CONSEILS POUR LA PRIEREComment invoquer le Saint-Esprit:L'Esprit Saint est d'une simplicité extrême. Il répond tout de suite à l'appel de l'homme pour peu qu'on l'invoque d'un coeur sincère, plein de foi et de simplicité. Il suffit qu'on l'invite à venir simplement - comme on le ferait avec un enfant simple et innocent - pour qu'il écoute et réponde. Dans la Prière de Tierce, l'Eglise nous apprend à l'invoquer en ces termes : " Viens et daigne demeurer en nous " (Tropaire de Tierce, dont voici le texte entier : " Roi céleste et Consolateur, Esprit de Vérité, présent en tout lieu et remplissant tout, Trésor des dons excellents et Donateur de la Vie, Viens et daigne demeurer en nous, purifie-nous de toute souillure, ô Très Bon, et sauve nos âmes. " ) Il est également nécessaire à celui qui désire prier en la présence de Dieu d'avoir la pleine assurance d'être soutenu par l'Esprit Saint: n'est-ce pas lui qui nous a enfantés dans les fonts baptismaux ? Nous devons donc l'invoquer du fond du coeur, à de multiples reprises, et lui demander de nous disposer à la prière et de nous accorder la puissance de l'accomplir conformément au désir du Père et du Seigneur Jésus. Notre prière concerne donc l'Esprit Saint autant et même plus qu'elle ne nous concerne nous-mêmes; car c'est par la prière que se développe l'homme Nouveau engendré en nous par l'Esprit Saint; c'est par la prière qu'il reçoit la lumière divine, qu'il reconnaît la volonté de Dieu et qu'il apprend à la mettre en pratique avec l'aide de la grâce.
La prière, invitation divine au retour de la créature exilée.
La prière véritable, dans laquelle nous avons accès auprès de Dieu et nous parlons en sa présence, n'est pas un simple acte humain. Elle est essentiellement une invitation divine à laquelle nous ne faisons que répondre. Dieu est toujours et en tout temps disposé à nous recevoir et il ne cesse de nous inviter à venir vers lui: " Tout le jour j'ai tendu les mains (Rom. 10,21) "... " Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai (Matth. 11,28) ". " Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors (Jn 6,37) ". Car Dieu se réjouit de m'avoir auprès de lui; et si possible de façon permanente. Aussi la prière est-elle, en soi, une réparation des longues heures passées loin de Dieu parmi les préoccupations de la terre et les soucis de la vie temporelle (Luc 21,37). En soi, la prière représente un retour à Dieu, une véritable conversion. Dieu, autrefois, a chassé Adam de sa présence, et le voici maintenant qui nous appelle sans cesse, " tout le jour" , à entrer en sa présence et à rester avec lui. Une fois que nous sommes entrés auprès de lui par la prière, Dieu désire que nous ne ressortions plus jamais. Aussi la prière véritable, qui a réussi à répondre au désir bienveillant de Dieu doit-elle continuer secrètement au fond du coeur, par un échange sans paroles, après que nous ayons quitté le lieu de la prière. Nous allons alors à nos diverses occupations, tandis que la prière ne cesse de continuer son travail secret à l'intérieur de nos coeurs.
Nos soucis: comment les présenter dans la prière ?
La prière n'est pas l'occasion de demander à Dieu ce qui importe à la chair (Rom. 8,7 ; Jac 4,3), ce qui nous fournit le bien-être, facilite nos travaux et favorise nos responsabilités temporelles. La prière est l'occasion pour l'esprit d'accéder au Royaume. Elle est la fenêtre rayonnante par laquelle nous contemplons déjà la Vie éternelle, vers laquelle nous serons emportés, après avoir remis ce corps à la poussière, tandis que tous nos travaux et nos responsabilités seront terminés à tout jamais. Tout ce qui nous préoccupe sur la terre est éphémère; mais la prière, elle, n'est pas éphémère. Toute minute passée dans la prière vient de l'éternité et y retourne. Nous devons donc, dans la prière, présenter, nos soucis dans une perspective spirituelle. C'est-à-dire que tous nos besoins matériels, nos activités, nos responsabilités et nos préoccupations doivent être présentés à Dieu, dans la prière, afin qu'il les dépouille de leur forme mortelle, éphémère, et qu'il les revête d'un caractère divin en les rendant conformes à son dessein bienveillant et qu'ainsi ils soient sanctifiés. Nous ne demandons pas dans la prière que nos travaux soient prospères, que nos responsabilités réussissent et s'étendent pour en retirer une gloire terrestre, un renom ou la tranquillité et le bien-être matériels. Mais ce que nous demandons plutôt à Dieu dans la prière, c'est qu'il purifie nos travaux de l'esprit d'égoïsme et d'amour-propre, c'est-à-dire de ce qui fait la gloire du " moi " humain, qu'il nous inspire rectitude de la pensée et du coeur, afin que, dans nos travaux, nous n'usions pas de malice, de duplicité, de malhonnêteté, de fraude ni de mensonge; qu'il nous accorde la puissance spirituelle de ne pas craindre les menaces, de ne pas nous esquiver devant les dangers, de ne pas faire acception des personnes et ne pas nous lamenter quand nous sommes atteints par la perte ou l'injustice. Nous lui demandons de nous faire estimer les valeurs spirituelles au-dessus de toute activité et de toute responsabilité, de sorte que nous prenions la défense de l'innocent, que nous fassions l'éloge de la rectitude et de l'intégrité, que nous donnions avec générosité et que nous tenions à conserver la patience et la charité plus qu'à tout intérêt matériel. La prière devient ainsi l'occasion de transformer les désirs de la chair en désir de l'esprit, et le moyen de purifier nos oeuvres, nos pensées et nos intentions des scories du péché.
