes, saintes communions... Ils n'ont que l'embarras du choix.
Or, ces amis de la terre - souvent des enfants, des parents, - restent sourds à la supplication des pauvres Âmes souffrantes. Ils ne font rien pour elles. Ou le peu qu'ils font est vicié et sans fruit... Certes, on croit à l'existence du Purgatoire, à la réalité de ses intolérables souffrances. Beaucoup même ont une pensée pour les chers disparus, qui expient dans le rude creuset les souillures contractées ici-bas. Certains même - oh ! peu, bien peu - s'efforcent de prier, de mériter pour leurs défunts. Mais que valent leurs actes ?... L'arbre sans sève est un arbre mort, qui ne peut donner du fruit. Ainsi l'âme privée de la grâce sanctifiante. Elle est morte, et mortes également et sans vertu pour le soulagement des trépassés sont ses œuvres. Seule l'âme en état de grâce peut répandre sur le Purgatoire la rosée bienfaisante et rafraîchissante de ses prières et de ses mérites...
Oh ! réfléchissons souvent à cette loi fondamentale et, dès le début de cette neuvaine, pour porter un prompt et efficace secours aux chères Âmes souffrantes, mettons-nous dans les conditions de pureté exigées de nous par la justice divine.
Les Ames du Purgatoire
Deuxième Jour
DOULOUREUSE SÉPARATION DE DIEULaissons notre ange gardien nous conduire dans ce séjour, où la justice divine purifie les âmes avant qu'elles puissent entrer dans le ciel.
Là nous retrouverons nos parents, nos amis. Quand le purgatoire n'aurait que l'avantage de raviver des souvenirs, qui s'effacent trop vite, nous devrions remercier Dieu d'avoir laissé ce remède à notre inconstance.
0 mon père, ô ma mère, ô mes frères, ô sœurs, ô amis, je vous aperçois : vous gémissez, vous souffrez, vous implorez mon secours ! Et je vous avais oubliés ! Que souffrez-vous donc, âmes chéries ? Et que puis-je faire pour vous délivrer de ces tourments ?
Nos peines, vous diront-elles, sont inexprimables. Séparées de nos corps, nous avons vu Dieu dans sa lumière, nous avons aperçu notre unique et souverain bien, notre suprême félicité, l'océan de toute perfection. Nous nous sommes précipitées vers lui ! Sa justice nous repousse, son bras puissant nous éloigne. Non ! sur la terre, vous ne sauriez comprendre la douleur d'une âme séparée de Dieu. Vos afflictions, vos deuils, vos chagrins ne sont que l'ombre de nos peines.
Mais c'est notre faute. Ah ! si nous pouvions revenir sur terre, pour y réparer nos négligences ! Vous, du moins, nos amis, vous qui pouvez toucher le Cœur de Dieu et fléchir sa justice, hâtez notre entrée dans le ciel, où nous vous resterons reconnaissantes pendant l'éternité !
PRATIQUE : Nos prodigieuses richesses. - Pauvres Âmes du Purgatoire !... Quelle situation tragique que la leur ! Dans leurs inexprimables tourments, elles sont absolument impuissantes à se procurer le moindre soulagement. Elles n'ont même pas la consolation de tourner un regard suppliant vers le ciel et d'en attendre quelques secours. Les saints, Notre-Dame si compatissante, Dieu lui-même, liés par le cours rigoureux de la justice, sont impuissants pour elles. Ils sont réduits, eux aussi, à quêter auprès de nous les suffrages et les œuvres, qui adouciront et abrégeront les tourments de ces Âmes prédestinées.
Quelle situation privilégiée que la nôtre, pour que l’Église triomphante et l’Église souffrante s'unissent pour implorer notre intervention ! Oui, reconnaissons-le, en faveur du Purgatoire, nous sommes singulièrement puissants... La Messe met à notre disposition les mérites infinis de la passion et de la mort du Sauveur... Les indulgences nous ouvrent largement les immenses trésors de l’Église... La prière met à notre service la toute-puissance de Dieu... La sève divine de la grâce, enfin, coulant en nos âmes purifiées, transforme, élève, divinise tous les actes qui composent la trame de nos journées et en fait une précieuse monnaie spirituelle : le mérite, titre authentique dont nous pouvons nous prévaloir auprès de la justice divine pour solder la dette des Âmes du Purgatoire et leur ouvrir le ciel.
Oh ! prenons conscience de ces prodigieuses richesses, qui sont nôtres, et à Dieu et à Notre-Dame qui se font mendiants auprès de nous en faveur des Âmes souffrantes, donnons, donnons abondamment.
Ames, Purgatoire
Troisième Jour
CRUEL EXILLors de sa longue captivité, le peuple de Dieu, assis sur les rives de l'Euphrate, gémissait et pleurait au souvenir de Sion (Ps. 137). Comment exprimer la douleur et les plaintes des âmes du purgatoire, soupirant après les joies de la patrie céleste ? Elles en ont entrevu les splendeurs et la félicité ; et parce qu'ici-bas elles ont eu quelque affection pour les biens de la terre, elles seront privées peut-être pour longtemps du royaume du ciel. Elles voient se dresser devant elles toutes les négligences de leur vie, comme autant d'obstacles à leur entrée dans la gloire. Quels regrets ! quels remords d'avoir ainsi préféré des jouissances passagères à cette félicité suprême !
Puisque Dieu nous a fait cette faveur de pouvoir payer avec nos bonnes œuvres et nos mérites la dette des âmes du purgatoire, ne dédaignons pas un si précieux avantage. Quelle jouissance pour un noble cœur de pouvoir soulager un pauvre, consoler un affligé, se faire le père des orphelins, ramener dans une famille éprouvée la paix et le bonheur ! La dévotion aux âmes du purgatoire renferme toutes ces consolations, puisqu'elle nous donne le pouvoir de faire sortir de leur prison les âmes qui y languissent, et de leur ouvrir les portes de la bienheureuse Éternité : Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi-même que vous le faites, a dit Notre-Seigneur. En soulageant les âmes du purgatoire, nous nous assurons la reconnaissance de Dieu lui-même. Lorsqu'il arrive, dit un jour Notre-Seigneur à sainte Gertrude, que quelque âme obtient la liberté par le secours de vos prières, je ressens la même joie que si c'était moi-même que l'on eût fait sortir de la captivité ; aussi je ne manquerai pas de vous en récompenser quand il en sera temps.
PRATIQUE : L'acte héroïque. - Touchés par les pressants appels qui viennent à la fois du Ciel et du Purgatoire, des cœurs généreux font à Dieu, par Notre-Dame, don total de leurs mérites satisfactoires en faveur des Âmes souffrantes. Ils y ajoutent même tous les suffrages qu'autrui pourrait leur appliquer. « Père, disent-ils à Dieu, dans ce que j'ai acquis et acquerrai de mérites, dans les suffrages qu'on offrira pour moi de mon vivant ou après ma mort, prenez tout ce qui est utilisable au soulagement des Âmes du Purgatoire. »
Ce don, connu sous le nom d'acte héroïque, splendide et délicate fleur, produite par la charité chrétienne, assure à nos richesses spirituelles un rendement immédiat, certain, surabondant. Pour l'encourager, l’Église y a attaché de précieux privilèges.
Cet acte donne droit aux prêtres à l'autel privilégié tous les jours de l'année, - aux fidèles au gain d'une indulgence plénière applicable aux défunts ; 1° toutes les fois qu'ils communient ; 2° tous les lundis où ils entendent la sainte Messe pour les défunts, pourvu qu'ils visitent ces jours-là une église et y prient aux intentions du Souverain Pontife.
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Quatrième Jour
DANS LES FLAMMESLes âmes du purgatoire subissent la peine du feu. Ce n'est pas un article de foi, mais c'est le sentiment de tous les docteurs de l’Église. Ce serait une témérité de ne pas se ranger à leur avis. Saint Augustin va jusqu'à dire que le feu du purgatoire ne diffère de celui de l'enfer que par la durée. Les fournaises les plus ardentes, dit saint Thomas, les feux les plus cuisants, auxquels on condamnait les martyrs, ne sont qu'une ombre légère en comparaison des flammes qui tourmentent les âmes du purgatoire.
