Spiritualités - Les sectes, "un non-problème" en FranceCrédit Photo : LCI
Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy
Le propos est attribué à Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, dans un entretien publié par VSD. L'intéressée dément. Elle affirme avoir simplement "rappelé la position constante de Nicolas Sarkozy", alors qu'elle était "interrogée de manière informelle" sur ce sujet.Franck LEFEBVRE-BILLIEZ - le 20/02/2008 - 20h53
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Propos sur les sectes : Bayrou s'interroge |
Quelle évolution en une dizaine d'années sur les sectes ! En 1995, année du massacre de l'Ordre du Temple Solaire, une commission d'enquête parlementaire avait établi une liste de 172 organisations accusées de dérives sectaires. Le gouvernement prônait alors la plus grande fermeté. A présent, le fonctionnement de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes, est de plus en plus décrié. La fameuse liste est remise en question. Les dix critères établis par les parlementaires français pour définir une secte, allant de la "déstabilisation mentale" au "discours plus ou moins anti-social" en passant par "le caractère exhorbitant des exigences financières", ont été dénoncés à de multiples reprises comme beaucoup trop larges et risquant de cataloguer comme "secte" des mouvements n'ayant rien de sectaire. Le contexte a évolué vers plus de compréhension envers les "nouveaux mouvements spirituels", chers à Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.
Et aujourd'hui, le débat prend de l'ampleur. VSD, qui consacre son numéro de cette semaine à une enquête sur la Scientologie, publie en regard de cet article une interview d'Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet du président Nicolas Sarkozy. On peut y lire que les sectes "sont un non-problème" en France. Ou encore que "la lutte contre les sectes a longtemps permis de dissimuler les vrais sujets". Les propos rapportés par VSD s'attaquent également à la liste, qualifiée de "scandaleuse", des "mouvements sectaires" mise au point en 1995. Et sur le cas plus précis de la Scientologie, qui figurait précisément dans cette liste : "je ne les connais pas, mais on peut s'interroger. Ou bien c'est une dangereuse organisation et on l'interdit, ou alors ils ne représentent pas de menace particulière pour l'ordre public et ils ont le droit d'exister en paix". Des propos déjà salués par la Scientologie, qui estime que la France va "dans le bon sens"...
Assurances et démentis
Quid de la Miviludes, qui vient précisément de transmettre aux différents ministères concernés (Intérieur, Justice, Santé...) un premier document de travail qui servira de base au rapport qu'elle doit présenter au Premier ministre François Fillon début avril ? S'il n'est pas question de la supprimer, selon ces propos attribués à Emmanuelle Mignon, des réformes profondes s'annoncent : il s'agirait de "la transformer en quelque chose de plus efficace". Car "à part publier des rapports annuels, la Miviludes ne fait rien". Evolution envisagée : un rattachement au ministère de l'Intérieur...
Tous les ingrédients d'un beau tapage... Tout d'abord, l'intéressée dément. Emmanuelle Mignon, après la publication de cet entretien, a assuré qu'elle avait simplement "rappelé la position constante de Nicolas Sarkozy", alors qu'elle était "interrogée de manière informelle", affirmant : "Je n'ai jamais tenu les propos qui me sont prêtés par l'hebdomadaire VSD". Ce dernier maintient pourtant sa version. Interrogé mercredi sur cette interview, le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez n'a pas fait de commentaire.
"Assurer la liberté de croyance de tous"
Mais à gauche, on réagit déjà : le député PS de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, s'est dit "profondément choqué". Et au-delà de l'entretien rapporté par VSD, il rappelle les "ambiguïtés du chef de l'Etat sur le sujet qui, dans son livre La République et les religions dénonçait les amalgames entre les sectes et les nouveaux mouvements spirituels". François Bayrou monte aussi au créneau estimant qu'il "n'est pas de responsabilité, de la légitimité ou du mandat du président de nous dire ce qu'il faut croire et encore moins que ses proches nous disent que la Scientologie est quelque chose de bien". François Hollande demande lui à VSD de vérifier les propos recueillis.
Voilà donc remise au goût du jour la polémique sur les sectes. Une polémique qui ne demandait, il est vrai, qu'à ressurgir. Récemment, Michèle Alliot-Marie, l'actuelle ministre de l'Intérieur - et donc chargée des Cultes - avait elle-même remis le sujet sur le devant de la scène, en mettant en cause le fonctionnement de la Miviludes. La ministre avait confié au Parisien vouloir "décomplexer la lutte contre des dérives sectaires" et "assurer la liberté de croyance de tous". Des propos dont s'étaient, déjà, émues plusieurs associations de lutte contre les sectes. D'autant plus que, soulignent plusieurs d'entre elles, les sectes s'efforcent aujourd'hui de gagner leur respectabilité. Et modernisent leurs méthodes en ayant recours par exemple à des séances de "coaching" ou de formation. Leurs cibles : les jeunes actifs, le monde de l'entreprise. Entre le discours des "traqueurs de sectes" et celui du go