BÉNÉDICTION D'UNE NOUVELLE CROIX
DESTINÉE À LA VÉNÉRATION PUBLIQUE
PRÉLIMINAIRES
Parmi les images Saintes, « la représentation de la Croix précieuse et vivifiante »(1) à la première place, puisqu'elle est le symbole du mystère pascal tout entier. Aucune figure n'est plus chère au peuple Chrétien, aucune n'est plus ancienne. La Sainte Croix représente la passion du Christ et sa victoire sur la mort, mais, selon l'enseignement des Pères, elle annonce en même temps son dernier avènement dans la gloire.
(1) Conc. de Nicée II, Act. VII (D.S. 601)
L'Eglise propose aux fidèles la vénération de la Croix le Vendredi Saint, et elle la célèbre à la fête de son Exaltation, le 14 septembre, comme le trophée du Christ et l'arbre de vie. Mais la Croix est aussi bien en vue dans l'Eglise, face au peuple, quand il se rassemble pour les célébrations liturgiques ; elle est à la place d'honneur dans les maisons des baptisés. Selon les circonstances de temps et de lieux, les fidèles dressent aussi la Croix dans des endroits publics, en témoignage de leur Foi et en signe de l'amour dont Dieu aime tous les hommes.
Il convient que l'image de Jésus crucifié soit fixée au bois de la Croix, surtout s'il s'agit d'une Croix placée dans un endroit remarquable de l'Eglise.
Le rite qui suit peut être accompli par un Prêtre : en conservant sa structure et ses éléments principaux, il l'adaptera en tenant compte des lieux et des personnes. Si c'est l'Evêque qui préside, on fera toutes les adaptations opportunes.
La bénédiction d'une nouvelle Croix peut se faire n'importe quel jour à n'importe quelle heure, sauf le Mercredi des Cendres, le Triduum pascal et le 2 novembre ; on choisira cependant de préférence un jour où les fidèles peuvent se rassembler facilement. Les fidèles seront préparés comme il faut à une participation active.
Le rite qui suit ne concerne que :
a) la bénédiction d'une Croix érigée dans un endroit public séparé de l'Eglise ;
b) la bénédiction de la Croix principale qui domine l'espace intérieur de l'Eglise.
LA CÉLÉBRATION
OUVERTURE
Lorsque le peuple est rassemblé, le célébrant le salue, en disant par exemple :
La Grâce de Jésus, notre Seigneur, qui pour nous a été cloué à la croix, soit toujours avec vous.
Et avec votre Esprit.
Puis il s'adresse brièvement aux fidèles pour les préparer à la célébration et en éclairer le sens. Il peut dire, par exemple :
Au moment de Bénir cette nouvelle croix, nous devons raviver notre Foi dans la puissance de la Croix du Christ. Selon le dessein éternel de Dieu, elle est dressée désormais comme le signe du salut pour tous les peuples. En regardant la croix, souvenons-nous de quel amour le Christ a aimé l'Eglise, puisqu'il s'est livré pour elle jusqu'à la mort.
En saluant la croix, souvenons-nous que le Christ a détruit par son sang tout ce qui divisait les hommes et qu'il a fait de toutes les nations le peuple de Dieu.
En vénérant la croix, souvenons-nous que nous sommes les disciples d'un maître crucifié et que nous devons le suivre en portant chaque jour notre croix.
On peut alors chanter des invocations au Christ, par exemple :
0 Christ, par tes souffrances et par ta croix,
Délivre-nous, Seigneur.
Par ta Sainte résurrection,
Par ta venue dans la gloire,
Délivre-nous, Seigneur.
Puis le célébrant invite l'assemblée à prier.
Tous prient quelques instants en silence. Puis le célébrant poursuit :
Seigneur Dieu, au moment de quitter ce monde pour retourner vers toi, ton Fils, suspendu au bois de la croix, a réconcilié avec toi toute l'humanité.
Regarde maintenant tes serviteurs qui ont dressé ce signe du salut. Accorde-leur d'y trouver la force de porter leur croix chaque jour et de marcher sur les chemins de l'Evangile de façon à parvenir au Royaume des cieux.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Amen.
S'il y a lieu, le diacre donne le signal de la procession :
Avançons maintenant dans la Paix.
La procession s'ordonne vers le lieu où la croix a été érigée. Pendant la procession, on chante le Ps 97 avec l'antienne :
Victoire, tu régneras !
0 croix, tu nous sauveras !
ou l'hymne Vexilla Regis, ou un autre chant approprié. Voir en annexe, p. 307.
S'il n'y a pas de procession, on célèbre la liturgie de la Parole aussitôt après l'oraison (n. 969).
LITURGIE DE LA PAROLE
Ensuite, un lecteur, une des personnes présentes (ou le célébrant lui-même) lit un ou plusieurs textes de la Bible, choisis avant tout parmi ceux qui suivent, ou ceux que le lectionnaire propose pour le mystère de la Sainte Croix, en intercalant entre les lectures un psaume responsorial ou un temps de silence. La lecture de l'Evangile doit toujours être la principale. On peut prendre aussi les lectures de la Passion du Seigneur, telles que le lectionnaire les propose. Ph 2, 5-11 : « Il s'est abaissé jusqu'à la mort, et la mort de la croix »
De la lettre de Saint Paul Apôtre aux Philippiens :
Frères,
ayez entre vous les dispositions
que l'on doit avoir dans le Christ Jésus :
lui qui était dans la condition de Dieu,
il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit
d'être traité à l'égal de Dieu ;
mais au contraire, il se dépouilla lui-même
en prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes
et reconnu comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même
en devenant obéissant jusqu'à mourir,
et à mourir sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ;
il lui a conféré le Nom
qui surpasse tous les noms,
afin qu'au Nom de Jésus,
aux cieux, sur terre et dans l'abîme,
tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est le Seigneur »
pour la gloire de Dieu le Père.
Autres textes :
Nb 2 1, 4-9 : « Le serpent de bronze, symbole du salut par la croix »
1 Co 2, 1-5 : « Le mystère de Dieu, c'est Jésus Christ crucifié »
He 4, 14-16 « Jésus, notre grand-prêtre, a connu l'épreuve »
Jn 3, 13-17 « Il faut que le Fils de l'homme soit élevé »
Jn 19, 25-27 « près de la croix de Jésus »
On peut, suivant le cas, dire ou chanter un psaume responsorial ou un autre chant adapté.
Ps2l, 8-9. 17-18a. 23-24ab
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? (v. 2a)
Ps 30, 2-6. 12-13. 15-16
0 Père, dans tes mains je remets mon Esprit. (Le 23,46)
Ps 54, 4-6. 13. 14-15. 17-18. 23
Décharge ton fardeau sur le Seigneur : il prendra soin de toi.
(v. 23 ab)
S'il le juge bon, le célébrant s'adresse brièvement aux fidèles à partir de la lecture biblique, pour leur faire saisir par la Foi le sens de la célébration et la puissance de la croix du Christ.
PRIÈRE DE BÉNÉDICTION
Le célébrant, debout devant la Croix et les mains étendues, dit la prière suivante :
Nous te Bénissons, Seigneur, Père Très Saint :
dans l'abondance de ton amour,
tu as donné à l'homme
dans le bois où il avait trouvé sa perte
le remède de vie et de salut.
Car le Seigneur Jésus,
quand l'heure de sa Pâque fut arrivée,
monta librement sur l'arbre de la croix,
Lui, notre roi, notre Prêtre, notre maître,
il en fit le trône de sa gloire,
l'autel de son sacrifice,
la chaire de sa vérité.
C’est là qu'élevé de terre,
il a triomphé de l'antique ennemi,
et que, couvert de son propre sang,
il a tout attiré à lui dans sa miséricorde.
C'est là qu'il étendit les mains
pour t'offrir, Père, le sacrifice de sa vie
et donner aux Sacrements de la nouvelle alliance
la puissance de sauver.
C'est là qu'il a enseigné par sa mort
ce qu'il avait annoncé :
que le grain de blé, une Fois mort,
produit une abondante moisson.
Et maintenant, Seigneur, nous te prions :
que tes fils, en vénérant ce signe du salut,
recueillent les fruits de la Rédemption,
que le Christ Jésus a mérités par sa passion ;
que leurs péchés soient cloués sur sa Croix,
leurs forces vives libérées,
leur orgueil terrassé,
leur faiblesse fortifiée.
Que la croix soit pour eux
le réconfort assuré dans les dangers,
une force et un appui pour marcher sans tomber
sur les chemins du monde,
jusqu'au jour où tu les accueilleras, Dieu notre Père,
dans la demeure du Ciel.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Amen.
ou bien :
Seigneur, Père Très Saint,
tu as voulu que la croix de ton Fils
soit la source de toute bénédiction
et la cause de toute Grâce.
Sois-nous favorable,
nous qui avons érigé cette croix comme le signe de notre Foi,
et accorde-nous de rester unis ici-bas
au mystère de la passion du Christ
et d'avoir ainsi la joie
de participer pour toujours à sa résurrection.
Lui qui Règne pour les siècles des siècles.
Amen.
Le célébrant encense la Croix, pendant que l'on chante :
Ta croix, Seigneur, nous l'adorons,
et ta Sainte résurrection, nous la chantons :
c'est par le bois de la Croix
que la joie est venue sur le monde.
ou bien :
Par le signe de la Croix, Seigneur,
sauve-nous de l'ennemi, alléluia.
Ou un autre chant en l'honneur de la Croix.
VENERATION DE LA CROIX
Ensuite, si cela peut se faire sans difficulté, le célébrant, les ministres et les fidèles vénèrent la nouvelle croix : ils s'approchent d'elle, un à un, en procession, s'inclinent devant elle, font la génuflexion, l'embrassent ou font un geste de vénération, selon la coutume de l'endroit. Pendant cette vénération, on peut chanter un chant en l'honneur de la Croix. (voir en annexe, p. 307)
Si la procession ne peut se faire, le célébrant invite en quelques mots le peuple à vénérer la croix, soit en silence, soit par une acclamation.
PRIÈRE COMMUNE
Après la vénération de la Croix, on dit la prière commune, par exemple de la manière suivante :
Le Christ, notre Rédempteur, nous a rachetés par sa croix. Supplions-le avec confiance.
Par ta croix, Seigneur, sauve-nous.
Toi qui t'es anéanti
en prenant la condition de serviteur
pour devenir semblable aux hommes,
apprends à ton Eglise à imiter ton abaissement.
Toi qui t'es abaissé
en obéissant jusqu'à la mort,
et la mort sur une croix,
donne à tes disciples la force d'obéir et de souffrir.
Toi que Dieu a élevé
en te donnant le Nom
qui est au-dessus de tout nom,
accorde aux croyants d'être fidèles jusqu'à la fin.
Toi devant qui tout être vivant tombe à genoux
au Ciel, sur terre et dans l'abîme,
donne-nous de proclamer ta croix victorieuse.
Toi que toute langue proclame Seigneur
pour la gloire de Dieu le Père,
souviens-toi de nos frères défunts,
souviens-toi de nous
quand tu viendras dans ton Royaume.
Puis le célébrant introduit la prière du Seigneur, en disant par exemple :
Suivant les paroles et l'exemple du Christ en croix, élevons les mains et disons la prière qu'il nous a laissée pour que soit faite en nous la volonté du Père :
Tous : Notre Père... Car c'est à toi...
Le célébrant poursuit :
Dieu notre Père, tu n'as pas voulu d'autre sacrifice que celui de Jésus, ton Fils, sur la croix, pour le salut du genre humain. Permets qu'ayant connu dès ici-bas ce mystère, nous goûtions au Ciel les bienfaits de la Rédemption.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Amen.
BÉNÉDICTION FINALE
Le célébrant Bénit le peuple de la manière habituelle, ou bien ainsi.
Que le Seigneur, qui nous a sauvés par sa croix,
soit pour nous la résurrection et la vie.
Amen.
Et que Dieu tout-puissant vous Bénisse,
le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.
Amen.
Le diacre renvoie ensuite l'assemblée :
Allez, dans la Paix du Christ.
Nous rendons Grâce à Dieu.
ANNEXE
Antiennes :
Notre fierté, c'est la croix de Jésus Christ ; sauvés par lui, nous vivons ressuscités. (Ref, psalm. 66,5)
Proclamez-le chez les païens : le Seigneur a régné par le bois ; que les arbres des forêts crient de joie ! (id. 95,4)
Par le signe de la croix, Seigneur Dieu, sauve-nous de l'ennemi, alléluia ! (id. 95,
Autres chants en l'honneur de la croix :
0 croix dressée sur le monde
Victoire, tu régneras
Mystère du calvaire
Bois tout en feu
Par la croix qui fit mourir le Fils du Père
Par la croix du Fils de Dieu
0 croix plus noble que les cèdres