Homélie de Saint Jean Chrysostome 1. Tomber dans l'abîme des péchés, c'est, mes très-chers frères, c'est sûrement un terrible malheur (1). Il est bien difficile alors que le coeur change et se convertisse. Voilà pourquoi il faut, dès le commencement, faire tous ses efforts pour ne pas se laisser tomber dans les pièges du péché (2). Il est plus aisé de n'y pas tomber que d'en sortir , lorsqu'une fois on est tombé. Voyez Judas : une fois qu'il fut jeté, tous les secours que lui a offerts son Maître sont devenus inutiles et il ne s'est point relevé. Jésus a dit devant lui : « Un de vous autres est un démon » (Jean, VI, 71) ; il a dit : « Je ne dis pas ceci de vous tous » (Id . XIII,18) ; il a dit : « Je connais ceux que «j'ai choisis ». (Ibid.) Et Judas n'y a point fait attention.
Après donc qu'il leur eût lavé les pieds, il reprit ses vêtements, et s'étant remis à table, il leur dit : « Savez-vous ce que je viens de faire?» Le Sauveur ne parle plus à Pierre seul, mais à tous. « Vous m'appelez votre Maître et votre Seigneur, et vous avez raison, car je le suis (13). Vous m'appelez ». Jésus-Christ approuve le sentiment qu'ils ont de lui. Ensuite, de peur qu'ils ne croient que c'est par complaisance pour eux qu'il l'approuve, il ajoute : « Car je le suis ». En citant ainsi leurs paroles, il ôte à l'affirmation ce qu'elle pouvait avoir de choquant, car leur emprunter leurs expressions et se borner à les confirmer, cette conduite n'était pas propre à inspirer de mauvaises pensées; « car je le suis », dit-il. Ne voyez-vous pas, mes frères, que Jésus-Christ parle plus ouvertement de soi, lorsqu'il s'entretient seul avec ses disciples? Comme donc il dit : « N'appelez personne sur la terre votre maître, parce que [454] vous n'avez qu'un seul Maître » (Matth. XXII,
; il dit de même: « N'appelez aussi personne sur la terre votre père ». Au reste, cette parole : un seul maître et un seul père, n'est pas seulement dite du Père, mais encore du Fils; si Jésus-Christ ne parlait pas de soi, comment aurait-il dit : « Afin que vous soyez enfants de la lumière ? » (Jean, XII, 36.) Et encore, s'il appelait Maître le Père seul, comment parlerait-il en ces termes : « Car je le suis? » Comment dirait-il : « Le Christ (1) est votre seul docteur, votre seul Maître? »
« Si donc, » dit-il, « je vous ai lavé les pieds, moi qui suis votre Seigneur et votre Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné l'exemple, afin que, pensant à ce que je vous ai fait, vous fassiez aussi de même (14) ». Mais ce n'est point là une même chose, il est le Maître et le Seigneur, et vous, vous êtes tous des serviteurs les uns des autres. Que veut donc dire ce mot : « De même? » Avec le même soin et la même affection. Voilà pourquoi le Sauveur nous donne de grands exemples, afin que nous fassions du moins les petites choses. Les exemples que donnent les maîtres aux enfants qu'ils instruisent sont de même écrits dans les plus beaux caractères, afin qu'ils tâchent de les imiter, quoi qu'imparfaitement.
Où sont-ils maintenant ceux qui ne font aucun cas de leurs frères en servitude? Où sont-ils ceux qui veulent être honorés? Jésus-Christ a lavé les pieds d'un traître, d'un sacrilège et d'un larron, lors même qu'il allait le trahir; il le fait asseoir et manger à sa table, lorsqu'il n'y avait nulle espérance d'amendement et de repentir, et vous, vous avez de hauts sentiments de vous-mêmes et vous vous enflez d'orgueil? Lavons-nous les pieds les uns aux autres,dit le Sauveur, lavons même ceux de nos serviteurs. Et qu'y a-t-il de si grand à laver même les pieds de nos serviteurs? Parmi nous toute la différence entre le libre et l'esclave n'est que de nom, mais à l'égard de Jésus-Christ, elle est réelle et véritable. Il est le Seigneur par nature, et nous, par nature, nous sommes des serviteurs et des esclaves, et cependant celui qui est le vrai Seigneur n'a pas dédaigné de faire une action si basse et si humiliante. Mais aujourd'hui il faut se tenir pour content si nous traitons des hommes libres comme des serviteurs et des esclaves achetés au marché.
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Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde