16. — SERMON DE SAINT VINCENT DE PAUL SUR LA COMMUNION
Qu’il ne faut recevoir le corps de Notre-Seigneur indignement.
Dieu, créateur et souverain architecte de toutes choses, ayant créé l’homme à son image et semblance, composé de corps et d’âme, a, par même moyen, créé un aliment pour l’entretien du corps et en a institué un autre pour le nourrissement de l’âme. L’aliment du corps est le pain et le vin, celui de l’âme le corps de Notre-Seigneur, parce que, tout ainsi que le corps ne pourrait subsister sans nourriture matérielle, ainsi l’âme ne pourrait être en état de grâce sans la nourriture. Cet aliment a été institué de Notre-Seigneur, lequel, voyant qu’il lui fallait subir le supplice de la croix, prit du pain, après avoir soupé, le soir avant sa passion, en la présence des apôtres, le bénit et rompit et en donna à ses apôtres, leur disant : "Tenez, ceci est mon corps ; faites ceci en mémoire de moi." Il accomplit, ce soir, ce qu’il avait prédit longtemps auparavant en saint Jean, c. 6, où il déclara en vérité que, s’ils ne mangeaient la chair du Fils de l’homme et ne buvaient son sang, qu’ils n’auraient point vie en eux, que qui mangera sa chair et boira son sang, il aura la vie éternelle et le ressuscitera au dernier jour, que le pain qu’il devait donner serait la chair qu’il donnerait pour la vie du monde ; par où nous concluons que nous ressusciterons et aurons la vie éternelle par le mérite de sa chair, et que partant nul ne peut ni avoir la grâce, ni la vie éternelle, s’il ne nourrit son âme de cette céleste pâture.
Mais, parce que ce n’est pas tout de la recevoir, mais qu’il faut la bien recevoir, et que ceux qui la reçoivent indignement sont coupables de sa mort, ainsi que dit saint Paul, c’est ainsi qu’il faut que tous chrétiens sachent et soient avertis de quelle importance il est de le recevoir dignement ; ce qui se verra clairement par ce qui s’ensuit.
Le Père éternel, ayant prévu de toute éternité la chute de l’homme, au moyen de laquelle il se rendrait indigne du paradis, tout bon et miséricordieux comme il est, se proposa d’envoyer son propre Fils en ce monde pour se charger de la nature humaine et se rendre caution et responsable de ses péchés, tant afin d’apaiser la justice divine, que pour montrer aux hommes quelle manière d’être lui serait la plus agréable. Mais, comme ainsi soit que Dieu soit le père de la providence et que l’office de la providence ne soit pas seulement de penser à la fin, mais de désigner les moyens pour y parvenir, c’est ainsi qu’en prévoyant et décrétant qu’il enverrait son Fils ici-bas, il détermina aussi les moyens pour y parvenir. […]
Source : jesusmarie.free.fr
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde