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| Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales | |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 22 Aoû 2023, 22:31 | |
| Rappel du premier message :ORAISON DÉDICATOIREDoux Jésus, mon Seigneur, mon Sauveur et mon Dieu, me voici prosterné devant votre Majesté, vouant et consacrant cet écrie à votre gloire.
Animez les paroles qui y sont de votre bénédiction, à ce que les âmes tour lesquelles je l'ai fait en puissent recevoir les inspirations sacrées que je leur désire, et particulièrement celle d'implorer sur moi votre immense Miséricorde, afin que, montrant aux autres le chemin de la dévotion en ce monde, je ne sois pas réprouvé et confondu éternellement en l'autre; ains qu'avec eux je chante à jamais pour cantique de triomphe, le mot que de tout mon coeur je prononce en témoignage de fidélité, parmi les hasards de cette vie mortelle :
VIVE JÉSUS, VIVE JÉSUS ! Oui, Seigneur Jésus, vivez et régnez en nos coeurs ès siècles des siècles. Ainsi soit-il.Mon cher Lecteur, je te prie de lire cette Préface pour ta satisfaction et la mienne. La bouquetière Glycéra savait si proprement diversifier la disposition et le mélange des fleurs, qu'avec les mêmes fleurs elle faisait une grande variété de bouquets, de sorte que le peintre Pausias demeura court, voulant contrefaire à l'envi cette diversité douvrage, car il ne sut changer sa peinture en tant de façons comme Glycéra faisait ses bouquets : ainsi le Saint-Esprit dispose et arrange avec tant de variété les enseignements de dévotion, qu'il donne par les langues et les plumes de ses serviteurs, que la doctrine étant toujours une même, les discours néanmoins qui s'en font sont bien différents, selon les diverses façons desquelles ils sont composés. Je ne puis, certes, ni veux, ni dois écrire en cette Introduction que ce qui a déjà été publié par nos prédécesseurs sur ce sujet; ce sont les mêmes fleurs que je te présente, mon Lecteur, mais le bouquet que j'en ai fait sera différent des leurs, à raison de la diversité de l'agencement dont il est façonné. Ceux qui ont traité de la dévotion ont presque tous regardé l'instruction des personnes fort retirées du commerce du monde, ou au moins ont enseigné une sorte de dévotion qui conduit à cette entière retraite. Mon intention est d'instruire ceux qui vivent ès villes, ès ménages, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une vie commune quant à l'extérieur, lesquels bien souvent, sous le prétexte d'une prétendue impossibilité, ne veulent seulement pas penser à l'entreprise de la vie dévote, leur étant avis que, comme aucun animal n'ose goûter de la graine de lherbe nommée Palma Christi, aussi nul homme ne doit prétendre à la palme de la piété chrétienne, tandis qu'il vit emmi la presse des affaires temporelles. Et je leur montre que comme les mères perles vivent emmi la mer sans prendre aucune goutte d'eau marine, et que vers les îles Chélidoines il y a des fontaines d'eau bien douce au milieu de la mer, et que les piraustes volent dedans les flammes sans brûler leurs ailes, ainsi peut une âme vigoureuse et constante vivre au monde sans recevoir aucune humeur mondaine, trouver des sources d'une douce piété au milieu des ondes amères de ce siècle, et voler entre les flammes des convoitises terrestres sans brûler les ailes des sacrés désirs de la vie dévote. Il est vrai que cela est malaisé, et c'est pourquoi je désirerais que plusieurs y employassent leur soin avec plus d'ardeur quon na pas fait jusques à présent; comme, tout faible que je suis, je m'essaie par cet écrit de contribuer quelque secours à ceux qui d'un coeur généreux feront cette digne entreprise. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Ven 24 Nov 2023, 23:30 | |
| CHAPITRE XIV
DE LA PAUVRETÉ D'ESPRIT OBSERVÉE ENTRE LES RICHESSESNe désirez donc point d'un désir entier et formé le bien que vous n'avez pas; ne mettez point fort avant votre coeur en celui que vous avez; ne vous désolez point des pertes qui vous arriveront, et vous aurez quelque sujet de croire qu'étant riche en effet vous ne l'êtes point d'affection, mais que vous êtes pauvre d'esprit et par conséquent bienheureuse, « car le Royaume des cieux vous appartient ». CHAPITRE XV
COMME IL FAUT PRATIQUER LA PAUVRETÉ RÉELLE DEMEURANT NÉANMOINS RÉELLEMENT RICHELe peintre Parrhasius peignit le peuple Athénien par une invention fort ingénieuse, le représentant d'un naturel divers et variable : colère, injuste, inconstant, courtois, clément, Miséricordieux, hautain, glorieux, humble, bravache et fuyard, et tout cela ensemble; mais moi, chère Philothée, je voudrais mettre en votre coeur la richesse et la pauvreté tout ensemble, un grand soin et un grand mépris des choses temporelles. Ayez beaucoup plus de soin de rendre vos biens utiles et fructueux que les mondains n'en ont pas. Dites-moi, les jardiniers des grands princes ne sont-ils pas plus curieux et diligents à cultiver et embellir les jardins qu'ils ont en charge, que s'ils leur appartenaient en propriété.? Mais pourquoi cela ? parce, sans doute, qu'ils considèrent ces jardins-là comme jardins des princes et des rois, auxquels ils désirent de se rendre agréables par ces services-là. Ma Philothée, les possessions que nous avons ne sont pas nôtres : Dieu les nous a données à cultiver et veut que nous les rendions fructueuses et utiles, et partant nous lui faisons service agréable d'en avoir soin. Mais il faut donc que ce soit un soin plus grand et solide que celui que les mondains ont de leurs biens, car ils ne s'embesognent que pour l'amour deux-mêmes, et nous devons travailler pour l'amour de Dieu: or, comme l'amour de soi-même est un amour violent, turbulent, empressé, aussi le soin qu'on a pour lui est plein de trouble, de chagrin, d'inquiétude ; et comme l'amour de Dieu est doux, paisible et tranquille, aussi le soin qui en procède, quoique ce soit pour les biens du monde, est amiable, doux et gracieux. Ayons donc ce soin gracieux de la conservation, voire de l'accroissement de nos biens temporels, lorsque quelque juste occasion s'en présentera et en tant que notre condition le requiert, car Dieu veut que nous fassions ainsi pour son amour. Mais prenez garde que l'amour-propre ne vous trompe, car quelquefois il contrefait si bien l'amour de Dieu qu'on dirait que c'est lui: or, pour empêcher qu'il ne vous déçoive, et que ce soin des biens temporels ne se convertisse en avarice, outre ce que j'ai dit au chapitre précédent, il nous faut pratiquer bien souvent la pauvreté réelle et effectuelle, emmi toutes les facultés et richesses que Dieu nous a données. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 25 Nov 2023, 21:10 | |
| CHAPITRE XV
COMME IL FAUT PRATIQUER LA PAUVRETÉ RÉELLE DEMEURANT NÉANMOINS RÉELLEMENT RICHE Quittez donc toujours quelque partie de vos moyens en les donnant aux pauvres de bon coeur; car donner ce qu'on a, c'est sappauvrir d'autant, et plus vous donnerez plus vous vous appauvrirez. Il est vrai que Dieu vous le rendra, non seulement en l'autre monde, mais en cetui-ci, car il n'y a rien qui fasse tant prospérer temporellement que l'aumône; mais en attendant que Dieu vous le rende, vous serez toujours appauvrie de cela. Oh! le saint et riche appauvrissement que celui qui se fait par laumône! Aimez les pauvres et la pauvreté, car par cet amour vous deviendrez vraiment pauvre, puisque, comme dit l'Ecriture, nous sommes faits comme les choses que nous aimons. L'amour égale les amants: « Qui est infirme, avec lequel je ne sois infirme ? » dit saint Paul. Il pouvait dire : « Qui est pauvre, avec lequel je ne sois pauvre ? » parce que l'amour le faisait être tel que ceux qu'il aimait. Si donc vous aimez les pauvres, vous serez vraiment participante de leur pauvreté, et pauvre comme eux. Or, si vous aimez les pauvres, mettez-vous souvent parmi eux: prenez plaisir à les voir chez vous et à les visiter chez eux; conversez volontiers avec eux; soyez bien aise qu'il vous approchent aux églises, aux rues et ailleurs. Soyez pauvre de langue avec eux, leur parlant comme leur compagne; mais soyez riche des mains, leur départant de vos biens, comme plus abondante. Voulez-vous faire encore davantage, ma Philothée ? ne vous contentez pas d'être pauvre comme les pauvres, mais soyez plus pauvre que les pauvres. Et comment cela ? « Le serviteur est moindre que son maître »: rendez-vous donc servante des pauvres; allez les servir dans leurs lits quand ils sont malades, je dis de vos propres mains; soyez leur cuisinière, et à vos propres dépens; soyez leur lingère et blanchisseuse. O ma Philothée, ce service est plus triomphant qu'une royauté. Je ne puis assez admirer l'ardeur avec laquelle cet avis fut pratiqué par saint Louis, l'un des grands rois que le soleil ait vus, mais je dis grand roi en toute sorte de grandeur. Il servait fort souvent à la table des pauvres qu'il nourrissait, et en faisait car ils ne sembesognent que pour l'amour deux-mêmes, et nous devons travailler pour l'amour de Dieu: or, comme l'amour de soi-même est un amour violent, turbulent, empressé, aussi le soin qu'on a pour lui est plein de trouble, de chagrin, d'inquiétude ; et comme l'amour de Dieu est doux, paisible et tranquille, aussi le soin qui en procède, quoique ce soit pour les biens du monde, est amiable, doux et gracieux. Ayons donc ce soin gracieux de la conservation, voire de l'accroissement de nos biens temporels, lorsque quelque juste occasion s'en présentera et en tant que notre condition le requiert, car Dieu veut que nous fassions ainsi pour son amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 26 Nov 2023, 22:47 | |
| CHAPITRE XV
COMME IL FAUT PRATIQUER LA PAUVRETÉ RÉELLE DEMEURANT NÉANMOINS RÉELLEMENT RICHEMais prenez garde que l'amour-propre ne vous trompe, car quelquefois il contrefait si bien l'amour de Dieu qu'on dirait que c'est lui: or, pour empêcher quil ne vous déçoive, et que ce soin des biens temporels ne se convertisse en avarice, outre ce que j ai dit au chapitre précédent, il nous faut pratiquer bien souvent la pauvreté réelle et effectuelle, emmi toutes les facultés et richesses que Dieu nous a données. Quittez donc toujours quelque partie de vos moyens en les donnant aux pauvres de bon coeur; car donner ce qu'on a, c'est s'appauvrir d'autant, et plus vous donnerez plus vous vous appauvrirez. Il est vrai que Dieu vous le rendra, non seulement en l'autre monde, mais en cetui-ci, car il n'y a rien qui fasse tant prospérer temporellement que l'aumône; mais en attendant que Dieu vous le rende, vous serez toujours appauvrie de cela. Oh! le saint et riche appauvrissement que celui qui se fait par l'aumône! Aimez les pauvres et la pauvreté, car par cet amour vous deviendrez vraiment pauvre, puisque, comme dit l'Ecriture, nous sommes faits comme les choses que nous aimons. L'amour égale les amants: « Qui est infirme, avec lequel je ne sois infirme? »dit saint Paul. Il pouvait dire : « Qui est pauvre, avec lequel je ne sois pauvre ? » parce que l'amour le faisait être tel que ceux qu'il aimait. Si donc vous aimez les pauvres, vous serez vraiment participante de leur pauvreté, et pauvre comme eux. Or, si vous aimez les pauvres, mettez-vous souvent parmi eux: prenez plaisir à les voir chez vous et à les visiter chez eux ; conversez volontiers avec eux; soyez bien aise qu'il vous approchent aux églises, aux rues et ailleurs. Soyez pauvre de langue avec eux, leur parlant comme leur compagne; mais soyez riche des mains, leur départant de vos biens, comme plus abondante. Voulez-vous faire encore davantage, ma Philothée ? ne vous contentez pas d'être pauvre comme les pauvres, mais soyez plus pauvre que les pauvres. Et comment cela ? « Le serviteur est moindre que son maître »: rendez-vous donc servante des pauvres; allez les servir dans leurs lits quand ils sont malades, je dis de vos propres mains; soyez leur cuisinière, et à vos propres dépens; soyez leur lingère et blanchisseuse. O ma Philothée, ce service est plus triomphant qu'une royauté. Je ne puis assez admirer l'ardeur avec laquelle cet avis fut pratiqué par saint Louis, l'un des grands rois que le soleil ait vus, mais je dis grand roi en toute sorte de grandeur. Il servait fort souvent à la table des pauvres qu'il nourrissait, et en faisait venir presque tous les jours trois à la sienne; et souvent il mangeait les restes de leur potage avec un amour non pareil. Quand il visitait les hôpitaux des malades (ce quil faisait fort souvent), il se mettait ordinairement à servir ceux qui avaient les maux les plus horribles, comme ladres, chancreux et autres semblables, et leur faisait tout son service à tête nue et les genoux à terre, respectant en leur personne le Sauveur du monde, et les chérissant d'un amour aussi tendre qu'une douce mère eût su faire son enfant. Sainte Elisabeth, fille du roi de Hongrie, se mêlait ordinairement avec les pauvres, et pour se récréer s'habillait quelquefois en pauvre femme parmi ses dames, leur disant : « Si j'étais pauvre, je m'habillerais ainsi. » O mon Dieu, chère Philothée, que ce prince et cette princesse étaient pauvres en leurs richesses, et qu'ils étaient riches en leur pauvreté! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Lun 27 Nov 2023, 22:55 | |