Du feu ! ce mot ne nous fera-t-il pas frémir ? Être tout entier dans le feu, dans un feu actif, pénétrant, qui atteint l'intime même de l'être, quel cruel supplice ! Qui pourrait soutenir sur sa main un charbon ardent une seule minute ? Mais le feu du purgatoire agit sur l'âme elle-même ; il atteint l'intelligence, la mémoire, la sensibilité ; toutes les facultés en sont pénétrées. Le feu de ce monde n'est rien en comparaison du feu du purgatoire. Là, ce sont des flammes allumées par la justice divine, pour purifier les âmes sans les détruire. Tout le monde s'émeut à la vue d'un incendie. C'est à qui rivalisera de dévouement pour arracher à la mort les personnes surprises et menacées par le feu. Pourquoi reste-t-on insensible en présence du sort lamentable de tant d'âmes qui nous appellent à leur secours ?
PRATIQUE : Les Indulgences. - Si nos pauvres actes quotidiens, à nous faibles rameaux greffés par la grâce sur le Christ, ont un tel crédit auprès de la justice divine qu'offerts un à un par une intention sans cesse renouvelée ou livrés tous en bloc par l'acte héroïque, ils puissent procurer le salut à un nombre incalculable de pauvres âmes souffrantes, que dire des actes de ces rameaux puissants et vigoureux que sont les saints et, en tout premier lieu, la bienheureuse Vierge Marie ? Que dire surtout des actes du Christ, le Cep divin qui porte toute la ramure et d'où s'épanche toute vie surnaturelle dans les âmes ?
Mérites des simples chrétiens, mérites des Saints, mérites de la très sainte Vierge, mérites infinis du Christ forment un trésor immense, dont l’Église militante a la garde et la libre disposition. C'est le riche patrimoine de la famille chrétienne pour les péchés et les peines dues au péché, que nous pouvons exploiter pour nous, certes, mais aussi et surtout pour les chères Âmes souffrantes qui ne peuvent rien pour elles-mêmes.
Les indulgences sont la clef merveilleuse que l’Église nous remet pour pénétrer dans ce trésor, avec permission de puiser - aux conditions fixées par elle - la somme qu'elle a indiquée. Cette somme de mérites, une fois acquise et remise à Dieu pour les défunts, paie leurs dettes. Et c'est aussitôt pour eux le soulagement ou même la délivrance.
Quel privilège de pouvoir ainsi, moyennant une courte prière et des conditions faciles à remplir, disposer des trésors de l’Église ! Mais quelle cruauté, en possession de tels moyens, de laisser souffrir et gémir, au milieu des flammes, nos pauvres défunts sans leur porter un prompt et généreux secours !
âmes, purgatoire
Cinquième Jour
DURÉE DU PURGATOIRECOMBIEN de temps dure l'expiation du purgatoire ? Nous ne pouvons le savoir. Dieu a bien permis à quelques âmes de faire connaître à leurs bienfaiteurs l'heure de leur délivrance, mais ce sont des exceptions bien rares. Ne nous plaignons pas de rester dans cette incertitude. Ce sera un motif de plus pour nous de travailler sans relâche au soulagement des âmes souffrantes.
Hélas ! comme on se fatigue vite de prier pour les morts ! Nous faisons à l'heure de la séparation un grand étalage de gémissements et de deuil ; peut-être notre chagrin durera-t-il un mois, une année, et puis c'est fini ! Nous croyons que nos défunts sont déjà dans le ciel et qu'ils n'ont plus besoin de nos prières !
Ah ! nous penserions autrement, si nous réfléchissions à la pureté que l'âme doit avoir avant de posséder Dieu, à l'innombrable multitude de nos péchés véniels, au peu de pénitence que nous faisons pour nos péchés mortels confessés. Au jour du jugement apparaîtra le livre sur lequel seront inscrites toutes nos dettes ; alors on exigera le paiement jusqu'à la dernière obole. Oh ! quelle légèreté coupable de se désintéresser si vite de ceux qui peuvent avoir un si grand besoin de nos secours ! Les saints pensaient et agissaient autrement. Plus de vingt ans après la mort de sainte Monique, sa mère, saint Augustin demandait encore des prières pour elle.
Et quand même nous aurions délivré les âmes de nos parents et de nos amis, devrions-nous pour cela cesser nos prières pour les morts ? Que d'âmes délaissées y gémissent depuis longtemps, attendant qu'une main charitable les retire de ces brasiers ardents ! Saint Robert Bellarmin dit que pour certaines âmes, les peines du purgatoire pourraient se prolonger jusqu'au jugement dernier, si l’Église ne venait à leurs secours.
PRATIQUE : Le gain des Indulgences. - Pour abréger ce temps de douloureuse purgation, oh ! puisons, puisons abondamment dans le trésor de l’Église. Et que notre résolution soit de gagner pour nos défunts le plus d'indulgences possibles.
Ce gain est si aisé ! Il requiert l'observation de ces deux points : l'état de grâce et l'accomplissement de l'œuvre prescrite par l’Église (généralement quelque prière vocale).
Notons cependant que l'indulgence est loin d'avoir une efficacité mécanique : le fruit qu'elle procure au Purgatoire est proportionné au degré de générosité et de ferveur de celui qui s'applique à la gagner.
Rappelons, enfin, que les indulgences sont plénières ou partielles, suivant qu'elles remettent tout ou partie de la dette à solder. Mais Dieu n'est nullement lié par ces appellations. Dans leur application, il procède avec une miséricorde toute paternelle, trop heureux d'user en faveur de ses enfants bien-aimés du Purgatoire de ces précieux crédits, que notre générosité remet entre ses mains.
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Sixième Jour
IMPUISSANTES A SE DÉLIVRERL’un des principaux motifs qui doit nous engager à secourir les âmes du purgatoire, c'est leur impuissance à se délivrer elles-mêmes de leurs peines.
Après la mort, le temps de la miséricorde cesse, le règne de la justice commence. Tout mérite cesse pour l'âme qui sort de ce monde, parce qu'elle n'a plus son libre choix entre le bien et le mal. Dans le purgatoire, les souffrances sont stériles, elles sont simplement l'acquit d'une dette. Hélas ! Souffrir cruellement, souffrir pendant des siècles peut-être, combien cette pensée est désolante pour ces âmes chéries, et combien n'ajoute-t-elle pas à leurs tourments !
Pourrions-nous voir un malheureux gisant dans la rue à la suite d'un accident et ne pas aider à le relever et à le transporter chez lui ? Nous avons en main les clefs d'une maison, remplie de prisonniers ; ils implorent leur liberté et nous les laisserions gémir dans un affreux cachot !
Oui ! dans sa miséricorde infinie Dieu nous a remis les clefs du purgatoire, nous avons le privilège de pénétrer dans cette prison, où sont détenues les âmes qui n'ont pas acquitté leurs dettes envers la justice divine. Oui ! nous sommes la ressource des morts, nous sommes leur providence libératrice ; nous pouvons les introduire dans le séjour du bonheur. A mesure que nos prières montent vers le ciel, la miséricorde descend dans le purgatoire en torrents de grâces, de pardon, de liberté et de gloire.
Que nous serions coupables si nous n'usions pas de notre crédit !
PRATIQUE : Le Chemin de la Croix. - Les souffrances de la Passion et de la Mort de Notre-Seigneur sont incomparablement ce que nous avons de plus précieux pour secourir les Âmes du Purgatoire. Une goutte du précieux sang suffit à elle seule au rachat de tous les péchés du monde. Que dire de ce véritable flot, répandu de Gethsémani au Calvaire et ruisselant encore sur nos autels au cours des quatre cent mille messes quotidiennes ?... C'est là que nous irons de préférence et souvent puiser les grâces de purification et de satisfaction si avidement attendues des Âmes souffrantes. Deux exercices nous y aideront : le Chemin de la Croix et la sainte Messe.
« Ce n'est pas le temps qui nous manque pour faire le Chemin de la Croix, disait une sainte âme, mais l'amour ». Amour du Sauveur souffrant, amour des Âmes souffrantes.
Notre méthode sera des plus simples. Devant chaque station, après avoir fixé notre esprit sur une douleur du divin Maitre et fait jaillir de notre cœur un acte de repentir et d'amour, nous continuerons par cette offrande. « Père éternel, je vous offre ces souffrances de votre Fils bien-aimé pour la délivrance des Âmes du Purgatoire ». Et la station s'achèvera par la récitation d'un Pater, d'un Ave, et du verset Fidelium animae, per misericordiam Dei, requiescant in pace…
Un petit quart d'heure suffit pour ce Chemin de Croix, auquel est attachée, entre autres faveurs, une indulgence plénière toties quoties.
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Septième Jour
L'OUBLI DES MORTSNotre-Seigneur a stigmatisé, dans une admirable parabole, la dureté du mauvais riche, qui vivant dans le luxe et les délices refusait à un pauvre mendiant les miettes qui tombaient de sa table. Ne sont-ils pas aussi cruels que les mauvais riches ceux qui restent insensibles aux souffrances des âmes du purgatoire ? Et ce ne sont pas des étrangers qui font appel à notre compassion. Il y a parmi ces âmes nos parents, nos amis, nos bienfaiteurs. Tout devrait nous les rappeler : la maison que nous habitons, le nom que nous portons, les biens dont nous jouissons... Et nous les oublions ! Ne peuvent-ils pas emprunter cette parole de Job : Mes parents m'ont abandonné, et ceux qui me connaissaient m'ont oublié. (Job, XIX, 14).
L'oubli des morts est une faute, car c'est souvent le mépris des promesses les plus solennelles. Quel enfant n'a promis à son père, à sa mère mourants, de ne jamais les oublier ! Mais leurs cendres sont à peine refroidies que d'autres soucis viennent nous absorber et nous faire perdre de vue ceux à qui nous devons tout. Mais, dira-t-on, je pense bien à mes parents, à mes amis, et je ne les oublie pas. Où sont les traces de votre souvenir ? Qu'ont-ils à faire de vos sentiments d'affection, qui ne se traduisent par aucun acte de piété et de charité ? Il n'est pas rare d'entendre des enfants exprimer leurs vifs regrets au sujet de la perte de leurs parents. Ils étaient si bons ! O ma mère ! je ne puis penser à elle sans que le cœur me saigne... Ah ! que signifient de tels regrets ? Donnez plutôt des témoignages de votre amour, en faisant célébrer le saint Sacrifice de la Messe, en distribuant des aumônes ; je croirai alors à votre tristesse et à votre chagrin.
Ceux qui oublient leurs défunts seront à leur tour oubliés, délaissés. On se servira envers vous de la mesure que vous aurez employée pour les autres. (Mat. VII, 2).
PRATIQUE : La sainte Messe. - C'est le moyen le plus efficace et le plus prompt que nous ayons de soulager et de délivrer nos défunts. « A chaque messe, célébrée avec dévotion, dit saint Jérôme, plusieurs âmes sortent du Purgatoire ».
Là, c'est Jésus lui-même qui est offert à son Père en échange, en quelque sorte, de l'âme dont on lui demande la délivrance. C'est le sang de Jésus, dont la valeur est infinie, qui est donnée en paiement des dettes de cette âme.
A la Messe, Dieu regarde l'Hostie offerte et non celui qui l'offre. Par la Messe, un pécheur même peut contribuer au repos des Âmes du Purgatoire. « Il le doit même avec d'autant plus de raison, dit Bourdaloue, que ce sacrifice est le seul moyen que Dieu lui laisse pour suppléer à l'impuissance où il se trouve de secourir autrement ces âmes prédestinées. »
Oui, je ferai offrir la sainte Messe pour mes défunts. Je me ferai aussi un devoir d'y assister. Car entendre la Messe, c'est offrir soi-même la sainte Victime. Surtout j'y communierai et profiterai ainsi des facilités que m'offre l’Église de gagner de nombreuses indulgences plénières.
