VALENCE (Espagne) (AFP) - Le pape Benoît XVI a entamé samedi, dans la ville espagnole de Valence (est), sa première visite dans un pays aux profondes racines catholiques mais dont les récentes lois socialistes sur le mariage homosexuel ou le divorce ont irrité le Vatican.
L'avion du souverain pontife, qui est accompagné par le secrétaire d'Etat du Vatican, Angelo Sodano, s'est posé vers 11H25 (09H25 GMT) à l'aéroport de Manises de Valence, où le roi Juan Carlos et la reine Sofia, ainsi que le chef du gouvernement José Luis Zapatero, lui ont souhaité la bienvenue.
Tout au long de son trajet en "papamobile" d'une dizaine de kilomètres entre l'aéroport et la cathédrale, les organisateurs ont invité les milliers de pèlerins vêtus de jaune et blanc, couleurs du Vatican, à faire une immense "ola".
Venu conclure la "5e Rencontre mondiale des familles" catholiques, Joseph Ratzinger, 79 ans, premier pape allemand de l'histoire moderne, devait adresser à 13H00 (11H00 GMT) un message très attendu aux évêques espagnols.
Le pape vient défendre "le mariage comme patrimoine de l'humanité", selon l'épiscopat espagnol, la famille et le "caractère sacré" de la vie humaine.
L'Eglise espagnole espère 1,5 million de participants.
Benoît XVI devait s'entretenir dans l'après-midi avec le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero au palais de l'archevêché, après une "visite de courtoisie" au roi Juan Carlos et à la reine Sofia.
En revanche, M. Zapatero a fait savoir qu'il ne participerait pas, dimanche, à la messe de clôture en plein air.
Cinq jours après le tragique accident du métro de Valence, qui a fait 42 morts, Benoît XVI a choisi de débuter sa visite par une prière, "seul et en silence", à l'entrée de la bouche de métro de la station "Jesus".
Equatorien résidant aux Etats-Unis, Antonio Plaza, 57 ans, est "venu de très loin pour recueillir la parole du pape, en faveur de l'union de la famille et non de sa désintégration, en faveur de la paix et non des turbulences."
"Pour nous, Benoît XVI est réellement un saint, un disciple de Dieu envoyé pour répandre sa parole", ajoute ce pèlerin, fier d'avoir été choisi avec son épouse, pour monter sur scène, durant la messe de dimanche, comme "exemple de mariage, après 30 ans de vie conjugale".
La montée en puissance dans toute l'Europe de la revendication du mariage homosexuel, le feu vert de nombreux pays de l'Union européenne à la recherche sur les cellules embryonnaires, confèrent à ce voyage du pape une dimension polémique et politique.
Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2004, le gouvernement espagnol a facilité le divorce, légalisé le mariage homosexuel et rendu facultatif l'enseignement de la religion catholique à l'école.
"Le monde changeant d'aujourd'hui accepte toutes sortes de familles", protestait vendredi l'un des pèlerins, le médecin valencien José Corteller Bataller, 52 ans. "Pour moi, c'est une dégradation de la famille, qui doit reposer sur l'union d'un homme et d'une femme -comme Adam et Eve au moment de la création-, d'où naissent des enfants".
"Homme et femme, source de vie, avec à son côté, l'Eglise pour l'accompagner", clame aussi la chanson officielle du rassemblement.
Quelque 10.000 personnes -police, garde civile, pompiers et personnels de santé- sont mobilisées pour ce rassemblement.