| CHAPITRE XV
COMME IL FAUT PRATIQUER LA PAUVRETÉ RÉELLE DEMEURANT NÉANMOINS RÉELLEMENT RICHE« Bienheureux sont ceux qui sont ainsi pauvres, car à eux appartient le Royaume des cieux. » « J'ai eu faim, vous m'avez repu ; j'ai eu froid, vous m'avez revêtu: possédez le royaume qui vous a été préparé dès la constitution du monde », dira le Roi dès pauvres et des rois en son grand jugement. Il n'est celui qui en quelque occasion nait quelque manquement et défaut de commodités. Il arrive quelquefois chez nous un hôte que nous voudrions et devrions bien traiter; il n'y a pas moyen pour lheure; on a ses beaux habits en un lieu, on en aurait besoin en un autre où il serait requis de paraître; il arrive que tous les vins de la cave se poussent et tournent : il n'en reste plus que les mauvais et verts; on se trouve aux champs dans quelque bicoque, où tout manque: on n'a lit, ni chambre, ni table, ni service. Enfin, il est facile d'avoir souvent besoin de quelque chose, pour riche qu'on soit; or cela, c'est être pauvre en effet de ce qui nous manque. Philothée, soyez bien aise de ces rencontres, acceptez-les de bon coeur, souffrez-les gaîment. Quand il vous arrivera des inconvénients qui vous appauvriront ou de beaucoup ou de peu, comme font les tempêtes, les feux, les inondations, les stérilités, les larcins, les procès, oh ! c'est alors la vraie saison de pratiquer la pauvreté, recevant avec douceurs ces diminutions de facultés, et s'accommodant patiemment et constamment à cet appauvrissement. Esaü se présenta à son père avec ses mains toutes couvertes de poil, et Jacob en fit de même; mais parce que le poil qui était ès mains de Jacob ne tenait pas à sa peau, ains à ses gants, on lui pouvait ôter son poil sans l'offenser ni écorcher au contraire, parce que le poil des mains d'Esaü tenait à sa peau, qu'il avait toute velue de son naturel, qui lui eût voulu arracher son poil lui eût bien donné de la douleur: il eût bien crié; il se fût bien échauffé à la défense. Quand nos moyens nous tiennent au coeur, si la tempête, si le larron, si le chicaneur nous en arrache quelque partie, quelles plaintes, quels troubles, quelles impatiences en avons-nous ! mais quand nos biens ne tiennent qu'au soin que Dieu veut que nous en ayons, et non pas à notre coeur, si on nous les arrache, nous n'en perdrons pourtant pas le sens ni la tranquillité. C'est la différence des bêtes et des hommes quant à leurs robes : car les robes des bêtes tiennent à leur chair, et celles des hommes y sont seulement appliquées, en sorte qu'ils puissent les mettre et ôter quand ils veulent. CHAPITRE XVI
POUR PRATIQUER LA RICHESSE D'ESPRIT EMMI LA PAUVRETÉ RÉELLEMais si vous êtes réellement pauvre, très chère Philothée, o Dieu, soyez-le encore d'esprit; faites de nécessité vertu, et employez cette pierre précieuse de la pauvreté pour ce qu'elle vaut: son éclat n'est pas découvert en ce monde, mais si est~ce pourtant qu'il est extrêmement beau et riche. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 28 Nov 2023, 22:29 | |
| CHAPITRE XVI
POUR PRATIQUER LA RICHESSE D'ESPRIT EMMI LA PAUVRETÉ RÉELLEMais si vous êtes réellement pauvre, très chère Philothée, o Dieu, soyez-le encore d'esprit; faites de nécessité vertu, et employez cette pierre précieuse de la pauvreté pour ce qu'elle vaut: son éclat n'est pas découvert en ce monde, mais si est~ce pourtant qu'il est extrêmement beau et riche. Ayez patience, vous êtes en bonne compagnie: Notre Seigneur, Notre Dame, les Apôtres, tant de saints et de saintes ont été pauvres, et pouvant être riches ils ont méprisé de l'être. Combien y a-t-il de grands mondains qui, avec beaucoup de contradictions, sont allés rechercher avec un soin non pareil la sainte pauvreté dedans les cloîtres et les hôpitaux? Ils ont pris beaucoup de peine pour la trouver, témoins saint Alexis, sainte Paule, saint Paulin, sainte Angèle et tant d'autres; et voilà, Philothée, que, plus gracieuse en votre endroit, elle se vient présenter chez vous; vous l'avez rencontrée sans la chercher et sans peine: embrassez-la donc comme la chère amie de Jésus-Christ, qui naquit, vécut et mourut avec la pauvreté, qui fut sa nourrice toute sa vie. Votre pauvreté, Philothée, a deux grands privilèges, par le moyen desquels elle vous peut beaucoup faire mériter. Le premier est qu'elle ne vous est point arrivée par votre choix, mais par la seule volonté de Dieu, qui vous a faite pauvre sans qu'il y ait eu aucune concurrence de votre volonté propre. Or, ce que nous recevons purement de la volonté de Dieu lui est toujours très agréable, pourvu que nous le recevions de bon coeur et pour l'amour de sa sainte volonté: où il y a moins du nôtre, il y a plus de Dieu. La simple et pure acceptation de la volonté de Dieu rend une souffrance extrêmement pure. Le second privilège de cette pauvreté, c'est qu'elle est une pauvreté vraiment pauvre. Une pauvreté louée, caressée, estimée, secourue et assistée, elle tient de la richesse, elle n'est pour le moins pas du tout pauvre; mais une pauvreté méprisée, rejetée, reprochée et abandonnée, elle est vraiment pauvre. Or, telle est pour lordinaire la pauvreté des séculiers; car parce qu'ils ne sont pas pauvres par leur élection, mais par nécessité, on n'en tient pas grand compte; et en ce qu'on nen tient pas grand compte, leur pauvreté est plus pauvre que celle des religieux, bien que celle-ci d'ailleurs ait une excellence fort grande et trop plus recommandable, à raison du voeu et de l'intention pour laquelle elle a été choisie. Ne vous plaignez donc pas, ma chère Philothée, de votre pauvreté ; car on ne se plaint que de ce qui déplaît, et si la pauvreté vous déplaît vous n'êtes plus pauvre d'esprit, ains riche d'affection. Ne vous désolez point de n'être pas si bien secourue qu'il serait requis; car en cela consiste l'excellence de la pauvreté. Vouloir être pauvre et n'en recevoir point d'incommodité, c'est une grande ambition ; car c'est vouloir l'honneur de la pauvreté et la commodité des richesses. N'ayez point de honte d'être pauvre ni de demander l'aumône en charité ; recevez celle qui vous sera donnée, avec humilité, et acceptez le refus avec douceur. Ressouvenez-vous souvent du voyage que Notre Dame fit en Egypte pour y porter son cher enfant, et combien de mépris, de pauvreté, de misère il lui convint supporter. Si vous vivez comme cela, vous serez très riche en votre pauvreté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Jeu 30 Nov 2023, 01:11 | |
| CHAPITRE XVII
DE L'AMITIÉ, ET PREMIÈREMENT DE LA MAUVAISE ET FRIVOLEL'amour tient le premier rang entre les passions de l'âme : c'est le roi de tous les mouvements du coeur, il convertit tout le reste à soi et nous rend tels que ce qu'il aime. Prenez donc bien garde, ma Philothée, de n'en point avoir de mauvais, car tout aussitôt vous seriez toute mauvaise. Or l'amitié est le plus dangereux amour de tous, parce que les autres amours peuvent être sans communication, mais l'amitié étant totalement fondée sur icelle, on ne peut presque l'avoir avec une personne sans participer à ses qualités. Tout amour n'est pas amitié; car, 1. On peut aimer sans être aimé, et lors il y a de l'amour, mais non pas de l'amitié, d'autant que l'amitié est un amour mutuel, et s'il n'est pas mutuel ce n'est pas amitié. 2. Et ne suffit pas qu'il soit mutuel, mais il faut que les parties qui s'entraiment sachent leur réciproque affection, car si elles l'ignorent elles auront de l'amour, mais non pas de l'amitié. 3. Il faut avec cela qu'il y ait entre elles quelque sorte de communication qui soit le fondement de l'amitié. Selon la diversité des communications l'amitié est aussi diverse, et les communications sont différentes selon la différence des biens quon s'entrecommunique : si ce sont des biens faux et vains, l'amitié est fausse et vaine, si ce sont de vrais biens, l'amitié est vraie; et plus excellents seront les biens, plus excellente sera l'amitié. Car, comme le miel est plus excellent quand il se cueille ès fleurons des fleurs plus exquises, ainsi l'amour fondé sur une plus exquise communication est le plus excellent; et comme il y a du miel en Héraclée du Pont, qui est vénéneux et fait devenir insensés ceux qui le mangent, parce qu'il est recueilli sur l'aconit qui est abondant en cette région-là, ainsi l'amitié fondée sur la communication des faux et vicieux biens est toute fausse et mauvaise. La communion des voluptés charnelles est une mutuelle propension et amorce brutale, laquelle ne peut non plus porter le nom d'amitié entre les hommes, que celles des ânes et chevaux pour semblables effets ; et s'il n'y avait nulle autre communication au mariage, ii n'y aurait non plus nulle amitié; mais, parce qu'outre celle-là il y a en icelui la communication de la vie, de l'industrie, des biens, des affections et d'une indissoluble fidélité, c'est pourquoi l'amitié du mariage est une vraie amitié et sainte. L'amitié fondée sur la communication des plaisirs sensuels est toute grossière, et indigne du nom d'amitié, comme aussi celle qui est fondée sur des vertus frivoles et vaines, parce que ces vertus dépendent aussi des sens. J'appelle plaisirs sensuels ceux qui s'attachent immédiatement et principalement aux sens extérieurs, comme le plaisir de voir la beauté, d'ouïr une douce voix, de toucher et semblables. J'appelle vertus frivoles certaines habilités et qualités vaines que les faibles d'esprits appellent vertus et perfections. Oyez parler la plupart des filles, des femmes et des jeunes gens, ils ne se feindront nullement de dire : un tel gentilhomme est fort vertueux, il a beaucoup de perfections, car il danse bien, il joue bien à toutes sortes de jeux, il s'habille bien, il chante bien, il cajole bien, il a bonne mine; et les charlatans tiennent pour les plus vertueux d'entre eux ceux qui sont les plus grands bouffons. Or, comme tout cela regarde les sens, aussi les amitiés qui en proviennent s'appellent sensuelles, vaines et frivoles, et méritent plutôt le nom de folâtrerie que d'amitié. Ce sont ordinairement les amitiés des jeunes gens, qui se tiennent aux moustaches, aux cheveux, aux oeillades, aux habits, à la morgue, à la babillerie: amitiés dignes de l'âge des amants, qui n'ont encore aucune vertu qu'en bourre ni nul jugement qu'en bouton; aussi telles amitiés ne sont que passagères et fondent comme la neige au soleil. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Jeu 30 Nov 2023, 23:17 | |
| CHAPITRE XVIII
DES AMOURETTESQuand ces amitiés folâtres se pratiquent entre gens de divers sexe, et sans prétention du mariage, elles s'appellent amourettes, car n'étant que certains avortons, ou plutôt fantômes d'amitié, elles ne peuvent porter le nom ni d'amitié, ni d'amour, pour leur incomparable vanité et imperfection. Or, par icelles, les coeurs des hommes et des femmes demeurent pris et engagés et entrelacés les uns avec les autres en vaines et folles affections, fondées sur ces frivoles communications et chétifs agréments desquels je viens de parler. Et bien que ces sottes amours vont ordinairement fondre et s'abîmer en des charnalités et lascivités fort vilaines, si est-ce que ce n'est pas le premier dessein de ceux qui les exercent; autrement ce ne seraient plus amourettes, ains impudicités manifestes. Il se passera même quelquefois plusieurs années sans qu'il arrive, entre ceux qui sont atteints de cette folie, aucune chose qui soit directement contraire à la chasteté du corps, iceux s'arrêtant seulement à détremper leurs coeurs en souhaits, désirs, soupirs, muguetteries et autres telles niaiseries et vanités, et ce pour diverses prétentions. Les uns n'ont d'autre dessein que d'assouvir leurs coeurs à donner et recevoir de l'amour, suivant en cela leur inclination amoureuse, et ceux-ci ne regardent à rien pour le choix de leurs amours sinon à leur goût et instinct, si qu'à la rencontre d'un sujet agréable, sans examiner l'intérieur ni les déportements dicelui, ils commenceront cette communication d'amourettes et se fourreront dedans les misérables filets desquels par après ils auront peine de sortir. Les autres se laissent aller à cela par vanité, leur étant avis que ce ne soit pas peu de gloire de prendre et lier les coeurs par amour; et ceux-ci, faisant leur élection pour la gloire, dressent leurs pièges et tendent leurs toiles en des lieux spéciaux, relevés, rares et illustres. Les autres sont portés et par leur inclination amoureuse et par vanité tout ensemble, car encore qu'ils aient le coeur contourné à l'amour, si ne veulent-ils pourtant pas en prendre qu'avec quelque avantage de gloire. Ces amitiés sont toutes mauvaises, folles et vaines: mauvaises, d'autant qu'elles aboutissent et se terminent enfin au péché de la chair, et qu'elles dérobent l'amour et par conséquent le coeur à Dieu, à la femme et au mari, à qui il était dû; folles, parce qu'elles n'ont ni fondement ni raison; vaines, parce qu'elles ne rendent aucun profit, ni honneur, ni contentement. Au contraire elles perdent le temps, embarrassent l'honneur, sans donner aucun plaisir que celui d'un empressement de prétendre et espérer, sans savoir ce qu'on veut ni qu'on prétend. Car il est toujours avis à ces chétifs et faibles esprits qu'il y a je ne sais quoi à désirer ès témoignages qu'on leur rend de l'amour réciproque, et ne sauraient dire que c'est; dont leur désir ne peut finir, mais va toujours pressant leur coeur de perpétuelles défiances, jalousies et inquiétudes. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Ven 01 Déc 2023, 21:54 | |
| CHAPITRE XVIII
DES AMOURETTESSaint Grégoire Nazianzène, écrivant contre les femmes vaines, dit merveilles sur ce sujet; en voici une petite pièce qu'il adresse voirement aux femmes, mais bonne encore pour les hommes : « Ta naturelle beauté suffit pour ton mari ; que si elle est pour plusieurs hommes, comme un filet tendu pour une troupe d'oiseaux, qu'en arrivera-t-il ? Celui-là te plaira qui se plaira en ta beauté, tu rendras oeillade pour oeillade, regard pour regard ; soudain suivront les souris et petits mots d'amour, lâchés à la dérobée pour le commencement, mais bientôt on s'apprivoisera et passera-t-on à la cajolerie manifeste. Garde bien, o ma langue parleuse, de dire ce qui arrivera par après; si dirai-je néanmoins, encore cette vérité-: rien de tout ce que les jeunes gens et les femmes disent ou font ensemble en ces folles complaisances n'est exempt de grands aiguillons. Tous les fatras d'amourettes se tiennent l'un à lautre et s'entresuivent tous, ni plus ni moins qu'un fer tiré par l'aimant en tire plusieurs autres consécutivement. » Oh! qu'il dit bien, ce grand évêque: Que pensez-vous faire? Donner de l'amour, non pas? Mais personne n'en donne volontairement qui n'en prenne nécessairement; qui prend est pris en ce jeu. L'herbe aproxis reçoit et conçoit le feu aussitôt quelle le voit: nos coeurs en sont de même ; soudain qu'ils voient une âme enflammée d'amour pour eux, ils sont incontinent embrasés pour elle. J'en veux bien prendre, me dira quelqu'un, mais non pas fort avant. Hélas! vous vous trompez, ce feu d'amour est plus actif et pénétrant quil ne vous semble; vous cuiderez n'en recevoir qu'une étincelle, et vous serez tout étonné de voir qu'en un moment il aura saisi tout votre coeur, réduit en cendres toutes vos résolutions et en fumée votre réputation. Le Sage s'écrie: « Qui aura compassion d'un enchanteur piqué par le serpent? » Et je m'écrie après lui : « O fols et insensés, cuidez-vous charmer l'amour pour le pouvoir manier à votre gré? Vous voulez jouer avec lui, il vous piquera et mordra mauvaisement ; et savez-vous ce qu'on en dira ? chacun se moquera de vous et on rira de quoi vous avez voulu enchanter l'amour, et que sur une fausse assurance vous avez voulu mettre dedans votre sein une dangereuse couleuvre, qui vous a gâté et perdu dâme et d'honneur. O Dieu, quel aveuglement est celui-ci, de jouer ainsi à crédit, sur des gages si frivoles, la principale pièce de notre âme! Oui, Philothée, car Dieu ne veut l'homme que pour l'âme, ni l'âme que pour la volonté, ni la volonté que pour l'amour. Hélas! nous n'avons pas d'amour à beaucoup près de ce que nous avons besoin; je veux dire, il s'en faut infiniment que nous en ayons assez pour aimer Dieu, et cependant, misérables que nous sommes, nous le prodiguons et épanchons en choses sottes et vaines et frivoles, comme si nous en avions de reste. Ah! ce grand Dieu qui s'était réservé le seul amour de nos âmes, en reconnaissance de leur création, conservation et rédemption, exigera un compte bien étroit de ces folles déduites que nous en faisons; que s'il doit faire un examen si exact des paroles oiseuses, qu'est-ce qu'il fera des amitiés oiseuses, impertinentes, folies et pernicieuses? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 02 Déc 2023, 22:17 | |
| CHAPITRE XVIII DES AMOURETTESLe noyer nuit grandement aux vignes et aux champs esquels il est planté, parce qu'étant si grand, il attire tout le suc de la terre, qui ne peut par après suffire à nourrir le reste des plantes; ses feuillages sont si touffus qu'ils font un ombrage grand et épais, et enfin il attire les passants à soi, qui, pour abattre son fruit, gâtent et foulent tout autour. Ces amourettes font les mêmes nuisances à l'âme, car elles l'occupent tellement et tirent si puissamment ses mouvements qu'elle ne peut pas après suffire à aucune bonne oeuvre; les feuilles, c'est-à-dire les entretiens, amusements et muguetteries sont si fréquentes, qu'elles dissipent tout le loisir; et enfin elles attirent tant de tentations, distractions, soupçons et autres conséquences, que tout le coeur en est foulé et gâté. Bref, ces amourettes bannissent non seulement l'amour céleste, mais encore la crainte de Dieu, énervent l'esprit, affaiblissent la réputation : c'est, en un mot, le jouet des cours, mais la peste des coeurs. CHAPITRE XIX DES VRAIES AMITIÉSO Philothée, aimez un chacun d'un grand amour charitable, mais n'ayez point d'amitié qu'avec ceux qui peuvent communiquer avec vous de choses vertueuses; et plus les vertus que vous mettrez en votre commerce seront exquises, plus votre amitié sera parfaite. Si vous communiquez ès sciences, votre amitié est certes fort louable; plus encore si vous communiquez aux vertus, en la prudence, discrétion, force et justice. Mais si votre mutuelle et réciproque communication se fait de la charité, de la dévotion, de la perfection chrétienne, o Dieu! que votre amitié sera précieuse! Elle sera excellente parce qu'elle vient de Dieu, excellente parce qu'elle tend à Dieu, excellente parce que son lien c'est Dieu, excellente par ce qu'elle durera éternellement en Dieu. Oh! qu'il fait bon aimer en terre comme l'on aime au ciel, et apprendre à s'entre-chérir en ce monde comme nous ferons éternellement en l'autre! Je ne parle pas ici de l'amour simple de charité, car il doit être porté à tous les hommes; mais je parle de l'amitié spirituelle, par laquelle deux ou trois ou plusieurs âmes se communiquent leur dévotion, leurs affections spirituelles, et se rendent un seul esprit entre elles. Qu'à bon droit peuvent chanter telles heureuses âmes : « Oh! que voici combien il est bon et agréable que les frères habitent ensemble! » Oui, car le baume délicieux de la dévotion distille de l'un des coeurs en l'autre par une continuelle participation, si qu'on peut dire que Dieu a répandu sur cette amitié sa bénédiction et la vie jusques aux siècles des siècles. Il m'est avis que toutes les autres amitiés ne sont que des ombres au prix de celle-ci, et que leurs liens ne sont que des chaînes de verre ou de jayet, en comparaison de ce grand lien de la sainte dévotion qui est tout d'or. Ne faites point d'amitié d'autre sorte, je veux dire des amitiés que vous faites: car il ne faut pas ni quitter ni mépriser pour cela les amitiés que la nature et les précédents devoirs vous obligent de cultiver, des parents, des alliés, des bienfaiteurs, des voisins et autres; je parle de celles que vous choisissez vous-même. Plusieurs vous diront peut-être qu'il ne faut avoir aucune sorte de particulière affection et amitié, d'autant que cela occupe le coeur, distrait l'esprit, engendre les envies : mais ils se trompent en leurs conseils ; car ils ont vu ès écrits de plusieurs saints et dévots auteurs que les amitiés particulières et affections extraordinaires nuisent infiniment aux religieux; ils cuident que c'en soit de même du reste du monde, mais il y a bien à dire. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 03 Déc 2023, 21:47 | |
| CHAPITRE XIX
DES VRAIES AMITIÉSCar attendu qu'en un monastère bien réglé le dessein commun de tous rend à la vraie dévotion, il n'est pas requis d'y faire ces particulières communications, de peur que cherchant en particulier ce qui est commun, on ne passe des particularités aux partialités; mais quant à ceux qui sont entre les mondains et qui embrassent la vraie vertu, il leur est nécessaire de s'allier les uns aux autres par une sainte et sacrée amitié; car par le moyen dicelle ils s'animent, ils s'aident, ils s'entreportent au bien. Et comme ceux qui cheminent en la plaine n'ont pas besoin de se prêter la main, mais ceux qui sont ès chemins scabreux et glissants s'entretiennent l'un l'autre pour cheminer plus sûrement, ainsi ceux qui sont ès religions n'ont pas besoin des amitiés particulières, mais ceux qui sont au monde en ont nécessité pour s'assurer et secourir les uns les autres, parmi tant de mauvais passages quil leur faut franchir. Au monde, tous ne conspirent pas à même fin, tous n'ont pas le même esprit , il faut donc sans doute se tirer à part et faire des amitiés selon notre prétention ; et cette particularité fait voirement une partialité, mais une partialité sainte, qui ne fait aucune division, sinon celle du bien et du mal, des brebis et des chèvres, des abeilles et des frelons, séparation nécessaire. Certes, on ne saurait nier que Notre Seigneur n'aimât d'une plus douce et, plus spéciale amitié saint Jean, le Lazare, Marthe, Madeleine, car l'Ecriture le témoigne. On sait que saint Pierre chérissait tendrement saint Marc et sainte Pétronille, comme saint Paul faisait son Timothée et sainte Thècle. Saint Grégoire Nazianzène se vante cent fois de lamitié nonpareille qu'il eut avec le grand saint Basile, et la décrit en cette sorte : « Il semblait qu'en l'un et l'autre de nous, il n'y eût qu'une seule âme portant deux corps. Que s'il ne faut pas croire ceux qui disent que toutes choses sont en toutes choses, si nous faut-il pourtant ajouter foi que nous étions tous deux en l'un de nous, et l'un en l'autre; une seule prétention avions-nous tous deux, de cultiver la vertu et accommoder les desseins de notre vie aux espérances futures, sortant ainsi hors de la terre mortelle avant que dy mourir. » Saint Augustin témoigne que saint Ambroise aimait uniquement sainte Monique pour les rares vertus qu'il voyait en elle, et qu'elle réciproquement le chérissait comme un ange de Dieu. Mais j'ai tort de vous amuser en chose si claire. Saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire, saint Bernard et tous les plus grands serviteurs de Dieu ont eu de très particulières amitiés, sans intérêt de leur perfection. Saint Paul reprochant le détraquement des Gentils, les accuse davoir été gens sans affection, cest-à-dire qui n'avaient aucune amitié. Et saint Thomas, comme tous les bons philosophes, confesse que l'amitié est une vertu: or, il parle de l'amitié particulière, puisque, comme il dit, la parfaite amitié ne peut s'étendre à beaucoup de personnes. La perfection donc ne consiste pas à n'avoir point damitié, mais à n'en avoir que de bonne, de sainte et sacrée. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Lun 04 Déc 2023, 22:57 | |
| CHAPITRE XX
DE LA DIFFÉRENCE DES VRAIES ET DES VAINES AMITIÉSVoici donc le grand avertissement, ma Philothée. Le miel d'Héraclée, qui est si vénéneux, ressemble à l'autre qui est si salutaire: il y a grand danger de prendre l'un pour l'autre ou de les prendre mêlés, car la bonté de l'un n'empêcherait pas la nuisance de l'autre. Il faut être sur sa garde pour n'être point trompé en ces amitiés, notamment quand elles se contractent entre personnes de divers sexe, sous quel prétexte que ce soit, car bien souvent Satan donne le change à ceux qui aiment. On commence par l'amour vertueux, mais si on n'est fort sage l'amour frivole se mêlera, puis l'amour sensuel, puis l'amour charnel ; oui même il y a danger en l'amour spirituel si on n'est fort sur sa garde, bien qu'en celui-ci il soit plus difficile de prendre le change, parce que sa pureté et blancheur rendent plus connaissables les souillures que Satan y veut mêler c'est pourquoi quand il l'entreprend il fait cela plus finement, et essaie de glisser les impuretés presque insensiblement. Vous connaîtrez l'amitié mondaine d'avec la sainte et vertueuse, comme l'on connaît le miel d'Héraclée d'avec l'autre : le miel dHéraclée est plus doux à la langue que le miel ordinaire, à raison de l'aconit qui lui donne un surcroît de douceur, et l'amitié mondaine produit ordinairement un grand amas de paroles emmiellées, une cajolerie de petits mots passionnés et de louanges tirées de la beauté, de la grâce et des qualités sensuelles. Mais l'amitié sacrée a un langage simple et franc, ne peut louer que la vertu et grâce de Dieu, unique fondement sur lequel elle subsiste. Le miel d'Héraclée étant avalé excite un tournoiement de tête, et la fausse amitié provoque un tournoiement d'esprit qui fait chanceler la personne en la chasteté et dévotion, la portant à des regards affectés, mignards et immodérés, à des caresses sensuelles, à des soupirs désordonnés, à des petites plaintes de n'être pas aimée, à des petites, mais recherchées, mais attrayantes contenances, galanterie, poursuite des baisers, et autres privautés et faveurs inciviles, présages certains et indubitables d'une prochaine ruine de l'honnêteté. Mais l'amitié sainte n'a des yeux que simples et pudiques, ni des caresses que pures et franches, ni des soupirs que pour le ciel, ni des privautés que pour l'esprit, ni des plaintes sinon quand Dieu n'est pas aimé, marques infaillibles de l'honnêteté. Le miel d'Héraclée trouble la vue, et cette amitié mondaine trouble le jugement, en sorte que ceux qui en sont atteints pensent bien faire en mal faisant, et cuident que leurs excuses, prétextes et paroles soient des vraies raisons. Ils craignent la lumière et aiment les ténèbres, mais l'amitié sainte a les yeux clairvoyants et ne se cache point, ains paraît volontiers devant les gens de bien. Enfin, le miel d'Héraclée donne une grande amertume en la bouche: ains les fausses amitiés se convertissent et terminent en paroles et demandes charnelles et puantes, ou, en cas de refus, à des injures, calomnies, impostures, tristesses, confusions et jalousies qui aboutisssent bien souvent en abrutissement et forcènerie. Mais la chaste amitié est toujours également honnête, civile et amiable, et jamais ne se convertit qu'en une plus parfaite et pure union d'esprits, image vive de l'amitié bienheureuse que l'on exerce au ciel. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 05 Déc 2023, 23:50 | |
| CHAPITRE XX
DE LA DIFFÉRENCE DES VRAIES ET DES VAINES AMITIÉSSaint Grégoire Nazianzène dit que le paon, faisant son cri lorsqu'il fait sa roue et pavonnade, excite grandement les femelles qui l'écoutent à la lubricité: quand on voit un homme pavoner, se parer et venir comme cela cajoler, chuchoter et barguigner aux oreilles du'ne femme ou d'une fille, sans prétention d'un juste mariage, ah! sans doute, ce n'est que pour la provoquer à quelque impudicité; et la femme d'honneur bouchera ses oreilles pour ne pas ouïr le cri de ce paon et la voix de lenchanteur qui la veut enchanter finement: que si elle écoute, o Dieu! quel mauvais augure de la future perte de son coeur! Les jeunes gens qui font des contenances, grimaces et caresses, ou disent des paroles esquelles ils ne voudraient pas être surpris par leurs pères, mères, maris, femmes ou confesseurs, témoignent en cela qu'ils traitent d'autre chose que de l'honneur et de la conscience. Notre Dame se trouble voyant un ange en forme humaine, parce qu'elle était seule et qu'il lui donnait des extrêmes, quoique célestes louanges: o Sauveur du monde, la pureté craint un ange en forme humaine, et pourquoi donc l'impureté ne craindra-t-elle un homme, encore qu'il fût en figure d'ange, quand il la loue des louanges sensuelles et humaines? CHAPITRE XXI
AVIS ET REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES AMITIÉSMais quels remèdes contre cette engeance et fourmilière de folles amours, folâtreries, impuretés ? Soudain que vous en aurez les premiers ressentiments, tournez-vous court de l'autre côté, et, avec une détestation absolue de cette vanité, courez à la croix du Sauveur et prenez sa couronne d'épines pour en environner votre coeur, afin que ces petits renardeaux nen approchent. Gardez bien de venir à aucune sorte de composition avec cet ennemi; ne dites pas: « Je l'écouterai, mais je ne ferai rien de ce qu'il me dira; je lui prêterai l'oreille, mais je lui refuserai le coeur. » O ma Philothée, pour Dieu, soyez rigoureuse en telles occasions: le coeur et les oreilles s'entretiennent l'un à l'autre, et comme il est impossible d'empêcher un torrent qui a pris sa descente par le pendant d'une montagne, aussi est-il difficile d'empêcher que l'amour qui est tombé en l'oreille ne fasse soudain sa chute dans le coeur. Les chèvres, selon Alcméon, halènent par les oreilles et non par les naseaux : il est vrai qu'Aristote le nie; or, ne sais-je ce que c'en est; mais je sais bien pourtant que notre coeur halène par loreille, et que comme il aspire et exhale ses pensées par la langue, il respire aussi par l'oreille, par laquelle il reçoit les pensées des autres. Gardons donc soigneusement nos oreilles de l'air des folles paroles, car autrement soudain notre coeur en serait empesté. N'écoutez nulle sorte de propositions, sous quelque prétexte que ce soit: en ce seul cas, il n'y a point de danger d'être incivile et agreste. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Jeu 07 Déc 2023, 00:06 | |
| CHAPITRE XXI
AVIS ET REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES AMITIÉSRessouvenez-vous que vous avez voué votre coeur à Dieu, et que votre amour lui étant sacrifié, ce serait donc sacrilège de lui en ôter un seul brin; sacrifiez-le-lui plutôt derechef par mille résolutions et protestations, et vous tenant entre icelles comme un cerf dans son fort, réclamez Dieu; il vous secourra et son amour prendra le vôtre en sa protection, afin quil vive uniquement pour lui. Que si vous êtes déjà prise dans les filets de ces folles amours, o Dieu! quelle difficulté de vous en déprendre! Mettez-vous devant sa divine Majesté; connaissez en sa présence la grandeur de votre misère, votre faiblesse et vanité; puis, avec le plus grand effort de coeur quil vous sera possible, détestez ces amours commencées. Abjurez la vaine profession que vous en avez faite; renoncez à toutes les promesses reçues, et d'une grande et très absolue volonté, arrêtez en votre coeur et vous résolvez de ne jamais plus rentrer en ces jeux et entretiens d'amour. Si vous vous pouvez éloigner de l'objet, je l'approuverais infiniment, car comme ceux qui ont été mordus des serpents ne peuvent pas aisément guérir en la présence de ceux qui ont été autrefois blessés de la même morsure, aussi la personne qui est piquée d'amour guérira difficilement de cette passion, tandis quelle sera proche de l'autre qui aura été atteinte de la même piqûre. Le changement de lieu sert extrêmement pour apaiser les ardeurs et inquiétudes, soit de la douleur, soit de l'amour. Le garçon duquel parle saint Ambroise au livre second de la Pénitence, ayant fait un long voyage, revint entièrement délivré des folles amours qu'il avait exercées, et tellement changé que la sotte amoureuse, le rencontrant et lui disant : « Ne me connais-tu pas ? je suis bien moi-même. » « Oui da, répondit-il; mais moi, je ne suis pas moi-même » : l'absence lui avait apporté cette heureuse mutation. Et saint Augustin témoigne que pour alléger la douleur qu'il eut en la mort de son ami, il s'ôta de Tagaste, où icelui était mort, et s'en alla à Carthage. Mais qui ne peut s'éloigner, que doit-il faire ? Il faut absolument retrancher toute conversation particulière, tout entretien secret, toute douceur des yeux, tout souris, et généralement toutes sortes de communications et amorces qui peuvent nourrir ce feu puant et fumeux; ou pour le plus, s'il est forcé de parler au complice, que ce soit pour déclarer, par une hardie, courte et sévère protestation, le divorce éternel que l'on a juré. Je crie tout haut à quiconque est tombé dans ces pièges d'amourettes: « Taillez, tranchez, rompez »; il ne faut pas s'amuser à découdre ces folles amitiés, il les faut déchirer; il n'en faut pas dénouer les liaisons, il les faut rompre ou couper; aussi bien les cordons et les liens n'en valent rien. Il ne faut point ménager pour un amour qui est si contraire à l'amour de Dieu. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Ven 08 Déc 2023, 00:03 | |
| CHAPITRE XXI AVIS ET REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES AMITIÉSMais après que j'aurai ainsi rompu les chaînes de cet infâme esclavage, encore m'en restera-t-il quelque ressentiment, et les marques et traces des fers en demeureront encore imprimées en mes pieds, c'est-à-dire en mes affections? Non feront, Philothée, si vous avez conçu autant de détestation de votre mal comme il mérite; car si cela est, vous ne serez plus agitée d'aucun mouvement que de celui d'une extrême horreur de cet infâme amour et de tout ce qui en dépend, et demeurerez quitte de toute autre affection envers lobjet abandonné, que de celle d'une très pure charité pour Dieu. Mais si, pour l'imperfection de votre repentir, il vous reste encore quelques mauvaises inclinations, procurez pour votre âme une solitude mentale, selon ce que je vous ai enseigné ci-devant et retirez-vous-y le plus que vous pourrez; et par mille réitérés élancements d'esprit, renoncez à toutes vos inclinations; reniez-les de toutes vos forces; lisez plus que l'ordinaire des saints livres; confessez-vous plus souvent que de coutume, et vous communiez ; conférez humblement et naïvement de toutes les suggestions et tentations qui vous arriveront pour ce regard avec votre directeur, si vous pouvez, ou au moins avec quelque âme fidèle et prudente; et ne doutez point que Dieu ne vous affranchisse de toutes passions, pourvu que vous continuiez fidèlement en ces exercices. « Ah ! ce me direz-vous, mais ne sera-ce point une ingratitude, de rompre si impiteusement une amitié? Oh! que bienheureuse est l'ingratitude qui nous rend agréables à Dieu! Non, de par Dieu, Philothée, ce ne sera pas ingratitude, ains un grand bénéfice que vous ferez à l'amant, car en rompant vos liens, vous romprez les siens, puisqu'ils vous étaient communs, et bien que pour l'heure il ne s'aperçoive pas de son bonheur, il le reconnaîtra bientôt après, et avec vous chantera pour action de grâce : «O Seigneur, vous avez rompu mes liens, je vous sacrifierai l'hostie de louange et invoquerai votre saint Nom. » CHAPITRE XXII QUELQUES AUTRES AVIS SUR LE SUJET DES AMITIÉSL'amitié requiert une grande communication entre les amants, autrement elle ne peut ni naître ni subsister. C'est pourquoi il arrive souvent qu'avec la communication de l'amitié, plusieurs autres communications passent et se glissent insensiblement de coeur en coeur, par une mutuelle infusion et réciproque écoulement d'affections, d'inclinations et d'impressions. Mais surtout, cela arrive quand nous estimons grandement celui que nous aimons; car alors nous ouvrons tellement le coeur à son amitié, qu'avec icelle ses inclinations et impressions entrent aisément tout entières, soit qu'elles soient bonnes ou qu'elles soient mauvaises. Certes, les abeilles qui amassent le miel d'Héraclée ne cherchent que le miel, mais avec le miel, elles sucent insensiblement les qualités vénéneuses de l'aconit sur lequel elles font leur cueillette. Or donc, Philothée, il faut bien pratiquer en ce sujet la parole que le Sauveur de nos âmes voulait dire, ainsi que les Anciens nous ont appris: « Soyez bons changeurs et monnayeurs »c'est-à-dire, ne recevez pas la fausse monnaie avec la bonne, ni le bas or avec le fin or; séparez le précieux d'avec le chétif ; oui, car il n'y a presque celui qui nait quelque imperfection. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 09 Déc 2023, 09:54 | |
| CHAPITRE XXII
QUELQUES AUTRES AVIS SUR LE SUJET DES AMITIÉSEt quelle raison y a-t-il de recevoir pêle-mêle les tares et imperfections de l'ami avec son amitié ? Il le faut certes aimer nonobstant son imperfection, mais il ne faut ni aimer, ni recevoir son imperfection ; car l'amitié requiert la communication du bien et non pas du mal. Comme donc ceux qui tirent le gravier du Tage, en séparent lor qu'ils y trouvent pour l'emporter, et laissent le sable sur le rivage, de même ceux qui ont la communication de quelque bonne amitié doivent en séparer le sable des imperfections, et ne le point laisser entrer en leur âme. Certes, saint Grégoire Nazianzène témoigne que plusieurs, aimant et admirant saint Basile, s'étaient laissé porter à limiter, même en ses imperfections extérieures, « en son parler lentement et avec un esprit abstrait et pensif, en la forme de sa barbe et en sa démarche. » Et nous voyons des maris, des femmes, des enfants, des amis qui ayant en grande estime leurs amis, leurs pères, leurs maris et leurs femmes acquièrent ou par condescendance ou par imitation, mille mauvaises petites humeurs au commerce de l'amitié qu'ils ont ensemble. Or, cela ne se doit aucunement faire, car chacun a bien assez de ses mauvaises inclinations sans se surcharger de celles des autres; et non seulement l'amitié ne requiert pas cela, mais au contraire, elle nous oblige à nous entraider pour nous affranchir réciproquement de toutes sortes d'imperfections. Il faut sans doute supporter doucement l'ami en ses imperfections, mais non pas le porter en icelles, et beaucoup moins les transporter en nous. Mais je ne parle que des imperfections ; car quant aux péchés il ne faut ni les porter ni les supporter en l'ami. C'est une amitié ou faible ou méchante de voir périr l'ami et ne le point secourir, de le voir mourir d'un apostème et n'oser lui donner le coup du rasoir de la correction pour le sauver. La vraie et vivante amitié ne peut durer entre les péchés. On dit que la salamandre éteint le feu dans lequel elle se couche; et le péché ruine l'amitié en laquelle il se loge: si c'est un péché passager, l'amitié lui donne soudain la fuite par la correction; mais s'il séjourne et arrête, tout aussitôt l'amitié périt, car elle ne peut subsister que sur la vraie vertu; combien moins donc doit-on pécher pour l'amitié? L'ami est ennemi quand il nous veut conduire au péché, et mérite de perdre l'amitié quand il veut perdre et damner l'ami; ains c'est l'une des plus assurées marques d'une fausse amitié que de la voir pratiquée envers une personne vicieuse, de quelle sorte de péché que ce soit. Si celui que nous aimons est vicieux, sans doute notre amitié est vicieuse; car puisqu'elle ne peut regarder la vraie vertu, il est force qu'elle considère quelque vertu folâtre et quelque qualité sensuelle. La société faite pour le profit temporel entre les marchands n'a que l'image de la vraie amitié; car elle se fait non pour l'amour des personnes mais pour l'amour du gain. Enfin, ces deux divines paroles sont deux grandes colonnes pour bien assurer la vie chrétienne. L'une est du Sage: « Qui craint Dieu aura pareillement une bonne amitié »; l'autre est de saint Jacques: « L'amitié de ce monde est ennemie de Dieu. » Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 10 Déc 2023, 05:40 | |
| CHAPITRE XXIII
DES EXERCICES DE LA MORTIFICATION EXTÉRIEURECeux qui traitent des choses rustiques et champêtres assurent que si on écrit quelque mot sur une amande bien entière et qu'on la remette dans son noyau, le pliant et serrant bien proprement et le plantant ainsi, tout le fruit de l'arbre qui en viendra se trouvera écrit et gravé du même mot. Pour moi, Philothée, je nai jamais pu approuver la méthode de ceux qui pour réformer lhomme commencent par lextérieur, par les contenances, par les habits, par les cheveux. Il me semble, au contraire, quil faut commencer par l'intérieur: «Convertissez-vous à moi, dit Dieu, de tout votre coeur »; «Mon enfant, donne-moi ton coeur»; car aussi, le coeur étant la source des actions, elles sont telles qu'il est. L'Epoux divin invitant lâme: «Mets-moi, dit-il, comme un cachet sur ton coeur, comme un cachet sur ton bras. » Oui vraiment, car quiconque a Jésus-Christ en son coeur, il l'a bientôt après en toutes ses actions extérieures. C'est pourquoi, chère Philothée, j'ai voulu avant toutes choses graver et inscrire sur votre coeur ce mot saint et sacré: Vive Jésus! assuré que je suis qu'après cela, votre vie, laquelle vient de votre coeur comme un amandier de son noyau, produira toutes ses actions qui sont ses fruits, écrites et gravées du même mot de salut, et que comme ce doux Jésus vivra dedans votre coeur, il vivra aussi en tous vos déportements, et paraîtra en vos yeux, en votre bouche, en vos mains, voire même en vos cheveux; et pourrez saintement dire, à l'imitation de saint Paul : «Je vis, mais non plus moi, ains Jésus-Christ vit en moi ». Bref, qui a gagné le coeur de l'homme a gagné tout l'homme. Mais ce coeur même par lequel nous voulons commencer, requiert quon l'instruise comme il doit former son train et maintien extérieur, afin que non seulement on y voie la sainte dévotion, mais aussi une grande sagesse et discrétion. Pour cela je vous vais brièvement donner plusieurs avis. Si vous pouvez supporter le jeûne, vous ferez bien de jeûner quelques jours, outre les jeûnes que l'Eglise nous commande; car outre l'effet ordinaire du jeûne, d'élever l'esprit, réprimer la chair, pratiquer la vertu et acquérir plus grande récompense au ciel, c'est un grand bien de se maintenir en la possession de gourmander la gourmandise même, et tenir l'appétit sensuel et le corps sujet à la loi de l'esprit; et bien qu'on ne jeûne pas beaucoup, l'ennemi néanmoins nous craint davantage quand il connaît que nous savons jeûner. Les mercredi, vendredi et samedi sont les jours auxquels les anciens chrétiens sexerçaient le plus à labstinence prenez-en donc de ceux-là pour jeûner, autant que votre dévotion et la discrétion de votre directeur vous le conseilleront. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 10 Déc 2023, 22:40 | |
| CHAPITRE XXIII
DES EXERCICES DE LA MORTIFICATION EXTÉRIEURECe dirais volontiers comme saint Jérôme dit à la bonne dame Léta: « Les jeûnes longs et immodérés me déplaisent bien fort, surtout en ceux qui sont en âge encore tendre. J'ai appris par expérience que le petit ânon, étant las en chemin, cherche de s'écarter » ; c'est-à-dire, les jeunes gens portés à des infirmités par l'excès des jeûnes, se convertissent aisément aux délicatesses. Les cerfs courent mal en deux temps: quand ils sont trop chargés de venaison et quand ils sont trop maigres. Nous sommes grandement exposés aux tentations, quand notre corps est trop nourri et quand il est trop abattu; car l'un le rend insolent en son aise et l'autre le rend désespéré en son mésaise; et comme nous ne le pouvons porter quand il est trop gras, aussi ne nous peut-il porter quand il est trop maigre. Le défaut de cette modération ès jeûnes, disciplines, haires et âpretés rend inutiles au service de la charité les meilleures années de plusieurs, comme il fit même à saint Bernard qui se repentit d'avoir usé de trop d'austérité ; et d'autant qu'ils lont maltraité au commencement, ils sont contraints de le flatter à la fin. N'eussent-ils pas mieux fait de lui faire un traitement égal, et proportionné aux offices et travaux auxquels leurs conditions les obligeaient? Le jeûne et le travail matent et abattent la chair. Si le travail que vous ferez vous est nécessaire, ou fort utile à la gloire de Dieu, j'aime mieux que vous souffriez la peine du travail que celle du jeûne: c'est le sentiment de l'Eglise, laquelle, pour les travaux utiles au service de Dieu et du prochain, décharge ceux qui les font du jeûne même commandé. L'un a de la peine à jeûner, l'autre en a à servir les malades, visiter les prisonniers, confesser, prêcher, assister les désolés, prier et semblables exercices cette peine vaut mieux que celle-là; car outre qu'elle mate également, elle a des fruits beaucoup plus désirables. Et partant, généralement, il est mieux de garder plus de forces corporelles quil nest requis, que den ruiner plus quil ne faut; car on peut toujours les abattre quand on veut, mais on ne les peut pas réparer toujours quand on veut. Il me semble que nous devons avoir en grande révérence la parole que notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ dit à ses disciples : « Mangez ce qui sera mis devant vous. » C'est, comme je crois, une plus grande vertu de manger sans choix ce qu'on vous présente et en même ordre qu'on le vous présente, ou qu'il soit à votre goût ou qu'il ne le soit pas, que de choisir toujours le pire. Car encore que cette dernière façon de vivre semble plus austère, l'autre néanmoins a plus de résignation, car par icelle on ne renonce pas seulement à son goût, mais encore à son choix ; et si, ce n'est pas une petite austérité de tourner son goût à toute main et le tenir sujet aux rencontres, joint que cette sorte de mortification ne paraît point, n'incommode personne, et est uniquement propre pour la vie civile. Reculer une viande, pour en prendre une autre, pincer et racler toute chose, ne trouver jamais rien de bien apprêté ni de bien net, faire des mystères à chaque morceau, cela ressent un coeur mol et attentif aux plats et aux écuelles. J'estime plus que saint Bernard bût de l'huile pour de l'eau ou du vin, que s'il eût bu de l'eau d'absinthe avec attention; car c'était signe qu'il ne pensait pas à ce qu'il buvait. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 12 Déc 2023, 07:05 | |
| CHAPITRE XXIII
DES EXERCICES DE LA MORTIFICATION EXTÉRIEURECe dirais volontiers comme saint Jérôme dit à la bonne dame Léta: « Les jeûnes longs et immodérés me déplaisent bien fort, surtout en ceux qui sont en âge encore tendre. J'ai appris par expérience que le petit ânon, étant las en chemin, cherche de s'écarter » ; c'est-à-dire, les jeunes gens portés à des infirmités par l'excès des jeûnes, se convertissent aisément aux délicatesses. Les cerfs courent mal en deux temps: quand ils sont trop chargés de venaison et quand ils sont trop maigres. Nous sommes grandement exposés aux tentations, quand notre corps est trop nourri et quand il est trop abattu; car l'un le rend insolent en son aise et l'autre le rend désespéré en son mésaise; et comme nous ne le pouvons porter quand il est trop gras, aussi ne nous peut-il porter quand il est trop maigre. Le défaut de cette modération ès jeûnes, disciplines, haires et âpretés rend inutiles au service de la charité les meilleures années de plusieurs, comme il fit même à saint Bernard qui se repentit d'avoir usé de trop d'austérité ; et d'autant qu'ils lont maltraité au commencement, ils sont contraints de le flatter à la fin. N'eussent-ils pas mieux fait de lui faire un traitement égal, et proportionné aux offices et travaux auxquels leurs conditions les obligeaient? Le jeûne et le travail matent et abattent la chair. Si le travail que vous ferez vous est nécessaire, ou fort utile à la gloire de Dieu, j'aime mieux que vous souffriez la peine du travail que celle du jeûne: c'est le sentiment de l'Eglise, laquelle, pour les travaux utiles au service de Dieu et du prochain, décharge ceux qui les font du jeûne même commandé. L'un a de la peine à jeûner, l'autre en a à servir les malades, visiter les prisonniers, confesser, prêcher, assister les désolés, prier et semblables exercices cette peine vaut mieux que celle-là; car outre qu'elle mate également, elle a des fruits beaucoup plus désirables. Et partant, généralement, il est mieux de garder plus de forces corporelles quil nest requis, que den ruiner plus quil ne faut; car on peut toujours les abattre quand on veut, mais on ne les peut pas réparer toujours quand on veut. Il me semble que nous devons avoir en grande révérence la parole que notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ dit à ses disciples : « Mangez ce qui sera mis devant vous. » C'est, comme je crois, une plus grande vertu de manger sans choix ce qu'on vous présente et en même ordre qu'on le vous présente, ou qu'il soit à votre goût ou qu'il ne le soit pas, que de choisir toujours le pire. Car encore que cette dernière façon de vivre semble plus austère, l'autre néanmoins a plus de résignation, car par icelle on ne renonce pas seulement à son goût, mais encore à son choix ; et si, ce n'est pas une petite austérité de tourner son goût à toute main et le tenir sujet aux rencontres, joint que cette sorte de mortification ne paraît point, n'incommode personne, et est uniquement propre pour la vie civile. Reculer une viande, pour en prendre une autre, pincer et racler toute chose, ne trouver jamais rien de bien apprêté ni de bien net, faire des mystères à chaque morceau, cela ressent un coeur mol et attentif aux plats et aux écuelles. J'estime plus que saint Bernard bût de l'huile pour de l'eau ou du vin, que s'il eût bu de l'eau d'absinthe avec attention; car c'était signe qu'il ne pensait pas à ce qu'il buvait. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 12 Déc 2023, 22:12 | |
| CHAPITRE XXIII
DES EXERCICES DE LA MORTIFICATION EXTÉRIEUREIl en prend ainsi bien souvent en nos affaires; car cette femme voit son mari ou son enfant malade, et soudain, elle court au jeûne, à la haire, à la discipline, comme fit David pour un pareil sujet. Hélas ! chère amie, vous battez le pauvre âne, vous affligez votre corps, et il ne peut mais de votre mal, ni de quoi Dieu a son épée dégainée sur vous; corrigez votre coeur qui est idolâtre de ce mari, et qui permettait mille vices à l'enfant et le destinait à l'orgueil, à la vanité et à l'ambition. Cet homme voit que souvent il tombe lourdement au péché de luxure : le reproche intérieur vient contre sa conscience avec l'épée au poing, pour l'outrepercer d'une sainte crainte; et soudain son coeur revenant à soi : « Ah! félonne chair, dit-il; ah! corps déloyal, tu m'as trahi »; et le voilà incontinent à grands coups sur cette chair, à des jeûnes immodérés, à des disciplines démesurées, à des haires insupportables. O pauvre âme, si ta chair pouvait parler comme l'ânesse de Balaam, elle te dirait : « Pourquoi me frappes-tu, misérable ? c'est contre toi, o mon âme, que Dieu arme sa vengeance, c'est toi qui es la criminelle; pourquoi me conduis-tu aux mauvaises conversations? pourquoi appliques-tu mes yeux, mes mains, mes lèvres aux lascivetés ? Pourquoi me troubles-tu par des mauvaises imaginations ? Fais des bonnes pensées, et je n'aurais pas de mauvais mouvements; hante les gens pudiques, et je ne serai point agitée de ma concupiscence. Hélas! c'est toi qui me jettes dans le feu, et tu ne veux pas que je brûle; tu me jettes la fumée aux yeux, et tu ne veux pas qu'ils s'enflamment. » Et Dieu sans doute vous dit en ces cas-là: « Battez, rompez, fendez, froissez vos coeurs principalement, car c'est contre eux que mon courroux est animé. » Certes pour guérir la démangeaison, il n'est pas tant besoin de se laver et baigner, comme de purifier le sang et rafraîchir le foie; ainsi, pour nous guérir de nos vices, il est voirement bon de mortifier la chair, mais il est surtout nécessaire de bien purifier nos affections et rafraîchir nos coeurs.Or, en tout et partout, il ne faut nullement entreprendre des austérités corporelles qu'avec l'avis de notre guide. CHAPITRE XXIV
DES CONVERSATIONS ET DE LA SOLITUDERechercher les conversations et les fuir, ce sont deux extrémités blâmables en la dévotion civile, qui est celle de laquelle je vous parle. La fuite dicelles tient du dédain et mépris du prochain, et la recherche ressent à l'oisiveté et à l'inutilité. Il faut aimer le prochain comme soi-même: pour montrer qu'on l'aime, il ne faut pas fuir d'être avec lui, et pour témoigner qu'on s'aime soi-même, on doit demeurer en soi-même quand on y est. Or, on y est quand on est seul: « Pense à toi-même, dit saint Bernard, et puis aux autres. » Si donc rien ne vous presse d'aller en conversation ou d'en recevoir chez vous, demeurez en vous-même et vous entretenez avec votre coeur; mais si la conversation vous arrive, ou quelque juste sujet vous invite à vous y rendre, allez de par Dieu, Philothée, et voyez votre prochain de bon coeur et de bon oeil. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Jeu 14 Déc 2023, 07:52 | |
| CHAPITRE XXIV
DES CONVERSATIONS ET DE LA SOLITUDEOn appelle mauvaises conversations celles qui se font pour quelque mauvaise intention, ou bien quand ceux qui entreviennent en icelles sont vicieux, indiscrets et dissolus; et pour celles-là, il s'en faut détourner, comme les abeilles se détournent de l'amas de taons et frelons. Car, comme ceux qui ont été mordus des chiens enragés ont la sueur, l'haleine et la salive dangereuse, et principalement pour les enfants et gens de délicate complexion, ainsi ces vicieux et débordés ne peuvent être fréquentés qu'avec hasard et péril, surtout par ceux qui sont de dévotion encore tendre et délicate. Il y a des conversations inutiles à toute autre chose quà la seule récréation, lesquelles se font par un simple divertissement des occupations sérieuses; et quant à celles-là, comme il ne faut pas s'y adonner, aussi peut-on leur donner le loisir destiné à la récréation. Les autres conversations ont pour leur fin l'honnêteté, comme sont les visites mutuelles et certaines assemblées qui se font pour honorer le prochain et quant à celles-là, comme il ne faut pas être superstitieuse à les pratiquer, aussi ne faut-il pas être du tout incivile à les mépriser, mais satisfaire avec modestie au devoir que l'on y a, afin d'éviter également la rusticité et la légèreté. Restent les conversations utiles, comme sont celles des personnes dévotes et vertueuses; o Philothée, ce vous sera toujours un grand bien d'en rencontrer souvent de telles. La vigne plantée parmi les oliviers porte des raisins onctueux et qui ont le goût des olives : une âme qui se trouve souvent parmi les gens de vertu ne peut qu'elle ne participe à leurs qualités. Les bourdons seuls ne peuvent point faire du miel, mais avec les abeilles ils s'aident à le faire: c'est un grand avantage pour nous bien exercer à la dévotion, de converser avec les âmes dévotes. En toutes conversations, la naïveté, simplicité, douceur et modestie sont toujours préférées. Il y a des gens qui ne font nulle sorte de contenance ni de mouvement qu'avec tant d'artifice que chacun en est ennuyé; et comme celui qui ne voudrait jamais se pourmener qu'en comptant ses pas, ni parler qu'en chantant, serait fâcheux au reste des hommes, ainsi ceux qui tiennent un maintien artificieux et qui ne font rien qu'à cadence, importunent extrêmement la conversation, et en cette sorte de gens il y a toujours quelque espèce de présomption. Il faut pour l'ordinaire qu'une joie modérée prédomine en notre conversation. Saint Romuald et saint Antoine sont extrêmement loués de quoi, nonobstant toutes les austérités, ils avaient la face et les paroles ornées de joie, gaîté et civilité. Réjouissez-vous avec les joyeux; je vous dis encore une fois avec l'Apôtre : « Soyez toujours joyeuse, mais en Notre Seigneur, et que votre modestie paraisse à tous les hommes. » Pour vous réjouir en Notre Seigneur, il faut que le sujet de votre joie, soit non seulement loisible, mais honnête : ce que je dis, parce qu'il y a des choses loisibles, qui pourtant ne sont pas honnêtes ; et afin que votre modestie paraisse, gardez-vous des insolences lesquelles sans doute sont toujours répréhensibles : faire tomber l'un, noircir l'autre, piquer le tiers, faire du mal à un fol, ce sont des risées et joies sottes et insolentes. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Ven 15 Déc 2023, 06:56 | |
| CHAPITRE XXIV
DES CONVERSATIONS ET DE LA SOLITUDEMais toujours, outre la solitude mentale à laquelle vous vous pouvez retirer emmi les plus grandes conversations, ainsi que j'ai dit ci-dessus, vous devez aimer la solitude locale et réelle, non pas pour aller ès déserts, comme sainte Marie Egyptienne, saint Paul, saint Antoine, Arsénius et les autres pères solitaires, mais pour être quelque peu en votre chambre, en votre jardin et ailleurs, où plus à souhait vous puissiez retirer votre esprit en votre coeur, et récréer votre âme par des bonnes cogitations et saintes pensées, ou par un peu de bonne lecture, à l'exemple de ce grand évêque Nazianzène qui, parlant de soi-même : « Je me pourmenais, dit-il, moi-même avec moi-même sur le soleil couchant, et passais le temps sur le rivage de la mer; car j'ai accoutumé d'user de cette récréation pour nie relâcher et secouer un peu des ennuis ordinaires»; et là-dessus il discourt de la bonne pensée quil fit, que je vous ai récitée ailleurs. Et à l'exemple encore de saint Ambroise, duquel parlant saint Augustin, il dit que souvent, étant entré en sa chambre (car on ne refusait lentrée à personne), il le regardait lire; et après avoir attendu quelque temps, de peur de l'incommoder, il s'en retournait sans mot dire, pensant que ce peu de temps qui restait à ce grand pasteur pour revigorer et récréer son esprit, après le tracas de tant d'affaires, ne lui devait pas être ôté. Aussi, après que les Apôtres eurent un jour raconté à Notre Seigneur comme ils avaient prêché et beaucoup fait: » Venez, leur dit-il, en la solitude, et vous y reposez un peu. » CHAPITRE XXV
DE LA BIENSÉANCE DES HABITSSaint Paul veut que les femmes dévotes (il en faut autant dire des hommes) soient revêtues d'habits bienséants, se parant avec pudicité et sobriété. Or, la bienséance des habits et autres ornements dépend de la matière, de la forme et de la netteté. Quant à la netteté, elle doit presque toujours être égale en nos habits, sur lesquels, tant quil est possible, nous ne devons laisser aucune sorte de souillure et vilenie. La netteté extérieure représente en quelque façon lhonnêteté intérieure. Dieu même requiert lhonnêteté corporelle en ceux qui sapprochent de ses autels et qui ont la charge principale de la dévotion Quant à la matière et à la forme des habits, a bienséance se considère par plusieurs circonstances du temps, de l'âge, des qualités, des compagnies, des occasions. On se pare ordinairement mieux ès jours de fête, selon la grandeur du jour qui se célèbre; en temps de pénitence, comme en carême, on se démet bien fort; aux noces on porte les robes nuptiales, et aux assemblées funèbres, les robes de deuil; auprès des princes on rehausse létat, lequel on doit abaisser entre les domestiques. La femme mariée se peut et doit orner auprès de son mari, quand il le désire; si elle en fait de même en étant éloignée, on demandera quels yeux elle veut favoriser avec ce soin particulier. On permet plus d'affiquets aux filles, parce qu'elles peuvent loisiblement désirer d'agréer à plusieurs, quoique ce ne soit qu'afin d'en gagner un par saint mariage. On ne trouve pas non plus mauvais que les veuves à marier se parent aucunement, pourvu qu'elles ne fassent point paraître de folâtrerie, d'autant qu'ayant déjà été mères de famille, et passé par les regrets du veuvage, on tient leur esprit pour mûr et attrempé. Mais quant aux vraies veuves, qui le sont non seulement de corps mais aussi de coeur, nul ornement ne leur est convenable, sinon l'humilité, la modestie et la dévotion; car si elles veulent donner de l'amour aux hommes, elles ne sont pas vraies veuves, et si elles n'en veulent pas donner, pourquoi en portent-elles les outils ? Qui ne veut recevoir les hôtes, il faut qu'il ôte l'enseigne de son logis. On se moque toujours des vieilles gens, quand ils veulent faire les jolis: c'est une folie qui n'est supportable qu'à la jeunesse. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 16 Déc 2023, 10:12 | |
| CHAPITRE XXV DE LA BIENSÉANCE DES HABITSSoyez propre, Philothée; qu'il n'y ait rien sur vous de traînant et mal agencé: c'est un mépris de ceux avec lesquels on converse, d'aller entre eux en habit désagréable; mais gardez-vous bien des afféteries, vanités, curiosités et folâtreries. Tenez-vous toujours tant qu'il vous sera possible, du côté de la simplicité et modestie, qui est sans doute le plus grand ornement de la beauté et la meilleure excuse pour la laideur. Saint Pierre avertit principalement les jeunes femmes de ne porter point leurs cheveux tant crêpés, frisés, annelés et serpentés. Les hommes qui sont si lâches que de s'amuser à ces muguetteries sont partout décriés comme hermaphrodites, et les femmes vaines sont tenues pour imbéciles en chasteté; au moins si elles en ont, elle n'est pas visible parmi tant de fatras et bagatelles. On dit qu'on n'y pense pas mal, mais je réplique, comme j'ai fait ailleurs, que le diable en y pense toujours. Pour moi, je voudrais que mon dévot et ma dévote fussent toujours les mieux habillés de la troupe, mais les moins pompeux et affétés, et, comme il est dit au proverbe, qu'ils fussent parés de grâce, bienséance et dignité. Saint Louis dit en un mot, que lon se doit vêtir selon son état, en sorte que les sages et bons ne puissent dire: « Vous en faites trop », ni les jeunes gens: « Vous en faites trop peu. » Mais en cas que les jeunes ne se veuillent pas contenter de la bienséance, il se faut arrêter à lavis des sages. CHAPITRE XXVI DU PARLER, ET PREMIÈREMENT COMME IL FAUT PARLER DE DIEULes médecins prennent une grande connaissance de la santé ou maladie dun homme par linspection de sa langue; et nos paroles sont les vraies indices des qualités de nos âmes: « Par tes paroles, dit le Sauveur, tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné. » Nous portons soudain la main sur la douleur que nous sentons, et la langue sur lamour que nous avons. Si donc vous êtes bien amoureuse de Dieu, Philothée, vous parlerez souvent de Dieu, ès devis familiers que vous ferez avec vos domestiques, amis et voisins: oui car « la bouche du juste méditera la sapience, et sa langue parlera du jugement. »Et comme les abeilles ne démêlent autre chose que le miel avec leur petite bouchette, ainsi votre langue sera toujours emmiellée de son Dieu, et n'aura point de plus grande suavité que de sentir couler entre vos lèvres des louanges et bénédictions de son nom, ainsi qu'on dit de saint François, qui prononçant le saint nom du Seigneur, suçait et léchait ses lèvres, comme pour en tirer la plus grande douceur du monde. Mais parlez toujours de Dieu comme de Dieu, c'est-à-dire révéremment et dévotement, non point faisant la suffisante ni la prêcheuse, mais avec l'esprit de douceur, de charité et d'humilité, distillant autant que vous savez (comme il est dit de l'Epouse au Cantique des Cantiques) le miel délicieux de la dévotion et des choses divines, goutte à goutte, tantôt dedans l'oreille de l'un, tantôt dedans l'oreille de l'autre, priant Dieu au secret de votre âme qu'il lui plaise de faire passer cette sainte rosée jusque dans le coeur de ceux qui vous écoutent. Surtout il faut faire cet office angélique doucement et souèvement, non point par manière de correction, mais par manière d'inspiration, car c'est merveille combien la suavité et amiable proposition de quelque bonne chose est une puissante amorce pour attirer les coeurs. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 17 Déc 2023, 00:08 | |
| CHAPITRE XXVI
DU PARLER, ET PREMIÈREMENT COMME IL FAUT PARLER DE DIEUNe parlez donc jamais de Dieu ni de la dévotion par manière d'acquit et d'entretien, mais toujours avec attention et dévotion: ce que je dis pour vous ôter une remarquable vanité, qui se trouve en plusieurs qui font profession de dévotion, lesquels à tous propos disent des paroles saintes et ferventes par manière d'entregent et sans y penser nullement, et après les avoir dites, il leur est avis qu'ils sont tels que les paroles témoignent ce qui n'est pas. CHAPITRE XXVII
DE L'HONNÊTETÉ DES PAROLES ET DU RESPECT QUE L'ON DOIT AUX PERSONNES
