La guérison de Miguel Juan Pellicier (1640)

Cette guérison est la seule connue où un membre amputé "repousse" miraculeusement.
Source : "Les apparitions : mise en examen" de René Humetz. Editions du Jubilé, 2005.

Ce miracle est connu sous le nom de prodige de Calanda.
Il est pratiquement ignoré.

Les documents attestant ce miracle peuvent être consultés auprès du chapitre métropolitain de l'archevêché de Saragosse.

1 L'accident

Miguel Pellicier est né en 1627 à Calanda, en Aragon. Il était le secon dd'une fratrie de huit frères et soeurs dont les parents étaient de modestes agriculteurs.
En 1637, pour alléger les charges familiales, il quitta le foyer natal et s'installa dans les environs de Castellon de la Plana près de Valence.

Un jour de juillet 1637, alors qu'il était juché sur un mulet tirant une lourde charette, il tomba du dos de l'animal. L'une des roues de la charette lui passa sur la jambe droite, lui fracturant le tibia dans sa partie centrale. Il fut d'abord transporté à Castillon, puis à Valence à soixante kilomètres de là, où il fut accueilli à l'Hospital Real le 3 août.

Il n'y resta que cinq jours pendant lesquels les remèdes appliqués furent sans effet.

Il décida de se rendre à Saragosse, non seulement pour tenter de se faire admettre au très renommé Real y General Hospital, mais aussi pour se mettre sous la protection de la Virgen del Pilar. La statue de la Vierge du Pilier, vénérée par la population, se dressait sur une colonne de marbre dans l'église Nuestra Senora del Pilar.
Le voyage fut terrible.
Il se déplaçait à l'aide d'une béquille, bénéficiant de charité et d'aumône, d'étape en étape, sur un chemin de croix de trois cents kilomètres.
Il arrive enfin au but en octobre 1637.
Il s'empressa d'aller faire ses dévotions à la Vierge, puis il est admis à l'hôpital où les chrirurgiens l'amputent de la jambe.

L'opération fut pratiquée à la scie, au scalpel et au fer rouge cautérisant.
La jambe fut enterrée, conformément à l'usage, par l'un des chirurgiens dans une partie du cimetière de l'hôpital.
Il quitta l'établissement au printemps 1638, muni de béquilles et d'une jambe de bois fournie par l'administration.

Pour survivre, il devint mendiant à la porte de la Chapelle de l'Espérance, située près de la porte du sanctuaire où il assistait quotidiennement à la messe.
Après les officies, les servants de messe éteignaient les quatre-vingts lampes du sanctuaire brûlant dans la Capilla, pour les nettoyer.

Chaque jour, le mendiant leur demandait un peu d'huile de ces lampes et s'en enduisait le moignon.
Il mena cette vie pendant deux ans, puis décida de rentrer chez ses parents à Calanda.
Il y arriva, aux environs du 11 mars, aux terme d'un nouveau voyage à pied et en béquilles, se déplaçant "petit à petit et en souffrant".
Il recommença à mendier, et autant que son infirmité le lui permettait, aidait à certains travaux de la ferme.

II La guérison

Le 29 mars 1640, il s'efforça de remplir des hottes de fumier portée par un âne.

Ce jour là, très éprouvé par l'effort physique demandé par un tel exercice pour l'invalide qu'il était, il rentra au logis familial. Là, il apprit que le gouvernement, alors en guerre avec la France, avait requis ses parents d'accueillir pour la nuit un soldat d'une compagnie de chevaux légers, en route pour la frontière française.
Il ne put donc coucher dans sa chambre.
Sa mère lui avait installé une couche de fortune au pied du lit conjugal.
Vers dix heures, il s'y allongea.

Son corps n'était recouvert que partiellement par le manteau de son père.
Il avait laissé sa jambe de bois sur une chaise dans la cuisine.
A 11 heures du soir, sa mère entra dans la chambre où son fils était couché.
Il dormait profondément, presque anormalement.
La mère remarqua qu'une odeur inhabituelle flottait dans l'air, une odeur suave inconnue d'elle jusqu'alors.