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Huitième Jour
LA COMMUNION DES SAINTSQuelle vérité magnifique et consolante que celle de la communion des saints ! Quel superbe tableau que celui où nous voyons le monde qui combat présenter une main secourable au monde qui souffre, et saisir de l'autre celle du monde qui triomphe. Je crois la sainte Église une, ici-bas, au purgatoire, au ciel.
Or, si un membre souffre, tous les autres ne doivent-ils pas venir à son aide ? Oui, nous le devons à Dieu, qui aime les âmes du purgatoire comme ses épouses bien-aimées. Il désire vivement leur ouvrir les portes du ciel, mais la justice s'y oppose. Il se tourne vers nous, et nous supplie de satisfaire pour elles. Nous le devons à ces pauvres exilées. Souvent, c'est un devoir de justice qui nous est imposé, mais il y aura toujours la raison de charité, la raison de la compassion que nous nous devons les uns aux autres.
Il y a dans le purgatoire des âmes délaissées, des âmes abandonnées de leurs parents, de leurs amis, et auxquelles personne ne pense. Oui, quelque part qu'elles regardent, elles ne rencontrent partout que l'oubli, le délaissement ! L'oubli sur toute leur vie qu'aucune parole ne rappelle plus ; l'oubli sur leur nom que personne déjà ne prononce plus ; l'oubli sur leur tombeau, qui ne reçoit ni visite, ni prières ; l'oubli sur leur mort, qu'on ne pleure plus, et sur leurs souffrances d'outre-tombe, que personne ne cherche à tempérer ; l'oubli partout et toujours. Que cet isolement doit ajouter à leurs peines ! Elles peuvent s'approprier les paroles du Prophète : Je suis devenu comme un vase brisé (Ps. 30) qu'on laisse de côté et auquel personne ne pense plus.
PRATIQUE : Le Trentain Grégorien. - Un jour que saint Grégoire le Grand, dans son ardente charité pour les Âmes du Purgatoire, se lamentait de ce qu'après sa mort il ne pourrait plus rien faire pour elles, il eut cette réponse du Christ : « Mon ami, je veux bien, à cause de toi, accorder un privilège, qui sera unique : c'est que toute Âme du Purgatoire, pour laquelle seront offertes trente messes en ton honneur et sans interruption, sera immédiatement délivrée, quelle que soit sa dette envers moi ».
Ce privilège, confirmé du reste par les faits, a donné naissance à la pratique du trentain grégorien, consistant dans une série de trente messes, dites trente jours consécutifs pour une âme du purgatoire, qu'on aura eu soin de spécifier : tel parent, tel ami, l'âme la plus souffrante, la plus délaissée...
Cette pratique a été encouragée et approuvée par l’Église. « La confiance des fidèles, dit une réponse de la S. C. des Indulgences datant de 1884, regardant la célébration des trente messes en vertu du bon plaisir et de l'acceptation de la divine miséricorde, pour délivrer une âme du purgatoire, est pieuse, approuvée et fondée en raison ».
Pour hâter la délivrance de ses chers enfants du pur et saint royaume de la souffrance, Dieu, par le trentain, met entre nos mains un moyen d'une souveraine efficacité et nous invite à en user. Faisant écho à cette exquise bonté de Père, quand nous pleurons un être cher, ayons à cœur, pour le secourir, de recourir à cette pieuse et si efficace pratique.
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Neuvième Jour
LA DÉVOTION AUX ÂMES DU PURGATOIRE RÉJOUIT LE CIELNous touchons à la fin de notre neuvaine. Avons-nous compris les avantages et les consolations attachés à la dévotion envers les âmes souffrantes ? S'il fallait encore d'autres motifs pour enflammer notre charité, pour accroître notre zèle, considérons que rien ne glorifie le Très-Haut, ne fait bénir son Nom, ne dilate son Cœur ; que rien ne contribue davantage à l'accomplissement de sa volonté adorable, comme le soulagement des morts.
Ouvrir le ciel aux saintes âmes du purgatoire, c'est donner à Dieu, notre Père, la joie de couronner ses enfants ; c'est donner à la Croix de notre divin Sauveur, un nouveau rayonnement, et à sa Passion, un nouveau triomphe.
Combien notre zèle sera agréable au Cœur de Jésus, qui aime tant ces saintes âmes, qui les a rachetées au prix de son sang. Il n'hésiterait pas à se sacrifier de nouveau pour les délivrer, mais la justice le retient. Comme pour se dédommager de cette sorte d'impuissance, il a inspiré à son Église de faire commémoraison des défunts, chaque fois qu'on célèbre le saint Sacrifice.
Notre-Dame du Sacré-Cœur est la Reine du purgatoire. Elle va visiter ces âmes, qui sont destinées à environner son trône. Quel triomphe pour elle de retourner au ciel avec plusieurs de ces prisonnières ! Oui, nous sommes assurés de réjouir le cœur de notre bonne Mère, chaque fois que nous contribuerons à leur délivrance.
Et saint Joseph, le patron de la bonne mort, se plaît aussi à présenter nos requêtes à celui qui a voulu s'appeler son Fils. C'est assurément gagner un titre à sa reconnaissance et à ses faveurs que de contribuer à la délivrance des saintes âmes.
Que dirons-nous de la joie des saints, quand le ciel s'entr'ouvre pour recevoir un nouvel élu, une âme qui sort du purgatoire ? Son ange gardien, son saint patron la saluent avec une joie ineffable et la félicitent de son bonheur. Il y a certainement une grande joie au ciel dans de telles occasions. Les saints savent à qui ils sont redevables de cette allégresse. Leur reconnaissance nous est assurée.
Nous avons déjà parlé du souvenir que les âmes du purgatoire gardent de leurs bienfaiteurs. Non, elles ne sauraient les oublier ! Elles seront attentives à nos besoins, elles veilleront sur nous comme d'autres anges gardiens. Quels auxiliaires précieux dans nos difficultés, dans nos peines, dans les dangers qui nous environnent ! A notre agonie, quelles consolations et quels soutiens ! Au jour redoutable du jugement, quels avocats ! Et si nous tombons dans le purgatoire elles viendront nous visiter, nous consoler, jusqu'à ce que nous soyons réunis à elles dans les splendeurs de la béatitude éternelle.
âmes, purgatoire, anges
PRIÈRES FINALES
I. De ProfundisDe profundis clamavi ad te Domine : Domine, exaudi vocem meam.
Du fond de l'abîme, j'ai crié vers vous, Seigneur : Seigneur, écoutez ma voix.
Fiant aures tuae intendentes : in vocem deprecationis meae.
Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.
Si iniquitates observaveris, Domine : Domine, quis sustinebit ?
Si vous exigez, Seigneur, le compte de nos iniquités, qui pourra subsister devant vous, ô mon Dieu ?
Quia apud te propitiatio est : et propter legem tuam sustinui te Domine.
Mais vous aimez à pardonner ; aussi, appuyé sur votre loi, j'attends, Seigneur, votre secours.
Sustinuit anima mea in verbo ejus : speravit anima mea in Domino.
Mon âme l'attend, fondée sur vos promesses ; mon âme se confie dans le Seigneur.
A custodia matutina usque ad noctem : speret Israel in Domino.
Depuis le matin jusqu'au soir, Israël espère dans le Seigneur.
Quia apud Dominum misericordia : et copiosa apud eum redemptio.
Car le Seigneur est plein de miséricorde, et l'on trouve en lui une abondante rédemption.
Et ipse redimet Israel : ex omnibus iniquitatibus ejus.
C'est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Requiem aeternam dona eis Domine.
Seigneur, donnez-leur le repos éternel !
Et lux perpetua lucent eis.
Que la lumière éternelle brille sur eux !
Requiescant in pace.
Qu'ils reposent en paix.
Amen.
Ainsi soit-il.
(3 ans d'ind. ; ind, plén. une fois le mois. - Cette ind. plén., à gagner aux conditions ordinaires (confession, communion et prière aux intentions du Pape), est accordée à ceux qui auront récité chaque jour, pendant un mois, la prière en question. - Cette remarque vaut pour toutes les ind, plén. mensuelles, qui seront mentionnées dans la suite).