« Si quelqu'un ne pèche point en parole, dit saint Jacques, il est homme parfait. » Gardez-vous soigneusement de lâcher aucune parole déshonnête; car encore que vous ne les disiez pas avec mauvaise intention, si est-ce que ceux qui les oient, les peuvent recevoir d'une autre sorte. La parole déshonnête tombant dans un coeur faible, s'étend et se dilate comme une goutte dhuile sur le drap; et quelquefois elle saisit tellement le coeur, qu'elle le remplit de mille pensées et tentations lubriques. Car, comme le poison du corps entre par la bouche, aussi celui du coeur entre par l'oreille, et la langue qui le produit est meurtrière, d'autant qu'encore qu'à l'aventure le venin qu'elle a jeté nait pas fait son effet, pour avoir trouvé les coeurs des auditeurs munis de quelque contrepoison, si est-ce qu'il n'a pas tenu à sa malice qu'elle ne les ait fait mourir. Et que personne ne me dise qu'il n'y pense pas, car Notre Seigneur qui connaît les pensées a dit que « la bouche parle de l'abondance du coeur »; et si nous n'y pensons pas mal, le malin néanmoins en pense beaucoup, et se sert toujours secrètement de ces mauvais mots pour en transpercer le coeur de quelqu'un. On dit que ceux qui ont mangé de l'herbe qu'on appelle angélique ont toujours l'haleine douce et agréable; et ceux qui ont au coeur l'honnêteté et chasteté, qui est la vertu angélique, ont toujours leurs paroles nettes, civiles et pudiques. Quant aux choses indécentes et folles, l'Apôtre ne veut pas que seulement on les nomme, nous assurant que rien ne corrompt tant les bonnes moeurs que les mauvais devis. Si ces paroles déshonnêtes sont dites à couvert, avec afféterie et subtilité, elles sont infiniment plus vénéneuses; car, comme plus un dard est pointu, plus il entre aisément en nos corps, ainsi plus un mauvais mot est aigu, plus il pénètre en nos coeurs. Et ceux qui pensent être galants hommes à dire de telles paroles en conversation, ne savent pas pourquoi les conversations sont faites ; car elles doivent être comme essaims d'abeilles assemblées pour faire le miel de quelque doux et vertueux entretien, et non pas comme un tas de guêpes qui se joignent pour sucer quelque pourriture. Si quelque sot vous dit des paroles messéantes, témoignez que vos oreilles en sont offensées, ou vous détournant ailleurs ou par quelque autre moyen, selon que votre prudence vous enseignera. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 17 Déc 2023, 23:29 | |
| CHAPITRE XXVII
DE L'HONNÊTETÉ DES PAROLES ET DU RESPECT QUE L'ON DOIT AUX PERSONNESC'est une des plus mauvaises conditions qu'un esprit peut avoir, que d'être moqueur: Dieu hait extrêmement ce vice et en a fait jadis des étranges punitions. Rien n'est si contraire à la charité, et beaucoup plus à la dévotion, que le mépris et contemnement du prochain. Or, la dérision et moquerie ne se fait jamais sans ce mépris; c'est pourquoi elle est un fort grand péché, en sorte que les docteurs ont raison de dire que la moquerie est la plus mauvaise sorte d'offense que l'on puisse faire au prochain par les paroles, parce que les autres offenses se font avec quelque estime de celui qui est offensé, et celle-ci se fait avec mépris et contemnement. Mais quant aux jeux de paroles qui se font des uns aux autres avec une modeste gaîté et joyeuseté, ils appartiennent à la vertu nommée eutrapélie par les Grecs, que nous pouvons appeler bonne conversation ; et par iceux on prend une honnête et amiable récréation sur les occasions frivoles que les imperfections humaines fournissent. Il se faut garder seulement de passer de cette honnête joyeuseté à la moquerie. Or, la moquerie provoque à rire par mépris et contemnement du prochain; mais la gaîté et gausserie provoque à rire par une simple liberté, confiance et familière franchise, conjointe à la gentillesse de quelque mot. Saint Louis, quand les religieux voulaient lui parler des choses relevées après dîner : « Il n'est pas temps d'alléguer, disait-il, mais de se récréer par quelque joyeuseté et quolibets : que chacun dise ce quil voudra honnêtement »; ce qu'il disait, favorisant la noblesse qui était autour de lui pour recevoir des caresses de sa majesté. Mais, Philothée, passons tellement le temps par récréation que nous conservions la sainte éternité par dévotion. CHAPITRE XXVIII
DES JUGEMENTS TÉMÉRAIRES« Ne jugez point et vous ne serez point jugés, dit le Sauveur de nos âmes; ne condamnez point et vous ne serez point condamnés. » Non, dit le saint Apôtre, e ne jugez pas avant le temps, jusques à ce que le Seigneur vienne, qui révélera le secret des ténèbres et manifestera les conseils des coeurs. Oh ! que les jugements téméraires sont désagréables à Dieu! Les jugements des enfants des hommes sont téméraires, parce qu'ils ne sont pas juges les uns des autres, et jugeant ils usurpent l'office de Notre-Seigneur; ils sont téméraires, parce que la principale malice du péché dépend de l'intention et conseil du coeur, qui est le secret des ténèbres pour nous; ils sont téméraires, parce qu'un chacun a assez à faire à se juger soi-même, sans entreprendre de juger son prochain. C'est chose également nécessaire pour n'être point jugés, de ne point juger les autres et de se juger soi-même; car, comme Notre-Seigneur nous défend l'un, l'Apôtre nous ordonne l'autre, disant: « Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés. » Mais, o Dieu, nous faisons tout au contraire; car ce qui nous est défendu, nous ne cessons de le faire, jugeant à tout propos le prochain; et ce qui nous est commandé, qui est de nous juger nous-mêmes, nous ne le faisons jamais. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mar 19 Déc 2023, 23:34 | |
| CHAPITRE XXVIII
DES JUGEMENTS TÉMÉRAIRESLa charité craint de rencontrer le mal, tant s'en faut qu'elle l'aille chercher ; et quand elle le rencontre, elle en détourne sa face et le dissimule, ains elle ferme ses yeux avant que de le voir, au premier bruit qu'elle en aperçoit, et puis croit par une sainte simplicité que ce n'était pas le mal, mais seulement l'ombre ou quelque fantôme de mal; que si par force elle reconnaît que c'est lui-même, elle s'en détourne tout incontinent et tâche d'en oublier la figure. La charité est le grand remède à tous maux, mais spécialement pour celui-ci. Toutes choses paraissent jaunes aux yeux des ictériques et qui ont la grande jaunisse; l'on dit que pour les guérir de ce mal, il leur faut faire porter de l'ictère sous la plante de leur pied. Certes, ce péché de jugement téméraire est une jaunisse spirituelle, qui fait paraître toutes choses mauvaises aux yeux de ceux qui en sont atteints; mais qui en veut guérir, il faut qu'il mette les remèdes non aux yeux, non à l'entendement, mais aux affections qui sont les pieds de l'âme: si vos affections sont douces, votre jugement sera doux ; si elles sont charitables, votre jugement le sera de même. Je vous présente trois exemples admirables. Isaac avait dit que Rébecca était sa soeur; Abimélech vit qu'il se jouait avec elle, cest-à-dire qu'il la caressait tendrement, et il jugea soudain que c'était sa femme : un oeil malin eût plutôt jugé qu'elle était sa garce, ou que, si elle était sa soeur, qu'il eût été un inceste; mais Abimélech suit la plus charitable opinion qu'il pouvait prendre d'un tel fait. Il faut toujours faire de même, Philothée, jugeant en faveur du prochain, autant qu'il nous sera possible; que si une action pouvait avoir cent visages, il la faut regarder en celui qui est le plus beau. Notre Dame était grosse, saint Joseph le voyait clairement; mais parce que d'autre côté il la voyait toute sainte, toute pure, toute angélique, il ne put onques croire qu'elle eût pris sa grossesse contre son devoir, si qu'il se résolvait, en la laissant, d'en laisser le jugement à Dieu: quoique l'argument fût violent pour lui faire concevoir mauvaise opinion de cette vierge, si ne voulut-il jamais l'en juger. Mais pourquoi ? parce, dit l'Esprit de Dieu, qu'il était juste : l'homme juste, quand il ne peut plus excuser ni le fait ni l'intention de celui que d'ailleurs il connaît homme de bien, encore n'en veut-il pas juger, mais ôte cela de son esprit et en laisse le jugement à Dieu. Mais le Sauveur crucifié, ne pouvant excuser du tout le péché de ceux qui le crucifiaient, au moins en amoindrit-il la malice, alléguant leur ignorance. Quand nous ne pouvons excuser le péché, rendons-le au moins digne de compassion, l'attribuant à la cause la plus supportable qu'il puisse avoir, comme à l'ignorance ou à l'infirmité. Mais ne peut-on donc jamais juger le prochain ? Non certes, jamais; c'est Dieu, Philothée, qui juge les criminels en justice. Il est vrai qu'il se sert de la voix des magistrats, pour se rendre intelligible à nos oreilles: ils sont ses truchements et interprètes, et ne doivent rien prononcer que ce qu'ils ont appris de lui comme étant ses oracles; que s'ils font autrement, suivant leurs propres passions, alors c'est vraiment eux qui jugent et qui par conséquent seront jugés, car il est défendu aux hommes, en qualité d'hommes, de juger les autres. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Mer 20 Déc 2023, 23:09 | |
| CHAPITRE XXVIII DES JUGEMENTS TÉMÉRAIRESDe voir ou connaître une chose, ce n'est pas en juger; car le jugement, au moins selon la phrase de l'Ecriture, présuppose quelque petite ou grande, vraie ou apparente difficulté quil faille vider; c'est pourquoi elle dit que « ceux qui ne croient point sont déjà jugés », parce qu'il n'y a point de doute en leur damnation. Ce n'est donc pas mal fait de douter du prochain, non, car il nest pas défendu de douter, ains de juger; mais il n'est pourtant pas permis ni de douter, ni de soupçonner sinon ric-à-ric tout autant que les raisons ou arguments nous contraignent de douter; autrement les doutes et soupçons sont téméraires. Si quelque oeil malin eût vu Jacob quand il baisa Rachel auprès du puits, où qu'il eût vu Rébecca accepter des bracelets et pendants d'oreille d'Eliézer, homme inconnu en ce pays-là, il eût sans doute mal pensé de ces deux exemplaires de chasteté, mais sans raison et fondement; car quand une action est de soi-même indifférente, c'est un soupçon téméraire d'en tirer une mauvaise conséquence, sinon que plusieurs circonstances donnent force à largument. C'est aussi un jugement téméraire de tirer conséquence d'un acte pour blâmer la personne ; mais ceci, je le dirai tantôt plus clairement. Enfin, ceux qui ont bien soin de leur conscience, ne sont guère sujets au jugement téméraire; car comme les abeilles, voyant le brouillard ou temps nubileux, se retirent en leurs ruches à ménager le miel, aussi les cogitations des bonnes âmes ne sortent pas sur des objets embrouillés ni parmi les actions nubileuses des prochains : ains, pour en éviter la rencontre, se ramassent dedans le coeur pour y ménager les bonnes résolutions de leur amendement propre. Cest le fait d'une âme inutile, de s'amuser à l'examen de la vie dautrui. J'excepte ceux qui ont charge des autres, tant en la famille qu'en la république; car une bonne partie de leur conscience consiste à regarder et veiller sur celle des autres. Qu'ils fassent donc leur devoir avec amour; passé cela, qu'ils se tiennent en eux-mêmes pour ce regard. CHAPITRE XXIX DE LA MEDISANCELe jugement téméraire produit linquiétude, le mépris du prochain, l'orgueil et complaisance de soi-même et cent autres effets très pernicieux, entre lesquels la médisance tient des premiers rangs, comme la vraie peste des conversations. O que n'ai je un des charbons du saint autel pour toucher les lèvres des hommes, afin que leur iniquité fût ôtée et leur péché nettoyé, à limitation du séraphin qui purifia la bouche dIsaïe! Qui ôterait la médisance du monde, en ôterait une grande partie des péchés et de l'iniquité. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Jeu 21 Déc 2023, 23:12 | |
| CHAPITRE XXIX
DE LA MEDISANCEQuiconque ôte injustement la bonne renommée à son prochain, outre le péché qu'il commet, il est obligé à faire la réparation, quoique diversement selon la diversité des médisances; car nul ne peut entrer au ciel avec le bien d'autrui, et entre tous les biens extérieurs la renommée est le meilleur. La médisance est une espèce de meurtre, car nous avons trois vies: la spirituelle qui gît en la grâce de Dieu, la corporelle qui gît en l'âme, et la civile qui consiste en la renommée; le péché nous ôte la première, la mort nous ôte la seconde, et la médisance nous ôte la troisième. Mais le médisant par un seul coup de sa langue, fait ordinairement trois meurtres: il tue son âme et celle de celui qui l'écoute, d'un homicide spirituel, et ôte la vie civile à celui duquel il médit; car, comme disait saint Bernard, et celui qui médit et celui qui écoute le médisant, tous deux ont le diable sur eux, mais l'un la en la langue et l'autre en l'oreille. David parlant des médisants «Ils ont affilé leurs langues, dit-il, comme un serpent. » Or le serpent a la langue fourchue et à deux pointes, comme dit Aristote; et telle est celle du médisant, qui d'un seul coup pique et empoisonne l'oreille de l'écoutant et la réputation de celui de qui elle parle. Je vous conjure donc, très chère Philothée, de ne jamais médire de personne, ni directement, ni indirectement : gardez-vous d'imposer des faux crimes et péchés au prochain, ni de découvrir ceux qui sont secrets, ni d'agrandir ceux qui sont manifestes, ni d'interpréter en mal la bonne oeuvre, ni de nier le bien que vous savez être en quelqu'un, ni le dissimuler malicieusement, ni le diminuer par paroles; car, en toutes ces façons, vous offenseriez grandement Dieu, mais surtout accusant faussement et niant la vérité au préjudice du prochain; car c'est double péché, de mentir et nuire tout ensemble au prochain. Ceux qui pour médire font des préfaces d'honneur, ou qui disent de petites gentillesses et gausseries entre d'eux, sont les plus fins et vénéneux médisants de tous. Je proteste, disent-ils, que je l'aime et que au reste, c'est un galant homme; mais cependant, il faut dire la vérité, il eut tort de faire une telle perfidie. C'est une fort vertueuse fille, mais elle fut surprise, et semblables petits agencements. Ne voyez-vous pas l'artifice ? Celui qui veut tirer à l'arc, tire tant qu'il peut la flèche à soi, mais ce n'est que pour la darder plus puissamment: il semble que ceux-ci retirent leur médisance à eux, mais ce n'est que pour la décocher plus fermement, afin quelle pénètre plus avant dedans les coeurs des écoutants. La médisance dite par forme de gausserie, est encore plus cruelle que toutes; car, comme la cigué n'est pas de soi un venin fort pressant, ains assez lent et auquel on peut aisément remédier, mais étant pris avec le vin, il est irrémédiable, ainsi la médisance qui, de soi, passerait légèrement par une oreille et sortirait par l'autre, comme l'on dit, s'arrête fermement en la cervelle des écoutants, quand elle est présentée dedans quelque mot subtil et joyeux. « Ils ont, dit David, le venin de l'aspic en leurs lèvres. » L'aspic fait sa piqûre presque imperceptible, et son venin d'abord rend une démangeaison délectable, au moyen de quoi le coeur et les entrailles se dilatent et reçoivent le poison, contre lequel par après il n'y a plus de remède. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 23 Déc 2023, 00:17 | |
| CHAPITRE XXIX
DE LA MEDISANCENe dites pas : «Un tel est un ivrogne », encore que vous l'ayez vu ivre; ni : « Il est adultère », pour l'avoir vu en ce péché; ni : « Il est inceste », pour l'avoir trouvé en ce malheur; car un seul acte ne donne pas le nom à la chose. Le soleil s'arrêta une fois en faveur de la victoire de Josué, et s'obscurcit une autre fois en faveur de celle du Sauveur; nul ne dira pourtant qu'il soit ou immobile ou obscur. Noé s'enivra une fois et Loth une autre fois, et celui-ci de plus commit un grand inceste : ils ne furent pourtant ivrognes ni l'un ni l'autre, ni le dernier ne fut pas inceste; ni saint Pierre sanguinaire pour avoir une fois répandu du sang, ni blasphémateur pour avoir une fois blasphémé. Pour prendre le nom d'un vice ou d'une vertu, il faut y avoir fait quelque progrès et habitude; c'est donc une imposture de dire qu'un homme est colère ou larron, pour l'avoir vu courroucer ou dérober une fois. Encore qu'un homme ait été vicieux longuement, on court fortune de mentir quand on le nomme vicieux. Simon le lépreux appelait Madeleine pécheresse, parce qu'elle lavait été naguère; il mentait néanmoins, car elle ne l'était plus, mais une très sainte pénitente; aussi Notre Seigneur prend en protection sa cause. Ce fol pharisien tenait le publicain pour grand pécheur, ou peut-être pour injuste, adultère, ravisseur; mais il se trompait grandement, car tout à l'heure même il était justifié. Hélas! puisque la bonté de Dieu est si grande, qu'un seul moment suffit pour impétrer et recevoir sa grâce, quelle assurance pouvons-nous avoir qu'un homme, qui était hier pécheur, le soit aujourdhui? Le jour précédent ne doit pas juger le jour présent, ni le jour présent ne doit pas juger le jour précédent: il n'y a que le dernier qui les juge tous. Nous ne pouvons donc jamais dire qu'un homme soit méchant, sans danger de mentir; ce que nous pouvons dire, en cas qu'il faille parler, c'est qu'il fit un tel acte mauvais, il a mal vécu en tel temps, il fait mal maintenant; mais on ne peut tirer nulle conséquence d'hier à ce jourd'hui, ni de ce jourd'hui au jour dhier, et moins encore au jour de demain. Encore qu'il faille être extrêmement délicat à ne point médire du prochain, si faut-il se garder d'une extrémité en laquelle quelques-uns tombent, qui, pour éviter la médisance, louent et disent bien du vice. S'il se trouve une personne vraiment médisante, ne dites pas pour l'excuser qu'elle est libre et franche. Une personne manifestement vaine, ne dites pas qu'elle est généreuse et propre; et les privautés dangereuses, ne les appelez pas simplicité ou naïvetés; ne fardez pas la désobéissance du nom de zèle, ni l'arrogance du nom de franchise, ni la lasciveté du nom d'amitié. Non, chère Philothée, il ne faut pas, pensant fuir le vice de la médisance, favoriser, flatter ou nourrir les autres, ains faut dire rondement et franchement mal du mal, et blâmer les choses blâmables: ce que faisant, nous glorifions Dieu, moyennant que ce soit avec les conditions suivantes. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Sam 23 Déc 2023, 23:42 | |
| CHAPITRE XXIX
DE LA MEDISANCEPour louablement blâmer les vices d'autrui, il faut que l'utilité ou de celui duquel on parle, ou de ceux à qui lon parle, le requière. On récite devant des filles les privautés indiscrètes de tels et de telles qui sont manifestement périlleuses; la dissolution d'un tel ou d'une telle en paroles ou en contenance, qui sont manifestement lubriques : Si je ne blâme librement ce mal et que je le veuille excuser, ces tendres âmes qui écoutent, prendront occasion de se relâcher à quelque chose pareille; leur utilité donc requiert que tout franchement je blâme ces choses-là sur le champ, sinon que je puisse réserver à faire ce bon office plus à propos, et avec moins d'intérêt de ceux de qui on parle, en une autre occasion. Outre cela, encore faut-il quil m'appartienne de parler sur ce sujet, comme quand je suis des premiers de la compagnie, et que, si je ne parle, il semblera que j'approuve le vice ; que si je suis des moindres, je ne dois pas entreprendre de faire la censure. Mais surtout, il faut que je sois exactement juste en mes paroles, pour ne dire pas un seul mot de trop : par exemple, si je blâme la privauté de ce jeune homme et de cette fille, parce quelle est trop indiscrète et périlleuse, o Dieu, Philothée, il faut que je tienne la balance bien juste, pour ne point agrandir la chose, pas même d'un seul brin. S'il ny a qu'une faible apparence, je ne dirai rien de cela; s'il ny a qu'une simple imprudence, je ne dirai rien davantage; s'il n'y a ni imprudence, ni vraie apparence du mal, ains seulement que quelque esprit malicieux en puisse tirer prétexte de médisance, ou je n'en dirai rien du tout, ou je dirai cela même. Ma langue, tandis que je parle du prochain, est en ma bouche comme un rasoir en la main du chirurgien qui veut trancher entre les nerfs et les tendons: il faut que le coup que je donnerai soit si juste, que je ne dise ni plus ni moins que ce qui en est. Et enfin, il faut surtout observer, en blâmant le vice, dépargner le plus que vous pourrez la personne en laquelle il est. Il est vrai que des pécheurs infâmes, publics et manifestes, on en peut parler librement, pourvu que ce soit avec esprit de charité et de compassion, et non point avec arrogance et présomption, ni pour se plaire au mal d'autrui; car, pour ce dernier, c'est le fait d'un coeur vil et abject. J'excepte entre tous, les ennemis déclarés de Dieu et de son Eglise; car ceux-là, il les faut décrier tant qu'on peut, comme sont les sectes des hérétiques et schismatiques, et les chefs d'icelles : c'est charité de crier au loup, quand il est entre les brebis, voire où qu'il soit. Chacun se donne liberté de juger et censurer les princes, et de médire des nations tout entières, selon la diversité des affections que l'on a en leur endroit : Philothée, ne faites pas cette faute; car outre l'offense de Dieu, elle vous pourrait susciter mille sortes de querelles. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Dim 24 Déc 2023, 23:12 | |
| CHAPITRE XXIX DE LA MEDISANCE Quand vous oyez mal dire, rendez douteuse l'accusation, si vous le pouvez faire justement ; si vous ne pouvez pas, excusez l'intention de l'accusé; que si cela ne se peut, témoignez de la compassion sur lui, écartez ce propos-là, vous ressouvenant et faisant ressouvenir la compagnie, que ceux qui ne tombent pas en faute en doivent toute la grâce à Dieu. Rappelez à soi le médisant par quelque douce manière; dites quelque autre bien de la personne offensée, si vous le savez. CHAPITRE XXX QUELQUES AUTRES AVIS TOUCHANT LE PARLER Que votre langage soit doux, franc, sincère, rond, naïf et fidèle. Gardez-vous des duplicités, artifices et feintises; bien qu'il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de vérités, si n'est-il jamais permis de contrevenir à la vérité. Accoutumez-vous à ne jamais mentir à votre escient, ni par excuse ni autrement, vous ressouvenant que Dieu est le Dieu de vérité. Si vous en dites par mégarde et vous pouvez les corriger sur le champ par quelque explication ou réparation, corrigez-les: une excuse véritable a bien plus de grâce et de force pour excuser, que le mensonge. Bien que quelquefois on puisse discrètement et prudemment déguiser et couvrir la vérité par quelque artifice de parole, si ne faut-il pas pratiquer cela sinon en chose d'importance, quand la gloire et service de Dieu requièrent manifestement: hors de là, les artifices sont dangereux, car, comme dit la sacrée Parole, le Saint Esprit n'habite point en un esprit feint et double. II n'y a nulle si bonne et désirable finesse, que la simplicité. Les prudences mondaines et artifices charnels appartiennent aux enfants de ce siècle; mais les enfants de Dieu cheminent sans détour, et ont le coeur sans replis. «Qui chemine simplement, dit le Sage, il chemine confidemment. » Le mensonge, la duplicité, la simulation témoignent toujours un esprit faible et vil. Saint Augustin avait dit au quatrième livre de ses Confessions, que son âme et celle de son ami n'étaient qu'une seule âme, et que cette vie lui était en horreur après le trépas de son ami, parce qu'il ne voulait pas vivre à moitié, et que aussi pour cela même il craignait à l'aventure de mourir, afin que son ami ne mourût du tout. Ces paroles lui semblèrent par après trop artificieuses et affectées, si qu'il les révoque au livre de ses Rétractations, et les appelle une ineptie. Voyez-vous, chère Philothée, combien cette sainte belle âme est douillette au sentiment de l'afféterie des paroles ? Certes, c'est un grand ornement de la vie chrétienne que la fidélité, rondeur et sincérité du langage. « Jai dit, je prendrai garde à mes voies, pour ne point pécher en ma langue. Eh! Seigneur, mettez des gardes à ma bouche et une porte qui ferme mes lèvres », disait David. Source : Livres-mystiques.com | |
| | | ami de la Miséricorde Assidu
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| Sujet: Re: Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales Lun 25 Déc 2023, 21:59 | |
| CHAPITRE XXX
QUELQUES AUTRES AVIS TOUCHANT LE PARLERC'est un avis du roi saint Louis, de ne point dédire personne, sinon qu'il y eût péché ou grand dommage à consentir : c'est afin déviter toutes contestes et disputes. Or, quand il importe de contredire à quelquun, et d'opposer son opinion à celle d'un autre, il faut user de grande douceur et dextérité, sans vouloir violenter l'esprit d'autrui; car aussi bien ne gagne-t-on rien, prenant les choses âprement. Le parler peu, tant recommandé par les anciens sages, ne s'entend pas qu'il faille dire peu de paroles, mais de n'en dire pas beaucoup dinutiles; car en matière de parler, on ne regarde pas à la quantité, mais à la qualité. Et me semble qu'il faut fuir les deux extrémités : car de faire trop lentendu et le sévère, refusant de contribuer aux devis familiers qui se font ès conversations, il semble qu'il y ait ou manquement de confiance, ou quelque sorte de dédain; de babiller aussi et cajoler toujours, sans donner ni loisir ni commodité aux autres de parler à souhait, cela tient de l'éventé et du léger. Saint Louis ne trouvait pas bon qu'étant en compagnie l'on parlât en secret et en conseil, et particulièrement à table, afin que l'on ne donnât soupçon, que l'on parlât des autres en mal : « Celui, disait-il, qui est à table en bonne compagnie, qui a à dire quelque chose joyeuse et plaisante, la doit dire que tout le monde l'entende; si c'est chose d'importance, on la doit taire sans en parler. » CHAPITRE XXXI
DES PASSETEMPS ET RÉCRÉATIONS, ET PREMIÈREMENT DES LOISIBLES ET LOUABLESIl est force de relâcher quelquefois notre esprit et notre corps encore, à quelque sorte de récréation. Saint Jean l'Evangéliste, comme dit Cassian, fut un jour trouvé par un chasseur tenant une perdrix sur son poing, laquelle il caressait par récréation; le chasseur lui demanda pourquoi, étant homme de telle qualité, il passait le temps en chose si basse et vile; et saint jean lui dit: « Pourquoi ne portes-tu ton arc toujours tendu ? » « De peur, répondit le chasseur, que demeurant toujours courbé, il ne perde la force de s'étendre quand il en sera métier. » « Ne t'étonne pas donc, répliqua lapôtre, si je me démets quelque peu de la rigueur et attention de mon esprit pour prendre un peu de récréation, afin de m'employer par après plus vivement à la contemplation. » C'est un vice, sans doute, que d'être si rigoureux, agreste et sauvage, qu'on ne veuille prendre pour soi ni permettre aux autres aucune sorte de récréation. Prendre l'air, se promener, s'entretenir de devis joyeux et amiables, sonner du luth ou autre instrument, chanter en musique, aller à la chasse, ce sont récréations si honnêtes que pour en bien user il n'est besoin que de la commune prudence, qui donne à toutes choses le rang, le temps, le lieu et la mesure. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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