L’école, j'aime !

  L’école, j'aime !

L’école, c’est ma drogue. Tant d’années que j’en prends : du jardin d’enfants à l’autre côté de la barrière, à travers le dédale de l'Élémentaire, du Secondaire, du Supérieur et du recyclage perpétuel, je n’y peux rien, j’y reviens.

Il suffit que je pénètre dans ma classe pour que la tête m’en tourne. Ah ! L’odeur de la craie, des livres et de l’adolescence ! Elle me saute au visage, me prend à la gorge, au ventre. Les enfants des autres, les miens.

Rentrée de septembre. Ils sont là, les nouveaux, inconnus dont je refuse obstinément de rien savoir avant qu’ils surgissent sous mes yeux. Les attendus (les fermés, les inquiets, les ardents) et les inclassables. Les groupés, et les marginaux. Les beaux, et les ternes à faire briller, les grands et les petits qui ne demandent qu’à croître, les rougissantes et les fiers-à-bras, les… Tous à aimer.

Quelque chose déjà s’ébauche dans le silence. J’apprivoise. Voix à percevoir. Chemins à ouvrir.

Tandis que les mots du premier texte (soigneusement choisi à tout hasard) s’emparent de l’espace, les mains qui y tracent les mimiques, les silhouettes s’encadrent, uniques, dans ma conscience à l’affût. Quelque chose qui prendra neuf mois pour venir au monde : une connivence. L’école, j’aime ! Et vous me tueriez plutôt que de me faire dire le contraire, de me contraindre au désaveu.

Colette Nys-Masure.