Extrait du SERMON XXII SUR LE JUGEMENT DE DIEU de SAINT AUGUSTIN
5. Maintenant surtout, mes frères, écoutez-moi. Je ne veux plus revenir avec toi sur le passé: à dater de ce jour change, et que demain te trouve tout autre.
Nous voulons, dans notre perversité, que Dieu soit miséricordieux sans être juste. D'autres encore, comme s'ils étaient pleins de confiance en leur justice, veulent que Dieu soit juste et non miséricordieux. Dieu est l'un et l'autre, il se montre l'un et l'autre. Sa miséricorde n'empiète pas sur sa justice et sa justice ne détruit point sa miséricorde. Il est à la fois miséricordieux et juste. Comment prouver qu'il est miséricordieux? C'est que présentement il épargne les pécheurs et pardonne à qui se confesse. Comment prouver qu'il est juste ? Parce que viendra le jour du jugement: s'il est différé, il n'en viendra pas moins, et chacun alors recevra selon ses œuvres. Voudriez-vous qu'on accordât aux opiniâtres ce qui sera accordé aux convertis? Vous paraît-il juste, mes frères, que Judas occupe la même place que Pierre ? Il l'occuperait s'il s'était corrigé; mais il a désespéré du pardon et il a préféré s'étrangler plutôt que d'implorer la clémence du Roi.
9. La miséricorde de Dieu est inépuisable; immense est sa bonté, car il nous a rachetés par le sang de son Fils alors que pour nos péchés nous méritions d'être anéantis. En créant l'homme à son image et à sa ressemblance, il a fait quelque chose de grand. Mais en péchant nous avons voulu n'être rien, nous avons emprunté à nos parents le germe de la mortalité, nous sommes devenus une masse de péchés, une masse de colère. Il lui a plu néanmoins de nous racheter, par miséricorde, au plus haut prix: il a donné pour nous le sang de son Fils unique, qui est né dans l'innocence, qui a vécu dans l'innocence, qui est mort dans l'innocence. Après nous avoir achetés si cher, voudrait-il nous laisser périr ? Il ne nous a point rachetés pour nous perdre, mais pour nous faire vivre. Si le péché triomphe de nous, Dieu pour cela ne dédaigne point la rançon qu'il a donnée pour nous; elle est trop précieuse.
Gardons-nous toutefois de compter trop sur sa clémence si nous ne luttons contre nos péchés : si surtout nous avons commis certains crimes énormes, n'espérons point qu'il nous fera miséricorde en s'associant à notre iniquité. En vérité, est-ce que les impies qui n'ont rien fait pour se corriger pendant leur vie, qui ont persévéré dans l'opiniâtreté et la dureté de cœur, qui ont même accusé Dieu en excusant leurs péchés, peuvent être placés par lui avec les saints Martyrs, avec les saints Apôtres, avec les Prophètes et les Patriarches, avec les fidèles qui l'ont bien servi et bien mérité de lui, qui ont vécu dans la chasteté, la modestie, l'humilité, qui ont fait l'aumône et pardonné à quiconque les faisait souffrir ?
Telle est effectivement la voie des justes; telle est la voie des Saints qui ont Dieu pour père et l'Église pour mère, qui n'offensent ni l'un ni l'autre, qui vivent dans l'amour de tous deux, et qui sans blesser leur père, sans blesser leur mère, hâtent le pas vers l'éternel héritage: à chacun d'eux cet héritage est donné.
Source : clerus.org
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde