REUTERS : samedi 24 mars 2007
CITE DU VATICAN (Reuters) - Benoît XVI a vigoureusement dénoncé l'absence de référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la déclaration de Berlin, qui doit être adoptée ce week-end à l'occasion du 50e anniversaire du traité de Rome.
Dans une allocution "musclée" prononcée devant une assemblée d'évêques du Vieux Continent, le pape bavarois a estimé que l'Europe se rendait coupable d'une forme d'"apostasie d'elle-même" en passant sous silence Dieu et ses racines chrétiennes, émettant de ce fait des doutes sur sa propre identité.
Le chef de l'Eglise catholique romaine s'est demandé comment les dirigeants européens pouvaient espérer se rapprocher de leurs concitoyens en rejetant une part essentielle de l'identité de l'Europe.
Benoît XVI, qui, comme son prédécesseur polonais Jean Paul II, a souvent demandé que Dieu et la chrétienté soient mentionnés dans la constitution européenne, a déclaré que les dirigeants ne pouvaient pas exclure des valeurs qui ont permis de forger l'âme du continent.
APOSTASIE
"Si, à l'occasion du 50e anniversaire du traité de Rome, les gouvernements de l'Union souhaitent se rapprocher de leurs concitoyens, comment peuvent-ils exclure un élément aussi essentiel à l'identité de l'Europe que la chrétienté, à laquelle la vaste majorité de sa population continue à s'identifier?", a-t-il demandé.
"Ce n'est pas surprenant que l'Europe d'aujourd'hui, tout en prétendant être une communauté de valeurs, semble de plus en plus contester l'existence de valeurs universelles et absolues.
"Cette forme unique d'apostasie de soi, y compris devant Dieu, ne conduit-elle pas (l'Europe) à douter de sa propre identité?
"Une communauté qui se construit sans respecter la véritable dignité de l'être humain, oubliant que chacun a été créé à l'image de Dieu, finit par ne faire le bien de personne", a insisté le pape, appelant de ses voeux une Europe "réaliste mais pas cynique" et invitant ses dirigeants à reconnaître que le christianisme a contribué à forger "l'identité historique, culturelle et morale" du continent.
La chancelière Angela Merkel, qui a fait de la relance du débat sur la reforme des institutions européennes la priorité de la présidence allemande de l'UE, s'est engagée à faire en sorte que la référence aux racines chrétiennes de l'Europe figure dans le texte qui remplacera le projet de traité constitutionnel, rejeté en 2005 par les électeurs français et néerlandais.
Le président français Jacques Chirac s'était opposé à ce que cette mention apparaisse dans le premier projet.
Les propos de Merkel, fille de pasteur protestant, ont donné un nouvel élan à la campagne en faveur de cette référence.