Etonnée par ces effluves, elle s'approcha maternellement de son fils.

à suivre...

Suite

A la lueur du faible éclairage de sa lampe à huile, elle crut remarquer que, du manteau utilisé comme couverture, dépassaient DEUX PIEDS croisés l'un sur l'autre.

Elle appela son mari et le couple décrouvrit, avec effroi, l'impossible.

En écartant le manteau, ils virent que chacun des deux pieds croisés était bien rattaché à une jambe!

Leur fils avait retrouvé à nouveau ses deux jambes, faites de chair et d'os!
Pour en être "inadmissible", le fait est réel au plein sens du mot : la jambe manquante a bien été rattachée : os muscles, nerfs, peau, tissus et vaisseaux sanguins détruits par l'amputation et la dévastatrice cautérisation au fer rouge.

III Quelles preuves?

Le juge de paix, Martin Corannallo, responsable localde l'ordre public, se rendit chez les Pellicier le jour même des faits, soit le 30 mars, avec le maire, le vicaire paroissial et les autres autorités. Il interrogea Miguel sur le champ et constata donc, de visu, le miracle, d'autant, qu'à l'instar de bien d'autres, il n'ignorait pas son invalidité antérieure. Ce magistrat rédigea un premier rapport (informacion sumaria) qui a été remis à Philippe IV, Gouverneur des territoires de la Couronne d'Espagne.

Un acte public fut rédiré le 2 avril 1640 (soir quatre jours après l'événement) par Miguel Andreu, notaire royal à la demande du recteur de l'église paroissiale de la commune de Mazaléon, don Marco Seguer, docteur en théologie. L'un de ses vicaires, don Pedcro Vicente, se déplaça spécialiement sur les lieux.
Au terme de cet acte, l'agent public d'Etat reçut le témoignage de dix personnes de l'entourage immédiat de Pellicier, attestant avoir vu et constaté le prodige.
Parmi les témoins cités, figuraient le Vicaire de Calanda (don Jusepe Herroro) et le Bénéficiaire de l'église paroissiale de la Ville d'Alcaniz (don Pedro de Vea).
Les témoins, indique l'acte "ont déclaré que c'était la vérité et aussi déclaré qu'ils étaient prêts à déclarer devant Dieu, devant la Croix et qur les quatre Evangiles que cela était bien vrai".
Ce serment a été prêté devant des symboles d'une dimension sacrée absolue. Il a valeur de preuve à lui tout seul, surtout lorsqu'on connaît l'atmosphère religieuse de l'époque : sous l'Inquisition, on ne faisait aucun cadeau aux illuminés de toute sorte.

IV Le procès canonique

Le 5 juin 1640, s'ouvrait un procès canonique présidé par l'Archevêque de Saragosse.

Parmi les autorités civiles participant au procès, figuraient un docteur en droit canon, un professeur de droit et Miguel Ciprès, Procureur Général de Philippe IV pour le royaume d'Aragon.

Le 27 avril 1641 (délai record pour un procès canonique), l'Archevêque de Saragosse rendait sa sentence, déclarant "miraculeuse et obtenue par l'intercession de Notre Dame du Pilier, la restitution à Miguel Juan Pellicier de sa jambe droite amputée et enterrée depuis deux ans et cinq mois."
L'affaire reçut le sceau royal.
Miguel fut convoqué par Philippe IV, et, stupéfait, vit le Roi de toutes les Espagnes s'agenouiller devant lui et lui baiser la jambe.
On alla creuser à l'emplacement où la jambe amputée avait été enterrée : elle avait disparu.


Ceci est un extrait du livre "Les apparitions : mise en examen" de René Humetz.

A ma connaissance, c'est le seul cas connu où un membre amputé "revient".

Je voulais vous faire partager ce miracle, car il m'a profondément touchée et, à mon sens, il représente vraiment que rien n'est impossible à Dieu et à Marie, pour ceux qu'ils choisissent (pour des raisons, que nous ne comprenons pas toujours et qui nous dépassent largement) de guérir, d'aider...

Ayons confiance, n'ayons pas peur...Dieu sait ce qui est bon pour nous.

Amicalement
Leodia