III-TRANSFORMES EN CETTE MÊME IMAGE (2Co3,18)
La prière fréquente transforme l'homme au plus profond de son être.
Lorsqu'on regarde le Christ avec persévérance dans la prière, son image mystique et invisible s'imprime secrètement en notre être intérieur. Nous recevons alors ses qualités, c'est-à-dire le reflet de sa bonté et de sa douceur infinie, et la lumière de sa face. C'est à propos de cette transformation que saint Paul dit : « Mes petits enfants, vous que j'enfante dans la douleur jusqu'à ce que Le Christ soit formé en vous « Gal 4,19 »
Ceux qui négligent délibérément la prière s'éloignent malgré eux de la vérité. Ils marchent sur les bords du gouffre, sur les limites de l'incrédulité, c'est-à-dire des ténèbres ex-extérieures. Ils s'exposent à blasphémer sans s'en rendre compte. La moindre épreuve peut les précipiter dans le gouffre du désespoir et de l'inimitié contre Dieu. Le contraire est aussi vrai. Ceux qui sont assidus à la prière fervente acquièrent une foi plus ferme que les montagnes. Et cela, sans affectation, sans s'en vanter par de vaines paroles. Leur vie, leur comportement attestent cette vérité. Leur patience, leur joie au milieu des épreuves, leur endurance face aux souffrances et à l'injustice sont autant de signes qui témoignent de la solidité de leur foi. Ceux-là ne seront pas atteints par les ténèbres, selon la promesse du Seigneur.
La prière de communion, d'union au Seigneur.
La prière de communion ou d'union au Seigneur ne fait pas partie des oeuvres de ce siècle. Le temps qu'on y sacre ne fait pas partie des heures de ce siècle. Ce sont des éclats fugitifs, au cours desquels l'homme jouit déjà du Royaume de Dieu par anticipation. Il ressent intérieurement de façon certaine la présence spirituelle du Seigneur Jésus, comme une Vie éternelle qui se déverse en tout son être, et une Lumière qui luit au milieu des ténèbres, les ténèbres des passions, des tentations du monde, de la méchanceté de l'homme et de l'empire du démon. Durant la prière, la Vie éternelle perce ce voile et envahit notre existence temporelle la lumière du Christ se déverse dans le coeur de celui qui prie, en dépit du monde, de l'esprit des ténèbres et de l'opposition de la chair. La prière, en tant que relation entre l'homme et Dieu, nous met en relation avec sa miséricorde qui remet les fautes les plus graves. En soi, la prière est une manifestation de repentir et de retour à Dieu. Dieu est toujours disposé à accueillir ceux qui reviennent à lui, car il ne désire pas la mort du pécheur, mais il désire qu'il se convertisse et qu'il vive.
La prière, échange d'amour avec Dieu.
La prière, quel qu'en soit l'aspect d'affliction et de componction, et quel que Soit le sentiment que l'homme a de sa médiocrité et de son indignité à s'entretenir avec Dieu, à cause de ses fautes et de ses nombreux péchés, la prière est, au-dessus de tout cela, l'expression d'un am9ur profond échangé entre Dieu et l'homme : l'amour de Dieu s'y est manifesté en attirant le coeur de l'homme à prier en sa présence, et l'amour de l'homme a consisté à présenter à Dieu son coeur, ne serait-ce que sous cet aspect d'affliction et de componction. Lorsque le coeur de l'homme est touché par l'amour divin, le premier signe en est une aspiration à se diriger vers Dieu pour s'entretenir avec lui; c'est justement cela la prière. La prière est donc la première manifestation de l'effusion de l'amour divin dans le coeur de l'homme.
La prière, école d'obéissance
L'obéissance à Dieu par la prière du coeur continuelle donne à l'esprit l'occasion de devenir plus fort que la chair et de l'emporter sur les tentations, les plaisirs et les sollicitations de la chair. Petit à petit, la chair perd toute son emprise sur l'homme et celui-ci devient immanquablement docile à l'appel divin. Par la prière, l'homme acquiert, avons-nous dit, l'esprit d'abandon à Dieu. Désirant le rendre parfait dans l'obéissance, Dieu le soumet à la souffrance. En acceptant la souffrance à laquelle Dieu l'expose, l'homme manifeste la plénitude de son obéissance à Dieu, et ceci est le signe de l'achèvement de son salut. Le Christ, tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel. La prière est le moyen d'acquérir l'esprit obéissance et d'abandon à Dieu. La souffrance acceptée avec joie est la perfection de l'obéissance; et cela est le fruit de la prière.
SOURCE: AMITIÉ CHRÉTIENNE.Gilles. Ville de Québec - Canada